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Imagination
L’imagination repose sur la capacité de se dégager du réel pour construire des images inédites et bien souvent, qui est utile pour résoudre ou contourner des problèmes. Elle constitue un processus en perpétuelle évolution. Cela commence par le jeune enfant qui utilise le langage, l'imitation et le jeu comme des représentations symboliques du réel. Cela continue à l'adolescence où la fonction mentale devient supérieure avec le rapprochement d'une pensée abstraite. Et, l'imagination s’épanouit en parallèle avec la pensée rationnelle de l’âge adulte. Certains philosophes[1] conviennent que la pensée imaginaire permet de percevoir la réalité, d'une autre façon que la pensée logique et qu'elle est donc nécessaire pour une meilleure compréhension du monde.
L'imagination dans la pensée constructionniste
Pour le constructionniste Lev Vygotsky, l'imagination est une fonction mentale supérieure comme le sont la mémoire, la volonté ou la pensée verbale. Elle est ancrée dans les interactions sociales à la différence de fonctions élémentaires qui seraient plus spécifiquement d’origine biologique. L’imagination se développe graduellement et n’atteint sa plénitude qu'avec la capacité de l’individu de se dégager des contraintes du réel. L'auteur présente deux formes de pensée chez l'enfant, la pensée rationnelle et la pensée détachée de la réalité extérieure (imaginaire ou autistique). Mais, à l'âge adulte, une personne incapable de se dégager des liens du réel, comme par exemple une personne aphasique, subit un handicap cognitif car elle ne peut pas prononcer les mots ou concevoir l'idée par exemple, de neige noire ou d'autres associations irréelles. Une telle personne perd provisoirement ou définitivement sa liberté. Car l’imagination suppose une liberté de pensée qui atteint son apogée avec la maîtrise de la pensée conceptuelle et ontologique[2].
L'imagination créatrice s’inscrit dans le réel car elle s’appuie sur les expériences vécues par l’individu. Le nombre des expériences est un facteur important pour la création puisque l’imagination dispose alors davantage de ressources pour réorganiser les matériaux cognitifs en quelque chose de nouveau. Ainsi, pour Lev Vygotsky, l'imagination est constituée de trois opérations mentales : la séparation ou dissociation des éléments cognitifs, l'altération ou modification des images mentales et l'assemblage ou réagencement des éléments sélectionnés. Aussi la richesse expérientielle du milieu socioculturel dans lequel grandit l’enfant vont l'aider, plus tard adulte, à développer son imagination créatrice et, en particulier, ses capacités entrepreneuriales.
Selon un autre grand pédagogue constructionniste, Jean Piaget, les deux modes de pensée, rationnel et imaginaire, se confondent avec le développement mental de l'individu afin de s'adapter au réel. Il y a l'idée d'un réalisme qui conduit à se dégager de sa subjectivité enfantine afin d'atteindre la maturité d'une vérité objective, conforme à la réalité. Pour lui, l'imagination est un acte spontané et non réfléchi qui est une manifestation immature de l'enfance et qui doit laisser sa place à la pensée logique de l'adulte. L'enfant est imaginatif afin de combler les vides cognitifs provoqués par son inexpérience du monde. C'est l'analyse opposée chez Lev Vygotsky car, chez lui, l’imagination est une activité consciente et structurée, qui interagit avec la pensée logique mais qui ne se confond pas avec elle. La pensée créatrice est un effort mental de se détacher du réel, de révéler son individualité en proposant quelque chose de personnel et d'inédit. L'enfant doit apprendre à se dégager de son monde réel pour devenir un être autonome, libre et créateur.
Annexes
Notes et références
- ↑ Pour Gaston Bachelard, l’imagination est la faculté de déformer les images fournies par la perception.
- ↑ "L'imagination et la créativité liées au libre traitement des éléments de l'expérience et à leur libre combinaison nécessitent absolument comme précurseur la liberté interne de pensée, d'action et de cognition qui ne peut être atteinte que par celui qui a déjà maîtrisé la formation des concepts." Lev Vygotsky, 1931/1987, "Imagination and creativity in the adolescent", In: R. W. Rieber, A.S. Carton, dir., "The Collected Works of L S. Vygotsky. Vol. 5 : Child psychology", New York, NY : Plenum Press, p153
Bibliographie
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- 6ème édition en 1921
- 1969, G. Durand, "Les structures anthropologiques de l’imaginaire. Introduction à l’archétypologie générale", Paris : Bordas
- 1976, Lawrence White, "Entrepreneurship, Imagination and the Question of Equilibration”, article non publié, 14 Janvier, pp1-18
- Repris en 1990, In Stephen Littlechild, dir., "Austrian Economics", Vol. III. Brookfield, Vermont : Edward Elgar Publishing, pp87-104
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- Repris en 1979, In Mario Rizzo, 'Time, Uncertainty and Disequilibrium', Lexington, Mass.: Lexington Books, D. C. Heath and Co, pp19-31
- George Shackle, "Imagination and the nature of choice"; Edinburgh : Edinburgh University Press
- George Shackle, "Imagination, Formalism and Choice", Teorema, Vol 7, n°3-4
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- 2007, Brian Loasby, "Uncertainty, intelligence and imagination: George Shackle’s guide to human progress", In: Geoffrey M. Hodgson, dir., "The Evolution of Economic Institutions. A Critical Reader", Edward Elgar, Cheltenham, UK • Northampton, MA, USA, pp183-197
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- 2011, Emily Chamlee-Wright, "Cultivating the Economic Imagination with Atlas Shrugged", Journal of Economics and Finance Education, 10(2), pp41-53
- 2016, Geoffrey Jones, Christos Pitelis, "Entrepreneurial Imagination and a Demand and Supply-side Perspective on the MNE and Cross-border Organization", Journal of International Management, Vol 21, n°4, pp309-321