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Albert Bandura
Albert Bandura, né le 4 décembre 1925 et mort le 26 juillet 2021, est un psychologue canadien connu pour sa théorie de l'apprentissage social et son concept d'auto-efficacité. Docteur en psychologie, il a enseigné à l'Université Stanford à partir de 1953. Après avoir été initialement influencé par le courant béhavioriste, il s'en est radicalement détourné, en soulignant l'importance des facteurs cognitifs et sociaux dans ses recherches.
Il place l’individu au cœur d’une triade d’interactions entre les facteurs cognitifs, comportementaux et contextuels. Les sujets sociaux apparaissent ainsi à la fois comme les producteurs et les produits de leur environnement. Dans ce cadre théorique, la notion d’auto-efficacité devient centrale. En désignant les croyances qu’un individu a dans ses propres capacités d’action, quelles que soient ses aptitudes objectives, elle pose le sentiment d’efficacité personnelle comme la base de la motivation, de la persévérance et d’une grande partie des accomplissements humains.
Albert Bandura a d'abord été influencé par l'œuvre de Robert Sears sur les antécédents familiaux liés au comportement social et à l'apprentissage identificatoire. Il dirigea ses premières recherches sur le rôle de la modélisation sociale dans la motivation et l'action humaine. En collaboration avec Richard Walters, son premier doctorant, Albert Bandura engagea dans des études sur l'apprentissage social et l'agression. Leurs efforts conjoints ont illustré le rôle critique de la modélisation du comportement humain et à un programme de recherche sur les déterminants et les mécanismes de l'apprentissage par l'observation (l'apprentissage vicariant).
L'auto-efficacité
Albert Bandura a mis en place la notion d’auto-efficacité personnelle comme base de la motivation, de la persévérance et d’une grande partie des accomplissements humains. En 1963, Albert Bandura publia un ouvrage sur l'apprentissage social et sur le développement de la personnalité. En 1977, il fait paraître un ouvrage encore plus ambitieux sur l'apprentissage social qui modifie la façon dont la psychologie prenait la direction dans les années 1980. Au cours de ses recherches sur les processus qui soulagent les troubles phobiques, il constata que l'auto-efficacité repose sur des croyances que les personnes phobiques ont en leurs propres capacités pour atténuer leur phobie. En 1986, il écrit sur les fondements sociaux de la pensée et de l'action, un livre dans lequel il a offert une théorie sociale cognitive du fonctionnement humain qui accorde un rôle central à la cognition, du fait d'autrui, des processus d'auto-régulation, d'auto-réflexion et de l'adaptation humaine au changement.
La théorie cognitive sociale (Albert Bandura) déclare que la croyance de chaque individu (méthode d'analyse de l'agent) au sujet de ses capacités est essentielle à l'amélioration et à la maîtrise de son apprentissage (exercice du contrôle). L'auto-efficacité se définit comme le jugement des gens sur leur capacité (proactive) à organiser (l'auto-organisation), à réfléchir sur leur expérience (l'auto-réflexion) et à exécuter les plans d'action requis (l'auto-régulation) pour atteindre les types de performance désignés.
Il ne s'agit pas de l'habileté que l'on a mais des jugements de ce que l'on peut faire avec les compétences que l'on possède. Une auto-efficacité accrue peut affecter positivement le choix d'une tâche par une personne, les efforts que l'on met pour achever une tâche et la persistance jusqu'à la maîtrise de la tâche. Les croyances d'auto-efficacité régulent le fonctionnement humain par le biais de processus cognitifs, motivationnels, affectifs et décisionnels.
Les individus ne sont pas des organismes réactifs façonnés par les forces de l'environnement ou poussés par des pulsions intérieures. Dans le domaine du leadership, l'auto-efficacité est liée à la notion de self-leadership. Les perceptions d'un individu de sa capacité personnelle à surmonter les défis correspondent directement avec sa performance comportementale dans une organisation.
Les 4 sources du développement de l'auto-efficcité
Albert Bandura a proposé (1997) quatre sources d'information qui peuvent conduire au développement de l'auto-efficacité.
1) La prise de conscience de la maîtrise de la performance passée
Les succès et les échecs passés d'un individu auront une forte incidence sur l'auto-efficacité pour l'accomplissement d'une tâche particulière à laquelle un individu est confronté à un moment donné. Si l'on a récemment connu un succès dans une tâche similaire à celle que l'on connaît actuellement, alors on est susceptible de connaître des niveaux élevés d'auto-efficacité. Inversement, si l'on a récemment connu un échec à une tâche similaire à celle que l'on connaît actuellement, alors il est probable que l'on connaîtra un faible niveau d'auto-efficacité.
2) L'expérience d'autrui
L'expérience d'autrui (apprentissage vicariant) est réalisée soit par la visualisation de la performance réussie ou par le biais de la modélisation sociale de la performance réussie par quelqu'un qui est similaire à l'individu. Quand on voit quelqu'un qui est semblable à soi-même exécuter une tâche spécifique avec succès, son auto-efficacité pour cette tâche devient plus élevée. On voit que l'autre personne peut le faire, alors on commence à croire que l'on peut effectuer la tâche aussi bien qu'elle. Nos propres attentes pour des performances positives sont rehaussées.
3) La persuasion verbale
Bien que la persuasion verbale ne soit pas la manière la plus efficace d'accroître l'auto-efficacité, elle joue souvent un rôle clé dans le maintien d'un individu impliqué dans une tâche. Obtenir des encouragements verbaux aide les gens à surmonter le doute qu'ils ont en eux et les aide à se concentrer pour donner leur meilleur effort pour accomplir la tâche.
Lorsque d'autres personnes expriment la conviction que l'on est capable d'exécuter la tâche de la manière requise, alors l'auto-efficacité s'accroît parce qu'on les croît. "Il est plus facile de maintenir un sens d'efficacité, surtout quand on est aux prises à des difficultés, si d'autres personnes importantes expriment la foi en nos capacités[1].
Cet effet peut durer assez longtemps pour éprouver soit une expérience vicariante (les autres individus modélisent le comportement de notre succès), soit la prise de conscience de l'accomplissement de sa propre performance (prise de conscience de l'expérience réussie de notre propre comportement).
Toutefois, l'impact de l'information persuasive varie en fonction de facteurs tels que la crédibilité, l'expertise et le consensus dans le groupe.
4) Nos réponses face à des stimulations physiologiques et émotionnelles
Nos réponses à des réactions physiologiques et émotionnelles lors de situations critiques jouent également un rôle important dans l'auto-efficacité. L'humeur, les états émotionnels, les réactions physiques et les niveaux de stress peuvent tous avoir un impact sur une personne et sur la façon dont elle va ressentir l'efficacité de ses capacités personnelles dans une situation particulière. Une personne qui devient extrêmement nerveuse avant de parler en public peut développer un faible sentiment d'auto-efficacité dans ces situations.
Tout dépend essentiellement de savoir si l'individu trouve que l'excitation est une condition positive ou une condition négative, ainsi que tout dépend du niveau de succès que l'individu a déjà atteint pour une tâche spécifique préalable. L'excitation a un effet différent sur la performance d'une tâche qui nécessite un apprentissage plutôt que sur une tâche qui est déjà bien apprise et qui nécessite simplement une performance, avec des niveaux extrêmement élevés d'éveil pour faciliter la tâche. Par conséquent, l'excitation physiologique et émotionnelle peut avoir des effets positifs ou négatifs sur l'auto-efficacité en fonction de l'individu et selon son parti pris d'interprétation.
Cependant, Albert Bandura note que ce n'est pas l'intensité pure de réactions émotionnelles et physiques qui est importante, mais plutôt la façon dont elles sont perçues et interprétées. En apprenant à minimiser le stress et en augmentant son niveau d'humeur face à des tâches difficiles, les individus peuvent améliorer leur sentiment d'auto-efficacité.
L'apprentissage vicariant
Les gens acquièrent leurs préférences grâce à une variété d'expériences d'apprentissage, de croyances sur eux-mêmes et sur la nature de leur monde émergent à travers des expériences directes et indirectes d'éducation. Ils agissent sur la base de leur croyance en utilisant leurs compétences acquises. Albert Bandura a identifié trois grands types d'expériences d'apprentissage :
- a) L'apprentissage instrumental résulte de l'expérience directe quand une personne est positivement renforcé ou puni pour un comportement et pour ses aptitudes cognitives associées.
- b) L'apprentissage associatif résulte de l'expérience directe et du renfort lorsqu'un individu associe un événement préalablement affectivement neutre ou un stimulus avec un stimulus émotionnellement chargé.
- c) L'apprentissage vicariant lorsque les individus apprennent de nouveaux comportements et de compétences en observant les comportements d'autrui ou en acquérant de nouvelles informations et les idées par les médias comme les livres, les films et la télévision.
Salvatore Rizzello, dans son analyse économique des institutions, intègre la théorie cognitive sociale d'Albert Bandura (théorie de l'apprentissage vicariant) pour comprendre la régularité des comportements comme base de l'émergence des institutions.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ Albert Bandura, 1997, "Self-efficacy: The exercise of control", New York: Freeman, p101
Publications
- 1959, avec R. H. Walters, "Adolescent aggression", New York: Ronald Press
- 1963, avec R. H. Walters, "Social learning and personality development", New York: Holt, Rinehart & Winston
- 1969, "Principles of behavior modification", New York: Holt, Rinehart & Winston
- 1970, "Self-efficacy: The exercise of control", New York, NY: W.H. Freeman and Company
- 1971, dir., "Psychological modeling: Conflicting theories", Chicago: Aldine-Atherton Press
- 1973, "Aggression: social learning analysis", Englewood Cliffs, N.J.: Prentice-Hall
- 1977,
- a. "Social learning theory", Englewood Cliffs, N.J.: Prentice-Hall
- b. "Self-efficacy: toward a unifying theory of behavioral change", Psychological Review, 84(2), pp191-215
- c. avec Nancy E. Adams, "Analysis of Self-Efficacy Theory of Behavioral Change", Cognitive Theory and Review, Vol 1, pp287-310
- 1978, "The self system in reciprocal determinism”, American Psychologist: Journal of the American Psychological Association, Vol 33, n°4, pp344-358
- 1982, "Self-efficacy and mechanism in human agency", American Psychologist, 37(2), pp122-147
- 1986, "Social foundations of thought and action: A social cognitive theory", Englewood Cliffs, N.J.: Prentice-Hall
- 1988, "Self-Efficacy Conception of Anxiety", Anxiety Research, Vol 1, n°2, pp77‑98
- 1989,
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- b. "Regulation of cognitive processes through perceived self-efficacy", Developmental Psychology, 25 (5), pp729–735
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- 2003, avec Edwin A. Locke, "Negative Self-Efficacy and Goal Effects Revisited", Journal of Applied Psychology, 88(1), pp87-99
- 2006, "Guide for constructing self-efficacy scales", In: F. Pajares & T. Urdan, dir., "Self-efficacy beliefs of adolescents", Greenwich, CT: Information Age Publishing, pp307-337
- 2007, "Obituary. Michael J. Mahoney (1946–2006)", The Behavior Therapist, March, p67
- 2008, avec R. Polydoro, R. Azzi, dir., "Teoria social cognitiva: Conceitor básicos (Social cognitive theory: Basic concepts)", Porta Allegre, Brasil: ARTMED Editors S/A
Littérature secondaire
- 1989, R. I. Evans, "Albert Bandura: The man and his ideas: A dialogue", New York: Praeger
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