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John Maynard Keynes

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John Maynard Keynes (5 juin 1883-21 avril 1946) était un économiste et un mathématicien britannique, fondateur du keynésianisme, doctrine économique qui encourage l'intervention de l'État pour assurer le plein emploi.

Critiques de Keynes

Les critiques de Keynes et des politiques qu'il a inspirées ont toujours soutenu qu'on n'a nul besoin de mettre en cause la capacité des marchés à ajuster les offres aux demandes pour rendre compte du chômage, que les politiques publiques, qui le subventionnent (Rueff), punissent l'embauche par des taxes, ou interdisent le plein emploi des ressources, notamment en imposant des prix (New Deal) et surtout des salaires minimum, suffisent à l'expliquer. Que dans ces conditions, accroître la demande globale, a fortiori pour les produits finis, n'est qu'un expédient temporaire pour tourner ces contraintes, qui doit faire monter les prix. Ceux, notamment les syndicats, qui veulent imposer des rémunérations incompatibles avec le plein emploi, finiront par s'en apercevoir, et manipuler la demande ne réussira plus à résorber l'offre excédentaire.

Les théoriciens des "anticipations rationnelles" ont même démontré que ces politiques ne pouvaient avoir d'effet que si elles réussissaient à tromper les agents économiques sur les effets qu'elles auraient, notamment sur les taux d'intérêt et les salaires réels — et cela indépendamment de leurs conceptions parfois irréalistes de l'incertitude.

C'est dans les années 1970 que le problème de la « stagflation » — une inflation croissante sans réduction du chômage, conjonction qu'elle déclarait implicitement impossible — a finalement conduit à remettre en cause l'approche macroéconomique de Keynes — d'où, peut-être, le Prix Nobel d'Économie attribué en 1974 aux interprétations de la conjoncture de type autrichien de Friedrich von Hayek. Hayek avait entrepris de réfuter spécifiquement la Théorie générale dès sa parution en 1936, mais la guerre, qui devait le rapprocher de Keynes, puis sa mort en 1945, avait interrompu ce projet, dont on peut en trouver les premières ébauches dans Profits, Interest and Investment (1939) et The Pure Theory of Capital (1941) — il offrait aussi comme substitut la Theory of Prices d'Arthur Marget.

Logiquement, c'est-à-dire si on écarte les explications circulaires de la hausse des prix du genre "inflation par les coûts" (car ces "coûts" ne sont eux-mêmes rien d'autre que des prix), la stagflation ne peut exister que si la demande est simultanément en excédent ici, et en défaut là ; on ne peut donc en rendre compte que si on sort de la "macroéconomie" proprement dite, laquelle n'envisage par hypothèse qu'un défaut, ou un excédent global de la demande. Or, justement, la critique autrichienne de Keynes prétend réfuter l'approche macroéconomique en tant que telle : pour elle les désajustements entre offres et demandes sont forcément locaux. Ce qui lui permet d'insister sur la réaction à la politique monétaire des prix relatifs des actifs échangés en amont du consommateur, dans la "structure de production", comme éléments essentiels de la conjoncture — à ce titre, la notion d'"inflation des actifs" , admise dans les années 1980, est une première prise en compte de cette approche.

Ensuite, ces écarts entre les demandes et les offres ne peuvent être que le produit d'erreurs de prévision : si les gens prévoyaient parfaitement la demande pour leurs services, ils ne se retrouveraient jamais avec une demande plus faible (d'où sous-emploi) ou plus forte (d'où hausse des prix) qu'ils ne l'envisageaient. On retrouve une conclusion des "anticipations rationnelles", mais dans une approche qui y ajoute une analyse réaliste des conditions dans lesquelles les gens acquièrent l'information.

En effet ces erreurs-là, les critiques de la macroéconomie affirment que la politique de conjoncture ne peut que les aggraver, en ajoutant ses propres sources d'incertitude à celles qu'engendrent les choix faits sur les marchés.

— tout d'abord elle ne peut être qu'aveugle, puisque par hypothèse elle cherche même pas à les identifier, ces désajustements spécifiques. Comment en attendre alors qu'elle y distingue en outre, comme elle devrait théoriquement le faire s'agissant de "conjoncture", ceux qui ne sont dus qu'à des changements mal prévus des préférences et des techniques, et qu'il n'y aurait en principe jamais lieu de compenser par une manipulation de la demande, a fortiori globale ?
— ensuite, en centralisant les décisions en-dehors des marchés, la politique macroéconomique concentre les erreurs, qui se compenseraient en partie autrement, et les diffuse, pour reprendre l'expression même de Keynes,
"d'une manière que pas un homme sur un million n'est capable de comprendre".

Pour l'analyse autrichienne, donc, les institutions qui affectent la demande globale, notamment le monopole d'émission de la monnaie, sont la cause des crises économiques et financières évitables, et ne peuvent pas y porter remède. Plus généralement, elle affirme que les planificateurs étatiques ne peuvent pas connaître l'information nécessaire à la réalisation de leurs projets par les hommes, mais ne font au contraire que fausser son acquisition parce qu'ils ne subissent pas les conséquences de leurs choix, alors qu'ils privent de leur pouvoir de décision les seuls qui auraient véritablement intérêt à s'informer de façon adéquate, ceux qui les subiront effectivement.

Ces considérations, partagées au-delà de l'École autrichienneMilton Friedman aussi reconnaît qu'on n'a pas besoin de banque centrale, ont inspiré des politiques, notamment monétaires, qui prétendaient davantage être prévisibles que régler la conjoncture.

Citations

  • Keynes aimait à dire : « à long terme, nous serons tous morts », instaurant la version XXe siècle du principe du court terme (celle du XVIIIe était : "après nous le déluge"), ce à quoi Ludwig von Mises répliquait : brûler ses meubles n'est pas forcément une bonne méthode pour chauffer son logis...
  • Il est effarant qu'une telle croyance (que l'important en économie soit de pousser les gens à dépenser plus) puisse être présentée au monde comme une nouvelle philosophie sociale. Lord Keynes et ses disciples imputent au manque de propension à dépenser ce qu'ils jugent insatisfaisant dans la situation économique. Ce qui est nécessaire, à leur avis, pour rendre les gens plus prospères, ce n'est pas une augmentation de production, mais une augmentation de dépense. Afin que les gens puissent dépenser davantage, on recommande une politique « expansionniste ». Cette thèse est aussi ancienne qu'elle est mauvaise. (Ludwig von Mises)
  • (Ce n'est pas) surestimer l'entreprise keynésienne que d'y voir une véritable mutation de la pensée politique dans tous les Etats qui échappent encore à l'emprise totalitaire. En donnant indûment aux gouvernements le sentiment que, par l'investissement, ils avaient le moyen de procurer l'expansion désirée et de bannir le chômage honni, la doctrine du plein-emploi a ouvert toutes grandes les vannes de l'inflation et du chômage. (Jacques Rueff)
  • Un voleur qui justifierait son vol en expliquant comment il a réellement aidé ses victimes et comment ses dépenses ont stimulé le commerce ne convaincrait personne ; mais quand sa théorie revêt l'apparence d'équations keynésiennes et de références édifiantes à "l’effet multiplicateur", elle emporte davantage la conviction, malheureusement. (Murray Rothbard)
  • La doctrine de Keynes n'est qu'un prétexte supplémentaire à l'intervention gouvernementale. Le gouvernement doit intervenir parce que le taux de profit est trop élevé, et si cette objection ne rencontre pas assez de soutien, il doit intervenir parce que le taux de profit est trop bas, voilà l'argument central de l'analyse keynésienne. Dans tous les cas de figure, le gouvernement doit intervenir et accroître son pouvoir. Tout argument utile fera l'affaire. Ainsi le keynésianisme finit comme il a commencé, débris d'un naufrage de la pensée critique, emporté par la marée de l'irrationalisme et de l'anticapitalisme. (George Reisman, Capitalism)
  • Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il (Keynes) n'était ni très bien formé comme économiste ni même très soucieux des progrès de la science économique. Finalement, il ne faisait même pas grand cas de l'économie en tant que science, ayant tendance à considérer que sa capacité supérieure à fournir des justifications théoriques était un instrument dont il avait le droit de se servir pour persuader le public de suivre les politiques que son intuition lui désignait comme la nécessité du moment. (Hayek)
  • L'essence du keynésianisme est son incapacité complète à concevoir le rôle de l'épargne et de l'accumulation de capital dans l'amélioration des conditions économiques. (Ludwig von Mises)

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