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Célestin Freinet

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Célestin Freinet (né à Gars en 1896 décédé en 1966), était praticien d'une éducation nouvelle[1] faisant de l'enfant l'acteur principal de son apprentissage. Il remet en question la place de l'enseignant en tant que maître positionné sur une estrade comme s'il régnait, à l'image d'une statue d'un empereur, sur un piédestal immobile et inamovible dans la salle de classe. Avant, l'enseignant était propriétaire de tout : monopolisateur du temps de parole, détenteur des thèmes et des limites du savoir, organisateur du rythme du travail et producteur des évaluations. Avec l'éducation libertaire[2], la liberté de l'individu est une valeur inaliénable.

Dans son parcours, Célestin Freinet fut influencé et inspiré par les principes des écoles suisses[3], allemandes[4], russes[5] et belges. Il a lancé le Mouvement de l'École moderne dont le nom fait référence à un autre grand pédagogue libertaire, Francisco Ferrer.

Une pédagogie active centrée sur l'enfant

Dans les écrits de Célestin Freinet, on remarque une dénonciation de l’enseignement traditionnel, l’affirmation d’une capacité native de l’enfant à l'apprentissage, les conditions propices pour une éducation libératrice et le projet d’une transformation profonde de la société par l’éducation et par l’école.

Certainement influencé par les éducateurs libertaires[6], l'ensemble de la pédagogie de Célestin Freinet est axé sur une pédagogie active c'est-à-dire que la dynamique éducative est impulsée par les libres initiatives personnelles des écoliers. Chez Freinet, la liberté est vue comme un processus d'apprentissage, d'émancipation et de conquête. Le goût pour l’initiative et le sens des responsabilités naturels des enfants sont des leviers pour leur découverte de la liberté.

À la différence d'une vision pédagogique traditionnelle selon laquelle une salle de classe doit tendre vers une homogénéité, Célestin Freinet préconise plutôt la mise en avant de l'individualisation de l'enseignement. Chaque individu est unique et différent, il n'y a donc pas à considérer dans l'enseignement, une homogénéité des enfants par tranche d'âge ou par niveau de classe. Autrement dit, l'hétérogénéité du capital intellectuel, aurait dit l'économiste de l'école autrichienne, Ludwig Lachmann, exige une complémentarité et des substituts qui s'agrège en fonction du développement du savoir de l'enfant.

Pour Célestin Freinet, le rôle de l'éducation consiste à émanciper l'individu et non de le contraindre à être servilement le facteur de production de l'industrie ou simplement de la chair à canon en période de guerre. Le rôle de l'éducateur est d'aider l'enfant à ce qu'il se sente mieux dans sa peau afin qu'il/elle ait plus confiance en lui/en elle. Par conséquent, il/elle est plus en confiance pour réussir des tâches difficiles. Il n’est donc pas question de lui inculquer un savoir qu’il intègre passivement mais de lui permettre de découvrir ses passions avec lesquelles l'enseignant connectera de nouvelles connaissances ou liées à des champs connexes de ses passions. Le cursus d'apprentissage adapté est proposé à chaque enfant en fonction de sa sensibilité personnelle et ses capacités à découvrir d'autres connaissances.

Il y a un refus de la scolastique[7], c'est-à-dire un apprentissage livresque déconnecté avec la réalité et qui s'appuie sur du par cœur insensé. Au contraire, dans l'approche de Célestin Freinet, le livre ne doit pas être une contrainte. Il faut selon lui laisser aller la classe dans une intuition pédagogique grâce à l’environnement didactique préalablement préparé. Par exemple, la discussion du matin "quoi de neuf" permet d'établir le fil conducteur du programme d'apprentissage improvisé de la journée. Pour Célestin Freinet, l'enfant ne doit pas être enfermé dans des structures rigides d'apprentissages qui auraient le tort de le confiner. Avant l'heure, Célestin Freinet préconisait un déconfinement cérébral. Car l'enfant apprend à lire, à écrire et à compter comme il apprend à marcher. Il expérimente en essayant et très souvent en se trompant. L’échec n’est plus vécu comme une faute par l’enfant, mais il s’agit tout simplement d’une étape intermédiaire vers sa réussite. Célestin Freinet a dénommé son approche : le tâtonnement expérimental[8].

Avec son épouse, Élise Lagier Freinet[9], ils ont construit une nouvelle pédagogie en alternative avec celle qui existait auparavant, plus abordable pour les couches de la population les moins favorisées, donc une pédagogie plus populaire. Dans un premier temps, ils souhaitèrent la rénovation de l’éducation contre l’école traditionnelle, au sein d’elle, par un processus de transformation interne à l’institution. Puis, ils considérèrent que leurs efforts furent vains et ils fondèrent, en 1935, leur propre école privée à Vence (Alpes maritimes).

Célestin Freinet, éduqué à la campagne dès sa plus tendre jeunesse, avait la conviction que les enfants de paysans disposaient d’une capacité naturelle à apprendre dans la nature et à créer spontanément. C'est un point qui le rapproche avec Léon Tolstoï ainsi que la pratique pédagogique du texte libre[10]. L'école, par conséquent doit s'ouvrir sur l'extérieur et ne pas rester enfermée entre quatre murs[11]. D'où, l'organisation régulière de « classes ateliers » où il y a des activités d'imprimerie[12] et de « classes promenades » pour aller à la rencontre de savoirs pratiques contextuellement liés à l'apprenant.

Pour Célestin Freinet, l'acte de transformer les choses ou les idées est un aspect fondamental de l'apprentissage. L'enfant comprend bien s'il peut faire des transformations sur le savoir de son propre vécu. Par conséquent, l'apprentissage doit s'ancrer dans la vie de l'enfant pour avoir du sens et pour être compris et retenu par lui. En de nombreux points, la pédagogie Freinet s'accorde avec la pédagogie à valeur entrepreneuriale. Par exemple, Célestin Freinet avait une passion effrénée pour la presse écrite, qui était alors, quasiment au firmament de son développement. Il insista donc pour installer des mini-presses, importées d'Allemagne, dans ses écoles, pour que ses élèves écrivent et éditent des journaux scolaires, comme une société d'édition aurait pu le faire.

Des a priori méthodologiques

Célestin Freinet avait coutume de rappeler ses invariants. Il a posé quelques principes qu'il a délimités comme vérité absolue pour asseoir sa pédagogie de la méthode naturelle. Par exemple, un invariant de Freinet stipule que dans son environnement naturel l’enfant, par nature, expérimente. Il procède par tâtonnement expérimental. En effet, un des fondements de la pédagogie Freinet est d'asseoir un certain nombre de connaissances scolaires sur des vérités dictées par Célestin Freinet sans que celles-ci puissent être contestées. Sans que l'auteur se référence à Kant, il y a dans cette pédagogie des impératifs catégoriques. Or, ce que l'on reproche chez d'autres auteurs comme chez l'économiste de l'école autrichienne Ludwig von Mises, sur son apriorisme de l'action est tout aussi présente chez Célestin Freinet. Chez ce dernier, il y a la volonté de conforter le processus d'apprentissage à un contexte naturel par pure analogie entre le fonctionnement cognitif et l'apprentissage de la marche ou de la parole. Si ce processus s’appuie sur cette puissance de vie qui rend l’enfant curieux et expérimentateur, alors il faudrait, comme le fait Ludwig von Mises autoriser le raisonnement à l'origine de l'action. Agir est un processus naturel et antérieurement incontestable donc impossible à démontrer. Car, si l'apprentissage était un processus naturel indépendant de l'agir, il n'y aurait pas besoin de le motiver dans tous les moments de classe par l’expression et la communication.

Des pré-conceptions sociologiques et politiques qui limitent la portée de la pédagogie Freinet

Célestin Freinet est nommé instituteur adjoint, le 1er janvier 1920, dans une école qui dispose seulement de deux classes, à Bar-sur-Loup (dans les Alpes-Maritimes). Originaire du département, enfant pâtre provençal, il a passé sa jeunesse dans la communauté paysanne de sa région et il est donc familier de la culture locale et de sa pauvreté économique. Par conséquent son mode de fonctionnement intellectuel ne tarde pas à s'adapter à la situation.

Convalescent depuis quatre ans d'une grave blessure de guerre, il arrive en tant que débutant sans expérience préalable[13] mais avec beaucoup d'espoirs, de craintes et de réserves. Car jamais, auparavant, il n'avait approché une classe en tant qu'enseignant.

Son directeur est un entrepreneur hybride, statut assez courant à l'époque qui cumule le statut de salarié du secteur public (enseignant-directeur d'école avec un revenu fixe) et d'entrepreneur privé (agriculteur avec un faible revenu variable et donc aléatoire). Mais, Célestin Freinet ne remarque pas cette singularité et évite toujours avec défiance mais respect l'exemple de son supérieur hiérarchique. Sa mère était commerçante, gérant une alimentation dans le village, mais cet aspect entrepreneurial ne l'a pas marqué non plus dans sa structure mentale.

Sa pédagogie s'est indéniablement ancrée dans le milieu rural ce qui la limita, dans un premier temps, aux frontières de la ville. Son imprégnation pastorale fut le fil conducteur de son projet éducatif. Même si son dessein pédagogique s'imprima en filigrane dans l'épaisseur grossissante d'un mille feuilles de références didactiques, sa richesse se voit désormais nettement par transparence en dévoilant sa fine sophistication, au-delà sans doute de la pensée initiale de son auteur. En effet, aveuglé par des préoccupations sociologiques et politiques marxistes et léninistes, Célestin Freinet, anti-capitaliste, ne s'aperçut jamais de la portée de sa pédagogie à valeur entrepreneuriale qui était émancipatrice pour ses jeunes élèves.

Son anti-capitalisme l'empêcha de considérer la propriété de soi-même des enfants comme un fondement inaliénable et irréductible de leur liberté. Il n'y a pas chez Freinet de références au capital humain, au capital cognitif et au capital intellectuel, actifs intangibles et immatériels se développant selon des principes de rendements croissants. C'est un point de désaccord profond qui l'opposa à la vision de Helen Parkhurst. Chez cette dernière, la promotion des étudiants talentueux devient possible grâce au plan Dalton, et les faiblesses des étudiants deviennent visibles plus tôt. Pour Célestin Freinet, il y a presque un refus de promouvoir les leaders de sa classe sauf à en imaginer qu'ils seront les révolutionnaires de demain. Helen Parkhurst préconisait l'abandon des structures rigides de l'emploi du temps pour gagner en efficacité. Pour Célestin Freinet, toute allusion à une amélioration de l'efficience était contraire au principe marxiste de la valeur travail. Il avait une vision retardée néo-ricardienne de la valeur objective qui était calculée à partir du travail accumulé dans la fabrication ou la production. Cette erreur économique l'empêcha de considérer la valeur unique et subjective des choses[14] produites et échangées par les êtres humains. S'il accepta l'idée de plan de travail, c'est en raison de son idéologie marxiste et de son adulation des pédagogues soviétiques qui ont adopté le plan Dalton sans trop de réticences. Célestin Freinet appréciait que l’éducateur ne se contente plus de tout ordonner, heure par heure, de sa propre autorité. C’est en collaboration avec les enfants qu’il établit les plans de travail. Ce dernier comprend deux parties intégrées , l'une d'ordre général et l'autre individualisé. L'échéance du plan général est d'une semaine voire deux semaine et il tient compte des nécessités qu’imposent le milieu, les règlements, ainsi qu’un minimum de discipline collective. Dans la partie individuelle, l’enfant inscrit les tâches qu’il veut et doit accomplir, et dont il surveille par lui-même l’exécution.

À première vue, la cause de Célestin Freinet semble noble. Il souhaitait une école pour le peuple, affirmation qui s'est transformée en slogan "une école populaire". Mais, le sens des mots n'a pas la même portée. Une école populaire n'est pas une école démocratique ouverte à tous. En effet, Célestin Freinet veut prendre en compte la dimension sociale des enfants et l'incorporer à sa pédagogie. Ce que veut signifier lé pédagogue par là, c'est de tenir compte de l'origine sociale des enfants. Il y a, a priori, une préférence sociale, une forme de discrimination positive à l'égard des enfants des parents ouvriers et des jeunes paysans. C'est la raison pour laquelle, il accueillit beaucoup d'enfants émigrés dont les parents ont fui la guerre d'Espagne à partir 1936. Par conséquent, le qualificatif populaire, assez utilisé à l'époque des années 1930 qui amena à l'expression de "Front populaire" en politique, exprime l'idée bienveillante et protectrice de vouloir s'occuper des défavorisés comme si les enfants dont les parents sont plus nantis méritaient moins d'égards au sein de l'école.

Célestin Freinet fut au début de sa carrière un instituteur militant, syndicaliste et révolutionnaire. Mais, il est difficile au fil des années de savoir s'il préconisait une rénovation scolaire comme condition de la révolution sociale ou en si elle en était la conséquence. Mais, quoi qu'il en soit, à l'instar de John Dewey qui présentait une instrumentalisation de la pédagogie pour approcher une plus grande démocratie dans la société, Célestin Freinet de 1920 à 1930, instrumentalisait également sa pédagogie pour que les élèves soit des révolutionnaires de demain. Ce défaut idéologique fut fatal au développement de sa pédagogie car elle souleva les boucliers des citoyens inquiets par les chants des "lendemains qui chantent".

Fondateur de la pédagogie critique

Célestin Freinet fait partie des fondateurs de la pédagogie critique au même titre que le marxiste, Paulo Freire au Brésil. Ils participent à une volonté politique d'éradiquer, par la révolution, l’organisation sociale du système économique et politique capitaliste. Leur préoccupation est exclusivement orientée vers l'éducation de la population la plus pauvre. Par leur méthode, ils permettent à leurs élèves de prendre conscience de leur propre expérience sociale afin qu'ils s'engagent dans une participation politique d'une façon plus active. Ils font de l’école un lieu d’apprentissage de la démocratie.

Ces pédagogues critiquent l’éducation officielle qu'ils estiment être instaurée par les classes dirigeantes et au service d'elles-mêmes. Ils reprochent à l'enseignement traditionnel de vouloir assimiler les élèves à un ordre social établi sans leur donner la capacité de remettre en cause l'organisation de la société, par le défaut de ne pas leur apprendre de développer un esprit critique[15]. Cette éducation traditionnelle, enchaîne Célestin Freinet, doit se libérer des livres qui annihilent la puissance active de l'enfant et qui endorment ses velléités de réalisation personnelle.

Intellectuellement, Ces auteurs pratiquent un holisme méthodologique en posant pour principe que les groupes ou classes sociales agissent par elles-mêmes et de façon homogène. Ce défaut de méthode les amène à se tromper sur les origines des inégalités sociales, qui selon eux, seraient volontairement creusées par le système éducatif en place. Sans doute, que ce message crée de l'espoir pour tous ceux qui ont le sentiment d'être opprimés et écartés du pouvoir, de la création et de la richesse parce qu’il laisse entrevoir la possibilité d’une transformation sociale radicale. Mais, cela crée aussi beaucoup de désillusions avec l'expérience car si les fondements éducatifs de l'approche sont appréciables, les guides politiques d'inspiration marxiste mènent à des chemins sans issue.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Adolphe Ferrière crée en 1921 la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle (LIEN). Le congrès fondateur a lieu dans la ville française de Calais. L'éducation nouvelle s'inspire la pédagogie de John Dewey : l'enfant est actif et social. Les congrès de cette ligue permettent jusqu'à la seconde guerre mondiale des rencontres de nombreux pédagogues aux horizons internationaux pour présenter leurs travaux avec des pédagogues aussi variés que nombreux dont A. S. Neill le libertaire (le fondateur de Summerhill ; A. S. Neill, 1986, "Summerhill”. Barcelona: Editorial Eumo), Maria Montessori, Célestin Freinet, Gisèle de Failly, Roger Cousinet, Édouard Claparède. En 1912, Adolphe Ferrière et le psychologue Édouard Claparède créent en Suisse l'Institut Jean-Jacques Rousseau en raison de leur inspiration pour leur pédagogie alternative. Selon Édouard Claparède (1920, "L'école sur mesure",. Lausanne et Genève : Payot), plus l’enseignement est adapté aux profils des élèves, plus ceux-ci ont des chances de bien progresser. Adolphe Ferrière adopte une formule claquante pour symboliser le renouveau pédagogique qui s'oppose à l’éducation traditionnelle en choisissant l’école active en opposition à l’école assise.
    • 1950, Roger Cousinet, "L’Éducation nouvelle", Delachaux et Niestlé
  2. Deux concepts parallèles ont émergé à l'origine de l'éducation libertaire et ont survécu tout au long de l'histoire de l'éducation liberaire, quelles que soient les frontières géographiques. L'un est fondé sur une vision négative de la nature humaine, acceptant que les gens soient tous faillibles et incapables de perfection. Il découle de cette perspective que le pouvoir de l'État doit être limité car sinon, il permettrait à certains individus corrompus de faire plus de mal que d'autres. L'autre point de vue soutient que toutes les personnes sont intrinsèquement bonnes et perfectibles, de sorte que le pouvoir étatique doit être limité pour permettre à l'humanité d'évoluer vers un ordre d'autonomie qui s'approcherait de la perfection.
  3. Il rencontre le suisse Adolphe Ferrière, auteur de "L’Ecole active" qui inspire l’œuvre de Freinet, "L’Education du Travail“. Adolphe Ferrière montre de quelle façon la formule de Kerschensteiner : "L’école de l’avenir sera une école du travail“ peut être concrètement réalisée.
  4. Il est inspiré par l’Education Nouvelle allemande et surtout par Hermann Lietz. En 1923, il se rend dans son école à Altona, près de Hambourg. Il fait la connaissance de Paul Geheeb, un assistant de Lietz et fondateur de la Odenwaldschule. Il fait également la connaissance de Peter Petersen en 1923 à Hambourg avec lequel il entretiendra des relations par correspondance jusqu’à la mort de ce dernier. Il visite quelques écoles qui fonctionnaient sur le principe de l'école anarchiste intégrale à savoir, une école sans autorité du maître, sans règlement à valeur négative paralysante et sans sanctions punitives.
  5. Il fait partie des membres de la délégation des enseignants français qui, en 1925, ont rencontré Nadejda Kroupskaïa (1869-1939), la commissaire à l’Instruction publique et par ailleurs compagne de Lénine.
  6. En particulier : - le Néerlandais Ferdinand Domela-Nieuwenhuis (auteur de L’éducation libertaire. Conférence, Paris : Temp),
    1908, "La pédagogie individuelle", L’École rénovée, 15 avril 1908, n°1, pp10-11
    - le Belge Jean-François Elslander, - le Suisse Henri Roorda van Eysinga, - les Français Charles-Ange Laisant et Paul Robin. Paul Robin (1837-1912) est un pédagogue libertaire français, connu en particulier pour avoir développé l’éducation intégrale à l’orphelinat de Cempuis. Cette éducation donner les moyens d’accéder à l’éducation des enfants, en développant harmonieusement l’individu dans sa "globalité", tant sur le plan physique qu’intellectuel ou moral.
    • 1992, Nathalie Brémand, "Cempuis : une expérience d’éducation libertaire à l’époque de Jules Ferry, 1880-1894", Paris, Éditions du Monde libertaire
  7. L'utilisation que Célestin Freinet fait de la scolastique est différente de l'acception philosophique ou des apports des économistes pré-smithiens. Il lui donne un contour didactique péjoratif en montrant que les outils pédagogiques utilisés en classe sont déconnectés de la réalité vécue par l'apprenant qui sont injustifiés pour le développement de l'enfant.
  8. En résumé, le tâtonnement expérimental est l'adaptation intellectuelle de l'individu à son milieu de vie. Ce concept du tâtonnement expérimental peut être comparé, bien que distinct, avec le processus d'essai et d'erreur présenté en économie par Friedrich Hayek. Le processus de découverte chez Freinet est individualisé. Il est répétitif par l'expérience jusqu'à ce que l'enfant découvre les propriétés de la réussite. Il y a là une analogie avec la théorie de Michael Polanyi sur la connaissance tacite. Comment savoir comment serrer un boulon ? C'est en expérimentant que l'individu apprend le bon dosage entre le niveau trop lâche qui risque de faire dévisser l'écrou au fil du temps ou trop serré qui risque de gripper l'écrou et de le rendre impossible à dévisser par la suite. C'est l'apprenant qui apprend en tâtonnant, nul ne peut lui dire à l'avance comment faire. De même, l'enfant n'a pas besoin de connaître la théorie de la propulsion mécanique pour faire du vélo, c'est une connaissance qu'il apprend en tâtonnant au départ lorsqu'il monte sur son véhicule. Les chercheurs de l'ordre spontané, qui s'appuient eux sur les recherches de l'économiste autrichien, intègrent le processus de l'apprentissage dans le cadre réticulaire de la connaissance. Les réseaux ont des nœuds et des liens. Mais les liens du système ont des forces différentes. Ils varient d'un système auto-organisé à un autre et les liens eux-mêmes à l'intérieur d'une même organisation sont différents. La théorie de l'ordre spontané a été appliquée à la théorie des systèmes sociaux adaptatifs complexes (SSAC). Dans ces SSAC, les « nœuds » sont généralement constitués d'humains, d'institutions et de produits (au sens large du terme). Les réseaux présentent des caractéristiques dont les propriétés sont libres d'évoluer à leur propre échelle. Par exemple, Albert László Barabási (Albert-László Barabási, 2009, "Scale-Free Networks: A Decade and Beyond", Science, Vol 325, pp412-413), présente deux attributs principaux aux nœuds, la force naturelle d'expansion ou de croissance et l'attachement préférentiel. Ces deux causes sous-jacentes sont selon lui les raisons du développement du réseau. Si la métaphore du réseau social s'applique au réseau de l'ordre sensoriel comme certains post-hayekiens le présentent, cela indique que le tâtonnement de la connaissance chez Hayek est sur-multiplié par la force de l'ordre auto-généré dans lequel l'individu se trouve connecté. Il existe radicalement, sauf pour les limites physiques qu'impose le confinement cérébral de l'être humain, une dimension illimitée à la croissance de la connaissance humaine. De plus, l'attribut de l'attachement préférentiel d'Albert László Barabási est conforme aux hypothèses du pédagogue Antoine de la Garanderie et de la proposition de la théorie connexionniste de Friedrich Hayek. Par conséquent, le processus du tâtonnement pour saisir la connaissance n'est pas conditionnée à une expérience isolée même si elle est reproduite de multiples fois comme le présente Célestin Freinet mais elle est plus radicalement intégrée dans un dimension plus large d'un système complexe d'auto-organisations ordonnées qui doit être libéré pour pouvoir se développer. Les auteurs de des systèmes sociaux adaptatifs complexes explique clairement qu'un système trop réglementé ou catégoriquement contrôlé par une entité externe conduite à la perte dégénérative du système de connaissance avec la perte de liens. Les bribes de connaissances deviennent de plus en plus clairsemées. Le système général perd de son efficacité. Pour subsister, le contrôle externe doit renforcer des liens hiérarchiques. À la différence, lorsque les liens se forment librement au moment précis où ils décident de se lier, alors les nouveaux nœuds préfèrent s'attacher aux nœuds qui sont déjà les plus densément connectés. C'est ce processus que Albert László Barabási appelle l'attachement préférentiel. Grâce à la croissance et à l'attachement préférentiel, on observe un processus de renforcement des connexions de liens qui s'enrichissent au fur et à mesure de l'expérience de l'individu. Cela signifie que les nœuds neuronaux hautement connectés acquièrent plus de liens que ceux qui le sont moins, conduisant à l'émergence naturelle de hubs richement connectés et donc conteannt plus d'adaptabilité et de contenus d'informations.
  9. Élise Freinet, 1969, "Naissance d’une pédagogie populaire", Paris, Maspero
  10. P. Clanche, 1976, "Le texte libre, écriture des enfants", Paris : François Maspéro
  11. L’instituteur met en place la correspondance interscolaire en 1926.
  12. Célestin Freinet introduit l'activité de l’imprimerie dans la classe en 1924. Les élèves expriment leur vécu et décrivent leurs pensées imaginaires. Le matériel d'impression sert de relation indirecte entre la production cognitive en process de l'enfant et son travail scolaire. Le texte pensé se transforme en objet écrit qui intègre une valeur sociale.
  13. Célestin Freinet n'a pas eu la formation pédagogique pratique de l'École Normale de Nice, que reçoivent à l'ordinaire les élèves-maîtres de troisième année car il fut mobilisé pour la guerre de 1914-1918 à la fin de la deuxième année.
  14. La Subjectivité de la valeur de l'école autrichienne d'économie
  15. "L’École ne vous habitue pas à réfléchir, à penser par vous-mêmes, à voir avec vos propres yeux. Ce serait bien trop dangereux. Dès le plus jeune âge, elle vous dresse à penser comme le maître et comme les livres.
    Célestin Freinet, 1935, "Deuxième discours à des parents sur l’Éducation nouvelle prolétarienne", L'Éducateur prolétarien, 10 mars 1935, n°11, p245

Ses publications

  • 1928,
    • a. "Plus de manuels scolaires", Saint-Paul, Éditions de l’imprimerie à l’école
    • b. "Chronique du congrès de Locarno", L’École émancipée, 19 février 1928, n°22, pp352-353
  • 1962, "L’Enseignement des sciences", Cannes, CEL (Bibliothèque de l’École moderne)
  • 1964, "Les invariants de C. Freinet", Bibliothèque de l’École Moderne, n°25
  • 1966, "Essai de psychologie sensible appliquée à l’éducation", Neuchâtel, Delachaux et Niestlé
  • 1967, Célestin Freinet, "Les dits de Mathieu", Neuchâtel, Delachaux et Niestlé
  • 1968, Célestin Freinet, "La méthode naturelle", Neuchâtel, Delachaux et Niestlé
  • 1969, Célestin Freinet, "Pour l’école du peuple", Paris, Maspero
  • 1971, Célestin Freinet, "Pour l'école du peuple", Paris, Maspero
  • 1976, "'L’expérience tâtonnée' [1948] et 'Le tâtonnement expérimental' [1965]", Bibliothèque de travail et de recherche, n°18-19
  • 1994, "Célestin Freinet. "Les œuvres pédagogiques"" (2 tomes), Paris, Ed. Seuil.
  • 1996, "École émancipée. Les années École émancipée de Célestin Freinet 1920-1936", (Fac-similé des articles parus dans la revue), Paris, Éditions EDMP [Edition et diffusion de matériel pédagogique]

Littérature secondaire

  • 1975, É. Freinet, "L’École Freinet, réserve d’enfants", Paris, Maspéro
  • 1989, R. Fonvieille, "L’Aventure du mouvement Freinet", Méridiens Klincksieck, Paris
  • 1994,
    • P. Clanché, É. Debarbieux, J. Testaniere, dir., "La Pédagogie Freinet, mises à jour et perspectives" (Actes du colloque tenu à l’Université Victor Segalen, Bordeaux II, 16-18 octobre 1990), Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux
    • A. Giordan, "De la pédagogie Freinet au modèle d’apprentissage allostérique", In: P. Clanché, E. Debarbieux, J. Testaniere, dir., "La Pédagogie Freinet, mises à jour et perspectives", Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, pp107-120
    • D. Hameline, "Célestin Freinet et Adolphe Ferrière ou le pourquoi d’un compromis", In: P. Clanché, É. Debarbieux et J. Testanière, dir., "La pédagogie Freinet. Mises à jour et perspectives", Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, pp25-40
    • A. Lamihi, "De Freinet à la pédagogie institutionnelle ou l’École de Gennevilliers", Editions Ivan Davy, La Botellerie - 49320 Vauchrétien
    • G. Larossa, "Wittgenstein et Freinet, points de vue pragmatiques naturalistes et sociaux", In: P. Clanché, É. Debarbieux et J. Testanière, dir., "La pédagogie Freinet. Mises à jour et perspectives", Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, pp293-304
  • 1995, Michel Barré, "Célestin Freinet. Un éducateur pour notre temps", Vol 1, Mouans-Sartoux, Publication de l’École moderne française
  • 1996,
    • Michel Barré, "Célestin Freinet. Un éducateur pour notre temps", Vol 2, Mouans-Sartoux, Publication de l’École moderne française (PEMF)
    • Michel Barré, "Avec les élèves de Célestin Freinet. Extrait des journaux scolaires de sa classe à Bar-sur-Loup, Saint Paul et Vence de 1926 à 1940", Paris, Institut national de recherche pédagogique
    • Patrick Boumard, "Célestin Freinet", Paris: PUF, Collection "pédagogues, pédagogies"
    • Luc Bruliard, Gerald Schlemninger, "Le mouvement Freinet: des origines aux années quatre-vingt", Paris Montréal, l’Harmattan
  • 1997,
    • Michel Barré, "Compagnon de Freinet", Vauchrétien, Ivan Davy Éditeur
    • Ahmed Lamihi, dir., "Freinet et l’École moderne", Éditions Ivan Davy
  • 1999,
    • Henri Peyronie, "Célestin Freinet. Pédagogie et émancipation", Hachette
    • Bernard Schneuwly, "Freinet, Vygotsky et l’écrit", In: Pierre Clanché, Éric Debarbieux, Jacques Testanière, dir., "La pédagogie Freinet. Mises à jour et perspectives", Presses universitaires de Bordeaux
  • 2003, Henri Peyronie, "En classe coopérative avec Célestin Freinet", In: Constantin Xypas, dir., "Les citoyennetés scolaires. De la maternelle au lycée", Éditeur : Presses Universitaires de France, Collection : Education et formation, pp165-187
  • 2005,
    • Dominique Tiberi, "Citoyen en classe Freinet : Journal d’une classe coopérative", L’Harmattan. Paris
    • Alain Vergnioux, "Cinq études sur Célestin Freinet", Presses universitaires de Caen
  • 2007,
    • Guy Goupil, "Comprendre la pédagogie Freinet", éditions des Amis de Freinet
    • Yves Reuter, "Une école Freinet : Fonctionnement et effets d’une pédagogie en milieu populaire", Paris : L’Harmattan
  • 2009, Pierre Clanché, "Éthique et pragmatique : Wittgenstein et Freinet instituteurs", In: Pierre Clanché, dir., "Anthropologie de l'écriture et pédagogie Freinet", Presses universitaires de Caen, pp19-30
  • 2012, F. Mole, "Freinet au Congrès mondial de Nice (1932) : une révolution sociale par l’Éducation nouvelle ?", In: L. Gutierrez, L. Besse, A. Prost, dir., "Réformer l’école. L’apport de l’Éducation nouvelle (1930-1970)", Grenoble : PUG, pp63-75
  • 2014, Baptiste Jacomino, "Comprendre Freinet: Guide graphique", Max Millo éditions
  • 2016, Catherine Chabrun, Grégory Chambat, dir., "Freinet. Le maître insurgé ; articles et éditoriaux, 1920 - 1939", Libertalia, Collection : REVUE N'AUTRE ECOLE
  • 2017,
    • Sophie Madoun, "Les écoles alternatives - Montessori, Freinet, Steiner... Les pédagogies de la bienveillance", Paris: Edition Grancher
    • Henri Peyronie, "La pédagogie Freinet : quelle(s) influence(s) sur l’École publique française ?", Spécificités [Le paysage institutionnel des écoles différentes : ouvrir, fermer, durer, essaimer... ?], Vol 10, pp12-37
    • Emmanuel Saint-Fuscien, "Célestin Freinet. Un pédagogue en guerres 1914-1945", Paris: Perrin
  • 2018, Maria Poblete, "Célestin Freinet : 'Non à l'ennui à l'école'", Actes Sud