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Vince Miller

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Vince Miller
Entrepreneur institutionnel

Dates 1938-2008
Tendance Libertarianisme
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Vince Miller

Citation
Interwikis sur Vince Miller

Vincent Henry Miller, alias Vince Miller (né le 11 décembre 1938 à London dans l'Ontario (Canada)– décédé le 28 juin 2008 à Benicia, en Californie), est un militant canadien du libertarianisme, entrepreneur d’idées et organisateur international. Après sa rencontre décisive avec Marshall Bruce Evoy en 1971, il s’engage pleinement dans le mouvement. Il fonde Libertarian International et lance sa première conférence en 1982, puis fusionne en 1989 avec la Society for Individual Liberty] pour créer l’International Society for Individual Liberty (ISIL), qu’il préside jusqu’à son décès en 2008.

Repères biographiques

Vince Miller est une figure majeure du libertarianisme canadien, actif dès la fondation du Parti libertarien du Canada, il en devient l’un des animateurs et dirige son magazine, Libertarian Option, avant de passer à l’échelle internationale. En 1980, après des années d’apprentissage de la composition et de l’offset, qu’il met au service d’une production militante fiable, il lance Libertarian International (LI) et, en 1989, il coordonne la fusion de LI avec la Society for Individual Liberty pour créer l’International Society for Individual Liberty (ISIL), structure qui portera en 2016 le nom de Liberty International.

Le déclic remonte à 1971, lors de sa rencontre avec Marshall Bruce Evoy (représentant du Nathaniel Branden Institute à Toronto et artisan du mouvement libertarien canadien). Miller s’immerge alors dans les réseaux d’idées et met son atelier d’impression au service d’une diffusion plus rapide et moins coûteuse des textes, base matérielle de ses futures campagnes internationales. Dans cette trajectoire, il incarne un libertarianisme entendu comme une doctrine qui promeut une évolution vers une société sans État centralisé, fondée sur l’initiative individuelle et les accords volontaires qu’il a cherché à rendre accessible partout dans le monde, par des conférences, des brochures et des traductions.

Naissance du Libertarian International (1980–1989)

Tout part d’un moment fondateur, le 3 août 1980 à l’Université du Michigan (Ann Arbor). Lors d’un congrès de Students for a Libertarian Society, le candidat présidentiel Ed Clark et l’historien des idées Leonard Liggio appellent à créer un mouvement libertarien à l’échelle internationale. Vince Miller se lève et lance : « I’ll do it! » (Je le ferai). Dans la foulée, il baptise l’organisation Libertarian International (LI), constitue un conseil administratif, et met à profit son atelier d’impression pour doter la jeune structure d’une identité visuelle et de supports professionnels qui la font paraître plus grande qu’elle n’est.

L’objectif prioritaire est clair : organiser la première conférence libertarienne véritablement ouverte (là où la société du Mont Pèlerin reste un cercle académique sur invitation). En août 1982, LI tient sa première conférence à Zurich, avec environ 70 participants venus d’Amérique du Nord, d’Europe de l’Ouest, mais aussi d’Australie, du Guatemala et d’Afrique du Sud. Porté par cet élan, le cycle se déploie : Bruxelles (1983), Londres (1984), Oslo (1985), Stockholm (1986), Düsseldorf (1987), Swaziland/Eswatini (1988), puis Paris (1989). Chaque étape renforce le maillage transnational de militants, traducteurs et organisateurs locaux.

La séquence européenne culmine avec deux temps forts. À Stockholm (1986), la venue de Leon Louw et Frances Kendall, figures anti-apartheid sud-africaines, déclenche polémiques et manifestations, jusqu’à nécessiter des soutiens publics de Winnie Mandela et Mgr Desmond Tutu pour obtenir leur entrée sur le territoire. L’année suivante, le Swaziland (1988) devient un rendez-vous emblématique avec la présence de membres de l’ANC et la mise en avant d’une solution fédéraliste à la sud-africaine.

Cette décennie d’expansion se conclut logiquement par la fusion, en 1989, de Libertarian International avec la Society for Individual Liberty (SIL), donnant naissance à l’International Society for Individual Liberty (ISIL), future Liberty International, avec Vince Miller à la présidence. Ce passage à l’échelle mondiale scelle l’intuition de 1980, faire de la circulation internationale des idées le moteur d’un mouvement libertarien durable.

De la fusion SIL + LI (1989) à l’ère ISIL

Le 31 août 1989, au banquet du 20e anniversaire de la SIL, l’annonce officielle tombe : Libertarian International et la Society for Individual Liberty fusionnent pour donner naissance à l’International Society for Individual Liberty (ISIL), avec Vince Miller comme président. Cette articulation scelle l’ambition d’unir le réseau militant et la plateforme internationale, en assumant une vocation éducative et non partisane.

Dès l’année suivante, ISIL affiche sa méthode : lier les savoirs, les rencontres et la visibilité publique. Du 10 au 14 août 1990, l’organisation tient à San Francisco une conférence mondiale où le banquet de clôture réunit environ 400 personnes et dont le point phare est assuré par le prix Nobel d'économie, Milton Friedman, une manière de placer au centre la discussion d’idées auprès d’un public élargi. Parallèlement, Miller déplace l’axe opérationnel à San Francisco pour reprendre une librairie libertarienne et renforcer l’écosystème de la diffusion libertarienne.

Tout au long des années 1990–2000, ISIL multiplie les conférences annuelles sur plusieurs continents, elle met en place des bourses pour les étudiants et les jeunes leaders, et elle transforme ces rencontres en filières de traduction et de pédagogie. Sont alors diffusés, selon les pays et les besoins, des textes d’Ayn Rand (Anthem), Ken Schoolland (The Adventures of Jonathan Gullible), Karl Hess (Capitalism for Kids), Frances Kendall (Super Parents, Super Children) ou Mary Ruwart (Healing Our World). L’objectif est double : standardiser un corpus d’introduction et décentraliser sa circulation via des relais locaux (clubs, camps d’anglais, réseaux d’anciens).

ISIL s’emploie aussi à agréger des entités de la galaxie libérale. Ainsi, la librairie/éditeur Laissez Faire Books passe sous la houlette d’ISIL en novembre 2007, prolongeant l’effort de « mailler les contenus et la distribution » engagé depuis San Francisco.

Enfin, face aux ambiguïtés médiatiques de l’acronyme « ISIL », l’organisation adopte en 2016 le nom public Liberty International, tout en poursuivant la même mission (conférences, programmes étudiants, traductions, réseau de 80+ pays). La bannière change, pas la stratégie : diffuser, relier, outiller la pensée libertarienne.

La connexion entre Jarret Wollstein et Vince Miller

Au lendemain des déchirements de 1969 (scissions de la YAF et de la SDS), trois jeunes cadres libertariens, Don Ernsberger, David (Dave) Walter et Jarret Wollstein, se retrouvent près de Philadelphie et actent, le 2 octobre 1969, la création de la Society for Individual Liberty (SIL), première organisation explicitement libertarienne s’adressant aux étudiants et au grand public. Cette fondation agrège très vite le réseau de la Society for Rational Individualism (SRI), le groupe objectiviste animé par Wollstein dans le Maryland, et devient la plaque tournante d’un activisme à la fois anti-conscription et pro-marché sur les campus.

La SIL structure son influence par des outils éditoriaux : la lettre SIL News, des « issue papers » d’une page pour les débats du moment, et surtout The Individualist, revue-phare qui succède à The Rational Individualist (SRI). En 1971, Wollstein en tient formellement la barre éditoriale avant que Roy Childs, n’en assume ensuite l’édition et y publie des textes qui marqueront la stratégie et l’imaginaire du mouvement. Cette chaîne SRI → The Rational Individualist → The Individualist illustre le passage du cénacle randien à une pédagogie libertarienne plus large.

En 1989, moment charnière : la SIL fusionne avec Libertarian International (la structure de conférences lancée par Vince Miller). La nouvelle entité prend le nom d’International Society for Individual Liberty (ISIL), avec Miller à la présidence. Ce rapprochement marie l’appareil éditorial-pédagogique (hérité de SIL) à la plateforme internationale d’événements et de traductions (apport LI), et ouvre une phase d’expansion sur plusieurs continents.

Un entrepreneur institutionnel

Vince Miller agit en entrepreneur institutionnel : plutôt que de multiplier les traités, il bâtit une plateforme, de conférences annuelles, de bourses pour étudiants, d'un réseau d’organisateurs et de traducteurs, capable d’acheminer les mêmes idées vers des publics toujours nouveaux.

Pour que ce flux soit lisible et diffusable partout, il standardise la pédagogie en s’appuyant sur Jarret Wollstein. Dans cette ère ISIL, Wollstein devient la plume signe une série de 38 brochures d’éducation civique libertarienne, pensées pour être traduites et distribuées en masse. Les estimations les plus citées évoquent plus de cinq millions d’exemplaires, avec des dizaines de traductions, un dispositif qui met des arguments clairs et courts à la portée d’organisateurs locaux, d’étudiants et de médias. Le tandem est net : Wollstein fournit les formats pédagogiques, Miller assure la diffusion mondiale (conférences, bourses, réseau).

En somme, la trajectoire SRI → SIL → ISIL montre comment un noyau intellectuel (revues, pamphlets, cadres conceptuels) s’est combiné à un levier logistique international (événements, traductions, relais nationaux). Et si Miller a donné au mouvement sa portée transnationale, Wollstein en a fourni la grammaire pédagogique : ces textes courts, réplicables, qui ont fait école dans des dizaines de pays.

Son entourage se souvient de Vince Miller comme d’un organisateur jovial, serviable et pourtant intransigeant sur les principes. Peu friand de posture, il privilégiait un leadership logistique, « faire que ça arrive », qui transformait des idées en programmes concrets. Sa sociabilité faisait le reste : il reliait les militants, les auteurs, les traducteurs et les donateurs avec une chaleur constante, et cultivait ses propres rituels militants, comme ses passages dominicaux au stand de tir, qu’il appelait avec humour « aller à l’église ». Cette combinaison d’hospitalité, de rigueur et d’efficacité a durablement structuré l’écosystème libertarien au-delà de l’anglophonie. Il s’éteint le 28 juin 2008, à 69 ans, clôturant une vie entière consacrée à faire circuler la liberté par des réseaux, des textes et des rencontres.

Informations complémentaires

Littérature secondaire

Liens externes

  • "Bruce Evoy is Dead", texte d'hommage de Vince Miller publié le 14 juillet 1998 sur le site de "The Libertarian enterprise"(n°41)
  • "Free Trade or Protectionism?", texte de Vincent H. Miller et James R. Elwood, déposé en 1988 sur le site de l'ISIL (Brochure pédagogique pour informer des avantages du libre-échange et des coûts du « protectionnisme » ou du soi-disant « commerce équitable ».