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Ancien Régime
L'Ancien Régime désigne la période qui va du Moyen Âge à la Révolution française (XVIe siècle-XVIIIe siècle).
Le terme régime fait ici allusion au régime politique, c'est-à-dire aux institutions de l'État, au type de gouvernement (dans ce cas, à la monarchie). D'une certaine manière, c'est aussi de monarchie qu'il s'agira quand, après la Révolution et l'Empire, interviendra la Restauration.
Même si l'expression était en usage bien avant la parution de son ouvrage, c'est Alexis de Tocqueville qui contribue à fixer le contenu du terme « ancien régime » dans un essai intitulé précisément L'ancien régime et la Révolution (1856).
Il y tente une description de la monarchie absolue qu'il oppose notamment à la société médiévale, régie par la féodalité. La formule « La Révolution française a baptisé ce qu'elle a aboli. » est attribuée à Tocqueville. Elle souligne le fait que l'expression porte en elle une vision rétrospective de la période qu'elle nomme. Cette vision structurera durablement la manière d'envisager l'absolutisme français au XIXe siècle et au XXe siècle. Elle sera discutée notamment par l'historien François Furet.
L'historien américain Arno Mayer pour sa part insistera sur la « persistance de l'Ancien Régime » dans un essai éponyme. Il estime en effet que, pour l'Europe entière, le XIXe siècle et les premières années du XXe siècle s'inscrivent dans la continuité de l'ancien régime. Il relève les indices de cette continuité à la fois dans le domaine politique et dans le domaine économique.
L'historien économiste Ernest Labrousse pourra parler d'« ancien régime économique » pour désigner les structures économiques qui prévalaient en France sous la monarchie absolue.
L'Ancien Régime comme laboratoire économique
La fin de l'Ancien Régime en France est marquée par un endettement catastrophique de l’État. Les différents responsables qui se succèderont à la tête des finances de l’État vont essayer de trouver une solution à ces difficultés économiques. On voit alors apparaître différentes théories et pratiques économiques que l'on verra appliquées à plus grande échelle dans les siècles suivants :
- le libéralisme économique, représenté par Turgot, se heurte aux privilèges et rigidités sociales de l'Ancien Régime ;
- le keynésianisme avant l'heure, représenté par Calonne (relance, emprunts, dépense étatique) ; cependant le déficit augmente inexorablement et oblige Calonne à envisager des réformes impopulaires, ce qui conduira à sa disgrâce ;
- l'interventionnisme économique, représenté par le "pragmatique" Jacques Necker (il serait probablement de nos jours un social-démocrate), qui malgré quelques velléités réformistes essaie de conserver les structures d'Ancien Régime tout en visant l'équilibre budgétaire, sans succès.
Bibliographie
- Alexis de Tocqueville, L'ancien régime et la Révolution, Gallimard, 1967 (1856 première édition).
- François Furet et Ozouf Jacques, Penser la Révolution française, Gallimard, 1978.
- François Furet, La Révolution en débat, Gallimard, 1999 (recueil d'articles).
- Mayer Arno, La persistance de l'Ancien Régime — L'Europe de 1848 à la grande guerre, Flammarion, 1983 (première édition en anglais 1981).
- Joel Cornette, "L'affirmation de l'État absolu"
Citations
- M. de Talleyrand me disait un jour: "Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que le plaisir de vivre." (Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, François Guizot, 1858)
- Les seigneurs et le roi nous coûtaient moins chers en impôts avant la révolution que les « saigneurs » pour lesquels nous votons depuis des décennies. (Charles Sannat, 15/12/2015)
- Le couperet de la guillotine s'aiguisait dans l'ombre quand, à la fin du XVIIIe siècle, les classes dirigeantes françaises s'appliquaient à développer leur « sensibilité ». Cette société oisive et frivole, qui vivait en parasite dans le pays, parlait, dans ses soupers élégants, de délivrer le monde de « la superstition et d'écraser l'infâme », sans se douter qu'elle-même allait être écrasée. (Vilfredo Pareto, Les systèmes socialistes)
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