Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
Islamisme
L'islamisme est un courant de pensée de l'islam, essentiellement politique, apparu au XIXe siècle et qui s'est largement développé au cours du XXe siècle.
Un fondamentalisme islamique
L'érudit jésuite égyptien Henri Boulad définit le fondamentalisme islamique (frères musulmans, salafistes...) par les trois caractéristiques suivantes[1] :
- le Coran est considéré comme incréé (donc intouchable) ;
- les versets médinois (belliqueux et fermés) remplacent les versets mecquois (mystiques et ouverts) ;
- l'interdiction du libre examen en matière religieuse (fermeture de la porte de l'ijtihâd au Xe siècle[2])
Selon lui, dans un but de conquête du monde, les islamistes s'appuient sur la dénonciation de « l'islamophobie » et de la laïcité, en utilisant le mensonge (autorisé en vertu de la taqîya[3] quand il permet de faire progresser l'islam).
La différence entre fondamentalistes et musulmans tient au fait que les fondamentalistes souhaitent rétablir la charia (la loi islamique telle qu'elle découle du Coran et de la « tradition du Prophète ») et un État islamique. Ils sont donc clairement ennemis de toute vision libérale de la société, car la charia est clairement contraire aux droits de l'Homme (statut inférieur des femmes et des non-musulmans, mise à mort des apostats et des incroyants, etc.[4]). La version musulmane des droits de l'Homme subordonne ainsi tous les droits individuels à la loi divine[5]. Historiquement, peu d'États musulmans ont appliqué la charia dans toute sa rigueur, et un droit différent s'y appliquait (par exemple les kanuns, codes de lois édictés par les califes et sultans de l'ancien empire ottoman).
Islamisme et islam
Plusieurs islamologues[6] ou adversaires de l'islam refusent de distinguer entre islam et islamisme (ils rappellent que le même mot était employé jusqu'au XXe siècle[7]) : ils arguent qu'il est impossible à un musulman pondéré de résister aux menées islamiques, car les fondamentalistes peuvent toujours s'appuyer sur la lettre du Coran (ou les hadiths, propos attribués au prophète de l'islam) pour justifier leur fanatisme et dénoncer les modérés comme de mauvais musulmans [8]. Pour eux, l'Occident s'abuse en voulant séparer la charia de l'islam, car « la charia sous ses différentes formes, et avec toutes ses règles, fait partie intégrante de la religion[9] ». Pour les plus critiques, le germe du fondamentalisme est présent dans la culture musulmane et dans l'enseignement qui en est fait :
« Tous les enfants apprennent l’islam au début de leur scolarité, et sont ainsi immergés dès leur plus jeune âge dans la violence véhiculée par le Coran. À défaut de laisser les enfants libres de ne pas étudier l’Islam, au moins pourrait-on mieux expliciter les textes appelant à tuer les non-musulmans, afin de ne pas générer de nouveau kamikazes. Mais ce système éducatif ne craint pas de fabriquer des générations entières acquises à l’Islam dans sa forme la plus radicale. » (Waleed Al-Husseini, Blasphémateur !, Grasset, 2015)
« La frontière est très perméable entre le musulman pieux, l’islamiste militant et le terroriste islamique. Ils se nourrissent du même livre. » (Waleed Al-Husseini,15/11/2015)
« L’islam est à l’islamisme ce que l’alcool est à l’alcoolisme. » (Hamed Abdel-Samad, Le Fascisme islamique, 2014)
« Le fait est que beaucoup de musulmans souhaitent le pluralisme, la tolérance et la démocratie. Mais ils sont déchirés entre leur appartenance à la Ummah - la communauté mondiale des musulmans - et les attraits du mode de vie occidental. Ils sont déchirés entre les codes culturels de l'Occident et ceux qu'ils partagent avec leurs coreligionnaires. Et quand il s'agit de prendre position publiquement, leur fidélité va trop souvent au Coran et à la charia. » (Howard Bloom, 2017, interview par Grégoire Canlorbe)
Pour le philosophe Rémi Brague, la distinction entre islam et islamisme est fausse, au vu des sources islamiques et du comportement violent du prophète[10].
Jean-François Revel[11] critique le manque de tolérance propre à l'islam, et le fait que les musulmans modérés soient en réalité minoritaires. Il en voit la preuve dans la liesse générale qui aurait régné dans le monde musulman (y compris en France) après les attentats du 11 septembre 2011, et l'absence totale de réaction des modérés contre les excès islamiques.
Islamisme et jihad
L’islamisme jihadiste est issu de l’islam sunnite, plus précisément d’un courant dominant et officiel dans les pays sunnites du Golfe. Il n’a jamais été dénoncé dans ses fondements théologiques et canoniques par ceux qui contrôlent les lieux saints (haramaïn) de l’islam (Arabie saoudite). Pour certains, il s'agit d'une « maladie qui gangrène le corps même de l’islam » (selon le théologien libéral Soheib Bencheikh) depuis des siècles (avant même la colonisation), une maladie issue de l’intérieur même de l'Oumma. Certains analystes distinguent trois stades dans le jihad[12] :
- jihad camouflé : quand les musulmans sont très minoritaires, l'islam se borne à un message de tolérance et de paix (analogue à celui du prophète au début de sa période mecquoise) ;
- jihad défensif : quand la minorité devient importante, elle peut se déclarer opprimée ou victime, et combattre ses adversaires par la violence (la notion d'oppression est très large, elle inclut la simple critique et l'islamophobie) ; cela correspond à la période médinoise du prophète ;
- jihad offensif : en position majoritaire, avec la détention du pouvoir politique, tout non-musulman est un ennemi qui doit être tué (chrétiens et juifs exceptés s'ils acceptent de payer la jizyah).
Il existe également un extrémisme fondamentaliste, le takfirisme, doctrine violente et terroriste.
Voir aussi
Citations
- L’islamisme [...] tiendra au XXIe siècle un rôle géopolitique similaire à celui du communisme au XXe siècle, et polluera la vie politique occidentale, et surtout européenne durant les quarante prochaines années comme le communisme le fit au lendemain de la Seconde guerre mondiale. (Philippe Fabry, Erdogan : un Staline musulman, 24/05/2019)
- Quand le mur de Berlin est tombé, si vous aviez dit que quinze ans plus tard la situation serait redevenue une opposition jumelle entre deux forces et que l’une de ces forces serait nommée islam, les gens vous auraient ri au nez. (René Girard)
Notes et références
- ↑ Père Henri Boulad : « l’Occident est d’une « naïveté monumentale » sur l’islam » (France24) (vidéo)
- ↑ L'existence de cette fermeture de l'ijtihâd est contestée, certains spécialistes affirment qu'elle ne s'est jamais produite, et qu'il y a toujours eu diverses interprétations de l'islam, y compris au plan juridique. Voir par exemple Comprendre l'islam (ou plutôt : pourquoi on n'y comprend rien), Adrien Candiard, Flammarion, 2016.
- ↑ La taqîya (arabe : taqīya, تقيّة) désigne aussi bien des manœuvres de dissimulation (mentir pour se protéger, y compris feindre l'apostasie) que la tromperie active (duper l'ennemi). Du fait que la guerre contre les infidèles est une affaire perpétuelle, la taqîya en est un élément essentiel. Elle s'exerce aussi entre musulmans, par exemple pour des chiites vivant parmi des sunnites.
- ↑ Voir à ce sujet le manuel classique de la charia d'Ahmad ibn Naqib al-Misri : عمدة السالك وعدة الناسك, Reliance of the Traveller (1368), Amana publications [1].
- ↑ Voir Déclaration islamique universelle des droits de l’Homme de 1981 sur wikisource.
- ↑ Par exemple Ibn Warraq (Pourquoi je ne suis pas musulman, 1999) ou Anne-Marie Delcambre (La schizophrénie de l'islam, 2006).
- ↑ Un auteur ésotérique tel que René Guénon (1886-1951) parle constamment d'islamisme, et non d'islam.
- ↑ « L’islam c’est l’islamisme au repos et l’islamisme, c’est l’islam en mouvement. C’est une seule et même affaire » (Ferhat Mehenni, président du gouvernement provisoire kabyle).
- ↑ Selon le philosophe Rémi Brague (Rémi Brague: « En France, on a le droit de tout dire, sauf ce qui fâche », 16/01/2015).
- ↑ Islamisme=islam par Rémi Brague
- ↑ L’obsession antiaméricaine, Plon, 2002
- ↑ Three Stages of Jihad
Accédez d'un seul coup d’œil au portail économie. |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail consacré au libéralisme politique. |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail sur les sujets de société. |