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Vers une société sans État

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Vers une société sans Etat
The Machinery of Freedom
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Auteur : David Friedman
Genre
économie
Année de parution
1973 (1992 ed. française)
Ce livre appelle à une privatisation de toutes les fonctions gouvernementales, en fournissant de nombreux exemples, et explore ainsi les conséquences de la pensée libertarienne, telles que l'histoire de l'Islande, et explique les raisons personnelles de l'auteur visant à défendre la pensée libertarienne.
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Ouvrage de David Friedman (1971), traduit en français sous le titre Vers une société sans Etat (1992), son titre original est The Machinery of Freedom.

Ce livre appelle à une privatisation de toutes les fonctions gouvernementales, en fournissant de nombreux exemples, et explore ainsi les conséquences de la pensée libertarienne, telles que l'histoire de l'Islande, et explique les raisons personnelles de l'auteur visant à défendre la pensée libertarienne. Friedman reconnaît que ce livre lui a été inspiré par le roman "Révolte sur la Lune" d'Heinlein, qui décrit une société où toutes les fonctions gouvernementales sont privées.

Des chapitres portent sur la privatisation de la loi et de la police, et sur la fourniture de biens publics (tels que la défense nationale ou les routes) en société libertarienne. L'approche de Friedman est typiquement anarcho-capitaliste.

Alors que la plupart des libertariens adoptent un point de vue déontologique en termes de droit naturel, Friedman est utilitariste et s'attache à montrer que les conséquences de l'anarcho-capitalisme sont bénéfiques pour tout le monde, y compris les pauvres. Sa vision du passage à une société anarcho-capitaliste est pragmatique et graduelle : par exemple, il préconise les bons scolaires (education vouchers) comme un prélude à la privatisation du système éducatif, et la décentralisation de la police comme une étape vers une défense totalement privée.

Des chapitres sont accessibles en lecture sur le site de David Friedman.

La "loi de Friedman"

Dans cet ouvrage, Friedman énonce une "loi" selon laquelle tout ce que fait le gouvernement coûte au moins deux fois plus cher que ce que coûterait l'équivalent dans le privé. Il illustre cette loi par plusieurs exemples, tels que le service des Postes. Voir aussi loi de Savas.

Extrait : Police, justice et lois fournis par le marché

(traduction Dilbert à partir de Police, Courts, and Laws - on the market - copyright 1973 et 1978 David Friedman, 1989 Open Court Publishing Company)

Comment, sans gouvernement, pourrions-nous régler les conflits qui sont actuellement réglés dans les tribunaux ? Comment pourrions-nous alors nous protéger contre les criminels ?

Considérons d'abord le cas le plus facile, la résolution des conflits impliquant des contrats entre des sociétés bien établies. Une grande partie de tels litiges est maintenant réglée non pas par des tribunaux d'État mais par l'arbitrage privé (comme décrit au chapitre 18). Les sociétés, quand elles élaborent un contrat, indiquent la procédure d'arbitrage pour n'importe quel conflit pouvant surgir. Ainsi elles évitent les dépenses et les délais de la justice.

L'arbitre n'a aucune force de police. Sa fonction est de rendre des décisions, pas de les faire respecter. Actuellement, les décisions arbitrées sont habituellement exécutoires, mais c'est un développement récent ; historiquement, l'exécution venait du désir d'une entreprise de maintenir sa réputation. Si on refuse le jugement d'un arbitre, il est difficile de persuader quelqu'un de signer un contrat qui indique un arbitrage ; personne ne veut jouer au jeu de « pile tu gagnes, face je perds ».

Les arrangements d'arbitrage sont déjà répandus. Tant que les tribunaux continueront à se détériorer, l'arbitrage continuera à se développer. Mais il prévoit seulement la résolution de conflits sur des contrats préexistants. L'arbitrage, par lui-même, ne fournit aucune solution pour la personne dont la voiture est abîmée par un conducteur négligent, encore moins pour la victime d'un vol ; dans les deux cas, le plaignant et le défendeur (defendant), ayant des intérêts différents et aucun accord préalable, sont peu susceptibles de trouver un arbitre qui leur convienne mutuellement. En effet, le défendeur n'a aucune raison d'accepter un arbitrage quel qu'il soit ; il a tout à y perdre - ce qui nous amène au problème d'empêcher la coercition.

La protection contre la coercition est un bien économique. Elle est actuellement vendue dans une variété de formes - gardiennage, serrures, alarmes. Pendant que l'efficacité de la police étatique diminue, le marché fournit des produits de remplacement pour la police, comme pour les tribunaux.

Supposez qu'un jour il n'y ait plus aucune police étatique, mais des agences privées de protection à la place. Ces agences vendent un service qui consiste à protéger leurs clients contre le crime. Peut-être vont-elles jusqu'à offrir une garantie de résultats en assurant leurs clients contre des pertes résultant d'actes criminels.

Comment de telles agences de protection pourraient-elles vous protéger ? Ce serait sur la base d'une décision économique, selon les coûts et l'efficacité des différentes solutions possibles. À une extrémité, elles pourraient se limiter à la défense passive, installant des serrures et des alarmes sophistiquées. Ou bien elles ne prendraient aucune mesure préventive, mais feraient de grands efforts pour retrouver les criminels coupables de délits contre leurs clients. Elles pourraient maintenir des patrouilles ou les voitures en faction, comme la police étatique actuelle, ou elles pourraient se reposer sur des substituts électroniques. De toute façon, elles vendraient un service à leurs clients et auraient une incitation véritable à fournir une qualité de service aussi élevée que possible, au coût le plus bas. Il est raisonnable de supposer que la qualité de service serait plus élevée et le coût plus bas qu'avec le système étatique actuel.

Inévitablement, des conflits surgiraient entre les agences de protection. Comment pourraient-ils être résolus ?

Je reviens chez moi un soir et je m'aperçois que mon téléviseur a disparu. J'appelle immédiatement mon agence de protection, Tannahelp Inc., pour signaler le vol. Ils envoient un agent. Il vérifie la caméra automatique que Tannahelp, en tant qu'élément de son service, a installée dans mon séjour et découvre la photo de Joe Bock passant la porte avec mon téléviseur. L'agent de Tannahelp contacte Joe, l'informe que Tannahelp a des raisons de le croire en possession de mon téléviseur, et suggère qu'il le rende, avec dix dollars supplémentaires pour le temps et l'effort que Tannahelp a consacrés à localiser Joe. Joe répond qu'il n'a jamais vu mon téléviseur de sa vie et dit à l'agent de Tannahelp d'aller au diable.

L'agent lui indique que jusqu'à ce que Tannahelp soit convaincu qu'il y a eu une erreur, il doit procéder sur la présomption que le téléviseur est ma propriété. Six employés de Tannahelp, tous grands et énergiques, viendront donc chez Joe demain matin pour récupérer l'objet. Joe répond qu'il a également une agence de protection, Dawn Defense, et que son contrat leur impose de le protéger si six crétins essayent de pénétrer par effraction dans sa maison et de voler son téléviseur.

À ce stade, on dirait qu'on est parti pour une aimable petite guerre entre Tannahelp et Dawn Defense. C'est précisément une telle possibilité qui a conduit quelques libertariens non anarchistes, notamment Ayn Rand, à rejeter la possibilité d'agences de protection en concurrence sur un marché libre.

Mais les guerres sont très chères, et Tannahelp et Dawn Defense sont deux sociétés à la recherche de profits, davantage intéressées à économiser de l'argent qu'à jouer les bravaches. Je pense que la suite de l'histoire sera moins violente que Mlle Rand a pu le supposer.

L'agent de Tannahelp appelle son correspondant chez Dawn Defense. « Nous avons un problème. … » ; après avoir expliqué la situation, il précise que si Tannahelp envoie six hommes et Dawn Defense huit, il y aura un combat. Quelqu'un pourrait même se blesser. Quel que soit celui qui gagne, au bout du compte le conflit coûtera cher des deux côtés. Ils pourraient même devoir se mettre à augmenter les salaires de leurs employés pour compenser le risque. Alors les deux sociétés seront forcées d'augmenter leurs prix. S'ils le font, Murbard Ltd, une nouvelle société commercialement agressive qui essaie de s'établir dans le secteur, baissera ses tarifs et leur volera de la clientèle. Il doit y avoir une meilleure solution.

L'homme de Tannahelp présente l'arbitrage comme la meilleure solution possible. Ils porteront le conflit au sujet de mon téléviseur à une société locale d'arbitrage honorablement connue. Si l'arbitre décide que Joe est innocent, Tannahelp accepte de payer à Joe et à Dawn Defense une indemnité pour compenser le dérangement. S'il est estimé coupable, Dawn Defense acceptera le verdict ; puisque le téléviseur n'est pas à Joe, ils n'ont aucune obligation de le protéger quand les hommes de Tannahelp viendront pour le reprendre.

Ce que j'ai décrit ici était un arrangement très improvisé. Dans la pratique, une fois que les établissements anarcho-capitalistes seront bien établis, les agences de protection prévoiront de telles difficultés et arrangeront des contrats à l'avance, avant que les conflits spécifiques se soient produits, en indiquant l'arbitre qui les règlera.

Dans une telle société anarchiste, qui ferait les lois ? Sur quelle base l'arbitre privé déciderait-il quels actes sont criminels et comment ils devraient être punis ? La réponse est que des systèmes juridiques seraient produits dans le commerce sur le marché libre, exactement comme des livres et des soutiens-gorge sont produits aujourd'hui. Il pourrait y avoir concurrence parmi différentes marques juridiques, juste comme il y a concurrence entre différentes marques de voitures.

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Dans une telle société il pourrait y avoir beaucoup de tribunaux et même beaucoup de systèmes légaux. Chaque paire d'agences de protection convient à l'avance quel tribunal elle invoquera en cas de conflit. Ainsi les lois en vertu desquelles sera traité un cas particulier seront déterminées implicitement par l'accord anticipé entre les agences de protection des clients concernés. En principe, il pourrait y avoir un tribunal différent et un système de lois différent pour chaque paire d'agences de protection. Dans la pratique, beaucoup d'agences trouveront probablement commode de traiter avec les mêmes tribunaux, et beaucoup de tribunaux pourraient trouver commode d'adopter des législations identiques ou presque identiques, afin de simplifier les affaires avec leurs clients.

Avant de qualifier d'injuste ou de chaotique une société dans laquelle différentes personnes sont régies par différentes lois, rappelez-vous que dans notre société la loi en vertu de laquelle vous êtes jugés dépend du pays, de l'État, et même de la ville dans laquelle vous vous trouvez. Dans le cadre des arrangements que je décris, elle dépend de votre agence de protection et de l'agence de la personne que vous accusez ou qui vous accuse.

Dans une société anarcho-capitaliste, la loi est un produit du marché. Un tribunal vit de la facturation des services d'arbitrage qu'il rend. Son succès dépendra de la réputation qu'il obtiendra du point de vue de l'honnêteté, de la fiabilité, de la promptitude et de l'attrait auprès des clients potentiels de l'ensemble des lois qu'il applique. Les clients immédiats sont les agences de protection. Mais une agence de protection elle-même vend un produit à ses clients. Dans ce produit entrera le ou les systèmes juridiques des tribunaux dont elle est cliente, et sous lesquels ses clients seront par conséquent jugés. Chaque agence de protection essayera d'entrer en affaires avec les tribunaux dont le système juridique plaira le plus à ses clients.

Considérez, par exemple, la question de la peine capitale. Certaines personnes pourraient estimer que le risque qu'elles soient elles-mêmes condamnées, à tort ou à raison, et exécutées pour un crime, serait supérieur à tous les avantages possibles de la peine capitale. Elles préféreraient, dans la mesure du possible, faire affaire avec des agences de protection elles-mêmes en affaire avec des tribunaux qui n'appliquent pas la peine capitale. D'autres citoyens pourraient estimer qu'ils seraient mieux protégés de meurtriers potentiels si on savait que leur assassin potentiel finirait sur la chaise électrique. Ils pourraient considérer cette sécurité comme plus importante que le risque de finir eux-mêmes sur la chaise électrique ou d'être responsables de la mort d'un innocent accusé de meurtre. Ils feraient affaire, si possible, avec des agences liées à des tribunaux appliquant la peine capitale.

Si une position ou l'autre est prédominante, il est payant pour toutes les agences de protection d'utiliser les tribunaux de l'une ou de l'autre sorte. Si certaines personnes pensent dans un sens et d'autres dans un autre sens, et si leurs convictions sont assez fortes pour affecter leur choix d'une agence de protection, il est payant pour quelques agences de garantir, autant que possible, de n'utiliser que des tribunaux qui n'adoptent pas la peine capitale. Elles peuvent alors attirer des clients qui sont contre la peine capitale. D'autres agences feront le raisonnement inverse.

Les conflits entre deux agences anti-peine capitale, naturellement, iront devant une cour anti-peine capitale ; les conflits entre deux agences en faveur de la peine capitale iront devant une cour en faveur de la peine capitale. Que se produirait-il lors d'un conflit entre une agence anti-peine capitale et une agence en faveur de la peine capitale ? Évidemment il est impossible que si je vous tue le cas aille devant un tribunal, mais que si vous êtes tué par moi il aille devant un autre. Nous ne pouvons pas tous les deux obtenir exactement la loi qui nous arrange.

Nos préférences se reflètent dans les prétentions de nos agences respectives. Si les adversaires de la peine capitale sont plus déterminés que les partisans, les agences seront d'accord pour n'appliquer aucune peine capitale ; les agences qui veulent la peine capitale obtiendront autre chose en contrepartie. Peut-être conviendra-t-on qu'elles ne payeront pas les coûts du procès ou qu'on ira dans leur sens sur un autre point contesté.

On peut imaginer un processus de négociation idéalisé, pour ce conflit et pour tout autre. Deux agences négocient le fait de reconnaître un tribunal pro- ou anti-peine capitale. L'agence "pro-" calcule que le fait d'adhérer à un tribunal en faveur de la peine capitale lui apporte un chiffre d'affaires de $20.000 par an ; c'est la somme additionnelle qu'elle peut obtenir en échange de ses services s'ils incluent une garantie de peine capitale en cas de conflits avec l'autre agence. De la même façon, l'agence anti-peine capitale calcule un chiffre correspondant de $40.000. Elle offre à l'agence "pro-" $30.000 par an en échange de l'acceptation d'un tribunal anti-peine capitale. L'agence "pro-" accepte. Maintenant l'agence anti-peine capitale peut relever ses tarifs suffisamment pour engranger $35.000 de plus. Ses clients sont satisfaits, puisque la garantie de n'avoir pas de peine capitale vaut plus que cela. L'agence est satisfaite ; elle obtient $5.000 de bénéfice supplémentaire par année. L'agence "pro-" baisse ses tarifs d'un montant qui représente $25.000 par an. Ceci lui permet de garder ses clients et d'obtenir même davantage, puisque l'économie est plus que suffisante pour compenser le fait qu'ils ne puissent obtenir le tribunal de leur choix. Elle gagne donc aussi $5.000 par an sur cette transaction. Comme dans tout bon commerce, chacun y gagne.

Si vous trouvez cela un peu confus, cela peut valoir la peine d'y revenir à nouveau ; le principe de base d'une telle négociation deviendra important plus loin quand je discuterai quelle sorte de loi une société anarcho-capitaliste est susceptible d'avoir.

S'il advient que les clients des deux agences soient aussi acharnés les uns que les autres, peut-être deux tribunaux seront choisis, un de chaque sorte, et les procès assignés aléatoirement entre eux. De toute façon, la préférence juridique du client, son avis quant au type de loi auquel il entend se soumettre, aura été un facteur important pour déterminer le type de loi qui le régit. Cela ne peut complètement contribuer à le déterminer, puisque accusé et accusateur doivent avoir la même loi.

Dans le cas de la peine capitale, les deux positions sont directement opposées. Une autre possibilité est que certains clients veuillent des lois spécifiques, adaptées à des circonstances spéciales. Les gens vivant dans des endroits désertiques pourraient vouloir un système juridique qui définit très précisément des droits de propriété pour l'eau. Les gens qui vivent ailleurs trouveraient un tel traitement de la question au mieux superflu. Au pire, ce pourrait être une source de procès ennuyeux. Ainsi les personnes vivant dans le désert pourraient adhérer à une agence de protection qui aurait comme politique d'aller toujours devant un tribunal pourvu d'une loi sur l'eau bien développée. D'autres agences agréeraient l'utilisation de ce tribunal dans les conflits avec cette agence, mais emploieraient d'autres tribunaux entre elles.

Les différences entre les tribunaux seraient probablement plus subtiles. Les gens constateraient que les décisions d'un tribunal sont plus promptes ou plus prévisibles que celles des autres, ou que les clients d'une agence de protection sont mieux protégés que ceux des autres. Les agences de protection, essayant d'établir leur propre réputation, rechercheraient les « meilleurs » tribunaux.

Plusieurs objections peuvent être formulées contre un tel marché libre de la justice. La première est que les tribunaux rendraient la justice en décidant en faveur de celui qui paie le plus. Ce serait suicidaire ; sans une réputation d'honnêteté, ils n'auraient aucun client - à la différence de nos tribunaux actuels.

Une autre objection est que c'est le travail des tribunaux et de la législation de découvrir les lois, et pas de les créer ; il ne peut pas y avoir en concurrence deux lois de la pesanteur, aussi pourquoi devrait-il y avoir en concurrence deux lois sur la propriété ? Mais il peut y avoir deux théories en concurrence au sujet de la loi de la pesanteur ou de la définition des droits de propriété. La découverte est une activité aussi productive que la création. S'il est évident de déterminer une législation correcte, ou quelles règles sociales découlent de la nature de l'homme, alors tous les tribunaux s'entendront, de même que tous les architectes s'accordent quant aux lois de la physique. Si ce n'est pas évident, le marché engendrera la recherche destinée à découvrir des législations correctes.

Une autre objection est que dans une société avec beaucoup de systèmes juridiques on ne s'y retrouverait plus. Si cela s'avère être un problème sérieux, les tribunaux auront une incitation économique à adopter une législation uniforme, exactement comme les papeteries ont une incitation à produire du papier avec des tailles normalisées. Une nouvelle législation sera présentée seulement quand l'innovateur croira que ses avantages sont supérieurs à ceux de l'uniformité.

L'objection la plus sérieuse à la législation de libre marché est que le plaignant et le défendeur peuvent ne pas se mettre d'accord sur un tribunal commun. Évidemment, un meurtrier préférerait un juge clément. Si le tribunal était choisi réellement par les parties après que le crime s'est produit, cela pourrait constituer une difficulté insurmontable. Dans le cadre des arrangements que j'ai décrits, le tribunal est choisi à l'avance par les agences de protection. On aurait du mal à trouver à un instant donné un nombre de meurtriers suffisant pour faire vivre leur propre agence de protection, une qui serait affiliée à des tribunaux qui ne considéreraient pas le meurtre comme un crime. Et même si c’était le cas, aucune autre agence n'accepterait de tels tribunaux. L'agence des meurtriers accepterait un tribunal raisonnable ou bien serait engagée dans une guerre désespérée contre le reste de la société.

Jusqu'à ce qu'il soit réellement accusé d'un crime, chacun veut des lois qui le protègent contre le crime et le laissent interagir paisiblement et productivement avec autrui. Même les criminels sont ainsi. Peu de meurtriers souhaiteraient vivre sous une législation qui leur permettrait de tuer - et aussi d’être tué.

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes


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