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Jacques Necker

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Jacques Necker
homme politique, économiste

Dates 1732-1804
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Nationalité Suisse Suisse
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Jacques Necker (Genève, 30 septembre 1732 - Coppet, Suisse, 9 avril 1804) est un financier et homme politique genevois du XVIIIe siècle qui a été ministre de Louis XVI et a joué un rôle dans les débuts de la Révolution française.

Le banquier

Jacques Necker est le deuxième fils de Charles Frédéric Necker, avocat à Custrin, en Brandebourg, devenu citoyen de la République de Genève le 28 janvier 1726, et de sa femme née Jeanne Gautier, fille du premier syndic Gautier.

Il entreprend une carrière dans la banque Thellusson et Vernet où il débute comme simple commis à Genève tout d’abord, puis à Paris, où il tient les livres de compte. Il devient l’associé en 1756 au sein de la banque qui adopte la raison Thellusson, Vernet et Necker puis Thellusson, Necker & Cie (1762), qui gère les dépôts et comptes courants d’environ 350 clients étrangers, pour la plupart engagés dans les emprunts de la monarchie française. Syndic de la Compagnie des Indes, il est l’artisan de sa renaissance (1764), mais ne peut empêcher sa dissolution en 1770, sous le coup des brutales attaques de son ennemi personnel, Morellet.

À plusieurs reprises, notamment en 1772, Necker avance des sommes importantes au Trésor royal, ce qui lui vaut d’être remarqué par Choiseul et par l’abbé Terray. Jugeant avoir suffisamment fait fortune et ayant d’autres ambitions, Jacques Necker se retire en 1772.

En 1764, Necker épouse une fille de pasteur, Suzanne Curchod, qui aura sur lui un grand ascendant. De cette union naîtra Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, écrivaine connue sous le nom de Mme de Staël et à l'origine du Groupe de Coppet.

Le ministre de Louis XVI

Nommé ministre de la République de Genève à Paris (1768), Necker songe à se consacrer à la politique, encouragé en cela par sa femme. Après son retrait des affaires, il publie un Éloge de Colbert (1773), couronné par l’Académie française, dans lequel il dresse un portrait du ministre idéal où l’on peut sans peine le reconnaître. Il se présente comme un pragmatique, un esprit « moelleux et flexible », à la différence du contrôleur général des finances, Turgot, type même du doctrinaire. Symbole de l’interventionnisme économique de l’État, Necker est en outre l’antithèse de Turgot, apôtre du libéralisme économique. Il critique vivement la propriété qu’il accuse, dans la ligne de Rousseau, d’être non un droit naturel mais une « loi des hommes » fondée sur un « traité de force et de contrainte » Le 19 avril 1775, il publie son Essai sur la législation et le commerce de grains, dans lequel il dénonce la liberté du commerce des grains, préconisée par les physiocrates, au premier rang desquels André Morellet et Turgot.

Protestant, il ne peut être nommé contrôleur général des finances car cette fonction emporte de droit l’accès au Conseil. Le 22 octobre 1776, à quarante-quatre ans, il est donc nommé conseiller des Finances et « directeur général du Trésor royal » puis en 1777 « directeur général des Finances ». Il est un véritable contrôleur général sans le titre.

Il supprime les offices attachés au Contrôle général pour les remplacer par des employés révocables et percevant un traitement fixe. Il réduit la compétence de la ferme générale. Afin de limiter le pouvoir extra-judiciaire des parlements, tout comme celui des intendants, Necker crée des assemblées provinciales dont il expose le principe dans son Mémoire au Roi sur l’établissement des administrations provinciales (1776). À la différence de celles que Turgot avait imaginées, ces assemblées reposent sur la distinction des trois ordres. Necker cherche enfin à introduire de la transparence dans le fonctionnement de l’État. Il publie dans cet esprit en janvier 1781 son Compte-rendu au Roi, dans lequel il détaille le fonctionnement des finances royales, les principes de son administration et la situation financière du pays.

Pour lui, l’État doit exercer pleinement sa fonction d’assistance : « C’est au gouvernement, interprète et dépositaire de l’harmonie sociale, c’est à lui de faire pour cette classe déshéritée tout ce que l’ordre et la justice permettent. »

En matière financière, la politique de Necker tient en peu de principes. Il estime que l’État peut emprunter autant qu’il désire dès lors que le budget ordinaire est équilibré. Comme il est hors de question d’augmenter les impôts, à la fois par politique et par principe, il faut en améliorer le rendement, notamment en réformant l’administration financière, et réduire les dépenses. Pour financer l’effort de guerre en Amérique, Necker emprunte des sommes considérables, environ 530 millions de livres, à des taux élevés car le crédit de l’État est alors au plus bas.

Mais Necker s’est aussi fait de nombreux ennemis : en s’attaquant à la ferme générale, il s’est mis à dos le monde de la finance ; ses assemblées provinciales lui ont aliéné les parlements ; la réduction des dépenses de la Cour, dénoncées avec complaisance dans le Compte-rendu au Roi de janvier 1781, lui a également créé de nombreux et puissants adversaires. A l’annonce de la démission de Necker (19 mai 1781), les habitants de la capitale se pressent au Château de Saint-Ouen, sa résidence de campagne, pour saluer le ministre déchu, qui peut ainsi mesurer ce qui lui reste de popularité.

En 1787, Calonne, devant l’Assemblée des notables, accuse Necker d’avoir trompé l’opinion en publiant de faux renseignements dans son Compte-rendu au Roi : selon lui les comptes de l’année 1781, loin de révéler un excédent, comme Necker l’avait affirmé, accusaient en réalité un déficit de 50 millions. Necker réplique en contestant les chiffres de Calonne. Cette réponse lui vaut d’être exilé hors de Paris et est à l’origine d’un vif débat public entre les deux hommes.

Le retour au pouvoir et la Révolution

Après l’échec de l’expérience Calonne, la monarchie se trouve en état de faillite virtuelle. La nécessité de trouver des fonds contraint alors Louis XVI à rappeler Necker, qui est nommé « directeur général des finances » le 25 août 1788. Deux jours plus tard, Necker reçoit le titre de ministre d'État qui lui donne accès aux Conseils.

Il avance la date de convocation des États généraux. Il réunit en novembre 1788 une nouvelle Assemblée des notables, pour statuer sur les modalités de l’élection des députés, notamment la question du vote par tête ou par ordre, qui ne fut pas tranchée, et celle du doublement de la représentation du tiers état. Sur ce dernier point, comme il était prévisible, l’Assemblée des notables se prononce défavorablement mais Necker décide de soutenir le doublement du tiers (décembre 1788) ce qui conforte sa popularité : il est désormais considéré comme un « ministre patriote ». Face à une grave pénurie de blé, Necker abroge les mesures libérales prises par Loménie de Brienne en matière de commerce des grains.

À l’ouverture des États généraux, le discours de Necker, centré sur les questions financières alors que les députés n’ont en tête que la question du vote, est mal accueilli. S’apprêtant à prendre des mesures de fermeté à l’égard de l’Assemblée nationale, le roi congédie Necker le 11 juillet 1789 à cause de sa « condescendance extrême » (comprendre : sa connivence, sa complaisance) à l’égard des États généraux. Le ministre quitte aussitôt la France et rejoint Bruxelles (13 juillet) puis Bâle (20 juillet). Une fois connu, ce renvoi est l’une des causes déterminantes du 14 juillet.

Dès le 16 juillet 1789, Louis XVI doit se résoudre à rappeler Necker. Celui-ci prend alors le titre de Premier ministre des finances. Rapidement, il s’oppose à l’Assemblée constituante, en particulier à Mirabeau. Les députés récusent les propositions financières de Necker, fondées sur ses méthodes traditionnelles d’anticipations et d’emprunts, tandis que Necker s’oppose au financement du déficit par l’émission d’assignats. Dans ces conditions, il ne reste plus à Necker qu’à démissionner, ce qu’il fait le 3 septembre 1790.

Après sa démission, Necker se retire en Suisse au château de Coppet, où il poursuit l’écriture de plusieurs ouvrages et meurt à la suite d'un arrêt cardio-respiratoire en fin de journée le 9 avril 1804.

Œuvres

Les écrits de Necker ont été réunis dans les Œuvres complètes de M. Necker publiées par M. le Baron de Staël, son petit-fils..., Paris, Treuttel et Wurtz, 1820-1821, 15 vol., in-8°.

  • Réponse au mémoire de M. l’abbé Morellet sur la Compagnie des Indes, 1769
  • Éloge de Jean-Baptiste Colbert, 1773
  • Sur la Législation et le commerce des grains, 1775
  • Mémoire au roi sur l’établissement des administrations provinciales, 1778
  • Lettre au roi, 1777
  • Compte rendu au roi, 1781
  • De l’Administration des finances de la France, 1784, 3 vol. in-8°
  • Correspondance de M. Necker avec M. de Calonne. (29 janvier-28 février 1787), 1787
  • De l’importance des opinions religieuses, 1788
  • De la Morale naturelle, suivie du Bonheur des sots, 1788
  • Supplément nécessaire à l’importance des opinions religieuses, 1788
  • Sur le compte rendu au roi en 1781 : nouveaux éclaircissements, 1788
  • Rapport fait au roi dans son conseil par le ministre des finances, 1789
  • Derniers conseils au roi, 1789
  • Hommage de M. Necker à la nation française, 1789
  • Observations sur l’avant-propos du « Livre rouge », v. 1790
  • Opinion relativement au décret de l’Assemblée nationale, concernant les titres, les noms et les armoiries, v. 1790
  • Sur l’administration de M. Necker, 1791
  • Réflexions présentées à la nation française sur le procès intenté à Louis XVI, 1792
  • Du pouvoir exécutif dans les grands États, 1792
  • De la Révolution française, 1796
  • Cours de morale religieuse, 1800
  • Dernières vues de politique et de finance, offertes à la Nation française, 1802
  • Histoire de la Révolution française, depuis l’Assemblée des notables jusques et y compris la journée du 13 vendémiaire an IV (18 octobre 1795), 1821

Citations

  • Necker n'est pas un réformateur au sens libéral du terme ; il admirait Colbert et appartenait donc au courant réformateur étatiste. Il a cherché des solutions pour accroître la capacité de l’État à s'endetter. C'est pour avoir touché les limites du toujours plus de dettes que Louis XVI fut contraint de convoquer les États généraux. C'est la chute de la Monarchie pour cause de faillite financière qui a provoqué la Révolution, non l'inverse. (Alain Fabre, [1])
  • L’impôt, Monseigneur, est un venin redoutable. Il vous aliène ceux qui en paient trop, et plus encore ceux qui n’en paient point. L’Etat ne donne jamais assez, et prend toujours trop. (...) Je vous dis, je vous répète que le déficit se règle d’abord par une remise en cause de la dépense, non point à la marge mais en profondeur. (mis dans la bouche de Necker par Philippe Dessertine, Le fantôme de l’Elysée, 2015)
  • Arrêtez-vous de l’admirer, car vos enfants un jour le maudiront. Emprunter sans imposer, c’est rejeter sur les générations à venir le poids des iniquités d’un ministre qui ne voit que sa gloire personnelle et ses succès présents [...] sont autant de vers rongeurs qui énervent nos forces présentes, qui anéantissent nos forces prochaines, qui ne nous laissent pour l’avenir que l’affligeante alternative d’une banqueroute désastreuse ou d’impôts devenus excessifs pour avoir été retardés contre tous les principes d’une administration éclairée et prévoyante, et par une complaisance incroyable pour le charlatanisme inouï du banquier directeur. (Mirabeau)

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