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École bilingue

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Avant que l'Etat ne vienne imposer son monopole de la langue, le bilinguisme était la règle dans la France d'autrefois. Avec tout d'abord François 1er (décret Villers-Cotterêts, signé en 1539) et ensuite les lois scolaires de Jules Ferry en 1882, le bilinguisme est devenu peu à peu une exception.

Les écoles bilingues adoptent une approche linguistique instrumentale, c'est à dire que l'enseignement de la langue s'effectue dans tous les cours intégralement dans la langue A ou dans la langue B. En France, plusieurs associations régionales promeuvent la pédagogie immersive : Seaska (français basque), La Bressola (français catalan), Las Calandretas (français occitan), Diwan (français breton), ABCmZweisprachigkeit (français alémanique/francique/allemand).

La méthode naturelle des écoles bilingues

Alice Delaunay, inspectrice générale de l'Instruction publique, préconisait la méthode naturelle[1] pour l'apprentissage d'une deuxième langue. L'éducation nationale a longtemps considéré que l'acquisition d'une seconde langue était accessoire. Ensuite la seconde langue vivante devait faire sa place face à une concurrence longtemps installée des langues latines et grecques antiques. Hors, ces langues mortes, car non pratiquées dans la vie quotidienne, étaient enseignées du point de vue culturel et, essentiellement, pour leur apport étymologique. L'éducation nationale a donc eu tendance à appliquer la méthode de l'apprentissage des langues mortes aux langues vivantes, à savoir, un enseignement basé sur la culture et non sur l'échange communicationnel. Cela impliqua des didactiques fondées sur des versions, des thèmes ou des lectures.

La méthode dite naturelle se rapproche de l'apprentissage de la langue maternelle. C'est un apprentissage direct, caractérisé par sa fluidité et sa spontanéité. Cette méthode est dite naturelle car elle est irrépressible chez l'être humain. Sauf à vouloir confiné horriblement un bébé dans la solitude, l'enfant aura naturellement un apprentissage de la langue. Il est préconisé de pratiquer cette méthode, pour l'apprentissage d'une deuxième langue, le plus tôt possible dans la vie de l'enfant dès son entrée à l'école maternelle.

Il y a encore peu de temps, on estimait que les possibilités d'acquisition d'une nouvelle langue diminuaient au fur et à mesure que se ralentit le développement cérébral. Il y a donc un âge critique (vers 6 ans) où la méthode naturelle n'aurait plus d'effet. La réalité n'est pas tant que la multiplication des cellules nerveuses soit en jeu mais cela concerne la fixation des connections des cellules. Autrement dit, une fois que les synapses sont structurées, fixées et stabilisées, le cerveau humain a moins de souplesse pour modifier ces structures. Cela ne veut pas dire que cela est impossible, bien au contraire, on peut apprendre une nouvelle langue à tout âge. Mais, le mécanisme de l'apprentissage ne peut pas reposer alors sur une méthode dite naturelle mais sur celle de l'instruction.

L'impact du bilinguisme sur l'économie et l'entrepreneuriat

À l'heure où l'on entend de plus en plus parler de marché des langues[2], quelle est l'importance, l'impact et l'urgence du bilinguisme ou du poly-linguisme sur le plan de l'économie, de l'innovation et de l'entrepreneuriat ? Si, dans le prolongement de la pensée de Ludwig Wittgenstein, on suppose qu'une langue impose une façon de penser, alors le monopole d'une langue peut contraindre à limiter son champ d'actions et d'idées par les frontières plus ou moins strictes qu'impose cette langue dans notre façon de penser.

Dans le monde, il existe encore 7 000 langues vivantes. Il est impossible à un seul être humain de les apprendre toutes. Mais, hélas, jour après jour, le nombre de ces langues disparaît. A présent, notre civilisation connait plus de langues mortes que de langues vivantes. Cette situation est dramatique. Une langue meurt avec le dernier survivant qui la parle. Avec lui ou elle, le monde des ténèbres engouffrent peut être des capacités d'innovations, des besoins de bien-être et des solutions à nos futurs problèmes.

Toutes les langues ne sont pas structurées de la même façon. Et, cette structuration est le produit d'une longue évolution qui, elle-même, est le produit de l'évolution de la pensée. La pensée humaine évolue avec l'aide de la langue qui, aussi, évolue au biais de la pensée. Une langue fait partie d'un système général dynamique de communication, de représentation et de création qui est constamment en situation de faire émerger de nouvelles formes et d'évoluer avec ceux et celles qui pratiquent la ou les langues. Une langue orale donne beaucoup plus de nuances qu'une langue écrite dans sa prosodie (intonation, accent, rythme, sonorité) ce qui stimule la tolérance à l'ambiguïté de sa compréhension.

Donc, il est un fait que notre manière de penser est structurée par notre langue maternelle mais elle n'est pas prisonnière de celle-ci. L'individu qui dispose des capacités de penser dans une autre langue a alors un avantage concurrentiel sur autrui. Le bilinguisme peut être autant bénéfique si les deux langues ont des structures et des alphabets très différents que lorsqu'elles ont des racines communes, par exemple les langues romanes (Français, Italien, Roumain, Espagnol, Portugais, Occitan, Corse etc.). Car, même des langues, qui ont des racines communes, disposent de lexiques, de phonétiques ou des collocations linguistiques[3] différentes.

L'apprentissage de la langue si elle est bien effectuée dans une école mono-lingue favorise la tolérance à l'ambiguïté linguistique. Cet effet est encore plus accru dans une école bilingue car l'élève bénéficie en plus d'un champ supplémentaire où il peut créer son bien être dans l’ambiguïté linguistique et générale. Un esprit bilingue dispose d'une grande flexibilité mentale avec des capacités de réflexion décuplées. Le fait d’habituer son esprit à cette agilité aux deux langues, permet à un enfant d’apprendre et d’assimiler plus facilement de nouveaux concepts complexes. Il aura plus de facilité que la majorité à s’adapter à de nouvelles cultures et à intégrer des modes de pensée différents.

Plus un individu va apprendre à se mettre à l'aise dans un monde où règnent la complexité, le désordre, le chaos et le changement, plus il sera habile à rechercher des situations dans lesquelles il va s'épanouir. Sortir de sa zone de confort lui demandera beaucoup moins d’efforts. La tolérance à l'ambiguïté est une qualité majeure recherchée chez l'entrepreneur, qui ne fait pas partie seulement de son patrimoine génétique, mais qui peut aussi se développer culturellement. Les écoles bilingues favorisent le développement de l'entrepreneuriat en apprenant aux enfants de se sentir à l'aise dans l’ambiguïté linguistique de plusieurs langues. Cet effet se renforce par une pédagogie globale à valeur entrepreneuriale.

En conclusion, il semble opportun de laisser le choix aux parents de l'apprentissage[4] précoce des langues pour leurs enfants en écartant la volonté de l'État et du ministère de l'éducation de s'intercaler dans cette décision personnelle qui a des conséquences porteuses de fruits de succès et de bonheur à long terme pour les enfants d'aujourd'hui.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. * 1971, Alice Delaunay, "L'acquisition précoce des langues vivantes par la méthode naturelle", Revue française de pédagogie, n°14, pp5-13
  2. Sur la planète entière, il y a dans chaque pays une vaste bourse des langues. À certains moments de l'histoires certaines langues ont eu plus la cote que d'autres. On pense au français qui dans les cours impériales du XVIIIème et du XIXème siècle était omniprésent. Cependant, au fil des années, sa cote s'est relativement effondrée. Il y a, de façon élargie, un marché de valeur d’échange des langues qui lui donne un prix. Dans les années 1980, le japonais a vu sa valeur grimper tout comme le mandarin actuellement pour des raisons de puissance économique du pays où cette langue est pratiquée ou pour des raisons idéologiques et politiques comme ce fut le cas pour le russe après la seconde guerre mondiale. L’anglais continue largement son expansion depuis le développement colonial de l'Angleterre au XVIIIème siècle et le leadership économique américain depuis le XXème siècle.
  3. Par exemple, en occitan on ne souhaite pas la bienvenue, on fait la bienvenue [Faire la bèn-vengudo], cette collocation différente implique non seulement deux façons de penser mais aussi deux attitudes et deux comportements d'action différents
  4. James M McCaffery, 1995, "Bilingual by Choice", The Freeman, May, Vol 45, n°5, pp313-315

Bibliographie