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Robert Baron
Robert [Alan] Baron est professeur de Management à l'école Spears de l'Université de l'Oklahoma State of Business. Il a étudié la psychologie à la "City University" de New York et il a obtenu son doctorat de l'Université de l'Iowa en 1968.
Il est l'auteur et co-auteur de manuels, de livres, d'articles et de commentaires en psychologie sociale portant sur le comportement humain dans les organisations et sur l'esprit d'entreprise (entrepreneuriat). Sur le plan méthodologique, il s'est penché sur la méthode contre-factuelle, en se posant la question, que se serait-il passé si les choses avaient commencé autrement ? Il est un spécialiste de la théorie des opportunités et de la théorie cognitive en organisation (cognition entrepreneuriale).
La cognition entrepreneuriale dans les organisations
En 2004, en compagnie de son collègue, T. B. Ward[1], il affirme que le problème numéro un, en ce qui concerne la science cognitive dans les organisations, est celui de la duplication du processus de la pensée de l'entrepreneur, une partie est heuristique et l'autre est systématique (algorithmique). Les auteurs indiquent avec clairvoyance : "... Il se peut que les entrepreneurs qui réussissent sont ceux qui sont les plus aptes à la commutation (basculement) entre ces deux modes de pensée lorsque le besoin s'en fait sentir". Ils posent aussi la question cruciale : "Est-ce que les entrepreneurs ont une plus grande capacité que les autres personnes à concentrer leur attention sur les informations pertinentes ?" (p557), Est-ce que les entrepreneurs ont une forme spéciale de raisonnement ?, et est-ce que les entrepreneurs développent des structures de connaissances uniques et deviennent des experts en traitement de l'information ?
Robert Baron a établi deux définitions de la cognition sociale dans le traitement des informations : l'une subjective et l'autre objective. La première définition de la cognition sociale établit la façon dont nous interprétons, nous analysons, nous mémorisons et nous utilisons des informations sur le monde social. Cela concerne le traitement subjectif de l'information. La théorie de reconnaissance d'opportunités en reliant les points, à l'aide des cadres (schèmes) cognitifs, concerne le traitement objectif des informations. Les entrepreneurs experts traitent l'information différemment que les entrepreneurs novices. Leurs cadres cognitifs sont plus clairs, plus riches et plus concentrés selon Robert Baron et Michael Ensley[2].
Comment les entrepreneurs identifient-ils de nouvelles opportunités ?
Les entrepreneurs identifient les opportunités pour la création de nouvelles entreprises en utilisant des cadres cognitifs qu'ils ont acquis grâce à leur expérience préalable pour percevoir, dans le monde extérieur, des relations entre des événements ou des tendances apparemment indépendants. Ils utilisent des cadres cognitifs qu'ils possèdent pour "relier les points" entre les changements technologiques, démographiques, de marché, de politiques gouvernementales et d'autres facteurs. Les modèles qu'ils perçoivent alors leur suggèrent des idées pour de nouveaux produits ou services, des idées qui peuvent potentiellement servir de base à la création d'une nouvelle entreprise.
Robert Baron considère que cette perspective de reconnaissance de formes pour l'identification des opportunités est utile à plusieurs égards. Tout d'abord, cela permet d'intégrer trois facteurs importants pour la reconnaissance des opportunités :
- s'engager dans une recherche active d'opportunités
- être en état de vigilance envers les opportunités
- avoir une connaissance préalable d'une industrie ou d'un marché.
En outre, Robert Baron ajoute que les interrelations entre ces facteurs sont modulables tout en permettant l'efficacité dans la reconnaissance des opportunités. Par exemple, le fait que la recherche active n'est pas obligatoire lorsque la vigilance est très élevée. Cette approche par les modèles de reconnaissance aide à expliquer pourquoi certaines personnes, mais pas d'autres, identifient des opportunités spécifiques. Ensuite, Robert Baron porte l'espoir de former des entrepreneurs actuels ou potentiels afin de les aider à mieux reconnaître les opportunités grâce à l'utilisation de cadres spécifiques de reconnaissance des opportunités.
Les limites cognitives dans la reconnaissance des opportunités
Robert Baron a étudié les limites cognitives des individus placés dans des situations données qui exigent de plus grandes exigences de vigilance et de traitement de l'information (par exemple, des situations inattendues, de nouvelles perspectives d'opportunité, et des évènements chargés d'émotion comme la faillite de l'entreprise).
Grâce à la neuroscience, Robert Baron contribue à développer la neuroéconomie pour comprendre pourquoi certains individus sont plus sensibles aux interférences émotionnelles. Il explique l'inter-connection des régions du cerveau liées au raisonnement et celles activées par les émotions lorsque des offres sont proposées à des personnes et qu'ils jugent comme injustes. Une plus grande activité du traitement de l'information dans les régions émotionnelles du cerveau s'effectue au détriment des décisions favorables à leurs intérêts économiques. Ceci s'explique par le fait qu'affronter ouvertement l'échec et évaluer sa culpabilité dans un échec peut être une perspective intimidante pour un entrepreneur. Plusieurs sentiments sont mélangés comme la culpabilité, la honte ou des remords, qui sont, généralement, des sensations désagréables. Le biais égocentrique, nécessaire à la "survie du Moi" de l'entrepreneur réduit son sentiment de vulnérabilité et maintient à niveau son estime de soi, quitte à l'aveugler sur les dangers futurs de la situation.
Les capacités cognitives de l'entrepreneur pour faire face à l'échec
Robert Baron analysa aussi le rôle des émotions positives et de l'autorégulation sur la capacité des entrepreneurs à faire face à leur échec entrepreneurial. Il constata que les émotions positives peuvent annuler l'impact des émotions négatives en les aidant à construire de nouvelles ressources pour faire face à l'adversité. La nature optimiste des entrepreneurs leur fait bénéficier de plus d'expérience de leurs échecs (par exemple, pour récupérer plus rapidement, pour apprendre plus efficacement, pour adapter leur savoir à d'autres connaissances, etc).
Les personnes ayant des compétences sociales hautement développées sont plus aptes à réduire au minimum les coûts sociaux et les coûts psychologiques de l'échec de l'entreprise (par exemple, au travers du leadership discursif et du leadership narratif (story-telling) et en donnant du sens au rôle de l'entrepreneur dans cet échec). Ces individus ont différentes aptitudes sociales pour s'insérer dans divers réseaux sociaux pour discuter de l'échec et obtenir diverses formes de soutien.
D'abord présenté par Robert Baron dans le domaine de l'entrepreneuriat[3], la pensée contrefactuelle se réfère à imaginer "ce qui aurait pu être" dans une situation donnée, en réfléchissant sur d'autres résultats qui auraient été obtenus si la personne en question avait agi différemment ou si les circonstances avaient été différente. D'une part, la pensée contrefactuelle est généralement déclenchée par les résultats négatifs et, donc, elle est accompagnée par des émotions négatives à combatttre. D'autre part, en imaginant des résultats autres que ceux qui ont effectivement eu lieu, les personnes qui s'engagent dans la pensée conterfactuelle peuvent avoir une perspective plus large des facteurs qui conduisent à des résultats (par exemple, l'échec de l'entreprise) afin de faciliter l'apprentissage et la construction de sens.
Annexes
Références
- ↑ Robert A. Baron et T. B. Ward, 2004, "Expanding entrepreneurial cognition's toolbox: potential contributions from the field of cognitive science", Entrepreneurship Theory and Practice 26 (6), pp553–573
- ↑ Robert Baron et Michael D. Ensley, 2006, "Opportunity recognition as the detection of meaningful patterns: evidence from comparisons of novice and experienced entrepreneurs", Management Science, Vol 52 , n°9, September, pp1331–1344
- ↑ Robert Baron, 1999, "Counterfactual thinking and venture formation: The potential effects of thinking about “what might have been”, Journal of Business Venturing, vol 15, pp79-91
Bibliographie
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