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Intolérance

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Intolérance
Définition de Intolérance : Tendance à condamner ou à ne pas supporter ce qui déplaît dans les opinions ou la conduite d'un autre.
Karl Popper, penseur du paradoxe de l'intolérance

Penseurs Karl Popper, John Rawls, Benjamin Constant, etc.
Courants Philosophie, libéralisme
Exemples
Étymologie
Synonymes Fanatisme, intransigeance, sectarisme
Antonymes Tolérance

Citation
Articles internes Autres articles sur Intolérance

Lintolérance désigne une tendance à condamner ou à ne pas supporter ce qui déplaît dans les opinions ou la conduite d'un autre. Intolérance religieuse, politique. C'est l'antonyme de la tolérance.

Le paradoxe de la tolérance : tolérer l'intolérance ?

Karl Popper définit ce paradoxe en 1945 dans La Société ouverte et ses ennemis :

« Une tolérance illimitée conduit forcément à la disparition de la tolérance. Si nous étendons une tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas prêts à défendre une société tolérante contre l'assaut des intolérants, alors les tolérants seront détruits, et la tolérance avec eux. »

Il en conclut que nous sommes justifiés à ne pas tolérer l'intolérance : « Nous devons donc revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer les intolérants. »

John Rawls conclut dans sa Theory of Justice qu'une société juste doit tolérer les intolérants, car autrement la société serait elle-même intolérante et donc injuste. Cependant, Rawls insiste aussi, comme Popper, sur le fait que la société a un droit raisonnable d'auto-conservation qui remplace le principe de tolérance :

« Si une faction intolérante n'a pas elle-même le droit de se plaindre d'intolérance, sa liberté ne doit être limitée que lorsque les tolérants croient sincèrement et raisonnablement que leur propre sécurité et celle des institutions de la liberté sont en danger. »

L'intolérance contemporaine

Alors que la tolérance semblerait avoir gagné en France aujourd'hui, de nombreux chercheurs constatent que l'intolérance aujourd'hui se cache bien souvent derrière les habits d'une tolérance de façade, en particulier dans des camps que l'on pourrait supposer plus tolérants. Ainsi de la gauche française qui a fait de la lutte contre l’intolérance un de ses chevaux de bataille : à croire la sociologue réputée (et de gauche) Anne Muxel, elle se révèle largement moins tolérante que la droite. Ce sont les conclusions d'une étude sociologique menée par la sociologue pour connaître comment les gens de droite et de gauche réagissaient face à des proches ne partageant pas leurs idées.

Le constat a été sans appel : les personnes se disant de droite se montrent beaucoup plus tolérantes que celles se déclarant de gauche. Selon Anne Muxel dans son ouvrage Toi, moi et la politique, amour et conviction, ce qui explique cette plus grande tolérance de la droite, c’est sa culture de la liberté (et donc l’influence libérale). Interrogée sur France Inter, la sociologue déclarait[1]:

« Ça a été une surprise pour moi dans la mesure où les valeurs de tolérance, de respect de la différence, du respect de l’autre font partie d’une culture en tout cas revendiquée par la gauche. [Pourtant] il y a une plus grande difficulté pour les personnes qui se classent à gauche d’accepter la divergence politique dans la sphère privée […] La culture de la droite suppose la liberté, la liberté de l’autre de penser, de vivre et d’être comme il veut. Cela suppose une plus grande ouverture. »

De manière plus récente, le mouvement du wokisme alerte également sur les dérives de l'intolérance masquée derrière les faux habits de la tolérance : « cancel culture » qui revient à effacer ce qui nous déplaît dans une logique de pure intolérance, « Gauche régressive » qui défend toute minorité, supposée opprimée, même quand elle est fondamentalement intolérante et à l'opposé des valeurs des démocraties libérales, etc. Comme l'exprime ainsi l'américain Alexander von Sternberg dans le journal Quillette, « la logique torturée des activistes LGBT décolonialistes les a transformés en idiots utiles au service d'islamistes d'extrême droite vicieusement homophobes »[2].

Nassim Nicholas Taleb parle du « règne de la minorité » : une minorité intransigeante et intolérante est capable d'imposer sa loi à une majorité indifférente. Cela explique certains phénomènes d'exclusion ou d'intolérance selon l'auteur, qui développe cela dans Skin in the game[3]. Pour des raisons de coût, il est également rationnel pour une entreprise de se plier aux règles d'une minorité intolérante, dans la mesure où la majorité n'en est pas trop affectée (exemple de la nourriture halal ou casher, ou des aliments non OGM). La conséquence est qu'il est erroné de déduire les préférences collectives à partir des préférences individuelles. En matière de religion, il faut pour Taleb éviter une « tolérance illimitée », car « à la fin, c’est la minorité intolérante qui gagne toujours. » On peut penser à la victoire d'un christianisme intransigeant sur le paganisme tolérant, puis d'un islam tiré par les franges les plus fanatiques de sa communauté, etc. Il y a une asymétrie entre le respect des règles, des lois, d'une morale, et leur non-respect : le fanatique les respecte toujours, alors que l'indifférent ne les enfreint pas toujours. La minorité intransigeante peut alors aisément imposer ses propres normes.

Il serait absurde d'en conclure que, nécessairement, quand on est de gauche, on est tolérant, et quand on est d'extrême droite on est intolérant. Mais la réalité est assurément bien plus nuancée que les lieux communs du politiquement correct habituel.

Citations

  • « Le libéral se doit d'être tolérant avec les hommes et intolérant avec les idées, en ce sens qu'on ne peut pas admettre qu'une idée et son contraire soient également et simultanément vrais, mais les hommes sont tous également dignes de respect. En France, c'est le contraire qui prévaut sur la scène politique : on est intolérant avec les hommes et tolérant avec les idées. » (Pascal Salin)
  • « Le libéralisme proclame la tolérance pour toute croyance et toute conception philosophique, non par indifférence à l'égard de ces choses que se trouvent sur un plan "plus élevé" mais parce qu'il est persuadé que l'assurance de la paix à l'intérieur de la société doit primer toute autre chose. Et c'est parce qu'il exige la tolérance pour toutes les opinions, toutes les Églises et toutes les sectes qu'il doit les ramener toutes dans leurs limites lorsqu'elles se montrent intolérantes. » (Ludwig von Mises[4])
  • « L'intolérance, en plaçant la force du côté de la foi, a placé le courage du côté du doute. » (Benjamin Constant)

Informations complémentaires

Notes et références

Lien externe


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