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Ce concept est foncièrement erroné. Une [[entreprise]] est le lieu où se rencontrent apporteurs de travail (salariés) et de capital ([[Action (entreprise)|actionnaires]]). Dès lors, les revenus tirés de l'activité de l'entreprise servent à rémunérer les deux parties, les salariés par un [[salaire]], les actionnaires par les bénéfices. En signant librement un [[contrat]] de travail, les salariés acceptent cette répartition et bénéficient de l'assurance d'un salaire fixe, là où les actionnaires auront une part très variable (voire risqueront la faillite pure et simple et donc la perte de leur investissement). | Ce concept est foncièrement erroné. Une [[entreprise]] est le lieu où se rencontrent apporteurs de travail (salariés) et de capital ([[Action (entreprise)|actionnaires]]). Dès lors, les revenus tirés de l'activité de l'entreprise servent à rémunérer les deux parties, les salariés par un [[salaire]], les actionnaires par les bénéfices. En signant librement un [[contrat]] de travail, les salariés acceptent cette répartition et bénéficient de l'assurance d'un salaire fixe, là où les actionnaires auront une part très variable (voire risqueront la faillite pure et simple et donc la perte de leur investissement). | ||
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Alors que le marxisme parle d'exploitation sans tenir compte du [[consentement]] des protagonistes, pour les [[libéralisme|libéraux]] est exploitation ce qui est obtenu par la [[coercition]] ou la [[violence]] : vol, pressions, etc. Un acte économique consenti ne peut jamais constituer une exploitation : il n'y a exploitation que quand il y a contrainte, par la force, la menace ou la loi. Les [[libertarien]]s en particulier récusent toute légitimité à l'[[impôt]], qu'ils assimilent au vol car extorqué par la contrainte, ce qui conduit à une véritable [[lutte des classes]] entre bénéficiaires de l'impôt et producteurs exploités. L'exploitation est alors le fait non de ceux qui ont le capital, mais de ceux qui ont le [[pouvoir]] politique et s'en servent pour accorder des [[privilège]]s. | Alors que le marxisme parle d'exploitation sans tenir compte du [[consentement]] des protagonistes, pour les [[libéralisme|libéraux]] est exploitation ce qui est obtenu par la [[coercition]] ou la [[violence]] : vol, pressions, etc. Un acte économique consenti ne peut jamais constituer une exploitation : il n'y a exploitation que quand il y a contrainte, par la force, la menace ou la loi. Les [[libertarien]]s en particulier récusent toute légitimité à l'[[impôt]], qu'ils assimilent au vol car extorqué par la contrainte, ce qui conduit à une véritable [[lutte des classes]] entre bénéficiaires de l'impôt et producteurs exploités. L'exploitation est alors le fait non de ceux qui ont le capital, mais de ceux qui ont le [[pouvoir]] politique et s'en servent pour accorder des [[privilège]]s. | ||
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== Critiques internes == | |||
Au moyen d’une lecture « explicitative[« The Explicit and the Implicit in the History of Economic Thought : the Example of Karl Marx's Labor-Value and Surplus-Value Theory », Annual Conference of the European Society for the History of Economic Thought, 27 fév.-1er mars 1997] » faisant apparaître — telle la partie invisible de l’iceberg — les énoncés logiquement implicites aux énoncés explicites de Karl Marx (postulats et corollaires), le philosophe et journaliste Jean-Pierre Airut conclut que le signifié (ou concept) désigné par le signifiant (ou mot) « exploitation » diffère de celui que Marx et Engels visent par ce terme : dans leur corpus, « exploitation » ne désigne pas le signifié « relation abusive que le propriétaire de moyens de production entretient inévitablement avec les prolétaires qu’il emploie » mais le signifié « relation que tout humain entretient avec une personne physique ou morale le privant de tout ou partie des fruits de son travail de manière abusive et habituelle ». | |||
Pour concevoir l’exploitation au sens où Marx l’entend (i.e. existant même quand le droit positif l’autorise), l’auteur du Capital doit en effet postuler que le prolétaire est propriétaire du produit de son travail même quand le droit de son époque affirme le contraire — comme c’est le cas, par exemple, dans les sociétés esclavagistes où le travailleur ne se possède même pas soi-même. Si le travailleur n’est pas propriétaire de sa force de travail et du produit de son labeur, comment le capital pourrait-il le léser en l’asservissant ou en retenant une partie de la valeur que sa « force de travail » a créée ? | |||
Or, pour que les humains soient propriétaires de leur personne ainsi que du produit de leur travail indépendamment de ce qu’en dit le droit positif, ils doivent tenir leur titre d’une cause indépendante de celle du droit positif et égale ou supérieure à elle en puissance, de surcroît. Raison pour laquelle la cause de ce titre ne peut être que la nature — que celle-ci ait directement créé le droit au « fruit de son travail » (art. 1er et 16, Déclaration des droits du 24 juin 1793[https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-constitutions-dans-l-histoire/constitution-du-24-juin-1793] ) ou qu’elle se soit bornée à graver dans le génome humain un instinct de possession de soi et du produit de son activité à ce point réflexe qu’il met en échec les droits positifs en récusant les effets[« Is Karl Marx's Theory of Exploitation Based on Natural Law ? », in Roberta Kevelson, Law and the Conflict of Ideologies, New York, Peter Lang, 1996, p. 11-24.]. | |||
Dès lors que la condition de possibilité de l’exploitation n’est pas le statut social de prolétaire (salarié ou asservi) mais le droit de propriété qu’il tire de sa nature humaine comme n’importe quel humain, il n’est pas besoin d’être prolétaire pour être exploité. Il suffit d’être une personne — employée ou employeur — dont les fruits du travail sont abusivement accaparés par une ou des personnes — privées ou publiques. Cette redéfinition du signifié « exploitation » permettant de considérer l’Etat comme un exploiteur — agissant pour son compte ou celui d’une fraction de la nation — lorsqu’il ponctionne le produit du travail de ses administrés sans leur fournir des prestations équivalentes ou en réservant ses prestations à une seule catégorie d’administrés sous prétexte de « redistribution »[www.raison-oblige.com, « Plus socialiste que Blair, tu meurs ! »] . | |||
La mise au jour de l’instinct de possession ou du droit de propriété naturels — sans lesquels le marxisme ne peut ni concevoir le concept d’exploitation ni critiquer la propriété privée des moyens de production censée rendre l’exploitation possible — pose plus d’un problème à ceux qui s’en remettent à cette théorie pour comprendre le monde et se comprendre eux-mêmes : outre qu’elle exclut par principe l’existence d’une nature humaine ou de droits naturels, elle incite ses adeptes à se prendre pour des adversaires résolus de la « propriété privée » alors que c’est pour la défendre qu’ils contestent et l’exploitation el la « propriété privée »[« Exploitation et droit naturel chez Karl Marx : le patronat responsable mais pas coupable ? », Revue internationale de Philosophie pénale et de Criminologie de l'Acte, n° 9-10, 1996, p. 113-132 ; http://Dogma.free.fr, mai 2002, « Socialisme et collectivisation : sur quelques paradoxes et ambiguïtés de la critique marxienne de la « propriété bourgeoise » ] ! | |||
== Annexe mathématique == | == Annexe mathématique == | ||
Dans sa perspective d'un [[socialisme]] "scientifique", Marx définit numériquement le taux d'exploitation comme le rapport de la [[plus-value]] extraite du salarié au salaire qui lui est remis. En d'autres termes, si ce dernier est payé 10, et que l'employeur retire 15 de son travail, alors le taux d'exploitation est de 50 %. | Dans sa perspective d'un [[socialisme]] "scientifique", Marx définit numériquement le taux d'exploitation comme le rapport de la [[plus-value]] extraite du salarié au salaire qui lui est remis. En d'autres termes, si ce dernier est payé 10, et que l'employeur retire 15 de son travail, alors le taux d'exploitation est de 50 %. |
Version du 14 avril 2019 à 20:03
L'exploitation est un concept de l'idéologie marxiste qui désigne l'appropriation par l'apporteur de capital de la « plus-value » dégagée sur le travail du salarié. Cette appropriation est illégitime pour les marxistes.
. Critiques externes
Ce concept est foncièrement erroné. Une entreprise est le lieu où se rencontrent apporteurs de travail (salariés) et de capital (actionnaires). Dès lors, les revenus tirés de l'activité de l'entreprise servent à rémunérer les deux parties, les salariés par un salaire, les actionnaires par les bénéfices. En signant librement un contrat de travail, les salariés acceptent cette répartition et bénéficient de l'assurance d'un salaire fixe, là où les actionnaires auront une part très variable (voire risqueront la faillite pure et simple et donc la perte de leur investissement).
Ces derniers en apportant leur capital consentent également un effort, de même que le salarié qui vient apporter son savoir-faire. Le capitaliste renonce à la jouissance immédiate de son capital qu'il pourrait consommer immédiatement, contre l'espoir d'une rémunération de son attente. En plus de cette rémunération du temps, la « plus-value » prend également en compte le risque que cela représente pour l'investisseur de placer son argent dans l'entreprise : il peut fort bien tout perdre ou ne réaliser aucun profit !
Alors que le marxisme parle d'exploitation sans tenir compte du consentement des protagonistes, pour les libéraux est exploitation ce qui est obtenu par la coercition ou la violence : vol, pressions, etc. Un acte économique consenti ne peut jamais constituer une exploitation : il n'y a exploitation que quand il y a contrainte, par la force, la menace ou la loi. Les libertariens en particulier récusent toute légitimité à l'impôt, qu'ils assimilent au vol car extorqué par la contrainte, ce qui conduit à une véritable lutte des classes entre bénéficiaires de l'impôt et producteurs exploités. L'exploitation est alors le fait non de ceux qui ont le capital, mais de ceux qui ont le pouvoir politique et s'en servent pour accorder des privilèges.
Critiques internes
Au moyen d’une lecture « explicitative[« The Explicit and the Implicit in the History of Economic Thought : the Example of Karl Marx's Labor-Value and Surplus-Value Theory », Annual Conference of the European Society for the History of Economic Thought, 27 fév.-1er mars 1997] » faisant apparaître — telle la partie invisible de l’iceberg — les énoncés logiquement implicites aux énoncés explicites de Karl Marx (postulats et corollaires), le philosophe et journaliste Jean-Pierre Airut conclut que le signifié (ou concept) désigné par le signifiant (ou mot) « exploitation » diffère de celui que Marx et Engels visent par ce terme : dans leur corpus, « exploitation » ne désigne pas le signifié « relation abusive que le propriétaire de moyens de production entretient inévitablement avec les prolétaires qu’il emploie » mais le signifié « relation que tout humain entretient avec une personne physique ou morale le privant de tout ou partie des fruits de son travail de manière abusive et habituelle ». Pour concevoir l’exploitation au sens où Marx l’entend (i.e. existant même quand le droit positif l’autorise), l’auteur du Capital doit en effet postuler que le prolétaire est propriétaire du produit de son travail même quand le droit de son époque affirme le contraire — comme c’est le cas, par exemple, dans les sociétés esclavagistes où le travailleur ne se possède même pas soi-même. Si le travailleur n’est pas propriétaire de sa force de travail et du produit de son labeur, comment le capital pourrait-il le léser en l’asservissant ou en retenant une partie de la valeur que sa « force de travail » a créée ? Or, pour que les humains soient propriétaires de leur personne ainsi que du produit de leur travail indépendamment de ce qu’en dit le droit positif, ils doivent tenir leur titre d’une cause indépendante de celle du droit positif et égale ou supérieure à elle en puissance, de surcroît. Raison pour laquelle la cause de ce titre ne peut être que la nature — que celle-ci ait directement créé le droit au « fruit de son travail » (art. 1er et 16, Déclaration des droits du 24 juin 1793[1] ) ou qu’elle se soit bornée à graver dans le génome humain un instinct de possession de soi et du produit de son activité à ce point réflexe qu’il met en échec les droits positifs en récusant les effets[« Is Karl Marx's Theory of Exploitation Based on Natural Law ? », in Roberta Kevelson, Law and the Conflict of Ideologies, New York, Peter Lang, 1996, p. 11-24.]. Dès lors que la condition de possibilité de l’exploitation n’est pas le statut social de prolétaire (salarié ou asservi) mais le droit de propriété qu’il tire de sa nature humaine comme n’importe quel humain, il n’est pas besoin d’être prolétaire pour être exploité. Il suffit d’être une personne — employée ou employeur — dont les fruits du travail sont abusivement accaparés par une ou des personnes — privées ou publiques. Cette redéfinition du signifié « exploitation » permettant de considérer l’Etat comme un exploiteur — agissant pour son compte ou celui d’une fraction de la nation — lorsqu’il ponctionne le produit du travail de ses administrés sans leur fournir des prestations équivalentes ou en réservant ses prestations à une seule catégorie d’administrés sous prétexte de « redistribution »[www.raison-oblige.com, « Plus socialiste que Blair, tu meurs ! »] . La mise au jour de l’instinct de possession ou du droit de propriété naturels — sans lesquels le marxisme ne peut ni concevoir le concept d’exploitation ni critiquer la propriété privée des moyens de production censée rendre l’exploitation possible — pose plus d’un problème à ceux qui s’en remettent à cette théorie pour comprendre le monde et se comprendre eux-mêmes : outre qu’elle exclut par principe l’existence d’une nature humaine ou de droits naturels, elle incite ses adeptes à se prendre pour des adversaires résolus de la « propriété privée » alors que c’est pour la défendre qu’ils contestent et l’exploitation el la « propriété privée »[« Exploitation et droit naturel chez Karl Marx : le patronat responsable mais pas coupable ? », Revue internationale de Philosophie pénale et de Criminologie de l'Acte, n° 9-10, 1996, p. 113-132 ; http://Dogma.free.fr, mai 2002, « Socialisme et collectivisation : sur quelques paradoxes et ambiguïtés de la critique marxienne de la « propriété bourgeoise » ] !
Annexe mathématique
Dans sa perspective d'un socialisme "scientifique", Marx définit numériquement le taux d'exploitation comme le rapport de la plus-value extraite du salarié au salaire qui lui est remis. En d'autres termes, si ce dernier est payé 10, et que l'employeur retire 15 de son travail, alors le taux d'exploitation est de 50 %.
Marx, tout au long de sa théorie, se place dans le cadre de l'économie classique, donc d'une concurrence pure et parfaite. Sous ces hypothèses, le taux d'exploitation et le taux de profit sont nécessairement les mêmes dans toutes les branches de production, quelle que soit la composition du capital.
Notons alors V le capital variable, c'est-à-dire les salaires ; C, le capital constant (machines, bâtiments...) ; pl, la plus-value soutirée au salarié ; E, le taux d'exploitation et P le taux de profit. On peut écrire alors E = pl/V et P = pl/(V+C). La composition du capital est alors définie par K = (C+V)/V.
Exprimons maintenant le taux de profit P en fonction de la composition du capital K et du taux d'exploitation E. Nous venons de voir que pl = V*E, ce qui nous permet d'écrire P = V*E/(C+V). Ainsi, l'on trouve P = E/K.
Nous avons dit plus haut que, selon la théorie classique sur laquelle reposent les raisonnements de Marx, P et E devaient être identiques pour toutes les branches de production, et ne dépendaient pas de la composition du capital. Or, on observe dans la réalité que cette dernière, K, variait selon la branche considérée, et même entre les entreprises. Cela entre en contradiction avec les réflexions de Marx, dont notre apagogie vient de démontrer qu'elles étaient erronées.
Voir aussi
Citations
- Le capitaliste non seulement n'est pas un exploiteur, mais c'est un bienfaiteur : il génère de la valeur pour le travail des travailleurs, qui n'en aurait aucune autrement. (Martín Krause)
- L'exploitation marxiste, c'est l'exploitation de l'incompréhension du peuple en matière d'économie. (Robert Nozick)
- Ce qui cloche dans la théorie marxiste de l'exploitation est que celle-ci ne reconnaît pas le phénomène de la préférence temporelle comme catégorie universelle de l'action humaine. Que le travailleur ne reçoive pas la "valeur totale" de son travail n'a rien à voir avec de l'exploitation mais reflète seulement le fait qu'il est impossible à un homme d'échanger des biens futurs contre des biens présents sans payer un escompte. Contrairement à la situation de l'esclave et du maître où le second exploite le premier, la relation entre le travailleur libre et le capitaliste est avantageuse pour les deux parties. Le travailleur entre dans l'accord parce que, étant donnée sa préférence temporelle, il préfère moins de biens tout de suite à davantage plus tard ; et le capitaliste le fait parce que, étant donnée sa préférence temporelle, il a un ordre de préférences inverse, qui place un plus grand volume de biens futurs au-dessus d'un plus petit maintenant. (Hans-Hermann Hoppe, L'analyse de classe marxiste et celle des autrichiens)
Liens externes
- (fr)La véritable théorie de l'exploitation, Contrepoints
- (fr)Le capitalisme et l’exploitation par Minarchiste
- (en)Austrian Exploitation Theory (Sheldon Richman)
- (en)
[video]L'erreur de Karl Marx sur l'exploitation (Hans-Hermann Hoppe)
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