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Google (ou Alphabet du nom de sa maison mère), est une société américaine et l'une des plus grosses sociétés mondiales, avec une capitalisation boursière de 1500 milliards de dollars[1].
Google, un succès entrepreneurial remarquable
Google a été créée le 4 septembre 1998 en Californie aux États-Unis. Elle nait plusieurs années après ses concurrents de l'époque que sont Altavista ou Yahoo. Sergey Brin et Larry Page, ses deux fondateurs, sont doctorants à Stanford et lancent un produit meilleur que leurs concurrents pourtant déjà bien installés, grâce à une technologie plus efficace que les autres. À travers la notion de pagerank, le moteur est le premier à mesurer la pertinence de chaque résultat en fonction du nombre de liens qui pointent vers lui, et surtout de liens de qualité. L'approche révolutionne rapidement le champ des moteurs de recherche.
Née littéralement dans un garage, la société grandit vite, très vite. En version bêta le moteur de recherche répond déjà à 10 000 requêtes par jour, puis à 500 000 en février 1999. Dès 2000 le site est disponible en onze langues. Fin 2000, 100 millions de recherches par jour sont traitées par le moteur de recherche. Alors que la société grandit, en 2001, les deux fondateurs laissent la place à des dirigeants salariés, comme Eric Schmidt. En 2012, ce sont 3,5 milliards de recherches par jour qui sont effectuées. En 2004, la société s'introduit en bourse sur le Nasdaq.
Rapidement, la société s'étend au-delà du seul moteur de recherche, avec de nombreux services « gratuits » comme le mail (Gmail) ou les cartes (Google Maps), afin de capter la data des utilisateurs et de nourrir d'informations additionnelles ses algorithmes, et d'augmenter ainsi ses revenus publicitaires. C'est le début d'un modèle controversé, où de nombreux écosystèmes payants sont révolutionnés par Google, qui peut monétiser la donnée et offre ses solutions gratuitement, là où ses concurrents ne peuvent pas lutter (Android qui fait disparaître Blackberry, Google Shopping qui l'oppose en front aux comparateurs de prix, Google My Business qui affaiblit tous les sites de notation, etc.).
Une histoire qui s'inscrit aussi sur fond d'échecs sur le lancement de nouveaux produits organiques, avec un Google Plus qui échoue à concurrencer Facebook, les échecs de Google Tango ou de Google Glasses, etc. La société devient dès lors de plus en plus active pour acheter des technologies ou sites : YouTube (1,6 milliard de dollars) quand l'échec de Google Video devient de plus en plus visible, la régie publicitaire Doubleclick en 2007 (3,1 milliards de dollars), la régie publicitaire mobile Admob pour 750 millions de dollars en 2009, Waze pour 1 milliard de dollars en 2013, etc.
Alors que Google voulait initialement que les internautes restent le moins longtemps possible grâce à une recherche ultra-efficace, sa stratégie évolue afin qu'ils restent le plus longtemps possible grâce à l'intégration dans l'écosystème Google de multiples nouvelles options (avis consommateurs, vidéos, réservations, etc.).
Le succès de l'entreprise continue depuis, au point de devenir l'une des plus grosses sociétés mondiales, et l'une des désormais célèbres GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft). En 2022, Google réalise 282 milliards de dollars de chiffre d'affaires, et 60 milliards de résultat net, avec 190 000 employés.
La transformation de Google en figure de proue du Big Business
Avec les années, la fibre entrepreneuriale disparaît au profit d'une appartenance à un Big Business aux méthodes de plus en plus politiques et proches du capitalisme de connivence. Dès 2014, Google a dépensé 9,5 millions de dollars en lobby, rien que sur un semestre, et près de 60 millions sur six ans[2]. En 2018, rien qu'au niveau fédéral aux États-Unis, la société annonce dépenser 20 millions en lobbying[3]. Rien qu'à Bruxelles, Google dépense 6 millions d'euros en 2022[4]. Ces chiffres interrogent tant sur la pervasivité des régulateurs voulant tout contrôler au détriment de l’État de droit, que sur les comportements de l'entreprise pour tourner la réglementation en sa faveur.
Dans le même temps, l'approche de libre concurrence est de plus en plus remplacée par une utilisation agressive de sa domination financière sur l'économie. En 2023, le Department of Justice américain révèle ainsi que, en 2021, Google a payé 26 milliards de dollars pour consolider sa position dominante sur ses concurrents en achetant le fait d'être le moteur de recherche par défaut chez Apple ou d'autres[5].
Les nombreux rachats effectués par la société soulignent aussi les faiblesses de l'antitrust : si les libéraux sont généralement très critiques des législations antitrust, tous se rejoignent pour constater que ces mêmes autorités font mal leur travail. Ainsi sur Doubleclick racheté en 2007, alors que de très nombreuses critiques se font alors entendre pour dénoncer le risque de concentration, les autorités antitrust américaines et européennes valident le rachat. Pourtant, dès le début des années 2020, ces mêmes autorités disent vouloir revenir de facto sur cette acquisition qu'elles ont approuvée contre l'avis alors majoritaire des experts[6]...
En 2023, le futur de la société s'inscrit autant sur fond de nouveaux produits que de risques légaux, avec de nombreux procès antitrust qui menacent la société, aux États-Unis.
Perspective libérale sur Google
Le succès de Google traduit à la fois la puissance d'un modèle d'économie de marché qui stimule l'innovation, et permet à deux doctorants, dont un immigré, de fonder une société qui en à peine vingt ans peut devenir l'une des cinq plus grosses du monde, tout en apportant un service de qualité (recherche précise) à des milliards d'utilisateurs. Un tel succès aurait été impossible dans un autre système économique.
Mais Google incarne aussi les risques que le capitalisme de connivence fait peser sur une économie, en entravant l'innovation en particulier. Le libéralisme n'est pas la défense de Big Business, ou même des entreprises, mais une philosophie visant à faire reconnaître la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelle. Les libéraux se montrent dès lors extrêmement critiques de ces grosses sociétés si elles abusent de leur pouvoir.
Par ailleurs, les pratiques fiscales controversées de la société ne sont pas tant une révélation de pratiques illégales que le révélateur de la nocivité d'un système fiscal complexe, qui ne bénéficie qu'aux gros acteurs disposant des moyens de nourrir des armées de fiscalistes et d'avocats. Pour cette raison, les libéraux sont d'ardents défenseurs de systèmes fiscaux simples et efficaces, tels que la flat tax.
Enfin, alors que lors que les libéraux sont très attachés à la possibilité pour chacun de protéger sa vie privée, de l’État comme des acteurs privés comme des entreprises, voire, pire encore, de la collaboration entre Big Tech & Big State, c'est tout naturellement qu'ils sont très attentifs aux menaces que des acteurs comme Google peuvent représenter, et qu'ils sont très attachés au fait d'avoir des alternatives aux géants du web (Duckduckgo pour la recherche par exemple[7]).
Citations
- « Un ploutocrate est un homme qui, disposant du capital et du pouvoir que celui-ci permet, en fait une utilisation non pas industrielle, mais politique : au lieu d'employer des ouvriers, il fait appel à des lobbyistes. » (William Graham Sumner)
Notes et références
- ↑ Chiffres en octobre 2023
- ↑ Google a consacré 58,5 millions de dollars au lobbying en dix ans
- ↑ Google's federal lobbying expenses from 1st quarter 2010 to 4th quarter 2022, Statista
- ↑ Lobbying power of Amazon, Google and Co. continues to grow
- ↑ Google paid $26 billion in 2021 to become the default search engine on browsers and phones
- ↑ DoubleClick Deal Started ‘Google’s March to Monopoly,’ US Says
- ↑ Duckduckgo
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