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Alan Burris

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Alan Burris
Entrepreneur intellectuel

Dates 1930-2013
Tendance Libertarien
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur Alan Burris

Citation
Interwikis sur Alan Burris

William Alan Burris souvent orthographié W. Alan Burris (né le 28 février 1930 – décédé le 19 juin 2013 à Rush (New York)) est un chimiste, inventeur américain et militant à Rochester (NY), auteur du livre "A Liberty Primer" (1981). Par ce manuel et son action locale (vice-président du Monroe County Libertarian Party en 1984), il a popularisé les idéaux libéraux et libertariens.

Biographie

Originaire de Virginie-Occidentale, Alan Burris entre à la Marshall University (Huntington, WV) à seulement 14 ans pour y étudier la chimie, il poursuit jusqu’au doctorat (Ph.D.) à l’Université de Floride, puis il effectue un post-doctorat avec une bourse Fulbright à l’Université de Paris (France)[1].

Après un début de carrière dans la grande industrie chimique, W. Alan Burris travaille comme chercheur chez E. I. du Pont de Nemours (DuPont). Cette expérience de R&D lourde façonne son approche très expérimentale des procédés d’oxydation et de désinfection qui marquera toute la suite de son parcours[2]

Fort de ce bagage, il fonde ALAB LLC à Rush (NY), un petit laboratoire de R&D où il conçoit des dispositifs exploitant l’ozone pour purifier l’eau, assainir des surfaces ou résoudre des problèmes d’hygiène au quotidien. Sous la marque QuickPure, il développe notamment un stérilisateur pour lentilles de contact, un purificateur d’eau de comptoir, ainsi qu’un irrigateur destiné aux usages bucco-dentaires et ORL. Cette trajectoire d’inventeur-entrepreneur est reconnue à Rochester : Burris est distingué “Inventor of the Year” par la Rochester Patent Lawyers Association et totalise 17 brevets américains. Plusieurs couvrent ses systèmes d’ozonation appliqués au soin et à l’eau (par ex. un irrigateur à ozone et un système de désinfection des lignes d’eau dans les salles d’opération)[3].

Engagement civique et libertarien (Rochester, NY)

À Rochester, W. Alan Burris ne se contente pas d’assister aux réunions : il participe à l’animation du mouvement et prend des responsabilités. En 1984, il est répertorié vice-chair du Monroe County Libertarian Party, rôle qui le place au cœur de la coordination locale et des actions publiques[4].

Soucieux de former et d’outiller les militants, il met en place des ateliers mensuels d’écriture de lettres aux rédactions et structure un véritable programme de formation interne. Cette dynamique débouche sur la première édition de "A Liberty Primer" (juillet 1981, 58 pages), conçue comme un manuel de base pour diffuser efficacement les idées de la liberté dans la région de Rochester. Le récit circonstancié de David Hoesly (éditeur et compagnon de route) détaille cette genèse, de la production artisanale aux appréciations des libertariens locaux qui encourageront ensuite l’édition élargie de 1983[5].

Sur le plan doctrinal, Burris formalise une assurance de restitution : l’assureur indemnise immédiatement la victime ; si celle-ci n’est pas assurée, elle peut céder sa créance à un organisme spécialisée dans ce type de conditions. Dans tous les cas, l’auteur du dommage rembourse ensuite l’intégralité des pertes : valeur, frais et intérêts. Alan Burris articule ce dispositif avec un arbitrage professionnel et avec des garanties financières imposées à l’accusé (dépôt en compte séquestre ou par une police d'assurance dédiée), afin d’assurer la réparation et de décourager la fuite. Cette architecture s’inscrit dans la lignée restitutionniste du libertarianisme : Murray Rothbard figure en bonne place dans sa bibliographie et prolonge la justice de marché popularisée par Morris et Linda Tannehill, ainsi que par David Friedman, que l’auteur mobilise explicitement.

A Liberty Primer comme outil de formation et de prosélytisme

Dès son introduction, Alan Burris expose sa visée : « le but d’écrire ceci était de rassembler un résumé simple, bref et persuasif du cas pour la liberté »[6]. Le livre assume donc trois objectifs principaux.

  • Former : offrir une base claire et cohérente de la philosophie libertarienne, à la manière d’un manuel de formation élémentaire.
  • Convaincre : nourrir une adhésion intellectuelle et émotionnelle à la cause de la liberté.
  • Mobiliser : transformer le lecteur en acteur du mouvement, car « il est espéré qu’après la lecture vous voudrez en apprendre davantage, et vouloir devenir partie du mouvement libertarien »[7] .
  • Stratégie pédagogique (outil de formation)
  • Positionnement comme “manuel élémentaire”. Le terme Primer signifie à la fois “manuel d’initiation” et “amorce explosive”[8]. Le livre se veut donc une entrée simple dans la pensée libertarienne, mais aussi une charge destinée à libérer les esprits. Les concepts sont introduits progressivement : la liberté, la propriété, l’économie, la justice, puis l’État.
  • Structure didactique. Le contenu est organisé en chapitres thématiques — « Liberty and Property Rights », « Economics and Liberty », « Equality », « Government » qui permettent une progression logique. L’auteur reformule souvent ses arguments, utilisant des résumés et des variations pour renforcer la mémorisation.
  • Appui sur les autorités intellectuelles. L’un des traits distinctifs du livre est son abondance de citations. On y croise Épictète : « La liberté est-elle autre chose que le droit de vivre comme on le souhaite ? Rien d'autre ! »[9], John Stuart Mill : « La seule liberté qui mérite ce nom est celle de poursuivre notre propre bien à notre manière. »[10] , ou encore Albert Camus : « La liberté n’est rien d’autre qu’une chance de devenir meilleur »[11]. Ces voix variées créent une continuité culturelle et philosophique qui ancre la liberté dans une tradition universelle.
  • Outils d’apprentissage. Alan Burris ne se contente pas d’exposer des idées. Il fournit un guide d'étude avec des questions de réflexion[12], une bibliographie recommandée[13], ainsi qu’un index thématique et citationnel[14]. Ces dispositifs transforment l’ouvrage en véritable manuel pédagogique, utilisable pour l’auto-formation comme pour des cercles de discussion.
  • Contre-pédagogie. L’auteur critique les manuels “officiels” biaisés par l’État, rappelant que « l’histoire de la liberté a été commodément oubliée ou déformée »[15]. Son objectif est double : désapprendre ce que l’enseignement dominant inculque, et réapprendre à penser en termes libertariens.
  • Stratégie prosélyte (outil de recrutement et de persuasion)
  • Ton militant et persuasif. L’ouvrage ne cache pas son militantisme. Burris insiste : « La liberté est la question fondamentale de toutes les relations humaines et de la moralité »[16]. La liberté est présentée comme la valeur suprême, source de paix, de prospérité et de justice, condition de toutes les autres.
  • Rhétorique de séduction. L’auteur décrit une utopie réaliste : « Imaginez une prospérité suffisamment grande pour fournir un bon emploi à chaque personne désireuse et capable de travailler. »[17]. Les images de paix universelle, de progrès scientifique accéléré et de société tolérante séduisent le lecteur. Le style, ponctué de maximes mémorables, vise à convaincre par l’émotion autant que par la raison.
  • Construction d’une identité collective. Le livre valorise les libertariens comme les rares « survivants mentaux » capables de résister à l’endoctrinement social[18]. En les reliant aux figures de la Révolution américaine, il propose au lecteur d’entrer dans une communauté de pensée héritière des Lumières et du combat contre la tyrannie.
  • Stratégie de diffusion militante. La dimension prosélyte se traduit aussi matériellement : le livre est vendu à prix dégressif dès cinq exemplaires, incitant à l’achat collectif et à la distribution massive[19]. Les chapitres finaux exposent une véritable « stratégie pour la liberté »[20], allant de l’éducation populaire à l’action militante.
  • Lutte idéologique. Enfin, Alan Burris insiste sur la bataille des mots. Il dénonce les faux-semblants du vocabulaire étatique, par exemple la “liberté positive”, qu’il oppose à la liberté authentique[21]. L’ouvrage se veut une arme intellectuelle dans cette guerre des idées. Le livre articule étroitement ses deux fonctions. Former, c’est déjà convaincre, car « jusqu’à ce que vous compreniez quelque chose, il est difficile de vous enthousiasmer ou de faire quoi que ce soit à son sujet »[22]. Convaincre, c’est aussi mobiliser, en transformant la connaissance en engagement militant. A Liberty Primer circule donc à la fois comme un manuel pédagogique et comme un tract intellectuel.

La propriété selon Burris : un faisceau ouvert de droits réglé par contrat

Alan Burris pense la propriété comme un droit naturel, enraciné dans la maîtrise de soi (self-ownership) et l’appropriation juste. À partir de ce socle, tout peut ensuite se moduler par accords privés, tant que l’on respecte le principe de non-agression. Autrement dit, la propriété n’est pas un « paquet standard » fixé par la loi ; c’est un faisceau ouvert de prérogatives que les individus peuvent organiser entre eux par contrat.

Le premier bâton est l’usus, le droit d’utiliser. Chez Burris, il s’exerce librement tant qu’il n’y a ni dommage ni agression[23]. Les limites pertinentes ne sont pas celles décrétées par des règlements généraux, mais celles que des voisins ou des copropriétaires se donnent mutuellement : servitudes volontaires, chartes de lotissement, clauses de voisinage. On peut donc convenir de ne pas détenir certains biens jugés dangereux, de limiter des émissions sonores ou d’adopter des horaires spécifiques[24]. Le contenu concret de l’usage naît de ces engagements, pas d’un standard extérieur.

Vient ensuite le fructus, le droit de tirer des fruits de son bien et de son travail. Burris insiste : on ne peut parler de liberté si l’on nie à quelqu’un la propriété du résultat de son activité[25]. Cela vaut pour les biens matériels, mais aussi pour les productions intellectuelles. Les idées appartiennent à ceux qui les conçoivent[26] ; toutefois, leur protection doit passer d’abord par le contrat, le secret, la preuve et l’interdiction de la fraude plutôt que par des monopoles légaux extensifs. Là encore, le cadre est ouvert : on peut négocier licences, redevances, conditions de diffusion sans figer un modèle unique.

Le troisième bâton est le droit d’exclure. Il est constitutif du titre de propriété : choisir qui entre, qui accède, selon quelles conditions. Burris critique tout ce qui, dans l’architecture publique (impôts fonciers, zonage, codes, expropriation), transforme le propriétaire en simple « locataire » du pouvoir[27]. À l’inverse, les mêmes outils d’exclusion peuvent être librement aménagés par des dispositifs privés : droits de passage consentis, easements, règles d’accès en copropriété, sécurité contractuelle.

Quatrième bâton, l’abusus : la faculté d’aliéner, de transformer, de transmettre (vendre, donner, léguer). C’est souvent ce que nie le collectivisme quand il sépare l’usage de la transmission[28]. Burris maintient au contraire que la circulation volontaire des biens est inhérente au titre ; elle peut être encadrée par des clauses librement acceptées (pactes de préférence, périodes d’inaliénabilité consenties, fiducies, comptes de séquestre), mais ne relève pas d’une limitation « standard » imposée à tous.

À ces quatre éléments, Burris ajoute la sécurité du titre et la restitution. Le titre n’est pas créé par l’État : l’autorité publique peut, au mieux, l’attester[29]. En cas de vol ou de contestation, le propriétaire a droit à la récupération s’il peut prouver l’origine juste de son titre[30]. Dans les cas du « Stolen Property » et du « Dead Right », l’auteur propose une méthode de résolution des spoliations historiques fondée sur trois piliers : (1) établir la preuve du titre initial, (2) restituer le bien au propriétaire légitime, (3) compenser les améliorations de bonne foi apportées par les occupants successifs. Ce protocole s’applique aux titres anciens, y compris fonciers, et articule la traçabilité des droits, la réparation et le rachat des plus-values créées. D’où l’importance d’écosystèmes privés complémentaires (registres, assureurs de titres, clauses d’arbitrage) qui rendent la propriété opposable, traçable et réparable sans recourir à un monopole juridictionnel.

Pris ensemble, ces points éclairent son positionnement sur la théorie du « bundle of rights ». Burris en partage l’intuition structurelle (une propriété faite de « bâtons »), mais refuse la version « standardisée » par la législation. Son faisceau est ouvert et configurable par contrats compatibles avec la non-agression. Le noyau (user, percevoir les fruits, exclure, aliéner, sécuriser le titre et obtenir restitution en cas d’atteinte) demeure entier ; le reste se règle entre parties, par engagement volontaire, plutôt que par un gabarit légal unique.

Une histoire de la liberté comme contre-récit aux manuels publics

Le « contre-récit » de Burris consiste à décentrer l’histoire (des souverains vers les individus), exposer le rôle structurant du monopole éducatif dans la fabrication du récit officiel, réarmer historiquement la tradition libérale (Locke → Paine → républiques constitutionnelles), nettoyer le langage des ambiguïtés sur la « liberté », et institutionnaliser la mémoire de la liberté par l’éducation volontaire afin que celui « qui contrôle le passé » ne soit plus le détenteur du monopole scolaire.

  • Le diagnostic : les manuels publics racontent l’histoire « par les puissants ». Burris affirme que les manuels font surtout la biographie des leaders et des luttes entre prétendants au pouvoir, en oubliant ou en déformant les révoltes, les résistances et les luttes pour les droits individuels[31]. Il cite même un manuel du Sud des États-Unis qui décrivait l’esclavage comme une « assurance vieillesse complète »[32], symptôme d'un biais institutionnel effrayant.
  • La clé du biais : le monopole éducatif et le contrôle du récit. Ce biais n’est pas accidentel : il découle, pour Burris, du monopole de l’État sur l’éducation, qu’il qualifie de « plus outrageant et préjudiciable » des monopoles[33] parce qu’il permet d’imposer un programme et un cadre d’interprétation, jusqu’à provoquer l'attirance des enfants vers l’État[34]. Il ajoute ailleurs que la prise de contrôle de l’école au XIXᵉ siècle a été « un sévère coup porté à la liberté » et que l’État prétend être gouverné par l’opinion tout en contrôlant cette opinion via l’école et les médias subventionnés[35].
  • Reprendre l’initiative : une « guerre des idées ». Burris appelle à réécrire l’histoire de la liberté : il se réjouit de voir des historiens et auteurs libertariens republier des textes oubliés et documenter la cruauté réelle des gouvernants et la vitalité des résistances[36]. Il illustre ce fil par une généalogie intellectuelle : Magna Carta, John Locke (consentement et droits de propriété), Thomas Paine, etc. pour montrer que l’idée précède la réforme et nourrit les révolutions « libertariennes »[37].
  • Le langage comme champ de bataille. Le contre-récit passe aussi par la reconquête du vocabulaire. Burris montre comment des pédagogues et des idéologues redéfinissent la « liberté » en « pouvoir »[38] et comment le socialisme promet une « nouvelle liberté » au sens d’accès à la richesse, glissement qui dissout l’idée classique de non-agression[39]. Pour que ce contre-récit s’enracine, Burris insiste : chaque génération doit être éduquée aux principes et aux bénéfices de la liberté ; il faut créer une tradition de « dévouement à la liberté » et de méfiance de l'étatisme[40].

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Avis d'obsèques sur le site legacy.com
  2. Voir l'article de Will Astor, "Inventor peddles lens sanitizer to big firms", diffusé en ligne le 28 novembre 2008, dans le Rochester Business Journal.
  3. Voir "Patents Assigned to Alab, LLC" sur le site patents justia
  4. Voir l'entrée succincte W. Alan Burris dans le wiki Lpedia
  5. A Liberty Primer, 3rd Edition
  6. (p. ii)
  7. (p. 4)
  8. (p. 1)
  9. (p. 1)
  10. (p. 1)
  11. (p. 9)
  12. (p. 506)
  13. (pp. 532-533)
  14. (p. 543)
  15. (p. 14)
  16. (p. 1)
  17. (p. 10)
  18. (p. 2)
  19. (annexe, p. 538)
  20. (pp. 481-505)
  21. (p. 4)
  22. (p. ii)
  23. « S’il n’y a pas de mal, il n’y a pas d’agression. » (pp46–47).
  24. « Une société libertarienne consisterait probablement à s’engager mutuellement avec ses voisins à ne pas posséder de biens dangereux, à ne pas se livrer à des activités dangereuses… » (p. 46).
  25. « La liberté n'est pas possible lorsque le droit de propriété sur les fruits de son travail est nié par la force. » (p. 69–70).
  26. • « Puisque nous sommes propriétaires de notre corps, ce que nous produisons grâce à notre travail est aussi notre propriété. Les idées… sont la propriété de ceux qui les produisent. » (p. 262).
  27. « Vous seriez vraiment locataire. Pensez maintenant aux impôts fonciers, au zonage, aux codes du bâtiment, aux lois sur l'expropriation… et demandez-vous à qui appartient réellement l'Amérique. » (p. 67)
  28. Quand il décrit le collectivisme, Alan Burris explique que dans ce système « Il n'existe aucun droit de transférer le privilège d'utiliser la propriété par le commerce, la donation ou l'héritage » (p70)
  29. « Le titre [de propriété] n’a rien à voir avec l'État, qui peut certifier les titres, mais ne les crée pas. » (p. 80).
  30. « Si un bien est volé, le propriétaire a le droit de le récupérer… [mais] doit être en mesure de prouver son titre légitime. » (p. 80)
  31. « L’histoire des révolutions, des rébellions et des protestations contre le pouvoir, ainsi que de la lutte pour la liberté individuelle, a été commodément oubliée ou déformée… Ceci est particulièrement vrai pour les manuels scolaires destinés à être vendus aux écoles financées par le gouvernement… » (p. 14).
  32. (p. 14).
  33. « Le monopole gouvernemental le plus scandaleux et le plus nuisible est celui des écoles. » (p. 239).
  34. (chap. XIV, p. 239)
  35. (chap. XXIII, p. 431)
  36. (p. 14, 18)
  37. (p. 18)
  38. Il cite John Dewey
  39. (chap. XXI, p. 402)
  40. (p. 400)

Publications

  • 1981, "A Liberty Primer", 58 p. production locale à Rochester (manuel d’introduction aux idées de liberté)