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Joseph Lancaster

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Joseph Lancaster
Entrepreneur en éducation

Dates 1778 - 1838
Tendance
Nationalité Royaume-Uni Royaume-Uni puis États-Unis États-Unis
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Citation
Interwikis sur Joseph Lancaster

Joseph Lancaster, né le 25 novembre 1778 à Londres et décédé le 23 octobre 1838 à New York, était un entrepreneur en éducation innovant.

La naissance des idées innovantes en éducation de Joseph Lancaster

À la fin du XVIIIe siècle, un enfant de confession religieuse quaker, Joseph Lancaster, naît en 1778 à Southwark, dans les bidonvilles au sud de Londres. Très tôt, il a ressenti douloureusement l'aiguillon de la discrimination religieuse. En effet, la foi de sa famille lui interdisait de fréquenter les écoles pour les pauvres gérées par l'Église d'Angleterre, selon le dictat du roi George III qui imposait le monopole de la religion anglicane. Alors son père, commerçant le jour fut son tuteur à la maison et dans sa boutique entre deux clients. Fort heureusement, ce souvenir discriminant, vécu durant son enfance, va provoquer un effet de résilience et le motiver plus tard pour enseigner aux enfants pauvres quelle que soit leur religion d'origine.

Son implication s'est renforcée avec sa posture entrepreneuriale comme l'ambition, l'audace, la confiance en soi, l'ingéniosité et une vision intuitive de la nature du développement de l'intelligence des enfants. C'est à l'adolescence, vers 15 à 16 ans, que son amertume et sa colère se sont exprimées. Il s'est juré de créer plus tard un système où les enfants comme lui pourraient recevoir une bonne éducation. Il lui était impossible de penser qu'un enfant pauvre soit privé de ses droits de progresser dans la société. À 18 ans, il instruisait déjà des gamins de Londres dans le grenier de son père. Il le faisait soit gratuitement, soit pour une somme modique. Le jeune professeur d'école fut bientôt submergé par l'inscription de centaines d'élèves. En 1798, il se décide à fonder une école primaire libre sur la Borough Road, à Southwark.

Joseph Lancaster : pionnier de la classe inversée et de la méthode "apprendre en enseignant"

Deux principes majeurs régnaient dans son école : la subdivision et le mouvement continu de classification. Les classes étaient divisées en niveaux de compétences et non pas tronçonnées en fonction de l'âge comme cela se fait aujourd'hui. Mais, afin d'éviter les rigidités, un enfant pouvait changer de niveau dès qu'il avait atteint un niveau de compétences, comme dans un jeu vidéo moderne par palier. Ce mouvement d'organisation de la classe était fluide et accentuait cette dynamique dans l'appétence des enfants pour atteindre de nouvelles compétences. L'émulation à l'apprentissage était poussé par l'amour-propre individuel dans sa volonté de se dépasser.

Avec le grand nombre d'élèves en demande et un financement limité, Joseph Lancaster dû concevoir une méthode radicale pour joindre les deux bouts. Il n'avait pas les moyens de payer des enseignants adultes. Alors Joseph Lancaster a transformé ce point négatif en avantage. Il a délégué aux élèves la responsabilité d'enseigner et de remplir les formalités de suivis administratifs et didactiques des élèves. Il est donc un pionnier de la classe inversée de grande échelle. Les meilleurs élèves enseignaient aux plus lents. Lorsque les plus lents étaient au niveau, ils devenaient à leur tour des moniteurs. Dix enfants se tenaient debout face au mur autour d'un demi-cercle. Grâce à une baguette servant de pointeur, l'élève moniteur faisait lire ses camarades sur l'affiche de la leçon collée contre le mur. Il y avait un moniteur d'enseignement pour 10 élèves. Le fait de ne pas être assis était délibéré car selon Joseph Lancaster, les enfants assis s'endorment et ne font pas attention. S'ils sont debout, ils sont plus alertes et apprennent donc plus vite. En fait, les élèves alternaient les périodes entre le moment où ils devaient écrire leurs leçons ou faire des exercices assis et le moment où ils devaient être debout pour une récitation et une mémorisation.

L'organisation de la classe selon les principes de l'économie de marché

Les nombreux postes de moniteurs mobilisaient de nombreux élèves et répandaient chez chaque élève le goût du prestige et des responsabilités. Il y avait une répartition du travail à l'intérieur de la classe avec une spécialisation des tâches. Un moniteur donnait des devoirs aux élèves. Un autre comptabilisait les absences. Lorsqu'un élève progressait, un moniteur était chargé de le promouvoir dans une classe supérieure. Un autre entrepreneur-moniteur se chargeait de fabriquer et de réparer les plumes d'écriture. Un autre était chargé d'écrire sur les ardoises. Il y avait également un moniteur général chargé d'assurer la coordination de tous les autres moniteurs. Cette forme d'interaction entre les moniteurs et les apprenants pairs préservaient de l'ennui et suscitaient du plaisir d'apprendre ensemble.

Le système d'éducation était régulée par une gouvernance de la division du travail et fournissait une équilibre automatique. Le rôle du professeur d'école était de superviser silencieusement, comme un capitaine d'un navire, le travail de ses matelots impliqués dans des phases pratiques. Même dans le cas de son absence temporaire, ses assistants moniteurs n'étaient pas perturbés par le bruit ou l'indiscipline car les affaires courantes des activités d'éducation continuaient comme d'habitude parce que l'ordre ne reposait pas sur un système d'autorité personnelle mais sur une coordination tacite entre les différents participants à l'apprentissage ce que l'on pourrait appelé un ordre spontané.

Joseph Lancaster fut aussi ingénieux en installant un système de marché au sein des classes[1]. En effet, les moniteurs décernaient des badges de mérite pour divers actes et réalisations positives des élèves. Ces badges avaient la forme de petits billets de banque en papier, un peu de la forme des timbres commerciaux. Ce système disposait de deux qualités majeures. Comme leur nom, l'indiquait, ces badges reflétaient la valeur individuelle de l'élève et une récompense pour son mérite. Mais ils avaient aussi une valeur considérable lorsqu'ils étaient économisés et échangés en masse sur le marché organisé par des moniteurs de la classe. Ils pouvaient alors être échangés contre des jouets, des livres pour enfants, des stylos en argent, des médailles et des insignes. Les badges étaient également utilisés pour emprunter des livres auprès du moniteur de la bibliothèque. Cette charge était conçue comme une concession dont le détenteur pouvait revendre aux enchères auprès des élèves avec leurs badges de mérite. Ils apprenaient, dans ce processus, une partie des mécanismes de la dynamique de l'épargne, de l'achat et de la vente sur le marché.

Au début du 18ème siècle, le papier et les livres coûtaient très chers. Par conséquent, une classe avec plusieurs centaines d'élèves étaient impossibles à équiper individuellement. Par conséquent, Joseph Lancaster a établi un système économique génial où l'ouvrage de référence était divisé par page. Chaque groupe apprenait une page du livre qui était affichée contre le mur en face du demi-cercle devant les enfants.

Un avenir prometteur de l'éducation basée sur le marché libre qui a rapidement avorté

Joseph Lancaster était assez optimiste sur son modèle d'éducation puisqu'il pensait qu'il pouvait accueillir jusqu'à 1 000 enfants par salle de classe. La plupart des élèves terminaient leur éducation en 12 mois comprenant les trois fondamentaux comme l'art de la lecture, de l'écriture et du calcul sans oublier les autres disciplines comme la géométrie, l'algèbre, la trigonométrie, la religion et les langues.

Le système Lancaster a atteint son apogée au début des années 1800[2]. Joseph Lancaster a écrit un ouvrage en 1803, "Améliorations de l'éducation" et s'est ensuite rendu aux États-Unis pour donner des conférences et promouvoir ses idées. L'apogée de la popularité de son système a eu lieu en 1808 avec la création de "La Société pour la promotion du système lancasterien pour l'éducation des pauvres". Son système innovant a permis des avancées considérables de l'éducation en permettant aux pauvres de briser les barrières socio-économiques traditionnelles grâce à l'acquisition de nouvelles compétences. Il fut diffusé dans le monde entier, pour éduquer des millions d'enfants, y compris aux États-Unis. En France, le Duc La Rochefoucauld-Liancourt est le premier à s'intéresser à ce système innovant d'enseignement mutuel. Il a traduit en français l'ouvrage que Joseph Lancaster avait publié en 1810, et le fait imprimer en 1815, sous le titre : "Système anglais d'instruction, ou Recueil complet des améliorations et inventions mises en pratique aux écoles royales en Angleterre". Il est suivi par un autre noble libéral, le Comte Alexandre de Laborde[3] qui comprend l'ingéniosité du système qui ne demande aucune contribution de la part des communes ni du gouvernement. Malheureusement, l'impact sur des entrepreneurs enseignants français resta faible.

Un certain nombre d'écoles utilisant son système ont été établies au Canada avant qu'il ne s'y installe en 1828. Il a ouvert une école à Montréal, mais ses tentatives pour obtenir des fonds ont échoué. Il est alors retourné aux États-Unis. Une autre école a existé pendant un certain temps à Nyon, en Suisse.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Ce système de marché a été repris par la pédagogie institutionnelle dans les écoles des Calandreta dans le sud de la France. Chaque fin de semaine, un marché d'échange est organisé ce qui contribue à la fois à valoriser le mérite des enfants et de leur donner des éléments concrets et pratiques d'une économie de marché à l'aide des outils de littératie financière vus en cours.
  2. Selon John Chodes, ses idées furent développées parallèlement par le Dr. Andrew Bell à Madras dont le système était appelé le "Madras System of Education". Ceci est confirmé par d'autres spécialistes en éducation comme James Leitch, (1876, "Practical educationists and their systems of teaching", Glasgow: J. Maclehose).
  3. * 1816, Alexandre de Laborde, "Plan d'éducation pour les enfants pauvres, d'après les deux méthodes combinées du Docteur Bell et de M. Lancaster", Paris: Chez L. Colas, Imprimeur-Libraire ; Londres: Berthoud et Wheatley

Publications

  • 1833, "Epitome of some of the chief events and transactions in the life of Joseph Lancaster", Baldwin & Peck, Carvill: New Haven, New York (contenant un compte rendu de la montée et des progrès du système d'éducation de Lancaster; et les perspectives d'utilité future de l'auteur pour l'humanité)

Littérature secondaire

  • 1825, Solyman Brown, "A comparative view of the systems of Pestalozzi and Lancaster, New-York: Gray and Bunce (Dans un discours prononcé devant la Society of Teachers de la ville de New-York, dans le hall de la Mechanic Institution, à l'occasion de leur anniversaire, en janvier 1825)
  • 1966, K. J. McGarry, "Joseph Lancaster, (1778-1838). A bibliographical account of his life and system of teaching", London: Library Association
  • 1973, Leonard W. Cowie, "Bell and Lancaster", London: Methuen Educational
  • 2004, Julieta Contreras Millán, "La educación lancasteriana en Guanajuato", H. Ayuntamiento Guanajuato, Dirección Municipal de Cultura Guanajuato

Liens vidéos


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