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Gloria L. Zuniga, dans un brillant article paru en [[1998]], rappelle combien l'apport de [[Carl Menger]] est révolutionnaire dans l'histoire de la pensée économique, en introduisant le subjectivisme ontologique et épistémique. Et, l'école de Vienne, qui fut appelée, à tort durant de longues années, école psychologique économique, à cause du marginalisme mal traduit, doit être dorénavant comprise comme une approche économique fondée sur le subjectivisme. | Gloria L. Zuniga, dans un brillant article paru en [[1998]], rappelle combien l'apport de [[Carl Menger]] est révolutionnaire dans l'histoire de la pensée économique, en introduisant le subjectivisme ontologique et épistémique. Et, l'école de Vienne, qui fut appelée, à tort durant de longues années, école psychologique économique, à cause du marginalisme mal traduit, doit être dorénavant comprise comme une approche économique fondée sur le subjectivisme. | ||
L'ontologie permet de comprendre pourquoi les choses sont ce qu'elles sont ou, formulé d'une autre manière, pourquoi elles appartiennent à telle catégorie. Jerry Fodor, dans son article, (“The Special Sciences, or The Disunity of Science As a Working Hypothesis,” Synthese 28 (1974): 97—115), avance que la généralité des sciences physiques implique que toute théorie économique a une description physique qui peut être englobée dans les lois de la physique. Donc, les lois économiques peuvent être rapportées aux lois physiques quand on peut fait état de leurs propriétés physiques. Le philosophe, John Searle, dans son ouvrage de 1984, (Minds, Brains, and Science: Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 71—85) s'est absolumment opposé à cette vision. Il n'existe pas de correspondance exacte (un rapport un pour un) entre des concepts mentaux et des évènements physiques. La monnaie est de la monnaie parce que nous croyons qu'elle appartient à la catégorie monnaie. Il n'existe aucune identification physique qui puisse être réduit à ce phénomène social. C'est pourquoi, il indique qu'il existe une discontinuité entre les sciences physiques et les sciences sociales. De la même manière, l'économiste de l'[[école autrichienne]], [[Friedrich August von Hayek|Friedrich Hayek]], indique dans son article (“The Facts of the Social Sciences”) que « la monnaie est la monnaie, un mot est un mot, un produit de beauté est un produit de beauté, si et parce que quelqu'un pense qu'ils le sont ». Dans les années 1940, il développait sa conception du subjectivisme dans les sciences sociales : « la plupart des objets dans l'action humaine ou sociale ne sont pas des "faits objectifs" ; ils ne peuvent en aucune manière se définir en termes physiques. Pour ce qui est de l'action humaine, les choses sont ce que les gens qui agissent pensent ce qu'elles sont. »<ref>[[Friedrich August von Hayek]], ''Scientisme et sciences sociales'', Agora, Plon, 1986, p.32</ref> | L'ontologie permet de comprendre pourquoi les choses sont ce qu'elles sont ou, formulé d'une autre manière, pourquoi elles appartiennent à telle catégorie. Jerry Fodor, dans son article, (“The Special Sciences, or The Disunity of Science As a Working Hypothesis,” Synthese 28 (1974): 97—115), avance que la généralité des sciences physiques implique que toute théorie économique a une description physique qui peut être englobée dans les lois de la physique. Donc, les lois économiques peuvent être rapportées aux lois physiques quand on peut fait état de leurs propriétés physiques. Le philosophe, [[John R. Searle]], dans son ouvrage de [[1984]], (Minds, Brains, and Science: Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 71—85) s'est absolumment opposé à cette vision. Il n'existe pas de correspondance exacte (un rapport un pour un) entre des concepts mentaux et des évènements physiques. La monnaie est de la monnaie parce que nous croyons qu'elle appartient à la catégorie monnaie. Il n'existe aucune identification physique qui puisse être réduit à ce phénomène social. C'est pourquoi, il indique qu'il existe une discontinuité entre les sciences physiques et les sciences sociales. De la même manière, l'économiste de l'[[école autrichienne]], [[Friedrich August von Hayek|Friedrich Hayek]], indique dans son article (“The Facts of the Social Sciences”) que « la monnaie est la monnaie, un mot est un mot, un produit de beauté est un produit de beauté, si et parce que quelqu'un pense qu'ils le sont ». Dans les années 1940, il développait sa conception du subjectivisme dans les sciences sociales : « la plupart des objets dans l'action humaine ou sociale ne sont pas des "faits objectifs" ; ils ne peuvent en aucune manière se définir en termes physiques. Pour ce qui est de l'action humaine, les choses sont ce que les gens qui agissent pensent ce qu'elles sont. »<ref>[[Friedrich August von Hayek]], ''Scientisme et sciences sociales'', Agora, Plon, 1986, p.32</ref> | ||
Le subjectivisme ontologique de [[Carl Menger]] affirme qu'une chose ne devient un bien qu'à partir du moment où quelqu'un en décide ainsi. Mais le bien n'appartient pas nécessairement toujours à une même catégorie. Imaginons convertir de la monnaie contre des devises étrangères. Cette devise a la qualité de la monnaie. Si nous nous apercevons, qu'il s'agit de la fausse monnaie, soit nous décidons d'être receleurs en transférant ce bien à quelqu'un d'autre, soit elle change de catégorie. Elle peut devenir un marque-page, par exemple. Ou, elle peut très bien perdre sa qualité de biens, si nous la trouvons superflue et que nous décidons de la jeter à la poubelle, de la jeter par la fenêtre ou de la brûler dans la cheminée. | Le subjectivisme ontologique de [[Carl Menger]] affirme qu'une chose ne devient un bien qu'à partir du moment où quelqu'un en décide ainsi. Mais le bien n'appartient pas nécessairement toujours à une même catégorie. Imaginons convertir de la monnaie contre des devises étrangères. Cette devise a la qualité de la monnaie. Si nous nous apercevons, qu'il s'agit de la fausse monnaie, soit nous décidons d'être receleurs en transférant ce bien à quelqu'un d'autre, soit elle change de catégorie. Elle peut devenir un marque-page, par exemple. Ou, elle peut très bien perdre sa qualité de biens, si nous la trouvons superflue et que nous décidons de la jeter à la poubelle, de la jeter par la fenêtre ou de la brûler dans la cheminée. |
Version du 19 juin 2008 à 09:41
Les libéraux affirment la primauté non seulement de l'individualisme méthodologique mais aussi du subjectivisme. C'est l'individu qui a des préférences ou des valeurs. C'est lui seul, de façon ultime, qui sait ce qui est bon pour lui. C'est lui qui, vivant une existence séparée, en supportera les peines et les plaisirs. On ne peut donc se mettre fondamentalement à sa place. Toute idée contraire - que l'on puisse se mettre à la place d'autrui et le forcer à avoir une autre vie que celle qu'il aurait choisie parce que l'on pense avoir par exemple une meilleure connaissance ou expérience que l'individu lui-même de ce qui est bon pour lui - constitue d'une part une prétention qui n'est pas du ressort de la nature humaine et d'autre part comme le rappelle Richard Overton un vol de propriété. On prive l'individu d'une autre vie. En quoi est-on habilité à priver quelqu'un du destin qu'il a choisi, fût-il funeste pour lui ?
Qui plus est, le subjectivisme nous apprend que ce que les individus apprécient, les buts qu'ils poursuivent, ne sont pas identiques. Imposer à tous des normes est donc un comportement autistique qui viole la recherche individuelle du bien-être. Etant impossible de savoir ce que chaque individu désire, les tentatives étatiques dans cette matière sont totalement irréalistes.
En économie, les auteurs autrichiens ont mis en avant la notion de subjectivisme :
- Subjectivisme des besoins (Carl Menger)
- Subjectivisme des coûts (Friedrich von Wieser)
- Subjectivisme des choix (Ludwig von Mises)
- Subjectivisme des données (Friedrich Hayek)
- Subjectivisme des anticipations (Ludwig Lachmann)
- Subjectivisme du temps (Gerald O'Driscoll, Mario Rizzo)
Gloria L. Zuniga, dans un brillant article paru en 1998, rappelle combien l'apport de Carl Menger est révolutionnaire dans l'histoire de la pensée économique, en introduisant le subjectivisme ontologique et épistémique. Et, l'école de Vienne, qui fut appelée, à tort durant de longues années, école psychologique économique, à cause du marginalisme mal traduit, doit être dorénavant comprise comme une approche économique fondée sur le subjectivisme.
L'ontologie permet de comprendre pourquoi les choses sont ce qu'elles sont ou, formulé d'une autre manière, pourquoi elles appartiennent à telle catégorie. Jerry Fodor, dans son article, (“The Special Sciences, or The Disunity of Science As a Working Hypothesis,” Synthese 28 (1974): 97—115), avance que la généralité des sciences physiques implique que toute théorie économique a une description physique qui peut être englobée dans les lois de la physique. Donc, les lois économiques peuvent être rapportées aux lois physiques quand on peut fait état de leurs propriétés physiques. Le philosophe, John R. Searle, dans son ouvrage de 1984, (Minds, Brains, and Science: Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 71—85) s'est absolumment opposé à cette vision. Il n'existe pas de correspondance exacte (un rapport un pour un) entre des concepts mentaux et des évènements physiques. La monnaie est de la monnaie parce que nous croyons qu'elle appartient à la catégorie monnaie. Il n'existe aucune identification physique qui puisse être réduit à ce phénomène social. C'est pourquoi, il indique qu'il existe une discontinuité entre les sciences physiques et les sciences sociales. De la même manière, l'économiste de l'école autrichienne, Friedrich Hayek, indique dans son article (“The Facts of the Social Sciences”) que « la monnaie est la monnaie, un mot est un mot, un produit de beauté est un produit de beauté, si et parce que quelqu'un pense qu'ils le sont ». Dans les années 1940, il développait sa conception du subjectivisme dans les sciences sociales : « la plupart des objets dans l'action humaine ou sociale ne sont pas des "faits objectifs" ; ils ne peuvent en aucune manière se définir en termes physiques. Pour ce qui est de l'action humaine, les choses sont ce que les gens qui agissent pensent ce qu'elles sont. »[1]
Le subjectivisme ontologique de Carl Menger affirme qu'une chose ne devient un bien qu'à partir du moment où quelqu'un en décide ainsi. Mais le bien n'appartient pas nécessairement toujours à une même catégorie. Imaginons convertir de la monnaie contre des devises étrangères. Cette devise a la qualité de la monnaie. Si nous nous apercevons, qu'il s'agit de la fausse monnaie, soit nous décidons d'être receleurs en transférant ce bien à quelqu'un d'autre, soit elle change de catégorie. Elle peut devenir un marque-page, par exemple. Ou, elle peut très bien perdre sa qualité de biens, si nous la trouvons superflue et que nous décidons de la jeter à la poubelle, de la jeter par la fenêtre ou de la brûler dans la cheminée.
Le subjectivisme de Carl Menger est également épistémique. Une chose ne devient un bien ou un service qu'à partir du moment où elle peut atteindre certaines fins. Pour atteindre ce statut, l'individu agissant doit connaître l'existence de ce bien et la façon dont elle pourrait servir à ses fins. L'approche est effectivement cognitive, savoir que le bien existe mais il s'agit également d'une cognition procédurale afin de savoir comment atteindre des besoins directs ou indirects. Si l'action ne peut pas être mener directement ou indirectement sur le bien, alors celui-ci perd sa qualité de bien.
Autres sources
- Mark Addleson, 1986, 'Radical Subjectivism' and the Language of Austrian Economics, In Israel Kirzner, Dir., Subjectivism, Intelligibility and Economic Understanding, New York: New York University Press, pp1-15
- Richard Arena, Dir. (1999) Subjectivism, Information and Knowledge in Hayek’s Economics, History of Economic Ideas, VII, 1-2.
- Stephen Parsons, 1991, Time, expectations and subjectivism : prolegomena to a dynamic economics, Cambridge Journal of Economics, 15, pp. 405-23. Cet auteur critique la vision subjectiviste de Gerald O'Driscoll, de Mario Rizzo et de George Shackle.
- Carlo Zappia, 1999, The economics of information, market socialism and Hayek’s legacy, In: Richard Arena, Dir., Subjectivism, Information and Knowledge in Hayek’s Economics, History of Economic Ideas, VII, 1-2, pp105-138
- Dieter Schmidtchen, 1993, Time, Uncertainty, and Subjectivism: Giving More Body to Law and Economics, International Review of Law and Economics, Vol 13, pp61–84
- Ricardo Crespo, 1998, Subjetivistas radicales y hermenéutica en la escuela austríaca de economía, Sapientia, Vol. LIII, n°204
- Gloria L. Zuniga, 1998, Truth in Economic Subjectivism, Journal of Markets and Morality, 1, October, pp158-168
- Adrian Walsh et Tony Lynch, 2003, The Development of Price Formation Theory and Subjectivism about Ultimate Values, Journal of Applied Philosophy, Vol 20, n°3, November, pp263-276
- Richard C. B. Johnsson, 2005, Austrian Subjectivism vs. Objectivism, In: Philosophers of Capitalism: Menger, Mises, Rand, and Beyond, Edward W. Younkins, Dir., Lanham, MD: Lexington Books, pp239-252
Voir aussi
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- ↑ Friedrich August von Hayek, Scientisme et sciences sociales, Agora, Plon, 1986, p.32