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La Rochefoucauld-Liancourt

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La Rochefoucauld-Liancourt
Homme politique et Entrepreneur

Dates 1747-1827
François XII de La Rochefoucauld (1747-1827).jpg
Tendance
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur La Rochefoucauld-Liancourt

Citation
Interwikis sur François-Alexandre-Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt

François-Alexandre-Frédéric, duc de Liancourt puis duc de La Rochefoucauld-Liancourt, nom sous lequel il est habituellement désigné (La Roche-Guyon, actuel département du Val d’Oise, 11 janvier 1747 – Paris, 27 mars 1827), était un homme politique, scientifique et philanthrope français, épris de progrès technique et membre de l'Académie des sciences. Il a été la grande figure de la noblesse libérale qui a participé à la première phase de la Révolution française. Il a été le fondateur d'une institution qui a donné naissance aux écoles d'arts et métiers, et, plus tard, l'un des propagateurs de l'enseignement mutuel en France.

Un noble éclairé de l'Ancien Régime

La Rochefoucauld-Liancourt débute comme militaire dans le corps des carabiniers. Son père, François Armand de La Rochefoucauld duc d'Estissac, qui occupait auprès de Louis XV les fonctions de grand-maître de la garde-robe, le fait admettre, suivant la coutume du temps, dès l'âge de vingt et un ans, à la survivance de sa charge ; mais déjà à cette époque le jeune duc de Liancourt se montra peu courtisan. Accueilli comme un fils par le duc de Choiseul, il lui resta fidèle après sa disgrâce, ne consent jamais à paraître chez Mme du Barry, et se montre rarement à Versailles.

Après le Grand Tour d’Italie (1765-1766) il visite l’Angleterre en 1769, ce qui semble lui avoir donné l'idée de construire une ferme modèle à Liancourt, où il élève du bétail importé d'Angleterre et de Suisse. Il est ainsi le premier à propager en France la culture des prairies artificielles, pour détruire le système des jachères. Colonel du régiment de cavalerie La Rochefoucauld-Liancourt, puis brigadier de dragons (1781), il fonde en 1780 une école d'arts et métiers pour les enfants des soldats, qui devint en 1788 l'École des Enfants de la Patrie sous la protection du roi. Il se promenait souvent au milieu des enfants appliqués à divers travaux, applaudissait aux succès des meilleurs, pressait les paresseux, et disait souvent à chacun d'eux : « Souviens-toi, mon enfant, que, lorsque tu sauras ton métier, ta fortune sera faite ».

Un libéral dans la Révolution française

Député de son ordre pour le bailliage de Clermont-en-Beauvaisis, il incarne selon le mot de Sainte-Beuve « la jeune noblesse éclairée et généreuse ». Il fait partie des 47 députés de la noblesse qui rejoignent les députés du tiers le 25 juin, désobéissant à l'ordre formel du roi. Sa charge de grand-maître de la garde-robe explique qu’il ait fait réveiller Louis XVI dans la nuit du 14 au 15 juillet 1789, et le fameux échange de paroles prêté au roi et au duc : « Mais c'est donc une révolte ? » « Non, sire, c'est une révolution ».

Monarchiste libéral, il est élu président de l’Assemblée nationale le 18 juillet 1789. Il tente de concilier les idées nouvelles et la préservation de la monarchie, apparaissant d’une certaine façon comme un des premiers libéraux : il va être un membre actif du Club des Feuillants. Il s'oppose à la loi contre les émigrés ; il parla en faveur de la liberté de conscience et de la liberté individuelle ; le premier, il propose l'abolition du supplice de la corde. En même temps, il fait construire à Liancourt de vastes ateliers, et en 1790, il y établit une filature mécanique de coton d'après les procédés irlandais.

Après la séparation de l'Assemblée constituante, le duc de Liancourt, nommé lieutenant général des armées du roi, est chargé du gouvernement de la Normandie et de la Picardie. Quelques semaines avant le 10 août, il avait engagé le roi à se retirer à Rouen, d'où une retraite par mer était facile en cas de revers ; mais la cour n'ayant pas accepté ses offres, il met à la disposition de Louis XVI une somme de 150 000 livres, le plus clair de sa fortune. Il doit lui-même passer en Angleterre tandis qu'en passant à Gisors son cousin La Rochefoucauld d'Enville était massacré à coups de pierres, sous les yeux de sa mère et de sa femme (14 septembre 1792).

L'exil

Arthur Young accueille le duc de Liancourt à Bury-Saint-Edmunds. Quand le roi est mis en jugement, il écrit à Barère, président de la Convention, pour demander la permission de venir témoigner au procès. D'Angleterre, le duc de La Rochefoucauld (il avait pris ce titre depuis la mort de son cousin) passe aux États-Unis, qu'il parcourt : son Voyage, qu'il publie en 1800, contient un intéressant tableau de la République américaine et du Canada à la fin du XVIIIe siècle. Réfugié chez son fils à Altona près de Hambourg, en février 1798, il attend jusqu'à la fin de 1799 l'autorisation de rentrer en France, sans doute avec l'aide de Talleyrand qu'il a côtoyé pendant son exil à Philadelphie.

Le philanthrope

Finalement rayé de la liste des émigrés, il rentre à Liancourt pour y gérer ses affaires et ses œuvres ; il est ensuite traité avec dignité et distance par Napoléon.

Il apporte en France l'idée de répandre la vaccine pour prévenir la variole : à ses obsèques, en 1827, Charles Dupin considérait qu’il avait sauvé deux millions d'hommes d'une mort précoce. Il est nommé président perpétuel du comité chargé de propager la vaccine. Au moyen d'une souscription, il crée en même temps l'utile institution des dispensaires, qui consiste à faire traiter à domicile les indigents malades par des médecins attachés à chaque établissement.

L'École des enfants de l'armée avait été, après l'émigration du duc en 1792, adoptée par la Convention ; en l'an III, on y avait réuni les élèves d’autres écoles. Les élèves de Liancourt sont ensuite places à Compiègne, Napoléon ayant décidé de former ce qui va devenir une École des Arts et métiers (1803). La Rochefoucauld reçoit le titre d’Inspecteur général (1806) qu’il conserve lorsque l'école agrandie est transférée à Châlons, « n'acceptant aucun traitement, mais simplement le remboursement de ses frais de poste et d'hôtel » (Pompée). Il ne se borne pas à s'assurer du progrès des élèves, mais s'occupe d'eux à leur sortie et s'ingénie à les placer.

La Rochefoucauld ayant repris et développé à Liancourt ses entreprises d'industrie cotonnière, Napoléon le décore du ruban de la Légion d'honneur comme manufacturier. En 1814, lors de la première Restauration, Louis XVIII ne lui rend pas sa charge héréditaire de grand maître de la Garde-Robe et le nomme, en compensation, à la Chambre des pairs. Il siège ensuite comme député élu à la Chambre des représentants constituée pendant les Cent-Jours.

Il est l'un des premiers à s'intéresser à l'introduction en France de la méthode de l'enseignement mutuel. Dans cette intention, il traduit l'ouvrage que Joseph Lancaster avait publié en 1810, et le fait imprimer sous le titre : Système anglais d'instruction, ou Recueil complet des améliorations et inventions mises en pratique aux écoles royales en Angleterre (1815). Pendant la période des Cent-Jours, Carnot le fait entrer au Conseil d'industrie et de bienfaisance, dont l'une des attributions devait être la diffusion de l'enseignement populaire par le moyen de la nouvelle méthode. Et quand, à la même époque, la Société pour l'instruction élémentaire se fonde, La Rochefoucauld-Liancourt est élu l'un des premiers pour faire partie du Conseil d'administration. Lui-même établit à Liancourt deux écoles mutuelles, l'une de garçons, l'autre de filles, tenue par des religieuses. Le 5 février 1817, il annonce à la Société pour l'instruction élémentaire qu'un anonyme l'avait chargé de proposer un prix de 1000 francs « pour l'ouvrage le plus propre à développer les facultés de la classe inférieure du peuple et à lui inspirer le goût de la vertu ». Ce bienfaiteur inconnu n'était autre que La Rochefoucauld-Liancourt lui-même. Il est deux fois président de la Société pour l'instruction élémentaire, en 1818-1819 et en 1821-1822, et devint ensuite président honoraire.

Le 15 novembre 1818, il fonde la Caisse d'épargne et de prévoyance de Paris, première Caisse d'Épargne de France.

Un opposant à la Restauration

En 1823, le gouvernement Villèle voulant réformer le Conseil général des prisons dont il était membre, ainsi que de plusieurs autres administrations de bienfaisance, La Rochefoucauld-Liancourt envoie sa démission en la motivant. Quelques jours après, le 15 juillet, le ministre de l'Intérieur Corbière en profite pour lui retirer toutes ses fonctions : inspecteur général du Conservatoire des arts et métiers, de membre du Conseil général des prisons, du Conseil général des manufactures, du Conseil d'agriculture, du Conseil général des hospices de Paris, et du Conseil général du département de l'Oise. La Rochefoucauld répond le lendemain : « Je ne sais comment les fonctions de président du Comité pour la propagation de la vaccine, que j'ai introduite en France en 1800, ont pu échapper à la bienveillance de Votre Excellence, à laquelle je me fais un devoir de les rappeler. »

Il est élu par l'Académie des sciences, et l'Académie de médecine le nomme membre de la Commission qui remplace le Comité de la vaccine.

Le 23 mars 1827, il sige à la Chambre des pairs, se sent mal et meurt quatre jours après. Le jour de ses funérailles, huit élèves de l'École des arts et métiers portent sur leurs épaules le cercueil de leur bienfaiteur. Sous prétexte que les règlements de police prescrivent le transport des corps sur des chars, la troupe frappe à coup de crosse les porteurs : le cercueil tomba dans la boue ; les insignes de la pairie souillés et foulés aux pieds. Charles X recevant la famille du duc se dit fâché de ce qui est arrivé mais l’attribue à « l’étourderie des jeunes gens ».

Le corps du duc de La Rochefoucauld est inhumé à Liancourt, où une statue est élevée au philanthrope et à l'éducateur.

Informations complémentaires

Publications

Citations

  • « L'ignorance mène à la dégradation. Elle l'achève en ne laissant subsister dans l'homme que ses penchants aux vices. Si celui-ci ne sait pas ce qu'est l'ordre, la morale, la justice, comment sera-t-il soumis à l'ordre public, juste envers ses semblables, capable de résister à la tentation d'un crime? Pour maintenir l'ordre, le gouvernement surveille et punit les infractions. L'instruction fait plus, elle les prévient. Entre l'homme auquel elle fait entendre ses principes et les fautes que celui-ci serait tenté de commettre, l'instruction morale interpose la conscience. » (Discours à la Société pour l'instruction élémentaire, 1819)

Sources

  • Fréderic-Gaétan comte de La Rochefoucauld, Vie du duc de La Rochefoucauld-Liancourt, Paris, Delaforest, 1827.
  • Sainte-Beuve, Portraits littéraires, tome III.

Liens externes


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