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Jules Grévy

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Jules Grévy
homme politique

Dates 1807-1891
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Nationalité France France
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Citation
Interwikis sur Jules Grévy

Jules Grévy, né et mort à Mont-sous-Vaudrez, Jura (15 août 18079 septembre 1891) est un homme politique français qui a été le troisième président de la Troisième République et le premier véritable républicain à exercer cette fonction.

Le républicain modéré

Un avocat réputé

Issu d’une famille de propriétaires terriens aux convictions républicaines, il fait de brillantes études au collège de l’Arc à Dôle, fait des études de droit à Paris et devient avocat. Sous la Monarchie de Juillet, il plaide dans des procès politiques, notamment en 1839.

L'adversaire de la présidence de la République

Après la révolution de février 1848, commissaire de la république dans le Jura, il se fait l’apôtre d’une république modérée et rassurante : « Je ne veux pas que la République fasse peur ». Lors de la campagne électorale, il demande « une République forte et libérale qui se fasse aimer par sa sagesse et sa modération, qui attire et pardonne tous les partis ». Il est élu député à l'Assemblée constituante en avril 1848, le mieux élu du Jura, et se marie le 29 août avec Coralie Fraisse, fille d’un tanneur de Narbonne.

Lors des débats, il propose un amendement contre l’élection d’un président de la République au suffrage universel direct, qui est repoussé. Il prononce à cette occasion des paroles qui devaient se révéler prophétiques : « Oubliez-vous que ce sont les élections de l'an X qui ont donné à Bonaparte la force de relever le trône et de s'y asseoir. Êtes-vous bien sûrs que dans cette série de personnages qui se succéderont tous les quatre ans au trône de la présidence, il n'y aura que de purs républicains empressés d'en descendre ? Êtes-vous sûrs qu'il ne se trouvera jamais un ambitieux tenté de s'y perpétuer ? Et si cet ambitieux est le rejeton d'une famille qui a régné sur la France, répondez-vous que cet ambitieux ne parviendra pas à renverser la République ? »

Le député de la Seconde République

Comme député, il avait voté contre l’expédition pour rétablir le pape à Rome, pour le bannissement de la famille d’Orléans, pour l’abolition de la peine de mort, contre l’impôt progressif, pour la suppression de l’impôt du sel et de l’impôt des boissons.

En 1849, il revient comme député, toujours le mieux élu du Jura, à l’Assemblée législative mise en place par la Seconde République, et en devient vice-président. Il combat les actes liberticides de la majorité : la suppression de plusieurs journaux, les poursuites contre des représentants, le projet de loi répressif contre la presse, etc. Il réclame de nouveau la suppression de l’impôt sur les boissons : « inique dans sa répartition, odieux dans son mode de perception, inhumain dans son principe, désastreux dans ses conséquences. » Il défend le suffrage universel comme un droit naturel et s’oppose à Thiers lors de la discussion sur la loi du 31 mai : « Toute atteinte portée au suffrage universel est un attentat contre la souveraineté du peuple. La Constitution a bien pu le reconnaître et le proclamer, elle ne l'a pas créé. Il existait avant elle comme un droit antérieur et supérieur aux lois positives, comme un droit imprescriptible, etc. »

L'adversaire de l'Empire

Lors du coup d’État du 2 décembre 1851, il est arrêté puis libéré et reste à l’écart de la vie politique jusqu’en 1868. Il est alors élu député du Jura siégeant dans l’opposition au Corps législatif. Le barreau de Paris décide alors d’en faire son bâtonnier. Il fait l’éloge de Berryer à l’occasion de ses funérailles. Il s’élève contre les candidatures officielles et le plébiscite. Il réclame l’élection des maires par les conseils municipaux. Il se prononce, comme Thiers et Gambetta, contre la déclaration de guerre en 1870.

Le président de l'Assemblée

Après la chute de l’Empire, il désapprouve l’insurrection du 4 septembre, souhaitant l’élection immédiate d’une assemblée, par souci de la légalité. Il est élu en février 1871 dans les Bouches-du-Rhône et le Jura et choisit ce dernier département où il était de nouveau le mieux élu. Il devient président de l’Assemblée nationale (février 1871 à avril 1873) où on apprécie son sang froid et son impartialité. Il abandonne volontairement la fonction. Il s’abstient lors du vote de la loi constitutionnelle de février 1875 mais vote pour l’amendement Wallon. Il est choisi comme président de la Chambre des députés en 1876 et la mort de Thiers en 1877 fait de lui le chef du parti républicain.

Le président de la République

La Constitution Grévy

Opposé au pouvoir présidentiel, il est néanmoins deux fois candidat à la présidence, en 1873 et en 1879 : il est élu par le Congrès, par 563 voix sur 713, le 30 janvier 1879. Il est résolu à affaiblir le plus possible la fonction pour écarter toute menace de dictature, hanté par le souvenir de Louis-Napoléon. Il annonce aussitôt qu’il renonce à plusieurs prérogatives : le droit de message à l’Assemblée et le droit de dissolution. Il s’engage ainsi à ne jamais entrer en lutte avec la Chambre : « soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n'entrerai jamais en lutte conte la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels ». Il instaure ainsi une pratique, la Constitution Grévy, qui marque l’effacement du président de la République jusqu’à la fin du régime en 1940. Il est réélu président en décembre 1885, les droites s’abstenant.

Le président des grandes lois républicaines

Néanmoins, ce juriste respectueux de la légalité est doué d’un tempérament autoritaire : son goût du pouvoir le pousse à exercer une influence profonde sur la politique étrangère du pays. Il dispose du choix des présidents du conseil : il préfère ainsi faire appel à des hommes de second plan (Waddington, Freycinet) ou des personnalités dont il est très proche comme Jules Ferry. Il est avant tout soucieux d’écarter du pouvoir le plus populaire des républicains, Gambetta. Sa présidence voit le vote des grandes lois républicaines : lois scolaires, lois contre les congrégations religieuses, liberté de presse et de réunion, loi municipale, reconnaissance des syndicats, suppression de l’inamovibilité des sénateurs. C’est le programme des républicains libéraux anticléricaux.

Le domaine réservé

Il marque avant tout la politique étrangère : pacifiste, il choisit avec soin les ambassadeurs pour faire connaître au monde les désirs de paix de la France. Ayant renoncé à l’espoir d’une revanche contre l’Allemagne, il est apprécié de Bismarck mais guère des revanchards. En 1881, sa fille se marie à l’Elysée avec le député Daniel Wilson, en présence de Jules Ferry, témoin du marié, et Gambetta.

La chute

En septembre 1887, le scandale des décorations va lui coûter sa présidence. Son gendre, Daniel Wilson, est convaincu de trafic d’influence, vendant des nominations dans l’ordre de la légion d’honneur. Grévy refuse de démissionner, mettant en avant son irresponsabilité. Le Parlement décide donc de s’ajourner jusqu’à ce qu’il s’exécute. Le 2 décembre, il envoie un message lu à la Chambre qui met fin à ses neuf années de présidence. Sa déclaration, où il fait l’apologie de sa présidence, est écoutée dans un silence glacial. « Au moment où l'opinion publique mieux éclairée accentuait son retour et me rendait l'espoir de former un gouvernement, le Sénat et la Chambre des députés viennent de voter une double résolution qui, sous la forme d'un ajournement à heure fixe pour attendre un message promis, équivaut à une mise en demeure au Président de la République de résigner son pouvoir. Mon devoir et mon droit seraient de résister, la sagesse et le patriotisme me commandent de céder… » Cette démission soumet encore davantage la fonction présidentielle au Parlement : jusqu’au bout, Grévy aura contribué à l’abaissement de la présidence.

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