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Entrepreneuriat naissant

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L'entrepreneur naissant se différencie de l'entrepreneur bourgeonnant (budding entrepreneur). Pour ce dernier, l'idée d'entreprise est encore en sommeil ou en léger éveil. Il s'agit par exemple de l'étudiant qui se pose la question s'il décide d'entreprendre maintenant ou plus tard[1]. L'entrepreneur naissant, par contre, a déjà effectué les démarches nécessaires à la création de son entreprise.

Les différentes phases de l'entrepreneuriat naissant

Le concept d'entrepreneuriat naissant fait référence à la création d'une nouvelle entreprise vue sous le plan d'un processus. Pour les théoriciens évolutionnaires, ce processus est analogue à la création biologique. Généralement, on distingue quatre étapes (la conception, la gestation[2], l'enfance et l'adolescence), avec trois transitions.

La première transition commence lorsque une ou plusieurs personnes commencent à consacrer du temps et à rassembler des ressources pour la création d'une nouvelle entreprise. Si la nouvelle entreprise s'effectue dans un démarrage indépendant, on parle d'entrepreneurs naissants. Si l'entrepreneuriat se produit dans le contexte d'une organisation déjà existante, ces personnes sont considérées comme des intrapreneurs naissants. Les autres personnes ayant une expérience récente de démarrage entrepreneurial constituent l'une des sources de capital social les plus pertinentes pour les entrepreneurs en phase initiale de création d'entreprise[3]. Ces relations sociales peuvent non seulement accroître directement la capacité de reconnaissance des opportunités, en favorisant l'accès à de nouvelles ressources rares, mais ce capital social, également, permet l'accès aux réseaux sociaux d'entrepreneurs déjà établis.

La deuxième transition se produit lorsque le processus de gestation est terminé et lorsque la nouvelle entreprise commence soit une activité d'exploitation, soit lorsque les entrepreneurs naissants abandonnent leurs efforts et que le projet est mort-né.

La troisième transition est représentée par le passage de l'enfance à l'adolescence. Si le changement est réussi, la nouvelle entreprise se transforme en nouvelle entreprise établie.

Généralement, l'entrepreneuriat naissant concerne les deux premières transitions lorsque un ou plusieurs entrepreneurs ont déjà activé une tentative de démarrage pour leur nouvelle entreprise, sans dépasser une période de 12 mois et dont le démarrage n'a toujours pas de flux de trésorerie mensuels positifs pour couvrir les dépenses et les salaires du gestionnaire pendant plus de trois mois.

La nouvelle entreprise peut survivre[4], prospérer et croître, ou elle peut survivre en tant que petite entreprise sans avoir le moindre désir de croissance, ou elle peut faire faillite. Les fortunes subséquentes de la nouvelle entreprise dépendent donc des forces concurrentielles qu'elle subit après son entrée sur le marché, de la capacité de l'entrepreneur ou du manager à faire face à ces forces concurrentielles et aux caprices potentiels de la demande des clients, ainsi que ses préférences pour une croissance ou une non-croissance de son entreprise (peut-être le choix d'un certain "mode de vie" entrepreneurial).

Découvertes empiriques sur l'entrepreneuriat naissant

Cette approche est souvent soutenue par des scientifiques positivistes qui s'appuient sur une méthodologie qui leur permet d'identifier les entrepreneurs naissants de façon empirique. C'est pourquoi, ils refusent de considérer un entrepreneur naissant la personne qui n'entre pas dans leur cadre de sélection puisque cela mettrait à mal leur modèles de tests statistiques. Par exemple, une personne qui veut se lancer dans l'entrepreneuriat mais qui n'a pas fait les démarches pour ceci n'est pas acceptée dans leurs calculs économétriques.

Selon les calculs du GEM (Global Entrepreneurship Monitor), il y avait en 2003, 14,689 millions d'entrepreneurs naissants aux USA, 1,843 million en Allemagne et 1,271 million au Royaume-Uni. Dans ces statistiques, on observe que la France n'est pas un pays pour les entrepreneurs naissants relativement aux autres pays. En effet, alors qu'au Venezuela, en 2003, un adulte sur cinq était un entrepreneur naissant, la proportion était de 1/12 aux USA, 1/29 en Allemagne et au Royaume-Uni mais seulement de 1/111 en France. Ceci revient à dire qu'au Vénézuela, il y a fort à parier que durant la journée vous auriez salué au moins un entrepreneur naissant; alors qu'en France vous ne pouvez pas les rencontrer facilement, sauf par hasard, car ils sont bien isolés. Ceci transparait dans la transmission de la culture de l'esprit d'entreprise. Au Venezuela, un entrepreneur naissant va plus facilement rencontrer des personnes dans son entourage qui ont déjà vécu son type d'expérience alors qu'en France, un entrepreneur est marginalisé dans la culture nationale de l'esprit d'entreprise.

Les recherches empiriques ont permis de constater également que l'expérience[5] de travail dans une entreprise à la fois jeune et petite est statistiquement significative et économiquement importante pour la décision d'un individu pour devenir un entrepreneur naissant. Le taux de présence de start-up dans une région tend à être positivement lié à la part des employés travaillant dans les petites entreprises ou à la proportion de petites entreprises parmi toutes les entreprises de la même région. Une explication théorique de cette régularité empirique soutient que travailler dans une petite entreprise tend à fournir aux employés une expérience beaucoup plus pertinente pour le démarrage d'une nouvelle entreprise (par exemple, les contacts avec les clients et avec le propriétaire de l'entreprise, lequel fournit un modèle à suivre) que de travailler dans une grande entreprise. Grâce aux contacts étroits avec un entrepreneur, les employés d'une jeune entreprise ont la possibilité de recueillir des informations sur la transition de l'emploi rémunéré vers un travail indépendant avec tous ses problèmes et ses solutions possibles. En outre, certaines thèses viennent à avancer, sans preuve formelle, que la qualité de l'emploi tend à être plus faible dans les petites entreprises notamment pour ce qui concernent les salaires[6], les avantages sociaux, la sécurité de l'emploi, la participation dans l'entreprise ou pour les possibilités d'amélioration de ses compétences.

Le marketing entrepreneurial de l'entrepreneur naissant

L'entrepreneur naissant peut espérer ou non être le pionnier sur un marché. Il / elle peut considérer que la fenêtre de l'opportunité se fermera bientôt, et qu'attendre pour obtenir une demande du marché et des estimations de coûts plus fiables signifie que l'opportunité de profit sera perdue ou diminuée. Entrer en tant que suiveur précoce peut être aussi assez rentable, bien sûr, mais sur les marchés où les premiers entrants « bloquent » les ressources stratégiques, les entrées tardives se transformeront dans des flux de bénéfices inférieurs et pourront même être associés à des pertes et quelquefois entraîneront la faillite.

Le principal défi auquel est confronté l'entrepreneur naissant est de faire concurrence à des entreprises plus grandes, mieux connues et plus ingénieuses. Comment une start-up avec un petit personnel, un budget limité et une base de clientèle minime peut-elle rivaliser avec les géants de leur industrie ? Par leur nature même, les entreprises en démarrage peuvent être plus souples et adoptés un marketing moins orthodoxes que leurs principaux concurrents.

Étant donné que le marketing est un outil disponible pour toute entreprise qui souhaite investir dans celui-ci, il est l'un des meilleurs moyens pour les sociétés émergentes de définir leur image dans l'esprit des consommateurs. En effet, le marketing est un domaine où les entrepreneurs peuvent réellement définir une identité unique pour eux-mêmes. Le marketing entrepreneurial est moins axé sur une stratégie de marketing unique et plus sur un esprit de marketing qui se différencie des pratiques traditionnelles du marketing. Les principes fondamentaux du marketing sont généralement conçus pour des grandes entreprises et bien établies et non pour les start-ups. Le marketing entrepreneurial utilise une trousse à outils de nouvelles pratiques de marketing peu orthodoxe afin d'aider les entreprises émergentes à s'imposer sur des marchés encombrés.

Sur le plan macroéconomique, l'entreprise naissante est équivalente à la jeune entreprise. Les économistes qui se sont intéressés au développement de la jeune entreprise, estiment pour certains, que l'ensemble des jeunes entreprises créent plus d'emplois que les entreprises matures[7].

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Jean-Pierre Boissin, , Laëtitia Gabay-Mariani, 2019, "Entreprendre maintenant ou plus tard ?. Profils d’engagement des étudiants-entrepreneurs issus du PÉPITE", Entreprendre & innover, Vol 42-43, n°3, pp119-131
  2. P. Reynolds, B. Miller, 1992, "New firm gestation: conception, birth and implications for research", Journal of Business Venturing, Vol 7, n°1, pp1-14
  3. Bibliographie sur la création d'entreprise
    • 1991, K. G. Shaver, L. R. Scott, "Person, process, choice: the psychology of new venture creation”, Entrepreneurship Theory & Practice, Vol 16, n° 2, pp23-45
    • 1994, B. Saporta, "La création d'entreprise: enjeux et perspectives", Revue Française de Gestion, n°101, pp74-86
    • 2006, R. Cuzin, A. Fayolle, "Quel appui à la création d’entreprises ?", L’Expansion Management Review, mars, pp92-97
    • 2018, Fokko J. Eller, Michael M. Gielnik, "Perspectives on New Venture Creation", In: Robert Blackburn, Dirk De Clercq, Jarna Heinonen, dir., "The SAGE Handbook of Small Business and Entrepreneurship", SAGE
  4. * 1992, J. Bruderl, P. Preisendorfer, R. Ziegler, "Survival chances of newly founded business organizations", American Sociological Review, 57(2), pp227–242
  5. B. Bird, 1993, "Demographic Approaches to Entrepreneurship: the Role of Experience and Background", Advances in Entrepreneurship, Firm Emergence, and Growth, Vol 1, pp11-48
  6. U. Brixy, S. Kohaut, C. Schnabel, 2007, "Do newly founded firms pay lower wages? First evidence from Germany", Small Business Economics, Vol 29, pp161–171
  7. L'étude suivante démontre que les jeunes entreprises contribuent plus que les firmes matures à la création d'emplois.
    • M. Ayyagari, A. Demirguc-Kunt, M. Vojislav, 2011, “Small vs. Young Firms across the World: Contribution to Employment, Job Creation, and Growth", Policy Research Working Paper n°5631, World Bank, Washington, DC.

Bibliographie

  • 1998, G. A. Alsos, E. Ljunggren, "Does the Business Start-Up Process Differ by Gender? A Longitudinal Study of Nascent Entrepreneurs", In: P. Reynolds, W. D. Bygrave, N. M. Carter, S. Manigart, C. M. Mason, G. D. Meyer, K. G. Shaver, dir., "Frontiers of Entrepreneurship Research", Babson College Center for Entrepreneurial Studies, Wellesley, MA, pp137-151
  • 2000, Per Davidsson, F. Delmar, "Where do they come from? Prevalence and characteristics of nascent entrepreneurs", Entrepreneurship & regional development, Vol 12, n°1, pp1-23
  • 2003,
    • Nancy M. Carter, William B. Gartner, K. G. Shaver, E. J. Gatewood, "The career reasons of nascent entrepreneurs", Journal of Business Venturing, 18(1), pp13–39
    • Per Davidsson, B. Honig, "The role of social and human capital amoung nascent entrepreneurs", Journal of business venturing, 18 (3), pp301-331
  • 2004, Nancy M. Carter, William B. Gartner, P. G. Greene, P. D. Reynolds, "The prevalence of nascent entrepreneurs in the United States: Evidence from the panel study of entrepreneurial dynamics", Small Business Economics, 23(4), pp263-284
  • 2005,
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    • P. Reynolds, A. van Stel, Roy Thurik, S. Wennekers, "Nascent entrepreneurship and the level of economic development", Small Business Economics, 24(3), pp293–309
  • 2006,
    • Noel J. Lindsay, Wendy A. Lindsay, Anton Jordaan, Kevin Hindle, "Opportunity recognition attitudes of nascent indigenous entrepreneurs", International Journal of Entrepreneurship and Small Business, Vol 3, n°1, pp56-75
    • J. Wagner, "Are nascent entrepreneurs ‘Jacks-of-all-trades’? A test of Lazear's theory of entrepreneurship with German data”, Applied Economics, Vol 38, n°20, pp2415-2419
  • 2007,
    • P. Arenius, Maria Minniti, "Perceptual Variables and Nascent Entrepreneurship", Small Business Economics
    • Maria Minniti, C. Nardone, "Being in someone else’s shoes: the role of gender in nascent entrepreneurship", Small Bus. Econ., Vol 28, pp223–238
    • Joachim Wagner, "Nascent Entrepreneurs", In: S. Parker, dir., "The life cycle of entrepreneurial ventures", Springer, pp15-37
    • Joachim Wagner, "What a Difference a Y makes – Female and Male Nascent Entrepreneurs in Germany", Small Business Economics, 28(1), pp1–21
  • 2009, M. Caliendo, F. M. Fossen, A. S. Kritikos, "Risk Attitudes of Nascent Entrepreneurs: New Evidence from an Experimentally-Validated Survey", Small Business Economics, Vol 32, n°2, pp153-167
  • 2010,
    • Dimo Dimov, "Nascent entrepreneurs and venture emergence: Opportunity confidence, human capital, and early planning", Journal of Management Studies, Vol 47, n°6, pp1123–1153
    • Sjoerd Beugelsdijk, Kashifa Suddle, Sander Wennekers, "Entrepreneurial Culture and its Effect on the Rate of Nascent Entrepreneurship", In: Andreas Freytag, Roy Thurik, dir., "Entrepreneurship and Culture", Springer-Verlag Berlin Heidelberg Dordrecht London New York, pp227-244
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    • C. Hopp, U. Stephan, "The influence of socio-cultural environments on the performance of nascent entrepreneurs: Community culture, motivation, self-efficacy and start-up success", Entrepreneurship & Regional Development, vol 24, n°9-10, pp917-945
    • J. E. Yusuf, "A Tale of Two Exits: Nascent Entrepreneur Learning Activities and Disengagement from Start-Up", Small Business Economics, Vol 39, n°3, pp783-799
  • 2013, M. Renko, "Early Challenges of Nascent Social Entrepreneurs", Entrepreneurship Theory and Practice, Vol 37, n°5, pp1045-1069
  • 2015, M. Chandra Bayon, Y. Vaillant, E. Lafuente, "Initiating nascent entrepreneurial activities: The relative role of perceived and actual entrepreneurial ability", International Journal of Entrepreneurial Behavior & Research, Vol 21, n°1, pp27-49
  • 2018, Thommie Burström, Jussi Harri, Timothy. L. Wilson, "Nascent Entrepreneurs Managing in Networks: Equivocality, Multiplexity and Tie Formation", Journal of Enterprising Culture, Vol 26, n°1, March, pp51–83
  • 2020, I. C. Chadwick, J. L. Raver, "Psychological Resilience and its Downstream Effects for Business Survival in Nascent Entrepreneurship", Entrepreneurship: Theory and Practice, Vol 44, pp233–255


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