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François Guizot
François Guizot | |||||
Historien, homme politique | |||||
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Dates | 1787 - 1874 | ||||
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Tendance | Libéral-conservateur | ||||
Nationalité | ![]() | ||||
Articles internes | Autres articles sur François Guizot | ||||
Citation | « Le but du gouvernement représentatif est d'empêcher à la fois la tyrannie et la confusion, de ramener la multitude à l'unité en la provoquant à la reconnaître et à l'accepter elle-même. » | ||||
Interwikis sur François Guizot | |||||
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François Guizot est un homme politique et historien français (1787-1874)
Biographie
En politique, il appartint à l'école doctrinaire ; professeur à la Sorbonne, son cours fut suspendu en même temps que ceux de Victor Cousin et de Villemain, de 1825 à 1828 ; il écrivit dans les journaux libéraux et signa, en ajoutant un commentaire, l'Adresse des 221.
Député et ministre de l'Intérieur en 1830, ministre provisoire de l'Instruction publique la même année, ministre des Affaires étrangères puis de l'Instruction publique de 1832 à 1837, il fut ambassadeur à Londres en 1840, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil de 1840 à 1848. Il fut l'ami de Royer-Collard et le rival de Thiers ; il fut encore député à la Constituante en 1848, et son rôle politique finit avec l'avènement de l'Empire qu'il ne cessa pourtant de combattre.
Orateur politique, critique, grammairien, historien, il fit aussi des traductions de l'anglais ; Guizot a écrit une Histoire de la Révolution d'Angleterre, un nouveau Dictionnaire des Synonymes et divers autres ouvrages. En 1832, il fit rétablir l'Académie des Sciences morales et politiques et en fit partie dès sa reconstitution ; l'année suivante, il fut admis à l'Académie des Inscriptions et, le 28 avril 1836, il fut élu à l'Académie française en remplacement du comte Antoine-Louis Destutt de Tracy, et reçu par le comte Philippe-Paul de Ségur le 22 décembre de la même année. Il eut la voix de son adversaire politique, Thiers. Sept jours après sa réception, Guizot votait pour Victor Hugo par opposition à Mignet, l'ami de Thiers qui venait de prendre le pouvoir. En 1841, favorable à la candidature de Victor Hugo, il arriva à l'Académie après la clôture du scrutin et fut parmi les abstentionnistes.
Après 1848, il joua un rôle important à l'Académie ; protestant et voltairien, mais orléaniste fidèle, il sacrifia ses idées religieuses et philosophiques à ses convictions politiques, et, se faisant le chef du parti catholique à l'Académie, il l'entraîna dans son opposition irréconciliable à l'Empire ; il fréquenta les salons hostiles aux Tuileries, et vota pour les candidats les plus cléricaux pourvu qu'ils fussent les adversaires du régime impérial ; Falloux, Lacordaire, de Carné, Autran, de Champagny, Auguste Barbier ; il combattit toujours Jules Janin et fut le meilleur allié de Dupanloup ; il reçut Montalembert, Biot, Lacordaire, Prévost-Paradol, Gratry. Il se rallia à l'empire libéral et vota pour Émile Ollivier ; il empêcha, après l'élection de Littré en 1871, l'évêque d'Orléans, Dupanloup, de donner sa démission, ainsi qu'il en avait manifesté l'intention. La fin de la vie de Guizot fut attristée par un pénible incident, à la suite d'une discussion au sujet du discours qu’Émile Ollivier devait prononcer en 1874, pour sa réception qui n'avait pas encore eu lieu ; Guizot, voulant défendre le rôle des signataires de l'adresse des 221 que Ollivier critiquait, jugea sévèrement les paroles et les actes de celui-ci en 1870, Ollivier riposta en dévoilant que le fils de Guizot avait sollicité et obtenu une large subvention de l'empereur. Guizot avait été nommé grand-croix de la Légion d'honneur.
Le libéralisme de Guizot
L'orléanisme fait homme
Le courant doctrinaire, fondé par Guizot, qui devient ensuite l’orléanisme, va tenter d’enraciner le pouvoir dans des groupes de notables, de façon à intégrer les groupes sociaux importants dans le Parlement, la presse, le Conseil d’État, les universités. En réalité c’est le personnel judiciaire, administratif ou la haute hiérarchie de l’armée qui vont diriger le pays et non ces « classes moyennes », cette bourgeoisie d’affaires dont Guizot prétend faire l’éloge.
Selon Lucien Jaume, le grand problème qui pèse sur la pacification de la vie politique en France est, outre la condition ouvrière, le quasi-interdit qui frappe les associations, les corps intermédiaires - ce qui rejoint l’impossibilité du pluralisme : on redoute le retour des « privilèges » et des congrégations religieuses si jamais on ouvrait la porte à la constitutions de corps associatifs puissants. Pourtant, la contradiction du libéralisme orléaniste est qu’il voudrait faire naître des regroupements d’intérêts et ce qu’il appelle une « nouvelle aristocratie » pour les tâches politiques. Les conditions historiques expliquent largement la contradiction que l’on peut exprimer ainsi : selon un « libéralisme par l’État », et non contre l’État, le groupe qui gouverne avec Guizot et après Guizot, veut une légitimation par la société mais en même temps il redoute la société. La monarchie de Juillet va être le banc d’essai, et l’échec, de cette contradiction, en débouchant sur la révolution de 1848. La monarchie libérale de 1830, née de la révolution finit dans la révolution (et certains libéraux comme Odilon Barrot ou Duvergier de Hauranne portent la responsabilité de cet effondrement de Louis-Philippe).
Un critique impitoyable de la souveraineté
Il importe néanmoins de rendre justice à Guizot sur au moins un point d'importance: s'il doit être classé parmi les libéraux, c'est bien parce que ses conceptions politiques prennent leur source dans une profonde défiance envers les théories absolutistes. Sa critique de l'absolutisme est énoncée dans De la Souveraineté en 1823. Il s'y livre en particulier à une critique dévastatrice de Jean-Jacques Rousseau que ne renierait pas Benjamin Constant:
- "Le souverain, dit Rousseau, par cela seul qu'il est, est toujours ce qu'il doit être." Etrange timidité de la pensée humaine, même aux jours de la plus grande audace! Rousseau n'a pas osé porter le dernier coup à l'orgueil de l'homme et dire que, nul pouvoir n'étant, ne pouvant être ici-bas tout ce qu'il doit être, nul n'a droit de se dire souverain. Ainsi soit qu'affirmant l'infaillibilité on en déduise la souveraineté, soit que posant d'abord la souveraineté en principe, l'infaillibilité en découle à son tour, on est poussé, par l'une ou l'autre voie, à reconnaître, à sanctionner un pouvoir absolu. Et le résultat est également imposé soit que des gouvernements oppriment, soit qu'on prenne pour souverain le peuple ou le roi. La conséquence est odieuse, inadmissible en fait et en droit; nul pouvoir absolu ne saurait être légitime. Donc le principe est menteur. Donc, il n'y a, sur la terre, point de souveraineté, point de souverain.
« Enrichissez-vous ! »
Liberté Chérie, dans ses argumentaires, fait le point sur cette formule attribuée à tort à Guizot :
- Pauvre Guizot ! Il ne survit guère dans la mémoire historique nationale que pour cette phrase tronquée, qu'il n'a sans doute jamais prononcée ou, du moins, pas dans ces termes-là. La formule complète de Guizot aurait été : "Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne, et vous deviendrez électeur". Elle prend alors toute sa signification, dans un contexte historique où la Monarchie de juillet devait répondre à une demande politique en faveur de l'abaissement du cens pour élargir le corps électoral. En répondant aux solliciteurs qu'ils n'avaient qu'à devenir plus riches pour payer davantage d'impôts et donc devenir électeurs, Guizot retournait l'argument. L'ennui, c'est qu'il n'a sans doute jamais prononcé cette formule. En tout cas, son dernier biographe, Gabriel de Broglie, n'a pu la retrouver exactement comme telle. Au cours de banquets électoraux, Guizot a beaucoup tourné autour de thèmes similaires, mais il n'a jamais réussi à trouver cette expression synthétique qui sera, finalement, forgée contre lui par ses adversaires politiques. Au moins correspondait-elle à son état d'esprit, et d'ailleurs la Monarchie de juillet a sombré de ne pas avoir voulu élargir le suffrage censitaire. Plutôt que d'attendre un enrichissement généralisé qui rende tout le monde électeur, la Révolution de 1848 a décrété le suffrage universel sans condition de ressources.
Ce texte, écrit par Antoine Cassan, a été initialement publié sur Catallaxia.
Citations
- Le but du gouvernement représentatif est d'empêcher à la fois la tyrannie et la confusion, de ramener la multitude à l'unité en la provoquant à la reconnaître et à l'accepter elle-même.
- Les révolutions emploient presque autant d'années à se terminer qu'à se préparer. (Histoire parlementaire de France)
- L'esprit de révolution, l'esprit d'insurrection est un esprit radicalement contraire à la liberté. (Histoire parlementaire de France)
- Le développement intellectuel et moral des individus ne marche pas aussi vite que le développement de leur existence matérielle.(Histoire parlementaire de France)
- Les événements sont plus grands que ne le savent les hommes. (Essais sur l'histoire de France)
- Voici à quelles sources le mot démocratie puise sa puissance. - C'est le drapeau de toutes les espérances, de toutes les ambitions sociales de l'humanité, pures ou impures, nobles ou basses, sensées ou insensées, possibles ou chimériques.(De la démocratie en France)
- La diversité des pouvoirs est également indispensable à la conservation et à la liberté.(De la démocratie en France)
- Vous pouvez amonceler injure sur injure, mensonges sur mensonges, vous n'élèverez jamais votre entassement de calomnies à la hauteur de mon dédain. (cité par Victor Hugo, Choses vues)
Bibliographie
Œuvres de Guizot
- Dictionnaire des synonymes de la langue française, 1809.
- De l'état des beaux-arts en France, 1810.
- Annales de l'éducation, 6 vol., 1811-1815.
- Vie des poètes français du siècle de Louis XIV, 1813.
- Quelques idées sur la liberté de la presse, 1814.
- Du gouvernement représentatif de l'état actuel de la France, 1816.
- Essai sur l'état actuel de l'instruction publique en France, 1817.
- Du gouvernement de la France depuis la Restauration. Des conspirations et de la justice politique, 1820.
- Des moyens de gouvernement et d'opposition dans l'état actuel de la France, 1821.
- Du gouvernement de la France et du ministère actuel, id.
- Histoire du gouvernement représentatif en Europe, 2 vol., id.
- De la peine de mort en matière politique, 1822.
- Essai sur l'histoire de France du Ve au Xe siècle, 1823.
- Histoire de Charles Ier, 2 vol., 1827.
- Histoire générale de la civilisation en Europe, 1828.
- Histoire de la civilisation en France, 4 vol., 1830.
- Le presbytère au bord de la mer, 1831.
- Rome et ses papes, 1832.
- Le ministère de la réforme et le parlement réformé, 1833.
- Essais sur l'histoire de France, 1836.
- Monk, étude historique, 1837.
- De la religion dans les sociétés modernes, 1838.
- Vie, correspondance et écrits de Washington, 1839-1840
- Washington, 1841
- Madame de Rumfort, 1842.
- Des conspirations et de la justice politiques, 1845.
- Des moyens de gouvernement et d'opposition dans l'état actuel de la France, 1846.
- M. Guizot et ses amis. De la démocratie en France, 1849.
- Pourquoi la révolution d'Angleterre a-t-elle réussi ? Discours sur l'histoire de la révolution d'Angleterre, 1850.
- Études biographiques sur la révolution d'Angleterre, 1851. * Études sur les beaux-arts en général, id.
- Shakespeare et son temps, 1852.
- Corneille et son temps, id.
- Abélard et Héloïse, 1853.
- Édouard III et les bourgeois de Calais, 1854.
- Histoire de la république d'Anleterre, 2 vol., 1855
- Sir Robert Peel, id.
- Histoire du protectorat de Cromwell et du rétablissement des Stuarts, 2 vol., 1856.
- Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, 8 vol., 1858-1867.
- L'amour dans le mariage, 1860.
- L'Église et la société chrétienne en 1861, 1861.
- Discours académiques, id.
- Un projet de mariage royal, 1862.
- Histoire parlementaire de France, recueil de discours, 5 vol., 1863.
- Trois générations, id.
- Méditations sur l'essence de la religion chrétienne 1864.
- Guillaume le Conquérant, 1865.
- Méditations sur l'état actuel de la religion chrétienne, 1866.
- La France et la Prusse responsables devant l'Europe, 1868.
- Méditations sur la religion chrétienne dans ses rapports avec l'état actuel des sociétés et des esprits, 1868.
- Mélanges biographiques et littéraires, id.
- Mélanges politiques et historiques, 1869.
- L'histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, 5 vol., 1870-1875.
- Le duc de Broglie, 1872.
- Les vies de quatre grands chrétiens français, 1873.
Sur Guizot
- Pierre Rosanvallon, Le Moment Guizot, Gallimard, 1985
- Laurent Theis, François Guizot, Fayard, 2008, ISBN 2213636532
Liens externes
- (fr)Guizot sur Catallaxia.
- (fr)Histoire générale de la civilisation en Europe, depuis la chute de l'empire romain jusqu'à la Révolution française.
- (fr)Réponse au discours de M. Lacordaire (à l'Académie française).
- (fr)
[pdf]Guizot, un conservateur? par David Colon.
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