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Zhuangzi

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Zhuangzi

Zhuang Zi (quelquefois orthographié Yang Tchou, ou Tchouang-tseu, 庄子 ou Yang Zhu) est un philosophe taoïste chinois (369-286 avant J.-C.). On le présente le plus souvent comme le successeur de Lao Zi (Lao Tseu). Il a vécu une période marquée par une diversité de pensées et d'écoles philosophiques qui se rivalisaient pour définir les fondements éthiques et moraux de la société. En tant que penseur individualiste et hédoniste, Zhuangzi s'est positionné au cœur des débats philosophiques de son époque. Son opposition aux enseignements de Mencius et son rejet des conventions morales ont fait de lui une figure centrale dans les polémiques intellectuelles, remettant en question les normes éthiques et morales prédominantes de la Chine ancienne.

Biographie

La renommée de ce modeste fonctionnaire était telle que le roi Wei lui envoya un émissaire, chargé de présents, lui demandant de devenir son premier ministre. Ce qu'il refusa obstinément, arguant qu'il était partisan d'un ordre spontané, comme Hayek !

A propos de l'art de gouverner, il disait :

Le bon ordre s'instaure spontanément quand les choses sont laissées à elles-mêmes. Le roi éclairé étend partout ses bienfaits, mais il ne fait pas sentir qu'il en est l'auteur. Il aide et améliore tous les êtres, sans que ceux-ci sentent qu'ils sont sous sa dépendance. Le monde ignore son nom et chacun est content de soi.

Selon lui, il ne faut pas contrarier la nature de l'homme. La civilisation est un mal. L'artificiel, voilà la source de toute souffrance. Les sages sont des fauteurs de désordre. Dans un dialogue où il met en scène Confucius et Lao Zi, Zhuangzi écrit la réplique suivante, où Lao Zi contredit Confucius qui affirme que "la bonté et la justice forment la nature innée de l'homme, dont il ne saurait s'écarter" :

Votre amour universel est par trop alambiqué. Au demeurant l'altruisme ne peut mener qu'à l'égoïsme. Vous voulez que l'empire ne soit pas privé de guide ? Mais regardez : le ciel et la terre perdurent, le soleil et la lune éclairent, étoiles et planètes suivent leurs orbites, les quadrupèdes s'assemblent en troupeaux et les arbres poussent droit ; contentez-vous de laisser agir la vertu de chacun et de vous conformer au fonctionnement des choses. Pourquoi vous cramponnez-vous à toute force à la charité et à la justice ? On dirait un général battant le rappel de ses troupes en fuite ! Vous ne faites que semer le trouble dans la nature humaine. (Les Œuvres de Maître Tchouang, traduction Jean Lévi, 2006)

Zhuangzi est l'un des premiers théoriciens de la chose publique à comparer l'État à une bande de malfaiteurs.

La seule différence séparant les gouvernants des voleurs, c'est la taille de leur déprédation. Un thème qui court à travers les siècles, notamment chez de grands penseurs chrétiens, Saint Augustin entre autres, que l'on ne peut guère qualifier a priori d'anarchiste, et plus près de nous chez Murray Rothbard.

Opposition aux enseignements de Mencius

  • . Critique de l'altruisme extrême de Mo Di. Yang Zhu s'est opposé fermement à l'altruisme extrême prôné par Mo Di, également connu sous le nom de Mozi. Alors que Mo Di encourageait un amour universel et une bienveillance envers tous les êtres humains, Yang Zhu considérait cette approche comme excessive et irrationnelle. Pour lui, sacrifier son propre bien-être au profit de l'ensemble de l'humanité était incompatible avec sa vision individualiste de la vie. Il critiquait la notion de donner sans retenue, argumentant que cela ne contribuait pas à la réalisation de la vie pleine et du bonheur personnel.
  • . Défense de l'égoïsme et de l'amoralité. Yang Zhu a également défendu l'égoïsme et l'amoralité comme principes fondamentaux de sa philosophie. Il considérait que la poursuite du plaisir sensuel et la préservation de soi-même devaient primer sur les normes morales imposées par la société. Selon Yang Zhu, la morale conventionnelle était souvent un obstacle artificiel au bonheur individuel, entravant la pleine jouissance de la vie. En rejetant les conventions morales, il prônait la liberté individuelle et refusait de se conformer à des obligations qu'il jugeait contraires à l'épanouissement personnel. Ainsi, sa position provocatrice s'opposait directement à l'éthique confucéenne et aux valeurs morales défendues par Mencius.

La Plénitude de la Vie (Quansheng) : Concept central de la pensée de Yang Zhu

  • . La préservation de soi comme bien suprême. Pour Yang Zhu, le concept central de sa philosophie était la "Plénitude de la Vie" (Quansheng). Cette idée reposait sur la conviction que la préservation de soi, tant sur le plan physique que psychique, constituait le bien suprême. Il considérait que chaque individu devait faire de la préservation de sa propre personne une priorité absolue. Cela impliquait la recherche constante du bien-être personnel, de la satisfaction des désirs et du plaisir sensuel. Selon Yang Zhu, une vie pleine et épanouissante est atteinte en cultivant sa propre existence, en évitant les contraintes externes, et en adoptant la réalisation personnelle comme objectif ultime.
  • . Rejet des conventions morales. En s'opposant aux conventions morales de son époque, Yang Zhu remettait en question les normes éthiques prédominantes de la société chinoise antique. Il rejetait les idées de bien et de mal dictées par la tradition et la moralité conventionnelle. Considérant que ces normes morales étaient souvent des entraves artificielles à la poursuite du bonheur individuel, il préconisait un rejet délibéré de ces conventions. L'amoralité de Yang Zhu résidait dans sa volonté de se libérer des contraintes imposées par la société, afin de permettre une vie pleine et satisfaisante, définie par les choix personnels et les plaisirs individuels. Ainsi, la "Plénitude de la Vie" impliquait non seulement la préservation de soi mais aussi la liberté de vivre en dehors des normes morales conventionnelles.

La Liberté et la Rébellion contre les Faux Devoirs

  • . Obstacle au plaisir sensuel. Selon Yang Zhu, les faux devoirs moraux et les conventions sociales constituaient des obstacles majeurs à la recherche du plaisir sensuel et de la satisfaction personnelle. Il critiquait vivement les normes imposées par la société, affirmant qu'elles restreignaient la liberté individuelle et entravaient la capacité des individus à rechercher activement leur propre bonheur. Les obligations morales qui entravaient la jouissance des plaisirs sensuels étaient considérées par Yang Zhu comme des entraves inutiles et contraires à la réalisation de la vie pleine.
  • . Conception de la liberté à la manière occidentale. Yang Zhu était peut-être l'un des rares penseurs en Chine antique à avoir compris et adopté une conception de la liberté semblable à celle présente dans la pensée occidentale. Sa rébellion contre les conventions morales et sa défense de l'amoralité témoignent d'une volonté de libérer l'individu des contraintes sociales et morales. Sa conception de la liberté englobait la notion de choix individuel, où chaque personne était libre de poursuivre ses propres désirs et plaisirs sans être entravée par des obligations imposées de l'extérieur. Yang Zhu a ainsi contribué à forger une perspective de liberté individuelle dans laquelle la poursuite du bonheur personnel et la jouissance de la vie étaient considérées comme des droits fondamentaux, en opposition aux normes éthiques collectives et aux faux devoirs moraux.

Exemples Mythiques et Valeurs de Vie

  • . Yu le Grand et Shun comme contre-exemples. Yang Zhu utilisait des figures mythiques de l'Antiquité chinoise pour illustrer ses idées. Il considérait des figures telles que Yu le Grand et Shun, souvent louées dans la tradition confucéenne, comme des contre-exemples de la vie réussie et épanouissante. Selon sa perspective, Yu le Grand, bien que reconnu pour ses exploits dans le contrôle des inondations, était perçu comme l'homme le plus surmené du monde, indiquant ainsi que la réalisation personnelle peut être sacrifiée au nom du devoir et des responsabilités sociales. De même, Shun, bien que considéré comme exemplaire dans la tradition confucéenne, était vu par Yang Zhu comme le plus malheureux, soulignant ainsi les sacrifices personnels qu'il avait faits au nom du devoir.
  • . Les tyrans Jie et Zhu comme modèles de liberté. À l'inverse, Yang Zhu prenait les tyrans Jie et Zhu, de la fin de la dynastie des Yin, comme modèles de liberté. Ces dirigeants étaient célèbres pour avoir laissé libre cours à leurs passions et à leurs instincts, refusant de se soumettre aux normes morales et sociales conventionnelles. Yang Zhu présentait ces figures tyranniques non pas comme des exemples de décadence, mais plutôt comme des hommes libres et heureux, capables de poursuivre leurs désirs sans être entravés par des obligations morales. Cette utilisation d'exemples iconiques illustrait la vision iconoclaste de Yang Zhu, remettant en question les valeurs traditionnelles et affirmant la primauté de la liberté individuelle et du bonheur sur les normes éthiques collectives.

Informations complémentaires

Littérature secondaire

  • 1908, Alexandra David-Neel, "Un ‘Stirner’ chinois" [Yang-Tchou], Mercure de France (Paris), 1er décembr 1908, pp445-452
  • 1909, Alexandra David-Neel, "Les Théories individualistes dans la philosophie chinoise. Yang-Tchou", Paris: V Giard & E. Brière

Citations

  • Un petit voleur est mis en prison. Un grand brigand devient chef d’État.
  • Rejetez la bienveillance et l'équité, ces vertus cardinales du confucianisme, et aussitôt l'union se recréera dans le monde sous l'influence mystérieuse de la vertu véritable.
  • Le monde n'a pas besoin de gouvernement ; en fait, il ne devrait pas être gouverné.
  • On doit laisser le monde à lui-même et être tolérant à son égard et non le gouverner. On doit le laisser à lui-même afin que les hommes ne s'écartent pas de leur nature innée. On doit être tolérant afin qu'ils n'altèrent pas leur vertu propre. Si chacun ne s'écarte pas de sa nature et conserve intacte sa vertu, est-il besoin d'un gouvernement ?

Voir aussi

Liens externes


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