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Hippolyte Passy
Hippolyte Passy | |||||
Économiste, homme politique | |||||
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Dates | 1793-1880 | ||||
Tendance | Libéral classique | ||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Hippolyte Passy | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Hippolyte Passy | |||||
Hippolyte Philibert Passy, né à Garches, Seine-et-Oise, le 15 octobre 1793 et mort à Paris, le 1er juin 1880 est un économiste et homme politique français.
De l'armée à l'économie
Issu d'une famille originaire de Gisors, fils de Louis-François Passy, ancien commis aux exercices de la recette générale de Soissons, emprisonné sous la Terreur puis receveur général du département de la Dyle (Bruxelles) sous le Premier Empire, et d'Hélène Pauline Jaquette d'Aure, Hippolyte Passy était le frère cadet d'Antoine François Passy (1792-1873), homme politique, géologue et botaniste, et l'oncle de Frédéric Passy, pacifiste et premier lauréat du prix Nobel de la paix.
Il commence par embrasser la carrière militaire. Admis à l'école de cavalerie de Saumur en 1809, il devient lieutenant de hussards en 1812 et prend part aux dernières campagnes de Napoléon Ier. Il démissionne après Waterloo et, hostile à la Restauration, part pour les Antilles et la Louisiane.
En mer, il lit La Richesse des nations d'Adam Smith et se prend de passion pour l'économie politique. Il revient en France et se retire près de Gisors, où il s'occupe d'agriculture. Il commence également à s'intéresser à la politique, collaborant aux journaux d'opposition, et notamment au National dès sa création.
Ministre de Louis-Philippe et de Louis-Napoléon
Il est longtemps député de l’Eure (1830-1843) sous la Monarchie de Juillet : économiste attitré du centre gauche, il intervient surtout sur les questions financières.
Ministre des Finances dans l'éphémère ministère Maret (10-18 novembre 1834), il est élu vice-président de la Chambre des députés, fonction qu'il conserve jusqu'en 1839, avec les seules interruptions résultant de ses fonctions ministérielles.
Ami d'Adolphe Thiers, il défend à ses côtés les lois de septembre et devint ministre du Commerce et des Travaux publics dans son premier ministère (22 février-25 août 1836). En 1837, Hippolyte Passy propose une abolition graduelle de l’esclavage : liberté des enfants à la naissance et affranchissement par rachat.
Il s'opposa au ministère Molé, qui succède au ministère Thiers et fait partie de la coalition qui entraîne sa chute. Louis-Philippe Ier le pressent pour former le nouveau ministère, mais il ne peut y parvenir. Il est cependant élu président de la Chambre des députés en 1839. Le 12 mai 1839, il est de nouveau ministre des Finances dans le deuxième ministère Soult et se brouille avec Thiers.
Passy devient pair de France le 16 décembre 1843 et promu commandeur de la Légion d'honneur le 24 avril 1845. Membre correspondant de l'Institut de France depuis 1833, est reçu le 7 juillet 1838 à l'Académie des sciences morales et politiques dans la section d’économie politique, au fauteuil de Talleyrand.
Nommé ministre des Finances dans le premier cabinet du prince Louis-Napoléon Bonaparte (20 décembre 1848-31 octobre 1849), il s'oppose à la réduction de l'impôt sur le sel et propose, pour équilibrer le budget de 1850, une surtaxe sur les successions et donations, une taxe sur les biens de mainmorte, un impôt de 1% sur le revenu et le rétablissement de l'impôt sur les boissons.
Le 13 mai 1849, il est élu député dans l'Eure. Il appuie le gouvernement présidentiel jusqu'au coup d'État du 2 décembre 1851. Il se retire alors de la vie politique et se consacra à des travaux d'économie politique, prenant position contre la colonisation, l'esclavage, et en faveur du libre-échange. Il a été l'un des fondateurs de la Société d'économie politique (1845).
Principales publications
- 1826. De l’aristocratie dans ses rapports avec les progrès de la civilisation.
- 1846. Des systèmes de culture et de leur influence sur l'économie sociale.
- 1848. Des causes de l’inégalité des richesses.
- 1872. Des formes de gouvernement et des lois qui les régissent.
- 1879. L’histoire et les sciences sociales et politiques.
Il collabora également au Journal des Économistes et à la Revue de Législation.
Hippolyte Passy vu par les frères Goncourt
« M. Hippolyte Passy est un vieillard chauve, quelques cheveux blancs aux tempes, l’œil petit, brillant et vif, grand et allègre. Il est bavard avec délices. Il parle toujours et de tout. Son organe est zézayant, sa parole nette, son débit clair et pressé. Il a sur toutes choses au monde, non des idées mais des notions. Il a beaucoup lu, beaucoup vu et beaucoup retenu. Il a l’agrément sans fruit des non-spécialistes. Science universelle à fleur de cerveau. Une grande poursuite et une grande recherche, et une grande affectation, de l’indépendance en tout, du pouvoir, de l’opinion, des théories reçues, et des principes adoptés et des rois. Un homme du monde du Danube, lié avec toutes les Encyclopédies et brouillé avec tous les Évangiles ; ne voyant guère dans les formes du gouvernement qu’une façon de corruption, tarifiant toute chose : une papauté à 12 cent mille francs et la députation en 48 à 18 mille francs aux Ateliers nationaux. Ne croyant ni aux hommes ni à la politique ; mais uniquement aux chiffres et à l’économie politique. Mémoire très diverse et très rangée, un arsenal contre les illusions et les dévouements. Une ironie bonhomme, un sourire de La Fontaine vieil homme d’État, contre tous ceux et tout ce à qui et à quoi on peut le croire attaché, Louis-Philippe par exemple, qu’il appelle le papa d’Oliban de la chose. Fort engoué de l’utile, indifférent au reste, à l’art, etc., ne voulant voir à l’Exposition de l’industrie que les couteaux à 5 sous. Acharné railleur de la foi par excellence, de la religion et comme toute cette génération de 89, dont La Pucelle, fut la nourrice, inépuisable en voltairianismes et en malices contre le gouvernement de Dieu, contre sa charte la Bible, et contre ses ministres responsables. Charmant causeur, esprit petit, tenant beaucoup ; ami des paradoxes du bon sens, des thèses sceptiques ; orateur de salon et de coin de cheminée, mordant de droite et de gauche, niant les principes, rapetissant les hommes avec ses souvenirs et les faits avec des détails ; plus jaloux de charmer l’attention que de le ravir, de parler que de convaincre, de ne pas ignorer que de savoir ; étourdissant les croyances, médisant du monde, de Dieu, des hommes et des choses pour la plus grande gloire de la conversation. […] Au milieu de l’océan de scepticisme de M. Hippolyte Passy, deux ou trois îlots verts où poussent des croyances. Au milieu des ruines de toute foi, seule debout : la croyance à l’amélioration morale des populations et au talent des économistes. »
Le témoignage de Tocqueville
« Je n’ai jamais vu d’aussi grand causeur ni qui se consolât si aisément des événements fâcheux en exposant les causes qui les avaient produits et les conséquences qui devaient s’ensuivre ; quand il avait fini de tracer le plus sombre tableau de l’état des affaires, il terminait d’un air souriant et placide en disant : "de telle sorte qu’il n’y a à peu près aucun moyen de nous en sauver et que nous devons nous attendre à une subversion totale de la société." »
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