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Ontologie

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Aristote a marqué une avancée très importante dans le concept d'ontologie. Avant lui, l'ontologie consistait dans l'étude (métaphysique) de l'être en tant qu'être, c'est à dire dans l'étude de la nature de l'être. Avec Aristote, le concept d'ontologie s'élargit à l'étude de la représentation de la connaissance et du raisonnement (Syllogismes avec les bonnes utilisations des règles d'inference). L'ontologie d'Aristote, dans ses "métaphysiques" (IV, 1), est une branche de la philosophie qui traite de la nature et de l'organisation de la réalité.

Le subjectivisme ontologique de l'école autrichienne

Gloria L. Zuniga, dans un brillant article paru en 1998, rappelle combien l'apport de Carl Menger est révolutionnaire dans l'histoire de la pensée économique, en introduisant le subjectivisme ontologique et épistémique.

L'ontologie permet de comprendre pourquoi les choses sont ce qu'elles sont ou, formulé d'une autre manière, pourquoi elles appartiennent à telle catégorie. Jerry Fodor[1], avance que la généralité des sciences physiques implique que toute théorie économique a une description physique qui peut être englobée dans les lois de la physique. Donc, les lois économiques peuvent être rapportées aux lois physiques quand on peut faire état de leurs propriétés physiques. Le philosophe, John R. Searle[2], s'est absolumment opposé à cette vision. Il n'existe pas de correspondance exacte (un rapport un pour un) entre des concepts mentaux et des événements physiques. La monnaie est de la monnaie parce que nous croyons qu'elle appartient à la catégorie monnaie. Il n'existe aucune identification physique qui puisse être réduit à ce phénomène social. C'est pourquoi, il indique qu'il existe une discontinuité entre les sciences physiques et les sciences sociales. De la même manière, l'économiste de l'école autrichienne, Friedrich Hayek, indique dans son article (“The Facts of the Social Sciences”) que « la monnaie est la monnaie, un mot est un mot, un produit de beauté est un produit de beauté, si et parce que quelqu'un pense qu'ils le sont ». Dans les années 1940, il développait sa conception du subjectivisme dans les sciences sociales : « la plupart des objets dans l'action humaine ou sociale ne sont pas des "faits objectifs" ; ils ne peuvent en aucune manière se définir en termes physiques. Pour ce qui est de l'action humaine, les choses sont ce que les gens qui agissent pensent ce qu'elles sont. »[3]

Le subjectivisme ontologique de Carl Menger affirme qu'une chose ne devient un bien qu'à partir du moment où quelqu'un en décide ainsi. Mais le bien n'appartient pas nécessairement toujours à une même catégorie. Imaginons convertir de la monnaie contre des devises étrangères. Cette devise a la qualité de la monnaie. Si nous nous apercevons, qu'il s'agit de la fausse monnaie, soit nous décidons d'être receleurs en transférant ce bien à quelqu'un d'autre, soit elle change d'appartenance de concept. Elle peut devenir un marque-page, par exemple. Ou, elle peut très bien perdre sa qualité de biens, si nous la trouvons superflue et que nous décidons de la jeter à la poubelle, de la jeter par la fenêtre ou de la brûler dans la cheminée.

L'ontologie au coeur du management moderne

L'ontologie se situe à notre époque au coeur des préoccupations de la science que ce soit en sciences sociales ou en science de l'information. Et, la terminalogie d'Aristote est encore présente comme les classes (Genus), les sous-classes (Species) et les attributs (Differentiae), c'est à dire les caractéristiques qui permettent de grouper ou de distinguer les objets les uns des autres.

Plusieurs avantages se détachent de l'utilisation de l'ontologie. Face à la gigantesque profusion de textes sur internet et l'incapacité pour un être humain de capter l'ensemble de l'information, l'ontologie, en système d'information, offre des améliorations dans la gestion de la connaissance (Knowledge Management):

  1. La méthode de recherche naturelle (requête sémantique)
  2. La capacité à retrouver l'information désirée (accessibilité et optimisation de la rapidité)
  3. La possibilité d'extraire
    1. l'information recherchée
    2. l'information produite
      1. par raisonnement latéral (similarité)
      2. par raisonnement hiérarchique inféré (par les noeuds de connexion)
      3. par raisonnement abductif (par sérendipité)
      4. par raisonnement déductif
  4. La conservation de la connaissance
  5. La communication de l'information (clarté et visibilité)
  6. La compréhension de l'information (complétude, cognition et apprentissage)

Dès lors, l'ontologie est une véritable approche pour la stratégie de l'entreprise, notamment en matière de gestion des ressources dont le management par la connaissance. Cependant, tout système d'information basé sur la réalité du monde ouvert est totalement modélisable si les informations sont rendues explicites par les acteurs et si ces informations sont partagées. Lorsque une partie de la connaissance est tacite et qu'elle dépend d'un contexte (lieu, temps) très précis, alors cela exige une interaction approfondie entre le producteur de l'ontologie et les acteurs-"experts" du domaine. L'ontologie gagne alors en granularité infinie, en affinant les modules de connaissances du domaine étudié.


Notes et références

  1. dans son article, (“The Special Sciences, or The Disunity of Science As a Working Hypothesis,” Synthese 28 (1974): 97—115)
  2. dans son ouvrage de 1984, (Minds, Brains, and Science: Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 71—85)
  3. Friedrich August von Hayek, Scientisme et sciences sociales, Agora, Plon, 1986, p.32




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