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John Merrill

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John Merrill
Journaliste

Dates 1924-2012
Tendance Libéral classique
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur John Merrill

Citation
Interwikis sur John Merrill

John [Calhoun] Merrill est né en 1924 à Cleveland, dans le Mississippi, aux États-Unis . Il est décédé le 20 septembre 2012. Il est l'une des grandes figures de la recherche contemporaine sur le journalisme et sur la communication publique. Il avait la réputation d'être un homme à la pensée iconoclaste, anticonformiste et provocatrice. Il osait affronter les idées dominantes de l'époque, par exemple, sur la théorie du chien de garde qui donnerait soi-disant à la presse un rôle institutionnel de quatrième pouvoir pour surveiller le pouvoir politique. Il était aussi critique de la presse qui n'exerçait pas totalement son rôle pour informer complétement le public sur les actions du gouvernement[1].

Il se considérait comme un libertarien pur[2] (mais non complet) dans le sens où son journalisme était séparé des intérêts de l'État. Ses prises de position présentaient le grand mérite de reposer sur une argumentation bien documentée et solidement organisée ce qui donnait toujours de la force à son raisonnement.

Les activités académiques de John Merrill

Il fut durant longtemps professeur de journalisme à la Missouri School of Journalism de l'Université du Missouri en défendant les valeurs de la liberté de la presse. Au début de sa carrière, il a servi durant quatre ans dans la Marine pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il a obtenu ses diplômes universitaires (B.A.) du Delta State College, un Master (MA) du LSU (Louisiana State University) et un doctorat en communication de masse de l'Université de l'Iowa et un autre Master (M.A.) en philosophie de l'Université du Missouri en 1971.

Professionnellement, il était affilié au Northwestern State College à Natchitoches, en Louisiane et à la Texas A & M University. Entre 1964 et 1980, il fut professeur à l'Université du Missouri. En 1980, il est devenu professeur à l'Université du Maryland, qu'il quitta après un an pour devenir directeur de l'École de journalisme de la Louisiana State University. Trois ans plus tard, il a repris l'enseignement à la LSU, dont il a pris sa retraite en 1991. Il est allé à Columbia et a continué à enseigner à temps partiel à l'École de journalisme jusqu'en 2000 et à donner des conférences ou animer des ateliers partout dans le monde.

Les fondations philosophiques et éthiques du journalisme libertarien pur

En 1974, John Merrill écrit « Les impératifs de la liberté : une philosophie de l'autonomie journalistique ». Il traite dans ce livre de l'éthique journalistique en examinant la philosophie politique et sa relation avec le journalisme, les préoccupations épistémologiques, principalement l'objectivité journalistique et la recherche de la vérité. Cette base philosophique repose en grande partie sur les idées issues de l'âge de raison du journalisme.

Depuis la parution de la première version de son ouvrage, le journalisme a joué un rôle déterminant dans la vie quotidienne des citoyens. Il est devenu un cadre de référence de l'actualité. John Merrill avait prévu ce phénomène. Il montre qu'il y a aujourd'hui des journalistes sérieux et responsables mais aussi des personnes dans le même corps de métier qui sont moins sérieuses et moins responsables. Or, ces personnes disposent d'une aussi grande visibilité auprès du grand public voire plus que leurs ainés. La perte de crédibilité des médias de masse, nous dit John Merrill, préoccupe considérablement les journalistes sérieux car l'élaboration des politiques publiques est entravée par le journalisme sensationnel. Mais, celui-ci affaiblit aussi la fondation philosophique d'une société libre, d'une société engagée à maximiser la liberté de choix éclairé pour chacun des citoyens dans une période de massification de la population de plus en plus forte. Ce livre présente une philosophie du journalisme qui ne concerne pas seulement les activités quotidiennes d'un journaliste, mais traite également d'une large vision du monde pour le journalisme, une préoccupation qu'il diffuse également dans un autre ouvrage paru en 1983, "Journalisme mondial : une enquête sur les médias de masse dans le monde".

Dans son ouvrage "Le crépuscule de la liberté de la presse", John Merrill insinue que le journalisme institutionnalisé s'estompe peu à peu et prévient que le journalisme dont la ligne éditoriale est poussée par le peuple s'oriente vers une uniformisation de la pensée créant de l'ordre et de l'harmonie sociale. Par conséquent, l'auteur déplore que le journalisme s'éloigne de l'idée traditionnelle de la grande valeur de la liberté de la presse avec son ton d'agacement et de questionnement. Ce volume propose donc une critique historique, philosophique et pratique du journalisme public et civique, un mouvement qui a pris de l'ampleur au cours de la dernière décennie du XXe siècle. John Merrill établit un solide fondement pour le journalisme. Il examine ses racines philosophiques, remet en question sa méthodologie et il met en lumière son ancrage dans les constructions néolibérales. Il postule que les pratiques actuelles des salles de rédaction entrent en conflit avec les constructions traditionnelles de la théorie de la presse libertarienne (au sens américain de libérale classique).

Cette volonté d'un "Journalisme existentiel" (1977) est toujours prégnante chez John Merrill. Son texte est destiné à stimuler la réflexion dans les domaines de la liberté, de l'action et de la responsabilité. Il ramène le concept de liberté journalistique au niveau personnel et propose donc que chaque journaliste au sommet de l'Olympe de sa pensée pousse plus fort, plus haut, plus loin et constamment cette philosophie afin d'obtenir un maximum de liberté dans les média de masse.

Dans sa fondation d'une "dialectique" du journalisme, en 1989, "Le journalisme dialectique : vers un usage responsable de la liberté de la presse", John Merrill propose une présentation éclectique voire syncrétique d'un amalgame de doctrines philosophiques disparates. Il puise dans les idées de Platon, d'Aristote, de Hegel, de Kant, d'Héraclite, de Korzybski, de Nietzsche, de John Stuart Mill pour édifier une théorie éthique du journalisme.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. "Bien que le gouvernement soit coupable dans ce domaine, la presse l'est tout autant. Il est temps pour la presse de reconnaître qu'elle est autant obligée d'obtenir des informations gouvernementales pour le peuple et de les imprimer que le gouvernement doit se sentir obligé de les lui donner. Peut-être que si certaines critiques de la presse vis-à-vis du gouvernement reconnaissaient qu'elles se livrent aux mêmes pratiques qu'elles condamnent, elles changeraient leur façon de faire ou au moins réorganiseraient leur définition unilatérale et irréaliste du droit du peuple de savoir." John Merrill, 1967, "The press and the people's right to know", The Freeman, February, Vol 17, n°2, p111
  2. "Le libertarien pur ou radical reviendrait aux racines, à l'essence fondamentale du libertarianisme. Dans une société ouverte, chaque individu devrait être libre d'agir conformément à son propre autodétermination rationnelle si son action n'empêche pas un autre de faire la même chose. Une personne devrait faire ce qu'elle serait disposée à faire et ceci pour tous. Cela implique le rationalisme de la part de l'acteur libre ; et c'est ce rationalisme qui circonscrit la liberté individuelle dans la mesure où elle ne dégénère pas dans le nihilisme ou dans la licence sans principes." John Merrill, 1974, "The Imperative of Freedom: A Philosophy of Journalistic Autonomy", New York: Hastings House

Publications

  • 1975, avec R. D. Barney, dir., "Ethics and the Press", New York, Hastings House
  • 1977, "Existential Journalism", Hastings House Book Publishers
    • Nouvelle édition en 1995, Hastings House Book Publishers
  • 1978, "Beliefs, Values, and Reality: the U. S. and Its Media System", Revue française d'études américaines, n°6, (Mass Media et idéologie aux États-Unis), Octobre, pp125-137
  • 1979, avec Ralph L. Lowenstein, "Media, Messages, and-Men", London, Longman
  • 1983, "Global Journalism: A Survey of the World's Mass Media", Longman Publishing Group
  • 1989, "The Dialectic Journalism: Toward a Responsible Use of Press Freedom", Baton Rouge, Louisiana State University Press
  • 1990,
    • a. avec Edward Jay Friedlander, John Lee, "Modern Mass Media"
      • Nouvelle édition en 1994, New York, NY: Harper Collins College Pub.
    • b. avec Ralph L. Lowenstein, "Macromedia: Mission, Message, and Morality", New York, Longman
  • 2001, "Twilight of Press Freedom: The Rise of People's Journalism", Routledge
  • 2006, "Media, mission, and morality; a scholarly milestone essay in mass communication", Marquette Books

Littérature secondaire

  • 1992, Gilles Gauthier, commentaire des livres de John Merrill, "The Dialectic Journalism: Toward a Responsible Use of Press Freedom" et de celui de John Merrill accompagné de Ralph L. Lowenstein, "Macromedia: Mission, Message, and Morality", Communication. Information Médias Théories, Vol 13, n°1, pp241-245