Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
Ulrich Fehl
Ulrich Fehl, né le 27 janvier 1939 à Bochum en Westphalie et décédé le 9 novembre 2019 à Marburg, est un économiste allemand. Il fut professeur titulaire de Théorie économique générale à l'université Philipps de Marburg (Allemagne) de 1987 jusqu'à sa retraite, fin 2004. Il a étudié l'économie de 1961 à 1967 à Münster, à Gießen, et à Erlangen-Nuremberg. En 1971, il a obtenu son doctorat à l'université Philipps. De 1980 à 1987, il occupa la chaire de théorie économique à l'université Carl-von-Ossietzky d'Oldenburg (Allemagne). Pendant ce temps, il fut aussi conférencier et professeur adjoint aux universités d'Erlangen-Nuremberg et de Marburg.
La portée de la pensée d'Ulrich Fehl s'étend bien au-delà de l'économie, notamment en histoire et en philosophie sociale. Tout au long de sa vie universitaire, Ulrich Fehl a été un ardent défenseur, parmi les économistes universitaires allemands, principalement en langue allemande, de la pensée évolutionniste, de l'innovation et de la pensée des auteurs de l'école autrichienne.
La théorie du capital
Dans les années 1930, la théorie autrichienne du capital insistait sur l'aspect temporel de la production, pilier important de la pensée économique et qui fut influente auprès de nombreux économistes de langue allemande. Néanmoins, la théorie autrichienne du capital est tombée dans l'oubli pendant près de trois décennies avant de renaître dans les années 1960 et 1970 par les néo-autrichiens notamment par John Hicks. De 1973 à 1976, Ulrich Fehl s'est engagé dans une série de livres et d'articles reprenant clairement la théorie autrichienne du capital. Ulrich Fehl a réhabilité et a maintenu la période de production comme concept de base de la théorie autrichienne du capital, notion largement qualifiée de douteuse dans les années 1930.
Ulrich Fehl fut le chercheur dont les travaux sur la théorie du capital se situent dans la succession directe d'Eugen Böhm-Bawerk. Sa contribution la plus importante à la théorie autrichienne du capital fut traitée en 1973 dans son livre, La fonction de production et la période de production. Il utilise les apports de Carl Menger, de Knut Wicksell et d'Eugen Böhm-Bawerk. De Carl Menger, il reprend la notion de hiérarchie des biens. Les biens de consommation sont des biens de rang le plus bas, tandis que les biens d'équipement et les inputs du travail sont intégrés dans les différents stades des ordres supérieurs. Il reprend aussi le concept de temps de Knut Wicksell en tant que véhicule pour la maturation des biens sur leur chemin vers la consommation. Ulrich Fehl souligne l'idée de Böhm-Bawerk d'une structure de la production à plusieurs étages (ou multi-anneaux). Les inputs du travail passent par plusieurs stades de la production de biens. Et des montants supplémentaires de travail sont ajoutés à chaque étape. Enfin, les biens de consommation sortent de la dernière étape de la production. Plus une économie contient de détours de production et plus sa structure de production est productive dans le temps, à condition que le processus du détour de production soit suffisamment bien choisi.
Ulrich Fehl souligne que la théorie du capital traditionnelle et temporelle est par nature une approche macro-économique, puisque la notion-clé de la période moyenne de la production ne fait pas partie du calcul de l'entrepreneur individuel. Au lieu de cela, pour l'entrepreneur, les dimensions subjectives et immédiates des coûts et de revenus sont des éléments appartenant à la prise de décision. C'est ainsi qu'Ulrich Felh souligne qu'il est important d'amender l'approche d'Eugen Böhm-Bawerk par une fondation micro-économique. À partir du concept de Maurice Allais de la fonction de production temporelle, il formalisa un ensemble de fonctions de production temporelle qui, à l'analyse micro-économique, sont compatibles avec la déduction de Böhm-Bawerk au niveau macro-économique pour la période de production moyenne. Toutefois, à ce stade, sa théorie se justifie au niveau de l'équilibre économique. Souhaitant coller au réalisme économique de l'omniprésence de dis-équilibres, Ulrich Fehl remit en mémoire les recherches de Ludwig Lachmann soulignant que tous les biens d'équipement sont hétérogènes, non seulement sur un point temporel, mais aussi en ce qui concerne les multiplicités spécificiques de leurs utilisations réelles.
Le schéma de pondération
Ulrich Fehl a intégré les relations des valeurs implicites dans la structure temporelle de la production avec le concept böhmbawerkien de la fonction de production moyenne. Il s'attaqua à cette tâche par l'élaboration d'un schéma de pondération pour les différentes étapes de la production. Les apports du travail sont mesurés, sachant que les premiers inputs du travail, au début du processus de production, ont une plus grande productivité marginale que les inputs du travail incoporés à la fin du processus. Les taux absolus de gains de productivité s'accroissent d'étape en étape. La période de production, ainsi définie par le schéma de pondération, est donc égale au rapport entre le capital et la production. Aussi, Ulrich Fehl est en mesure de démontrer comment les changements dans le ratio entre les salaires et l'intérêt affectent la composition temporelle du stock de capital dans les différentes étapes de production. Il souligna que la période moyenne de la production, chez Böhm-Bawerk, est égale au rapport entre le capital et la production que si l'effet Wicksell[1] est exclu. Ceci n'est vrai que si la pente des prix des facteurs de production est linéaire et si l'écart entre la productivité marginale nette du capital et le taux d'intérêt demeure nul. Toute réévaluation du stock de capital se produit du fait de la variation dans l'intensité des facteurs au cours des différentes étapes de la production. Par conséquent, la structure de production se modifie avec les variation des prix relatifs des facteurs de production.
Notes et références
- ↑ L'effet Wicksell se caractérise par l'apparition d'un différentiel positif entre la productivité marginale du stock de capital et le taux d'intérêt
Bibliographie
- 1973, Produktionsfunktion und Produktionsperiode, Göttingen: Vandenhoek & Ruprecht
- 1974, Kapitalzins und Allokation: Zum Kardinalfehler der Marxschen Arbeitswerttheorie (Les intérêts du capital et la répartition : Le péché cardinal de la théorie de la valeur travail de Marx), Zeitschrift für die gesamte Staatswissenschaft, Vol 130, pp297-324
- 1976,
- a. “Die durchschnittliche Produktionsperiode als Grundbegriff der temporalen Kapitaltheorie—Bestandsaufnahme und Neufassung” ("De la durée moyenne de la production au concept de base de la théorie temporelle du capital - Inventaire et révision), Jahrbücher für Nationalökonomie und Statistik, 190, pp289–315
- b. “Der Wicksell-Effekt im Prozeßablauf: Zum Zusammenhang zwischen Umwertung und Einkommensverteilung”, Weltwirtschaftliches Archiv, 112, pp719–735
- 1979, commentaire du livre édité par Walter Grinder, "Capital, Expectations, and the Market Process. Essays on the Theory of the Market Economy by Ludwig M. Lachmann", Weltwirtschaftliches Archiv, Vol 115, n°3, pp582-586
- 1983, "Die Theorie dissipativer Strukturen als Ansatzpunkt für die Analyse von Innovationsproblemen in alternativen Wirtschaftsordnungen" (La théorie des structures dissipatives comme point de départ pour analyser les problèmes de l'innovation dans les systèmes économiques alternatifs), In: A. Schüller, Helmut Leipold et H. Hamel, dir., "Innovationsprobleme in Ost und West" (Les problèmes d'innovation à l'Est et à l'Ouest), Stuttgart, New York, pp65-89
- 1986, "Spontaneous Order and the Subjectivity of Expectations: A Contribution to the Lachmann-O'Driscoll Problem", In: Israel M. Kirzner, dir., "Subjectivism, intelligibility and economic understanding. Essays in Honor of Ludwig M. Lachmann on his Eightieth Birthday", New York: New York University press, pp72-86
- 1996, avec Peter Engelhard et Heiko Geue, "Austrian Methodology: Praxeology As a Quasi-Formal' Science", Cultural Dynamics, Vol 8, n°3, pp271-293
- 1997, avec Karl von Delhaes, dir., Dimensionen des Wettbewerbs: Seine Rolle in der Entstehung und Ausgestaltung von Wirtschaftsordnungen (Les dimensions de la concurrence : son rôle dans le développement et dans la conception des systèmes économiques), Stuttgart
Littérature secondaire
- 2009, Peter Engelhard, "Ulrich Fehl's Contribution to Temporal Capital Theory", The Quarterly Journal of Austrian Economics, Vol 12, n°3, pp79–88
Accédez d'un seul coup d’œil au portail économie. |