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Existentialisme

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L'existentialisme est un courant philosophique du XXe siècle qui met l'individu existant au centre de ses réflexions. Ses précurseurs au XIXe siècle furent Max Stirner, Arthur Schopenhauer, Friedrich Nietzsche, Søren Kierkegaard. On peut mentionner aussi Blaise Pascal et son analyse pessimiste de la condition humaine dans les Pensées.

Une idée centrale de l'existentialisme est que "la substance de l'homme n’est pas son esprit, mais l'existence" (Heidegger) ou que "l'existence précède l'essence" (Sartre) : l'être humain est d'abord un être conscient, pensant et agissant, qui ne peut être mis dans des catégories prédéfinies. L'être humain crée ses propres valeurs et se définit par ses choix conscients : c'est donc une forme de subjectivisme humaniste et de refus de tout déterminisme (bien que Schopenhauer et Nietzsche refusent le concept de libre arbitre et le voient comme une illusion).

L'ontologie existentialiste se résume à l’étude de l’existence des êtres concrets singuliers ou « étants », et non à une spéculation abstraite. Du fait qu'il n'y a pas de "nature humaine", la conscience peut instaurer une distance avec elle-même, un vide entre soi et soi (le "néant" chez Sartre, un "écart" chez Merleau-Ponty), qui permet d'exercer sa liberté, par opposition au reste du monde, qui est "plein d'être". La "mauvaise foi" consiste à nier sa liberté en s'inventant un déterminisme. L'homme n'est pas essentiellement déterminé, mais il est toujours "en situation", selon la biologie, l'histoire, les conditions sociales (situations, et non déterminations).

Il en résulte pour l'individu une responsabilité absolue devant ses propres actions (Sartre, critique de la psychanalyse), une angoisse devant sa propre liberté (Kierkegaard), une conscience de l'Absurde de l'existence touchant au nihilisme : le monde est dépourvu de sens (au-delà du sens que chacun peut donner à sa vie) et est radicalement contingent (étonnement philosophique chez Schopenhauer, nausée chez Sartre, angoisse et mystère de l’Être chez Heidegger).

A l'éthique du choix personnel et de la responsabilité, les existentialistes chrétiens ajoutent la mise en lien personnelle avec Dieu, à travers la foi vécue comme paradoxe (Kierkegaard), le désespoir existentiel (Karl Barth), l'expérience de l'« Englobant » et de la transcendance (Karl Jaspers), et la liberté comme signe de la dignité de l'homme (Nicolas Berdiaev).

Bibliographie et articles

  • 2015, William Irwin, "The Free Market Existentialist: Capitalism without Consumerism", Oxford: Wiley Blackwell

Citations

  • Je n'ai besoin ni de justification ni de sanction pour être ce que je suis. Je suis ma propre justification et ma propre sanction. (Ayn Rand)
  • L'angoisse est le vertige de la liberté. (Søren Kierkegaard)
  • C’est en se jetant dans le monde, en y souffrant, en y luttant, qu’il [l'homme] se définit peu à peu, et la définition demeure toujours ouverte. (Sartre, L’existentialisme est un humanisme, 1946)
  • Une issue, ça s'invente. Et chacun, en inventant sa propre issue, s'invente soi-même. L'homme est à inventer chaque jour. (Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?, 1948)
  • Sartre, par contre, formule ainsi le principe de l’existentialisme : l’existence précède l’essence. Il prend ici existentia et essentia au sens de la métaphysique qui dit depuis Platon que l’essentia précède l’existentia. Sartre renverse cette proposition. Mais le renversement d’une proposition métaphysique reste une proposition métaphysique. En tant que telle, cette proposition persiste avec la métaphysique dans l’oubli de la vérité de l’Être. (Heidegger, Lettre sur l'humanisme, 1946)
  • Celui qui veut être vrai doit risquer de se tromper. (Karl Jaspers)
  • L'homme n'est rien d'autre que la série de ses actes. (Hegel)
  • La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais on ne la vit qu’en avant. (Søren Kierkegaard)
  • L'homme dépend, dans une très large mesure, de l'idée qu'il se fait de lui-même. (Gabriel Marcel, Les Hommes contre l'humain)
  • La liberté n'est pas un droit, c'est un devoir. (Nicolas Berdiaev)
  • Nous sommes confrontés à l’absurdité de l’existence, mais cette évidence nous interpelle, parce qu’il y a quelque chose d’incompréhensible dans le fait même que tout en faisant partie du monde, nous soyons en mesure de le trouver absurde. La matière inerte, le monde végétal ou animal trouvent-ils également le monde absurde ? Nous n’en savons rien, mais l’angoisse que nous éprouvons à l’idée même de l’existence est indissociable de notre humanité. (Daniel Horowitz, Leibowitz ou l’absence de Dieu, 2019)

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