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Émile Durkheim
Émile Durkheim | |||||
Sociologue | |||||
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Dates | 1858-1917 | ||||
Tendance | libéral classique | ||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Émile Durkheim | ||||
Citation | « L'individualisme, bien entendu, n'est pas l'égoïsme, mais la pitié et la sympathie de l'homme pour l'homme et que je mets au défi qu'on nous propose une autre fin que celle-là. » | ||||
Interwikis sur Émile Durkheim | |||||
David Émile Durkheim (15 avril 1858 Épinal -15 novembre 1917 Paris) est un sociologue et anthropologue français, considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie moderne.
Biographie
Né à Épinal en 1858, Durkheim appartenait à une lignée de rabbins. Son père, Moïse Durkheim (1806-1896) fut le premier Rabbin d'Épinal. Refusant de devenir rabbin, il entre à l'École normale supérieure et obtient l'agrégation de philosophie en 1882. Cette éducation lui permet de s'inscrire dans une double tradition culturelle judaïque et classique. Il devient professeur et est notamment chargé des cours de pédagogie et de sciences sociales à Bordeaux en 1887. C'est à Bordeaux qu'il commença la rédaction de ses ouvrages de sociologie. En 1902, il fut nommé à la Sorbonne, où il remplaça Ferdinand Buisson. C'est lui qui impose la sociologie comme discipline universitaire. Il fonde en 1896 une revue des sciences sociales, L'Année sociologique.
Politiquement, Durkheim est resté assez discret. Il est certes un dreyfusard de la première heure, membre fondateur de la Ligue pour la défense des Droits de l’Homme, toutefois il se refuse à influencer ses étudiants sur l’innocence ou la culpabilité du capitaine. Ami de Jaurès, le sociologue défend parfois des thèses socialistes-réformistes. Certains éléments de sa réflexion le rapprochent du radicalisme, voire du solidarisme de Léon Bourgeois.
Pacifique, Durkheim s’engage pour la défense de la mère-patrie. Il s’engage dans de nombreux comités, qui doivent organiser la mobilisation intellectuelle en France et à l’étranger face à l’Allemagne et à sa culture. Les fruits de cette collaboration sont des pamphlets comme Qui a voulu la guerre ou l’Allemagne au-dessus de tout. Son fils meurt au combat. Durkheim sombre alors dans une grande tristesse, qui explique en partie son décès précoce en 1917.
Holisme méthodologique
Formé à l'école du positivisme, il définit la spécificité du fait social, c'est-à-dire l'indépendance du groupe par rapport aux hommes et, comme tel, non réductible à la somme des caractéristiques et des comportements individuels et pouvant donc imposer une contrainte à l'individu (holisme méthodologique). Extériorité et contrainte caractérisent le fait social. Cette thèse fit de lui le véritable fondateur de la sociologie en tant que discipline autonome. Son esprit positiviste le poussa à adopter une conception presque médicale du fait social en distinguant le normal et le pathologique. Durkheim juge qu'il y a des sociétés malsaines et il définit aussi à ce titre l'anomie qui est une forme de pathologie de la division du travail. C'est-à-dire celle où il n'existe pas de règlementation ou seulement une règlementation insuffisante dans les règles légales. L'apport de Durkheim à la sociologie est fondamental puisque sa méthode, ses principes et ses études exemplaires, comme celle sur le suicide, constituent jusqu'à nos jours les bases de la sociologie moderne.
Son holisme méthodologique n'est pas incompatible avec l'individualisme libéral, car il estime que le principe kantien d'autonomie de la personne ("un des axiomes fondamentaux de notre monde") a une dimension collective et s'impose collectivement aux individus :
- Nous faisons de l'idée d'humanité la fin et la raison d'être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d'empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c'est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd'hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d'une autorité morale. (L’Éducation morale)
La solidarité organique
S'intéressant aux modalités de collaboration inter-individuelles, il écrit, dans De la division du travail social, que c'est principalement par le gonflement démographique, car celui-ci stipule une croissance des besoins à satisfaire et donc une augmentation de la demande, que l'homme a commencé à collaborer et à améliorer sa capacité de production. Il y a chez Emile Durkheim l'idée d'un effet positif du système des prix sur la motivation intrinsèque. Ainsi une division du travail de plus en plus performante s'est développée grâce à l'application du système des prix. Autrement dit, la division du travail, par le marché, rend les gens plus dépendants les uns des autres, et resserre ainsi les liens entre eux.
Emile Durkheim établit la notion de «solidarité organique». Comme le terme l'indique, il établit une analogie entre les membres d'un groupe social et les organes d'un organisme vivant. Bien que chacun des membres puisse faire un travail différent (c'est à dire poursuivre son propre objectif), ils travaillent tous ensemble pour soutenir l'organisme. William Ouchi, dans les années 1980, a repris cette vue d'Emile Durkheim pour construire sa théorie Z à partir de la notion de clans.
L'épistémologie d'Émile Durkheim s'oppose frontalement à celle de Max Weber. Alors que pour Durkheim la sociologie doit s'établir sur ses propres méthodes, fondées cependant sur les sciences de la nature, Max Weber pense que la sociologie, tout comme l'histoire ou l'économie politique, fait partie des « sciences de la culture ». Pour Weber, ces sciences sont trop éloignées des sciences de la nature pour qu'elles puissent s'inspirer de leurs méthodes.
Informations complémentaires
Ouvrages
- 1893 - De la division du travail social : étude sur l’organisation des sociétés supérieures", Paris: Alcan
- 1895 - Les règles de la méthode sociologique, Librairie Felix Algan
- 1897 - Le suicide. Pour Durkheim, le taux de suicide ne peut s'expliquer qu'à partir d'une analyse globale de la société ; il montre que celui-ci varie en proportion inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l'individu
- 1898, "Représentations individuelles et représentations collectives", Revue de métaphysique et de morale, Vol VI, pp273-302
- 1912 - "Les Formes élémentaires de la vie religieuse", Paris: Alcan (Les représentations religieuses sont en fait des représentations collectives : l'essence du religieux ne peut être que le sacré, tout autre phénomène ne caractérise pas toutes les religions. Le sacré, être collectif et impersonnel, représente ainsi la société elle-même.)
- Traduction en anglais en 1915 par Joseph Ward Swain, "The Elementary Forms of the Religious Life", London: Allen & Unwin
- 1914 - Qui a voulu la guerre ? (En collaboration avec Ernest Denis)
- 1915 - “ L'Allemagne au-dessus de tout ”, Paris: Colin (La mentalité allemande et la guerre)
- 1928 - "Le socialisme. Sa définition - Ses débuts - La doctrine saint-simonnienne", Paris: Presses Universitaires de France
- Traduction en anglais en 1950 par Charlotte Sattler, "Socialism and Saint-Simon", Yellow Springs: Antioch Press
- 1950, "Leçons de sociologie", Paris: Presses Universitaires de France
- Traduction en anglais en 1957 par Cornelia Brookfield, "Professional Ethics and Civic Morals", London: Routledge
Posthume ?
Cours
- 1883-1884 - Cours de philosophie dispensé au Lycée de Sens 1883-1884
- 1902 - 1903 L'éducation morale (Cours dispensé à la Sorbonne en 1902-1903)
Citations
- L'individualisme, bien entendu, n'est pas l'égoïsme, mais la pitié et la sympathie de l'homme pour l'homme et que je mets au défi qu'on nous propose une autre fin que celle-là. (...) L'individualisme ainsi entendu, c'est la glorification, non du moi, mais de l'individu en général. Il a pour ressort non l'égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme. N'y a-t-il pas là de quoi faire communier toutes les bonnes volontés ? (...) Non seulement l'individualisme n'est pas l'anarchie, mais c'est désormais le seul système de croyances qui puisse assurer l'unité morale du pays.
Littérature secondaire
- 1921, F. Pécaut, "Auguste Comte et Durkheim", Revue de métaphysique et de morale, Vol XXVIII, pp639-655
- 1934, Robert Merton, "Durkheim’s Division of Labour in Society", American Journal of Sociology, Vol 40, pp319-328
- 1970, K. C. Land, "Mathematical formalization of Durkheim's theory of division of labor", Sociological Methodology, 2, pp257-282
- 1973, Steven Lukes, "Émile Durkheim, his Life and Work", London: Allen Lane
- 1977, Jean-Claude Filloux, "Durkheim et le socialisme", Geneva and Paris: Droz
- 1981, Jeffrey Prager, "Moral integration and political inclusion: a comparison of Durkheim’s and Weber’s theories of democracy", Social Forces, Vol 59, n°4, pp918–950
- 1982, Kenneth Thompson, "Emile Durkheim", London and New York: Tavistock/Routledge
- 1985, Anthony Giddens, dir., "Durkheim on Politics and the State", Cambridge: Polity Press
- 1986, Robert A. Jones, Émile Durkheim: an introduction to four major works, Masters of Social Theory, vol.2, Sage Publications
- 1992, Kenneth Thompson, "Emile Durkheim 1858–1917", In: Robert Benewick, Philip Green, dir., "The Routledge Dictionary of Twentieth-Century Political Thinkers", London: Routledge, pp51-53
- 1997, Étienne J., Bloess F., Noreck J.-P., Roux J.-P., Dictionnaire de sociologie: les notions, les mécanismes, les auteurs, Hatier
- 2002, Heino Heinrich Nau, Philippe Steiner, "Schmoller, Durkheim, and Old European Institutionalist Economics", Journal of Economic Issues, Vol 36, n°4, pp1005–1024
- 2004, A. Barnaud, "Émile Durkheim im ersten Weltkrieg 1914-1917", schriftliche Arbeit zur Erlangung des Akademischen Grades "Magister Artium", historischer Seminar der Eberhard-Karls-Universität, Tübingen
- Lallement, Michel, Histoire des idées sociologique: des origines à Weber, Circa, 1993
- Mendras, Henri, Eléments de sociologie, Armand Colin, 1996
- Moebius, Stephan, Marcel Mauss, Kosnatnz: UVK 2006
- Moebius, Stephan: Die Zauberlehrlinge. Soziologiegeschichte des Collège de Sociologie 1937-1939. Konstanz: UVK. 2006
Liens externes
- (fr)Biographie et citations d'Émile Durkheim
- (fr)Importante collection de textes
- (fr)Durkheim sur l'encyclopédie de l'agora
- (fr) [pdf]La nature de la religion selon Durkheim, Raymond Boudon, Colloque Durkheim aujourd’hui, Institut de France, Académie des sciences morales et politiques
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