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Concurrence

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Définition

La concurrence est une situation dans laquelle les acteurs économiques sont libres d'offrir des biens et des services sur le marché, et de choisir les acteurs auprès de qui ils acquièrent des biens et des services. Les offreurs se trouvent ainsi en concurrence pour étre préférés par les consommateurs, et les consommateurs pour accéder aux offres disponibles.

Cette situation traduit le droit et la possibilité matérielle des agents économiques à pouvoir faire des choix, un élément capital de la liberté individuelle. Elle est aussi censée apporter, au plan du fonctionnement et de l'orientation de l'économie, des mécanismes d'adaptation permanente entre demande et production, et censée créer une incitation à l'innovation ou un marketing plus ciblé.

En effet, la concurrence implique, de la part des entreprises, une créativité permanente, pour investir dans de nouveaux services ou de nouveaux produits, afin de satisfaire le mieux possible les clients. Elle implique donc une émulation des compétences, aussi bien au sein des entreprises que entre les entreprises spécialisées dans un secteur défini de l'activité économique.

Une autre définition de la concurrence

La concurrence est une notion subalterne ( ou " dérivée " ) du paradigme du marché, qui dénote la rivalité, directe ou potentielle (cas de la concurrence monopolistique), entre individus ou groupes à la recherche d'un même objet ou d'un même but, comme par exemple la conquête de parts de marché (marché entendu au sens restreint, c'est-à-dire la somme des acheteurs potentiel d'un produit). Il s'agit bien, à une échelle temporelle courte, d'un jeu à somme nulle (du type gagnant-perdant), mais qui mérite d'être joué, sachant que le marché en lui-même, à une échelle temporelle plus longue (donc moins visible pour les approches "compassionnelles") est un jeu à somme non-nulle où chacun gagne à y prendre part.

Puisque la notion de marché est extensible à l'ensemble de l'activité humaine, celle de concurrence se moule dans la même extension: concurrence sociale, économique, sur le marché politique, de l'amour, des idées, etc. Ainsi, la notion de concurrence est indissociable d'une vision utilitariste où chaque acteur (individus / groupes sociaux, consommateurs / producteurs, etc.) guide son action et ses choix selon un « felicific calculus » mathématisé (c'est le travail du chercheur travaillant dans le cadre de l'économisme de parvenir à quantifier des valeurs que l'on vit qualitativement dans le quotidien) ou en sentant sourdement ce calcul (hypothèse des « marqueurs somatiques » chez Antonio Damasio, par exemple).

Il faut noter que si l'on dit, à raison, que le commerce est la poursuite de la guerre sous d'autres formes, l'économie étant le dépassement de la politique, les modalités de la concurrence doivent se faire dans la légalité et la non-violence (sans éliminer physiquement les êtres humains qui sont à un moment donné les adversaires). Tous les moyens n'étant pas bons (ni moraux, ni utiles), elle est encadrée par le droit, mais un droit négatif qui n'oppose que des interdictions respectant elles-mêmes l'impartialité (cf. Rule of law); la question corollaire de savoir qui jouera le rôle de garant de cette légalité - Etat contenu dans sa sphère propre ou entreprises privées - restant ouverte. Etat de confrontation permanent et diffus, l'illustration la plus correcte de la concurrence serait celle du sport: tout comme la confrontation volontaire avec un adversaire permet à chacun de se dépasser, la concurrence est ce qui permet à chacun d'atteindre le meilleur de lui-même, et tire tout groupe humain vers le haut, l'échec patent des systèmes politiques ayant voulu l'abolir, venant enseigner à l'humanité son indépassable nécessité: un arbitre qui interdit coups de poings et tacles en arrière sauve la partie, s'il dirige le schéma tactique des équipes il rend le match ennuyeux, s'il oblige celui qui marque un but à s'en prendre un pour égaliser les niveaux il tue le sport.

Le régime de concurrence, processus de « destruction créatrice » et d'inventivité, est donc l'opposé du dirigisme arrogant qui prétend planifier ce qui par essence ne peut être connu par avance, et l'opposé de toute conception sociale reposant sur des rentes statutaires qui fixent le rang social des individus: système de castes, privilèges hérités, monopoles étatiques, etc.

Fausses visions de la concurrence

Théorie économique traditionnelle

La théorie économique traditionnelle qualifie un marché de concurrentiel quand, en un moment donné, sont satisfaits des critères précis : un grand nombre de compétiteurs, tous de faible taille, proposant des produits identiques ou comparables, libres d’entrer et sortir du marché sans aucun coût, et parfaitement informés sur les conditions d’offre et de demande des autres concurrents. De telles exigences, qui définissent la concurrence « pure », ne sont jamais satisfaites dans la réalité (en particulier, dans ce modèle, les compétiteurs ne sont pas vraiment en concurrence - comme on dit que des sportifs sont en concurrence - car tous essaient de faire pareil que les autres !). Malheureusement, ce sont ces critères que retiennent le plus souvent le droit à la concurrence et les juges chargés de l’appliquer, comme si la réalité devait se conformer à on ne sait quel modèle idéal.

Au contraire, à la suite de Hayek, les économistes autrichiens définissent la concurrence en termes dynamiques. Par nature elle est un processus de découverte : un marché concurrentiel est celui qui est appelé à évoluer, sous l’effet de comparaisons permanentes entre solutions alternatives pour améliorer l’adaptation des moyens aux besoins. Elle s’intègre dans la série d’essais et d’erreurs qui engendrent et guident le progrès. Elle suppose donc la diversité, l’inégalité. Pourquoi concourir si tout le monde agit de même, et si l’on peut distinguer a priori ce qui est préférable ? Comment saurait-on d’ailleurs ce qui est préférable ? La concurrence est la réponse à l’ignorance radicale dans laquelle s’inscrit l’action humaine.

Les vraies atteintes à la concurrence naissent quand le processus concurrentiel est artificiellement bloqué par ceux qui ne veulent pas de la comparaison, ceux qui refusent d’explorer toutes les voies du progrès; « il y a concurrence tout simplement lorsqu'il y a liberté d'entrer dans un marché. ». (Pascal Salin, Libéralisme, p.170)

Injustices de la concurrence

A noter que les détracteurs de la liberté de se concurrencer parlent souvent de "concurrence aveugle " comme s'il s'agissait d'un processus monstrueux. « Il est peut-être opportun de rappeler que pour les Anciens la cécité fut un attribut de la divinité de la justice. » (Friedrich von Hayek). Certains oublient donc que l'alternative à la femme aux yeux bandés, n'est autre que le glaive du Léviathan, sa raison d'Etat, ses sacrifices humains, son arbitraire, ses atermoiments clientélistes. La première se refuse à toute action immorale, que constituerait le fait de pénaliser le vainqueur, provisoire et relatif, d'un processus concurrentiel qu'il aurait emporté légalement, et s'interdit toute intervention ne laissant pas se faire de soi-même un processus de « destruction créatrice » et de redistribution naturelle des cartes suite à l'innovation et à la compétitivité, qui bien que politiquement bénéfique s'avérerait contre-productif à moyen terme et catastrophique à long terme. La justice est aveugle si elle veut être équitable et non discriminante, ses yeux ne lui serviraient qu'à voir avec horreur les méfaits de l'action positive de la politique.

S'il n'est pas le lieu de discuter la vision biaisée du « mirage de la justice sociale » (cf. Hayek, DLL II), de son romantisme inconséquent et de ses erreurs épistémologiques, il faut souligner combien ceux, y compris au sein des libéraux de gauche (comme John Rawls) qui prétendent corriger les inégalités pour assurer le jeu de la concurrence, n'ont rien compris à celle-ci. S'il est aussi vain de vouloir égaliser les chances entre des êtres ou des territoires totalement différents que de réclamer que ne cesse l'attraction terrestre, c'est oublier surtout que l'individu tire la force de ses faiblesses, que là où la force physique faillit l'intelligence prend le relais, là où l'individu trouve ses limites, il s'associe, quand il n'arrive pas à imiter un certain modèle, il en invente un autre où ses talents trouvent leur pleine potentalités. Ainsi plutôt que de vouloir niveler illusoirement les différences, il vaut mieux les laisser s'exprimer et prendre leur place dans l'économie générale du monde. Faible et nu, l'homme a reçu le feu de Prométhée: plutôt que d'estomper les différences de genres, laisser hommes et femmes trouver leur complémentarité sans interférer; plutôt que d' aménager le territoire laisser la division du "travail" opérer; plutôt que de vouloir protéger ses brebis, laisser s'égarer des hommes libres loin de son joug, ils sauront en faire bien meilleur profit.

La concurrence monopolistique

Outre ceux qui croient à l'auto-contradition du marché (Sismondi, Marx) voué à la dégénérescence jusqu'au monopole, il n'est pas rare de voir des libéraux proposer, au nom de la défense du marché, des règles interventionnistes visant à limiter l'auto-régulation des marchés, comme les lois anti-trust américaines. Ils oublient que si à un temps t un marché précis peut voir la création d'un oligopole ou d'un monopole, une vision dynamique montre que temps que l'accès au marché n'est pas interdite autoritairement, c'est-à-dire légalement par institution du pouvoir politique, aucune situation, même les plus avantageuses, n'est à l'abri.

Qu'une entreprise ait une domination technologique, marketing ou historique, qu'une femme ait un monopole amoureux et sexuel sur son mari, qu'un dictateur ait la main-mise sur les administrés qu'il dirige, ceux-ci peuvent, s'ils profitent de cette position sans la maintenir, susciter le mécontentement (cas d'une situation ou le coût de contestation devient moins élevé que le coût de cette domination) et se voir victimes d'une nouvelle entreprise ou d'une entreprise à but non-lucratif fédérant les mécontents ou d'imitateurs, d'une maîtresse ou du désintérêt de son mari, d'une révolution que ne tarderont pas à fomenter d'éventuels concurrents politiques ou du mauvais fonctionnement de sa société. On parle alors, lorsque l'on veut souligner cet état de concurrence latent qui s'impose à chaque dominant, de concurrence monopolistique.

La concurrence forcée n'a pas de sens

La concurrence n’est pas une fin en soi, pas même un moyen, c’est seulement quelque chose qui peut (ou non) se produire dans un marché libre. Par exemple, un monopole de fait n’est pas mauvais en soi si tout le monde en est satisfait et si rien n'empêche légalement des concurrents d'apparaître.

Ce sont des économistes utilitaristes inspirés par les néo-classiques et au service des gouvernants qui ont dévoyé les conceptions en considérant la concurrence comme une fin en soi, et qu’il faut donc mettre en place au besoin par la force. Paradoxalement, avec ces gens, les atteintes à la concurrence, créées exclusivement par l’action de l’Etat, justifient de nouvelles interventions de l’Etat pour y mettre fin. Il y a une sorte d’effet boule de neige justifiant toujours plus d’intervention de l’Etat.

Citations

  • « C’est la concurrence qui met un prix juste aux marchandises »
Montesquieu
  • « La Concurrence, que nous pourrions bien nommer la Liberté, malgré les répulsions qu’elle soulève, en dépit des déclamations dont on la poursuit, est la loi démocratique par essence. »
Frédéric Bastiat
  • « Et cependant, comme ce mot sacré a encore la puissance de faire palpiter les cœurs, on dépouille la Liberté de son prestige en lui arrachant son nom ; et c'est sous le nom de concurrence que la triste victime est conduite à l'autel, aux applaudissements de la foule tendant ses bras aux liens de la servitude. »
Frédéric Bastiat
  • « Prenons le cas de ces images frappantes du « renard libre dans le poulailler libre », ou de la « concurrence sauvage ». L'image du renard libre traduit l'action d'un individu qui se livre à une agression violente. Or qu'est-ce que le laissez-faire, sinon un état social dans lequel l'agression violente est précisément proscrite ? En revanche, cette image n'est pas sans rapport avec l'attitude de certains politiciens ou bureaucrates enclins à se considérer comme des animaux d'une espèce différente de celle des simples citoyens, des animaux qui pourraient s'arroger le droit de faire des choses considérées comme des délits, lorsque ce sont des gens ordinaires qui les commettent. De la même façon, l'idée de « concurrence sauvage » est une parfaite contradiction. La vraie question est de savoir si la concurrence s'exerce par la confrontation des capacités productives ou par la possibilité d'entraver la capacité productive des autres. Or, ce deuxième mode de fonctionnement de la concurrence est, trop souvent, celui qui prévaut sur ce que l'on appelle le « marché politique ».
François Guillaumat
  • « La concurrence et l'association s'appuient l'une sur l'autre. Qui dit concurrence dit déjà but commun, et l'erreur la plus déplorable du socialisme est de l'avoir regardée comme le renversement de la société. »
Pierre-Joseph Proudhon
  • « Dans le cas où il n'y a pas liberté d'entrer [sur un marché](...), le profit est le résultat non pas du fait qu'il existe un seul producteur, mais de l'exercice de la contrainte qui empêche d'autres producteurs de proposer un produit moins cher et meilleur. En l'occurrence, il est d'ailleurs légitime d'appeler ce profit "un super-profit", mais il serait encore plus correct de l'appeler "rente de privilège public"; il est également légitime de dire que le monopole exploite les consommateurs (...) parce que cette entreprise dispose d'un marché captif. »
Pascal Salin, Libéralisme, chap. VIII
  • « Le seul véritable saint protecteur du consommateur n'est certainement pas le bureaucrate, mais la concurrence. »
Georges Joseph Stigler

Bibliographie

  • Pascal Salin : La concurrence, Libéralisme (chap. 8: concurrence et monopole)

Voir aussi

Liens


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