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Barons voleurs
Le terme de "barons voleurs" (en anglais, "robber barons") est une expression péjorative dont Matthew Josephson fut le propagateur dans son livre de 1934, "The Robber Barons" qu'il adresse contre les chefs d'entreprise des grands groupes industriels du XIXe siècle. Le terme baron voleur, appliqué à l'homme d'affaires de la fin des années 1900, est apparu pour la première fois à la fin des années 1860 dans les écrits d'E. L. Godkin[1], rédacteur en chef du journal "The Nation".
Les accusations contre les chefs d'entreprise des grands groupes industriels américains du XIXe siècle
Dans son livre, Matthew Josephson compare les hommes d'affaires aux barons médiévaux, et l'histoire est racontée avec la terminologie tirée de la guerre médiévale. Il fait référence aux puissants industriels et financiers américains de l'âge d'or qui ont fait fortune dans leur industrie comme John D. Rockefeller, Cornelius Vanderbilt, Leland Stanford, J. P. Morgan[2], Andrew Carnegie, E. H. Harriman, Jay Gould[3], Henry Clay Frick, Henry Villard et d'autres capitalistes. Ces noms évoquent encore aujourd'hui dans la société américaine une puissance résonnante car ils son rattachés à d'innombrables institutions célèbres allant des universités jusqu'aux musées et des entreprises éponymes qui font partie de l'héritage de la culture entrepreneuriale des États-Unis et pour certains au-delà des frontières américaines.
John D. Rockefeller avec sa société, la "Standard Oil Company" est fréquemment cité comme le meilleur exemple des maux du capitalisme monopoliste du XIXe siècle. Il est présenté comme un opérateur impitoyable qui écrasait ses concurrents par des méthodes dures et injustes.
Les historiens critiques de la formation des trusts reprochent à ces entrepreneurs de s'être engagés dans des pratiques commerciales contraires à l'éthique, en exploitant les travailleurs et en faisant peu attention à leurs clients ou en ruinant impitoyablement[4] la concurrence. Thorstein Veblen allait plus loin encore. Il reprochait à la classe oisive, c'est à dire les industriels qui ont réussi et à leur famille de manquer de discrétion dans leur consommation en habitant des maisons trop grandes ou en faisant des gaspillages avec leur argent.
Les attaques les plus violentes viennent des intellectuels socialistes et marxistes prétendant que les pionniers de l'industrie américaine de la fin du XIXème siècle sont les précurseurs du crime organisé qui ont émergé aux États-Unis à l'époque de la Prohibition (1920-1933). L'attaque est porté contre l'économie libérale avec l'usage de pratiques qui se réfère à la marque de fabrique du crime organisé, à savoir l'intimidation, la violence, la corruption, les complots, le vol et la fraude. L'argument final est de présenter les vastes empires financiers comme un amas de fortune constitué en monopolisant les industries essentielles à la société. Le verdict des accusateurs était sans appel. Le système capitaliste était le problème et l'intervention du gouvernement était la solution.
La défense des capitalistes du laissez faire
Un examen plus approfondi du dossier par les historiens révèle que le véritable coupable n'était pas le système de marché libre en tant que tel, mais les hommes de l'État qui sont intervenus au nom d'intérêts commerciaux privilégiés. Le scandale du Crédit Mobilier[5] dans les années 1860 est caractéristique de cette confusion entre les intérêts privés et l'intérêt public. Un tollé général et immédiat a été lancé contre le « capitalisme du laissez-faire ». Toutefois, le capitalisme est blâmé injustement. Les promoteurs du Crédit Mobilier ont levé leur capital non pas auprès d'investissements privés mais ils l'ont obtenu par des subventions gouvernementales. Par conséquent, les subventions qui ont été livrées, les franchises qui ont été accordées, les concessions de terres qui ont été généreusement dotées et les participations de l'État dans ces sociétés ne font pas partie des caractéristiques et des fondements du capitalisme de laissez-faire. Dans ce cas préis, c'est le pouvoir étatique qui qui a donné des privilèges spéciaux à des entreprises. Les bénéfices qu'ont récoltés ces dernières n'est pas le fruit d'une concurrence sur le marché libre, mais d'une distorsion du système politique. C'est la raison pour laquelle les libertariens refusent que des avantages spécifiques soient accordés aux entrepreneurs.
Comme l'a souligné l'économiste Lawrence W. Reed (1980), le succès financier de John D. Rockefeller avec sa société, la Standard Oil, est justifié moralement. Ses profits ne découlaient pas d'un monopole coercitif produit par des subventions gouvernementales ou d'un privilège exclusif, mais d'un monopole d'efficacité[6]. le marché s'est concentré en raison de l'excellence de l'entreprise à satisfaire ses clients. L'historien économique Dominick Armentano a souligné qu'entre 1870 et 1885, Standard Oil a réduit ses coûts de raffinage du kérosène de 3 cents par gallon à moins de 0,5 cents par gallon. De toute évidence, l'efficacité de l'entreprise s'est traduite pour le consommateur sous la forme de prix plus bas pour un produit fini amélioré, et pour l'entreprise par des bénéfices supplémentaires.
Il faut tout de même admettre que la croissance explosive du capitalisme américain au cours de cette période est redevable à ces magnats des secteurs qui se trouvaient dans les industries du pétrole, de l'acier, de l'alcool, du coton, du textile, de la fourrure (John Jacob Astor), du tabac, des chemins de fer et de la banque. Ce sont ces industriels qui ont rendu leurs produits et services indispensables grâce à leur vision et à leur vigilance entrepreneuriale.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ E. L. Godkin, 1869, "The Vanderbilt Memorial", Vol IX, November 18, pp431-432
- ↑ John Pierpont Morgan, né le 17 avril 1837 , décédé le 31 mars 1913, était un financier et banquier d'investissement américain qui a dominé la finance d'entreprise à Wall Street tout au long de l'âge d'or. En tant que dirigeant de la société bancaire, J.P. Morgan and Co., il a été le moteur de la vague de consolidation industrielle aux États-Unis à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
- ↑ Edward J. Renehan Jr., 2005, "Dark Genius of Wall Street: The Misunderstood Life of Jay Gould, King of the Robber Barons", Basic Books
- ↑ Ida M. Tarbell, 1970, "John D. : the ruthless elimination of competition" ("John D. : l'élimination impitoyable de la concurrence"), In: 1970, Thomas B. Brewer, dir., "Robber Barons : Saints or Sinners?", Holt McDougal, pp20-27
- ↑ Le Crédit Mobilier était une entreprise de financement de la « construction ». Elle était dirigée par dirigeants majoritaires de l'Union Pacific Railroad. Grâce à leur influence politique, le Congrès a adopté le projet de loi Pacific Railroad en 1862, accordant du terrain et des fonds financiers. Le projet était d'établir des liaisons ferroviaires entre Omaha, Nebraska et le Grand Lac Salé. Déjà, là on voit un interventionnisme manifeste de l'État dans lequel vont s'engouffrer des intérêts privés. Le scandale se prépare lorsque le Crédit Mobilier est utilisé pour financer les travaux de l'installation de la voie ferrée. Mais, lorsque les coûts de construction ont mystérieusement grimpé en flèche, les bénéfices engrangés par le Crédit Mobilier furent énormes. Alors, l'escroquerie s'est révélée aux yeux de tous.
- ↑ Ralph W. Hidy, Muriel Hidy, 1970, "Consolidation through efficiency", In: 1970, Thomas B. Brewer, dir., "Robber Barons : Saints or Sinners?", Holt McDougal, pp28-33
Bibliographie
- 1934, Matthew Josephson, "The Robber Barons. The great american capitalists 1861-1901", New York: Harcourt, Brace and Company
- Nouvelle édition en 1962, Mariner Books
- Extrait en 1970, "The unethical maneuverings of Henry Villard", In: 1970, Thomas B. Brewer, dir., "Robber Barons : Saints or Sinners?", Holt McDougal, pp7-13
- 1950, Thomas C. Cochran, "The Legend of the Robber Barons", Pennsylvania magazine of history and biography, Vol LXXIV
- Repris en 1966, In: R. M. Robertson, J. L. Pate, dir., "Readings in United States Economic and Business History", Houghton Mifflin, Boston
- Extrait en 1970, "Villard : the positive side", In: 1970, Thomas B. Brewer, dir., "Robber Barons : Saints or Sinners?", Holt McDougal, pp14-19
- 1958, Hal Bridges, "The Robber Baron Concept in American History", Business History Review, Vol XXXII, Spring, pp1-13
- 1960,
- David Chalmers, “From Robber Barons to Industrial Statesmen: Standard Oil and the Business Historians", American Journal of Economics and Sociology, Vol XX, October, pp47-58
- Edward Chase Kirkland, "The Robber Barons Revisited", American Historical Review, Vol LXVI, October, pp68-73
- 1961, William Henry Chamberlin, "Modern Robber barons", The Freeman, July, Vol 11, n°7, pp3-9
- 1966, K. Fritz Schumacher, "Today's Robber Barons", The Freeman, mars, Vol 16, n°3, pp42-45
- 1970,
- Thomas B. Brewer, dir., "Robber Barons: Saints or Sinners?", Holt McDougal
- Fritz Redlich, "The robber baron: creative and destructive", In: Thomas B. Brewer, dir., "Robber Barons: Saints or Sinners?", Holt McDougal, pp88-100
- 1980, Lawrence W. Reed, "Witch-hunting For Robber Barons: The Standard Oil Story. A review of the monopoly charges and antitrust action against Standard Oil", The Freeman, Vol 30, n°3, March, pp166-175
- 1984, Edmund Opitz, "Robber Barons and the Real Gilded Age", The Freeman, Août, Vol 34, n°8, pp468-474
- 1985, Stewart H. Holbrook, "The Age of the Moguls: The Story of the Robber Barons and the Great Tycoons", Random House Value Publishing
- 1987, Burton W. Folsom, "Entrepreneurs Vs. the State", Virginia: The Young America's Foundation
- 2000, Frederick Dalzell, "Wisdom from the Robber Barons: Enduring Lessons from Rockefeller, Morgan and the First Industrialists", Basic Books
- 2001, Roger Burbach, "Globalization and Postmodern Politics: From Zapatistas to High-Tech Robber Barons", Pluto Press
- 2003, Lawrence W. Reed, "The Forgotten Robber Barons", The Freeman, janvier, Vol 53, n°1, pp12-13