Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Francisco Marroquin

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

Un homme nommé Francisco Marroquín, né en l'an 1499 dans la province de Santander, au nord de l'Espagne, grandit dans une famille noble et financièrement aisée. Il décédera le 18 avril 1563. Après avoir poursuivi une carrière ecclésiastique et ordonné prêtre, Francisco Marroquín a étudié à l'Université de Huesca, où il a obtenu un diplôme en théologie et en philosophie. Quelques années plus tard, il est nommé professeur à l'Université d'Osma, où il rencontre García de Loaísa, évêque de cette ville, confesseur et conseiller privé de l'empereur Carlos V et président du Conseil des Indes d'Amérique. Francisco Marroquín attire bientôt l'attention de l'évêque, qui l'appelle à faire partie de son groupe de conseillers et prédicateurs, parmi lesquels se trouve également le franciscain Juan de Zumárraga, un homme avec lequel Francisco Marroquín va bientôt nouer une étroite amitié.

A seulement 27 ans, le jeune homme est dans une position exceptionnelle pour influencer les événements de son temps. Francisco Marroquín se rend durant ces années à Burgos, à Tolède, à Madrid et à Aranjuez, accompagnant Loaísa et Zumárraga dans ses visites à l'empereur Carlos V, et il sera même présent dans les capitulations ou négociations avec deux conquérants célèbres, Hernán Cortés et Pedro de Alvarado.

Tout semble indiquer que l'avenir du jeune homme aura pour scénario les verdicts de la Cour. Mais ses valeurs et sa vocation vont dans une autre direction. Marroquín, comme Zumárraga et bien d'autres humanistes de son temps, appartient à un mouvement de renouveau qui se forge dans les universités espagnoles, où une idée nouvelle est apparue qui consiste à remettre en question le droit des conquérants à faire la guerre contre les Indiens d'Amérique du sud, ainsi que celle de soumettre ou d'asservir les peuples conquis. Tous les hommes, disent les adeptes de ce courant, sont égaux devant Dieu et devant la loi, et aucune société ne peut être apaisée si elle n'est pas basée sur le libre exercice de la volonté humaine.

Les humanistes de Salamanque, de Valladolid et d'Alcalá de Henares ont créé un problème de conscience pour l'empereur Carlos V. L'injustice règne aux Indes d'Amérique, disent-ils. Et ils réclament pour les indigènes liberté, égalité et fraternité, des siècles avant les révolutionnaires français ne le fassent pour leur propre peuple. Mais contrairement à l'humanisme européen, qui se développe sous forme de réflexions abstraites, l'humanisme espagnol est mis en pratique dans une terre pleine d'épines et de sang, le Nouveau Monde, et chez un homme humilié et offensé, l'Indien d'Amérique. Le but ultime de ces humanistes et théologiens est d'apporter à cet homme concret la foi chrétienne, le droit, la justice et ce qui était alors connu en Espagne par "le Droit du peuple", un principe juridique hérité du droit romain, par lequel Il est reconnu à tous les hommes des prérogatives et des attributs d'égalité.

Ces idées, acquises au cours de sa période universitaire, marqueront la vie et l'œuvre de Francisco Marroquín. Cependant, chaque mouvement intellectuel avance généralement avant l’histoire et, à partir de l’affrontement entre l’un et l’autre, surgissent souvent des situations qui, à leur tour, engendrent des réalités pas toujours conformes à l’idéal avec lequel elles ont été conçues. Le drame que ce jeune homme va vivre très bientôt sera de mettre en pratique quelques idées humanistes et humanitaires dans un monde où les faits se heurtent au droit, où la liberté fait front à l'esclavage, où l'égalité se confronte à l'injustice et où la fraternité est rejetée.