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Développement durable
Le développement durable ou développement soutenable, en anglais sustainable development, est un concept et programme politique, présenté pour la première fois à Londres en avril 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations unies dans un rapport intitulé « Our Common Future » (Notre avenir à tous) dit aussi Rapport Brundtland.
Définition
Dans l'introduction du rapport Brundtland, la définition donnée au développement durable est la suivante :
- « Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
Dans le même rapport nous pouvons lire aussi :
- « La misère est un mal en soi, le développement durable signifie la satisfaction des besoins élémentaires de tous et, pour chacun, la possibilité d’aspirer à une vie meilleure. »
- « Les nantis doivent adopter un mode de vie qui respecte les limites écologiques de la planète. Cela vaut pour la consommation d’énergie, par exemple. »
Des ces courts extraits nous pouvons dégager plusieurs notions, celle de satisfaction des besoins élémentaires par exemple, celle autre de limites écologiques de la planète ou de capacité de l'environnement.
Devenu une référence des politiques de gouvernance environnementale, le développement durable vise à atteindre certains objectifs et encourage certaines valeurs (responsabilité, participation et partage, débat, partenariat, innovation, pérennité, réversibilité, précaution et prévention et solidarité ; sociale, géographique et transgénérationnelle) tout en affirmant une approche double et conjointe :
- Dans l'espace : si le but est de satisfaire les besoins essentiels de tous, il faut assurer une égalité d’accès aux ressources naturelles.
- Dans le temps : la satisfaction de nos besoins d'aujourd'hui ne doivent pas mettre en péril les besoins des générations futures.
Toutefois, pour certains auteurs ou personnalités, comme par exemple John Baden, le terme développement durable est sans contenu concret, un oxymore contradictoire et imprécis. D'autres dénoncent une approche purement économiciste où il s'agit plutôt de continuer à perpétuer un modèle de développement devenu caduque tout en s'appuyant sur les préoccupations de préservation de l'environnement. Pour d'autres encore, le terme combine à la fois l'idée de changement et l'idée de constance ou durabilité. Certains préfèrent le qualificatif de « soutenable » à celui de « durable », affirmant qu'il s'agit d'une rupture, d'un nouveau paradigme, écartant l'idée d'une continuité du modèle de développement jusque là entretenu.
Devenu un mot fétiche dans les milieux politique, institutionnel et même éducatif, il est conceptuellement inséparable des idées issues des théories du développement associant les notions de pays développés et pays sous-développés. En effet, il semble que le Rapport Brundtland ne le contredit pas, il ne s'agit pas d'écarter d'emblée les questions et problèmes du développement, notamment les questions sur la pauvreté, mais de prendre conscience des répercussions du développement, notamment des pays dits riches, à l'égard de l'environnement et ses ressources. Ainsi, le développement durable se prétend être un modèle applicable à l'échelle mondiale, que ce soit pour les pays dits en développement mais aussi les pays dits développés ou industrialisés.
La sauvegarde des générations futures
La vision stratégique du développement durable présentée par le programme du rapport Brundtland met l'accent notamment sur les besoins des générations futures, à savoir l'idée d'un devoir d'humanité envers les générations à venir. La préoccupation est alors de ne pas entraver et rendre viable le progrès humain des générations à venir.
L'idée de responsabilité envers les générations futures avait déjà été exprimée par le philosophe allemand Hans Jonas (1903-1993):
« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre »
— Principe Responsabilité (1979)
.
Ainsi, Jonas formule à la manière de Kant un nouvel impératif catégorique, et propose un agir selon cette maxime à portée universelle.
Il est à remarquer que l'expression « Permanence » est synonyme de durable ou permanent. Durable implique donc l'idée d'une continuité, d'un état qui doit perdurer. Toutefois, pour le philosophe Hans Jonas, ce qui doit rester permanent, donc durable, est la vie humaine. La posture ontologique de Jonas nous place devant la compréhension de l’existence et de la vie.
Sur l'idée de développement
Généralement, il est admis que l'idée de développement est liée à la notion de progrès, notamment par la croissance de l'activité économique. La notion de développement est apparue indissociable et corrélée à celle de sous-développement, notion correspondant à une insuffisance d'allocation des ressources disponibles. Tant la notion de développement comme celle de sous-développement ont intégré le langage économique ou des économistes.
Cependant, l'idée de développement peut recouvrir plusieurs sens : pour certains, elle est synonyme d'accroissement du niveau de revenus ; pour d'autres l'amélioration de la qualité de vie ; ou encore, pour d'autres, une augmentation de l'efficacité productive dans un secteur donné.
Même s'il est difficile de mettre tous les auteurs d'accord, nous pouvons admettre que l'idée de développement implique une certaine idée de bénéfice général dans l'activité de création de richesses. Par conséquent, grâce à la création de richesses la qualité de vie des populations s'améliore par rapport à une situation antérieure.
Il est accepté, principalement par les défenseurs du développement durable, que le développement qui n'intègre pas la dimension environnementale soit considéré sous le nom de mode de développement non durable. Ainsi, la formule vise à exclure tout autre mode d'appréhension de la notion de développement, et en excluant, n'importe quel autre mode non-authentifié « durable » ne recevra que peu ou pas de crédibilité.
Nous voyons donc que, jusqu'à l'apparition de l'annonce d'un monde nouveau durable, le modèle de développement jusqu'à ce moment-là valable, devient cible d'accusation de dégradation environnementale. Conjuguant préoccupations environnementales, sociales et économiques, l'idée de développement durable s'est habillée des habits neufs de toute une panoplie de développements : développement équitable, du bien-être des populations, respectueuse des ressources naturelles, de la fiscalité écologique, développement des emplois verts. Le nouveau développement est non seulement devenu durable, il est devenu inclusif. Un développement qui n'exclut pas, sauf si le développement n'est pas durable.
Au cours du siècle passé le développement a subi plusieurs « blanchiments » successifs, écologique, social et économique, sans écarter son aspect politique ou idéologique. Dans ses grandes lignes le développement dit « durable » prétend toujours concilier le progrès économique, social et technologique avec les impératifs de conservation de l'environnement naturel, sans oublier l'élimination de la faim et la pauvreté. Constituée d'une panoplie presque sans fin d'objectifs, il vise à intégrer des nouveaux défis produisant sans cesse des nouvelles conférences, sommets et rapports. Ainsi le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030, lancé à l'occasion d'un Sommet des Nations unies à New York du 25 au 27 septembre 2015, compte pas moins de 17 objectifs de développement durable et 169 cibles promettant des avantages et bénéfices nombreux, tout en signalant que chaque État est souverain et fait ce que bon lui semble des ressources naturelles mises à sa disposition.
Les politiques environnementales
S'appuyant sur des nouvelles normes et réglementations, les politiques environnementales tendent à élargir le champ de l'interventionnisme étatique. Le champ d'action interventionniste passe par une plus grande pression fiscale, par des effets pénalisants envers les entreprises ou les particuliers qui ne respectent pas les quotas fixés par les pouvoirs publics.
La problématique de l'équité intergénérationnelle
Imaginons un monde où chaque génération se mettrait à demander des comptes aux générations passées, un monde où le droit d'accuser des générations passées soit généralisé. Peut-on vraiment demander aux générations passées, accusées de nos malheurs présents, une compensation, un droit de réparation ? La majorité des promoteurs de l'idée de développement durable pense que oui. Ce genre de considérations n'est pas sans conséquences et incohérences.
Dans ce cas de figure, les générations présentes sont présumées avoir une responsabilité éthique envers les générations futures, ce qui implique de maintenir, au sens large, un « stock » déterminé pour soutenir un « revenu » pour les générations futures. Ensuite, une augmentation de la réglementation gouvernementale, de la fiscalité et aggravation des dépenses publiques tendent à réduire les incitations privées à sauvegarder et assurer l'avenir.
L'idée de « répondre aux besoins des générations actuelles et à venir » doit être traitée avec soin, car dans le panier « besoins » on peut inclure un peu de tout de façon exagérée, oubliant l'aspect essentiel de l'économie qui est par définition la gestion de la rareté. Il suffit d'imaginer que par « besoins » on puisse entendre aussi « désirs » et « envies », et on ajoute de la confusion dans l'analyse de ce que signifie réellement ces besoins. Si on ajoute encore l'idée de ce que chacun doit avoir comme besoins, notamment par le biais des politiques sociales, le terme « besoin » peut alors couvrir une immensité de définitions, allant toujours bien évidemment dans le sens convenu par ceux qui traitent des sujets corrélatifs.
La nature interventionniste du concept de « responsabilité intergénérationnelle », où la soutenabilité doit être comprise comme un bien public ou une responsabilité publique, est clairement perçue et se réfère implicitement aux dépenses que le gouvernement doit allouer, cette allocation est appelée « investissement ».
La conservation dite « optimale » des ressources est supposée être connue, observable et empiriquement vérifiable, offrant une base sur laquelle les politiques de « développement durable » doivent s'appuyer ou tout au moins s'inspirer. La première difficulté de cette approche est qu'elle présume comprendre, expliquer et « mesurer » la conservation optimale économique des ressources épuisables. Est épuisable ce « stock » fixe connu, ce qui implique forcément que plus il est utilisé dans le présent moins il sera disponible dans le futur, ce qui suppose aussi de définir un compromis précis et observable entre le bénéfice net marginal de l'utilisation des ressources dans le présent avec le bénéfice net marginal d'avoir les ressources disponibles pour une utilisation future. Tout cela suppose que les autorités planificatrices gouvernementales, aussi bien aujourd'hui qu'à tout instant dans le futur, soient en mesure de savoir quel est le taux optimal d'extraction ou de production, même en vue des extractions et productions futures, par la mise en place d'un calendrier optimal. En même temps, tout l'avenir doit être prévisible et déterminé ainsi que toutes les évaluations espérées : en quelque sorte il n'y a plus ni de passé ni d'avenir, l'échelle du temps doit rester en quelque sorte figée. Nous pouvons nous apercevoir, sans grande difficulté, que le concept de développement durable peut inspirer n'importe quel auteur de science-fiction.
On peut même aboutir à une absurdité logique si l'on pousse le raisonnement à ses extrémités : si l'on décrète que telle ressource épuisable ne devrait plus être utilisée afin de protéger les droits des générations futures, en toute cohérence, ce décret vaut également pour toute génération future à l'égard des générations encore plus futures qu'elle, en sorte qu'aucune ressource épuisable ne devrait jamais être utilisée par aucune génération. La vérité est que tout emploi d'une ressource épuisable a peut-être un impact sur les générations futures, et que nous sommes incapables d'évaluer cet impact. En toute probabilité, le progrès technique relativise cet impact.
Bibliographie
- 2005, Edgar Piña Ortiz, [pdf]"El desarrollo sustentable: aportaciones de la escuela austriaca de economía" (Le développement durable : contributions de l'école autrichienne d'économie), Estudios Sociales (México), n°25, Vol 13, pp142-161
- 2007, Cécile Philippe, C'est trop tard pour la Terre
- 2007, Claude Allègre, Ma Vérité sur la planète
- 2008, Sylvie Brunel, A qui profite le développement durable, Larousse
- 2020, Horacio Miguel Arana, "What Is Wrong With Sustainable Development Goals?", In: Federico N. Fernández, Barbara Kolm, Victoria Schmid, dir., "The Indispensability of Freedom. 8th International Conference. The Austrian School of Economics in the 21st Century", Vienna: Friedrich A. v. Hayek Institut, pp71-82
Citations
- L'idée du développement durable suppose une nature charmante et attentionnée, une nature aisément violée par la technologie, l'industrie, le capitalisme et le modernisme. Elle suppose une nature qui protégera automatiquement les forêts tropicales, les baleines et les espèces en voie de disparition si nous autres humains modernes avides maîtrisons nos convoitises consuméristes. Si nous nous débarrassons de nos SUV et de nos usines, cette vision du monde nous dit que la nature retournera à la verdure et à la sécurité d'un ancien paradis perdu. Mais cette vision de la nature n'est pas vraie. La nature n'est pas un protecteur maternel. La nature est tout le contraire. Elle nous lance des courbes et défie notre créativité... Mère Nature ne construit pas des jardins d'Éden éternels pour les éco-conscients. Mère Nature est la mère de la catastrophe... Le niveau de CO2 il y a 1,4 milliard d'années était au moins dix à 200 fois plus grand qu'il ne l'est aujourd'hui, dix à 200 fois supérieur à ce qu'il est projeté d'être dans quelques décennies même si nous continuons à vomir les émissions produites par notre économie hyper-industrielle. Quand les niveaux de CO2 auront de nouveau grimpé à ce point — et ils le feront, un jour, avec ou sans nous — ils feront fondre la glace de cette planète, submergeront nos villes, transformeront nos régions céréalières en marécages, et pourraient bien nous empoisonner avec les dernières respirations que nous serons capables de prendre. Ils feront tout cela en dépit des traités de Kyoto et en dépit de toute réduction de la production humaine de CO2 dont nous sommes capables... (Howard Bloom, « Au diable le développement durable ! », conférence à l'Université de Yale, le 7 mai 2005)
Articles connexes
References
Liens externes
- (fr) Développement durable : le concept dévoyé qui ne doit plus durer ! par Jean-Michel Bélouve
- (fr) Les profiteurs du gaspillage durable, Par Bogdan Calinescu
- (fr) Croissance et Développement Durable, par Jean-Louis Caccomo
- (fr) Le faux problème du développement durable, Georges Lane et François Guillaumat
- (fr) [pdf]Texte de John Baden: L'économie politique du développement durable
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