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Philippe Aghion

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Philippe Aghion, né à Paris le 17 août 1956, est un économiste français social-démocrate dans la tendance libéral de gauche, c'est-à-dire libéral mais pas trop. Il est professeur au Collège de France, à l'INSEAD et à la London School of Economics. Il enseigne également à l'École d'économie de Paris. Auparavant, Philippe Aghion occupait le poste de Robert C. Waggoner Professor of Economics à l'Université Harvard. Avant cela, il était professeur à l'University College London, chercheur associé à Nuffield College, Oxford, et professeur assistant au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Un parcours académique impressionnant

Philippe Aghion a obtenu son diplôme de la section de mathématiques de l'École Normale Supérieure de Cachan puis il a acquis avec brio un Diplôme d'études approfondies (DEA) en économie mathématique à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a ensuite obtenu son doctorat en économie de l'Université Harvard en 1987.

Sur le papier, la carrière académique de Philippe Aghion est remarquable et impressionnante. Ses multiples affiliations avec des institutions prestigieuses témoignent de son impact dans le domaine de l'économie et de son influence dans la sphère haute du pouvoir politique lorsqu'il prodigue ses conseils. Sa position de professeur au Collège de France, institution renommée pour ses enseignements d'excellence, souligne sa reconnaissance en tant qu'économiste de premier plan de la part de ses pairs.

Les domaines d'expertise de Philippe Aghion couvrent un large éventail de sujets économiques, allant de l'innovation et de la croissance économique à l'économie du développement et aux politiques publiques. Ses recherches ont eu un impact significatif sur la compréhension des mécanismes de la croissance économique et ont influencé les débats politiques sur la manière de stimuler la prospérité économique.

Cependant, bien que l'approche schumpétérienne de Philippe Aghion, en mettant l'accent sur l'innovation promue par les pouvoirs publics, puisse être pertinente dans certains contextes, elle comporte également des risques de distorsions sur le marché et de sur-réglementation qui entravent l'esprit d'entreprise et la dynamique concurrentielle nécessaire pour favoriser une croissance économique durable.

Les dangers d'une approche schumpétérienne promue par l'État

Philippe Aghion est indéniablement un économiste de renom, et son travail sur l'innovation et la croissance économique a suscité un grand intérêt dans la communauté académique. Cependant, son approche schumpétérienne mettant l'accent sur l'innovation promue par les pouvoirs publics comme moteur de la croissance, avec des failles cognitives en mettant de côté certains apports théoriques de l'entrepreneuriat, telle que la contribution d'Israel Kirzner, est lourdement critiquable.

Rôle des pouvoirs publics dans l'innovation

L'approche schumpétérienne de Philippe Aghion accorde une place centrale aux politiques publiques pour favoriser l'innovation et stimuler la croissance économique. Cela suppose que les gouvernements sont en mesure de prendre des décisions éclairées et de mettre en place des politiques efficaces pour encourager l'innovation. Cependant, dans la réalité, les gouvernements peuvent être confrontés à des défaillances comme des contraintes de rivalités politiques, des pressions de groupes d'intérêts et des difficultés d'évaluation des impacts à long terme des politiques d'innovation.

L'entrepreneuriat vigilant ignoré

L'approche schumpétérienne de Philippe Aghion se concentre principalement sur l'innovation générée par des acteurs institutionnels tels que l'État et les grandes entreprises. Cependant, l'économie réelle est également animée par l'entrepreneuriat vigilant d'individus innovants qui détectent des opportunités sur le marché et créent de nouvelles entreprises. L'approche de l'économiste de l'école autrichienne, Israel Kirzner, met l'accent sur l'entrepreneuriat vigilant, où l'innovation émerge de manière décentralisée dans le processus concurrentiel du marché. Cet aspect est négligé dans l'approche schumpétérienne d'Aghion, qui semble sous-estimer le rôle de l'initiative individuelle et de l'esprit d'entreprise dans la création d'innovations.

Distorsions sur le marché

La promotion de l'innovation par les pouvoirs publics peut parfois entraîner des distorsions sur le marché. Les subventions, les avantages fiscaux ou les réglementations favorisant certains secteurs ou entreprises peuvent créer des déséquilibres et perturber la concurrence. L'approche schumpétérienne de Philippe Aghion ne prend pas en compte ces risques et elle ne s'efforce pas de trouver un juste équilibre pour soutenir l'innovation sans compromettre la libre concurrence et l'efficacité économique.

Rigidités bureaucratiques

Les politiques publiques visant à promouvoir l'innovation peuvent être confrontées à des rigidités bureaucratiques, ce qui peut ralentir la mise en œuvre des mesures nécessaires. Pourtant, de nombreux économistes autrichiens soulignent l'importance de l'adaptation rapide et de la réactivité dans le processus entrepreneurial. Mais Philippe Aghion les considèrent comme des ultra-libéraux qu'il défie de sa fatuité académique par une vacuité dans ses écrits. Cependant, les politiques publiques peuvent avoir du mal à suivre le rythme des changements rapides de l'environnement économique, ce qui peut limiter leur efficacité dans la promotion de l'innovation.

En conclusion, bien que Philippe Aghion ait apporté une contribution significative à l'étude de l'innovation et de la croissance économique à travers son approche schumpétérienne, il est essentiel de reconnaître les limites de cette approche. L'accent mis sur l'innovation promue par les pouvoirs publics peut comporter des risques de distorsions sur le marché et de rigidités bureaucratiques. Une approche complémentaire, comme celle de l'entrepreneuriat vigilant d'Israel Kirzner, peut enrichir notre compréhension de la dynamique de l'innovation et de la croissance économique dans un environnement concurrentiel et décentralisé.

Une vision étatique repensée d'un libéral de gauche

Le livre "Repenser l'État: Pour une social-démocratie de l'innovation" écrit en 2011 par Philippe Aghion et Alexandra Roulet, aborde la question de la confiance en l'État à la suite de la crise financière de 2007-2008. Alors que la crise a remis en question la toute-puissance des marchés et les politiques de dérégulation, la confiance des citoyens envers l'État semble toujours faible. Le livre propose une approche alternative à l'idée du "moins d'État" libéral en prônant un "plus d'État autrement", qui tienne compte des défis de la mondialisation et des nouvelles technologies de l'information.

Réaffirmer le rôle de la puissance publique

Face à la mondialisation et à la révolution technologique, le livre défend la nécessité de réaffirmer le rôle de l'État. Plutôt que de prôner un État minimal, les auteurs soutiennent que l'État doit être un acteur clé en investissant dans la croissance et l'innovation. Cela implique de nouvelles responsabilités pour l'État en tant que moteur du développement économique et de la compétitivité.

Un État garant du contrat social

Dans cette vision de la social-démocratie, l'État est considéré comme le garant du contrat social entre la société et ses citoyens. Il s'agit de veiller à ce que les inégalités soient réduites, les droits de chacun préservés et la cohésion sociale maintenue. L'État doit jouer un rôle actif dans la protection des plus vulnérables et la création d'opportunités équitables pour tous.

Un État protecteur dans un monde incertain

Le livre aborde la question de l'incertitude croissante dans le monde contemporain. Face aux bouleversements économiques, sociaux et environnementaux, l'État est appelé à jouer un rôle de protecteur. Cela implique la mise en place de mécanismes de sécurité sociale solides et la capacité à répondre de manière proactive aux défis émergents.

Un État impartial

Une caractéristique clé de ce nouveau pacte social-démocrate est l'impartialité de l'État. Il doit agir dans l'intérêt général et éviter les favoritismes. L'État doit être un garant de l'équité et de la justice sociale, en veillant à ce que les règles du jeu soient justes pour tous les acteurs de la société.

Critique d'une Vision Ambitieuse et fallacieuse de la Social-Démocratie

Le livre de Philippe Aghion et Alexandra Roulet, "Repenser l'État: Pour une social-démocratie de l'innovation" offre des pistes de réflexion intéressantes pour les décideurs politiques et les citoyens concernés par l'avenir de leur société. Il présente une vision ambitieuse et fallacieuse d'un État réinventé, omniscient, omnipotent, équitable, impartial et protecteur des plus faibles, tout en jouant un rôle essentiel dans le contrat social. Cette vision est caractéristique de la pensée social-démocrate et met en avant l'idée que l'intervention étatique peut résoudre les problèmes économiques et sociaux de notre temps. Cependant, quelques critiques concernant ces hypothèses émergent spontanément.

Tout d'abord, l'idée d'un État omniscient et omnipotent est problématique. La complexité et l'ampleur des défis auxquels sont confrontées les sociétés modernes dépassent largement les capacités d'un gouvernement central pour tout réguler et contrôler de manière efficace. Les gouvernements sont souvent sujets à des inefficacités bureaucratiques, à la corruption et à des conflits d'intérêts, ce qui limite leur capacité à prendre des décisions optimales.

En ce qui concerne l'équité et l'impartialité de l'État, il est difficile d'assurer que toutes les politiques publiques seront parfaitement justes pour tous les citoyens. Les préférences et les intérêts des individus sont divers et parfois contradictoires, ce qui rend difficile la satisfaction de tous en même temps. En outre, l'État lui-même peut être influencé par des groupes d'intérêts spécifiques, ce qui peut entraîner des politiques favorables à certaines élites ou des minorités agissantes bien organisées plutôt qu'à l'intérêt général.

L'idée d'un État protecteur face à l'incertitude est louable, mais la question de savoir jusqu'où doit aller cette protection reste ouverte. La surprotection peut entraîner des distorsions économiques et limiter l'innovation et l'entrepreneuriat, qui sont essentiels à la croissance économique. Trouver le bon équilibre entre protection et incitation est un défi complexe.

Enfin, l'idée d'un État garant du contrat social suppose que les gouvernements ont le pouvoir de créer et de maintenir un consensus social durable. Cependant, dans les sociétés pluralistes et diversifiées d'aujourd'hui, il est difficile de parvenir à un consensus unanime sur de nombreuses questions importantes. Les divergences d'opinions et les conflits d'intérêts peuvent compliquer la construction d'un contrat social solide.

En conclusion, le livre "Repenser l'État: Pour une social-démocratie de l'innovation" propose une vision ambitieuse d'un État fort et bienveillant. Cependant, des doutes apparaissent quant à la faisabilité et à la réalisation complète de ces hypothèses. Une approche plus réaliste pourrait consister à reconnaître les limites de l'action étatique et à rechercher des solutions dans l'initiative privée avec une gouvernance délocalisée et plurielle pour relever les défis actuels de notre société.

Informations complémentaires

Publications

  • 1992, avec Oliver Hart, John Moore, "The Economics of Bankruptcy Reform", Journal of Law, Economics, and Organization, Vol 8, n°3, pp523–546
  • 2010, "L’Économie de la croissance", Economica
  • 2011,
    • a. avec Richard Holden, "Incomplete Contracts and the Theory of the Firm: What Have We Learned Over the Past 25 Years?", Journal of Economic Perspectives, 25(2), Spring, pp181-197
    • b. avec Alexandra Roulet, "Repenser l'État. Pour une social-démocratie de l'innovation", Paris: Coédition Seuil-La République des Idées
  • 2016, avec M. Dewatripont, P. Legros, L. Zingales, dir., "The impact of incomplete contracts on economics", New York: Oxford University Press