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Économie culturelle

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L'économie culturelle est une branche de l'économie dont le domaine d'étude s'intéresse à la façon dont un contexte culturel soutient ou dissuade les membres d'une communauté à entreprendre. Elle se différencie de l'économie de la culture qui recherche à comprendre le fonctionnement de la valorisation de l'art au travers de ses œuvres artistiques (peinture, sculpture, livre, cinéma, etc.) par l'intermédiaire du marché de l'art. L'économie culturelle, quant à elle, étudie comment la culture façonne les institutions et comment les règles du jeu peuvent s'appliquer favorablement à l'esprit d'entreprise, par exemple comment les droits de propriété sont légitimés au sein d'un contexte culturel particulier.

Les chercheurs de l'économie culturelle estiment que les tentatives antérieures (du style de Max Weber avec la culture protestante) de lier une doctrine religieuse avec des indicateurs de points de croissance sont trop globalisantes et floues méthodologiquement lorsque la culture est considérée de façon statistique, comme une variable indépendante du développement. C'est le contexte culturel d'arrière-plan qui rend intelligible, pour un observateur plus ou moins proche de l'action, l'ensemble des significations complexes de l'action humaine.

L'économie culturelle s'intéresse à la façon dont la communauté scientifique mais aussi la connaissance populaire considèrent la découverte. Christophe Colomb et les autres grandes explorations des navigateurs européens du XVIe et du XVIIe siècle ont découvert l'emplacement des terres précédemment inexplorées. Mais, pour être plus précis, ils découvrent quelque chose jusqu'alors inconnue de leur propre culture. Car, ces nouvelles régions étaient déjà connues de certains peuples. Prétendre que les Européens ont découvert le nouveau monde (les Amériques, l'Afrique, l'Océanie etc.) est un peu euro-centrique. En fait, la découverte de ces territoires représentent en réalité, pour beaucoup de ceux-ci, des contacts culturels plutôt que de véritables découvertes faites par l'humanité. Ces contacts culturels s'effectuent dans un cadre institutionnel d'échanges économiques déjà pré-existant à la rencontre. De nombreux arbres, fruits, légumes et plantes furent "découverts" par les Européens et sont devenus des produits de base importants sur le marché, notamment le poivre, la cardamome et d'autres épices, la quinine, le caoutchouc, l'opium, le tabac, les fruits tropicaux (bananes, tomates), les légumes (pommes de terre), les agrumes (oranges) et le chocolat. Les pommes de terre, les cacahuètes, les courges, les piments, l'ananas et le coton étaient cultivés dans l'Empire Inca bien avant l'arrivée des Espagnols. Bien sûr, les populations locales utilisaient tous ces produits avant que les Européens ne viennent lire leur emploi possible sur le marché européen.

Cette discipline a été lancée dans les années 1990 par Don Lavoie[1] et Emily Chamlee-Wright. Ils ont écarté l'approche de l'économie politique qui a tendance à concevoir l'économie culturelle comme une liste de traits culturels dont il s'agit de cocher pour savoir si un pays est culturellement déterminé à un développement économique. Au contraire, l'approche plus fondamentale de l'économie culturelle explore les façons dont la culture façonne le caractère de l'entrepreneuriat dans une société.

La capacité de l'entrepreneur à surmonter les contraintes socioculturelles

La capacité de l'entrepreneur à surmonter les contraintes socioculturelles est un élément clé de son identité et de son succès. Cette capacité est influencée par sa vision du monde, sa persévérance, et sa capacité à naviguer dans des contextes culturels divers.

  • 1. La vision du monde de l'entrepreneur. L'entrepreneur a souvent une vision du monde qui diffère de celle des individus traditionnels ou des normes sociales établies. Il voit les opportunités là où d'autres voient des obstacles. Sa vision du monde est marquée par un optimisme, une confiance en soi et une propension à prendre des risques calculés. Cette vision du monde lui permet de surmonter les contraintes socioculturelles en les considérant comme des défis à relever plutôt que comme des barrières infranchissables.
  • 2. La persévérance de l'entrepreneur. L'entrepreneuriat est souvent une aventure semée d'embûches, de revers et d'incertitudes. Pour réussir, l'entrepreneur doit faire preuve de persévérance. Cela signifie qu'il est prêt à surmonter les obstacles, à persister face à l'adversité et à continuer d'avancer malgré les échecs. Sa persévérance lui permet de résister aux pressions sociales ou culturelles qui pourraient le décourager.
  • 3. La capacité à naviguer dans des contextes culturels divers. L'entrepreneur peut évoluer dans des environnements culturels variés, que ce soit sur le plan national ou international. Sa capacité à comprendre et à s'adapter à ces contextes culturels est essentielle pour surmonter les contraintes socioculturelles. Il peut tirer parti de la diversité culturelle pour identifier des opportunités uniques et développer des stratégies efficaces.
  • 4. L'intégration des contraintes socioculturelles dans la stratégie entrepreneuriale. Plutôt que d'ignorer ou de nier les contraintes socioculturelles, l'entrepreneur les intègre dans sa stratégie. Il reconnaît l'importance de comprendre les normes, les valeurs et les attentes culturelles des marchés dans lesquels il opère. Cette compréhension lui permet de concevoir des produits ou des services adaptés à ces contextes culturels, renforçant ainsi sa capacité à réussir.
  • 5. La remise en question des normes établies. L'entrepreneur a souvent une propension à remettre en question les normes établies. Il peut chercher à innover, à créer de nouveaux modèles d'affaires ou à proposer des solutions non conventionnelles. Cette disposition à défier les conventions socioculturelles peut être à l'origine de ruptures et de transformations significatives dans les secteurs d'activité.

En somme, la capacité de l'entrepreneur à surmonter les contraintes socioculturelles repose sur sa vision du monde, sa persévérance, sa capacité à s'adapter à des contextes culturels divers, son intégration des contraintes dans sa stratégie et sa propension à remettre en question les normes établies. Cette capacité est un élément fondamental de son succès dans un environnement entrepreneurial en constante évolution.

Bibliographie

  • 1997,
    • Emily Chamlee-Wright, "The Cultural Foundations of Economic Development: Urban Female Entrepreneurship in Ghana", New York, NY: Routledge
    • Emily Chamlee-Wright, "Markets as an extension of culture", In: "The Cultural Foundations of Economic Development: Urban Female Entrepreneurship in Ghana", New York, NY: Routledge
  • 2005, Nils Goldschmidt, Bernd Remmele, "Anthropology as the basic science of economic theory. Towards a cultural theory of economics", Journal of Economic Methodology, Vol 12
  • 2006, Emily Chamlee-Wright, "The development of cultural economy: foundational questions and future direction", In: Jack High, dir., "Humane Economics: Essays in Honor of Don Lavoie, New Thinking in Political Economy", Edward Elgar Publishing, pp181-198
  1. Don Lavoie, 1991, "The Discovery and Interpretation of Profit Opportunities: Culture and the Kirznerian Entrepreneur", In: Brigitte Berger, dir., "The Culture of Entrepreneurship", San Francisco: Institute for Contemporary Studies, pp33-51
    • Repris en 2015, In: Laura E. Grube, Virgil Henry Storr, dir., "Culture and Economic Action", Northhampton, MA: Edward Elgar, pp48–67
    • Traduction en espagnol en 1993, "El descubrimiento e interpretación de oportunidades deganancias: la cultura y el empresario kirsneziano", In: Brigitte Berger, dir., "La cultura empresarial", México, Gernika
    • Traduction en français en 1994, "La découverte et l'interprétation des possibilités de profit : la culture et l'entrepreneur selon Kirzner", In: Brigitte Berger, dir., "Esprit d'entreprise", cultures et societes, Paris: Maxima, ch 10