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Mayotte
L'île de Mayotte est située dans l'océan indien, entre la côte Est de l'Afrique (canal du Mozambique) et Madagascar. Parmi les nombreux îlots d'origine volcanique, seules "Petite-Terre" et "Grande-Terre" sont habitées. Le lagon aux eaux bleues turquoises est ceinturé par une barrière de corail d'environ 150 km de longueur. Situé entre l'équateur et le tropique du Capricorne, ce département français bénéficie d'un climat tropical rythmé par deux saisons :
- - la saison sèche de mai à octobre au climat tempéré appelée hiver austral,
- - la saison des pluies de novembre à avril appelée été austral ou saison chaude.
La végétation est tropicale, les grands arbres : baobabs, manguiers, tulipiers et flamboyants abritent des roussettes ; ces chauves-souris sont friandes de fruits qu'elles se disputent aux makis, petits lémuriens qui vivent en bandes et en fratrie.
L'histoire de Mayotte
Mayotte est une des îles que les géographes dénomment l'archipel des Comores. La population d'origine est bantoue (africaine). Elle a été islamisée par les Arabes et colonisée par les perses en provenance de la ville de Chiraz. Les navigateurs européens, espagnols et hollandais, s'en servaient comme escale et comptoir commercial à partir du XVIe siècle. La présence française naît de la politique stratégique de la monarchie de Juillet qui souhaitait combler les points d’appuis perdus dans l'océan indien depuis le désastre militaire et politique de Napoléon (conquête anglaise de l'île Maurice, des Seychelles). Les côtes de l'île de la Réunion n'offraient pas la possibilité d'une rade militaire. Le 25 avril 1841, Mayotte est vendue à la France par le sultan Andriantsouli[1] pour un prix de 1 000 piastres[2]. L'arrivée de la France est vécue comme une protection libératrice contre les menaces des « sultans batailleurs » et des « belliqueux aristocrates » anjouanais. L'officier de marine, le colonel Pierre Passot, en prend donc possession en signant l'acte ; celui-ci sera ratifié plus tard par le ministre François Guizot le 10 février 1843 au nom du roi de France, Louis-Philippe.
La colonie française est ensuite placée, avec les autres îles de l'archipel des Comores[3], sous la dépendance de Madagascar, autre colonie française. En 1946, Mayotte obtient le statut de TOM (Territoire d'Outre Mer) englobée par les autres îles des Comores. Le 12 décembre 1958, les quatre élus de Mayotte votèrent pour le statut de département d’outre-mer. Mais, ce choix cependant fut rendu inopérant car l’assemblée territoriale des Comores s'est prononcée majoritairement pour le maintien du statut de territoire d’outre-mer.
Lorsque les habitants des Comores déclarent leur indépendance en 1975, les Mahorais profitent enfin de la liberté de leur vote pour choisir de rester français. Les trois autres îles des Comores (Anjouan, Mohéli et Grande Comores) se constituent en république. Leur division politique les déchire mais les habitants réussissent à s'unir de nouveau sous la forme d'une Union des Comores (États fédéraux indépendants).
Mayotte fait son chemin vers le statut de DOM qu'elle obtient en 2011. Ce département est alors le plus jeune (le plus récent de la république française, le 101ème et par l'âge de sa population).
Pionniers de l'abolition de l'esclavage de tous les territoires ultra-marins
Durant le régime de la monarchie de Juillet, Alexis de Tocqueville favorisa des campagnes philanthropiques dans les milieux libéraux afin d'aménager le statut des esclaves dans les colonies françaises. Diverses améliorations furent apportées notamment par les lois des 19 janvier et 15 juillet 1845. Une autre mesure libérale de ce régime monarchique fut l'affranchissement des esclaves du domaine public dans les vieilles colonies. Mayotte fut un territoire qui se remarqua extraordinairement dans son action libérale car l'esclavage fut totalement aboli en 1847 (décret de 1846). Au lendemain de la prise de possession, le gouverneur, Pierre Passot, qui fut à l'origine de l'accord de l'achat de l'île par la France, commanda une étude sur l'estimation de la population mahoraise. Tout le monde fut surpris de découvrir que la moitié de la population vivait dans un état de servitude, soit 1 500 individus. En février 1846, il fit procéder un recensement systématique qui aboutissait cette fois-ci à une population servile de 2 733 individus.
L'ordonnance du roi Louis-Philippe, le 21 octobre 1845, fixa le régime plutôt libéral d'attribution des concessions agricoles dans la nouvelle colonie de Mayotte. Le commandant supérieur pouvait dés lors suivre une politique assez généreuse d'attribution de terrains incultes ou réputés tels et dépourvus de propriétaires connus. L'article 4, en son premier alinéa, obligea tout concessionnaire de n'employer sur son exploitation que des travailleurs libres. Ceci sema des réactions opposées dans le royaume. Du côté des colons nantais qui fondèrent "la Société des Comores", cela allait de soi mais il n'en était pas de même pour les planteurs réunionnais, habitués à faire travailler une nombreuse main-d'œuvre servile sur l'île de Bourbon.
Suite au traité de cession de l'île à la France, signée le 25 avril 1841, le roi Louis-Philippe présenta une nouvelle ordonnance le 9 décembre 1846 qui considérait que la fin de l'esclavage à Mayotte était une des premières conséquences de l'occupation de cette île. Sa promulgation sur l’île s’est faite le 1er juillet 1847[4]. L’abolition de l’esclavage y est commémorée le 27 avril, le même jour où Victor Schœlcher présentait son décret à l'Assemblée nationale. Mais cela renvoie à un an plus tôt lorsque le 27 avril 1846, le baron Armand Mackau abolissait l’esclavage à Mayotte.
Un développement économique amorcé avec des volontés libérales mais mort-né en raison de la connivence capitaliste
En 1845, l'amiral de Mackau[5], ministre de la Marine, déclara de façon élogieuse qu'il était possible de créer à Mayotte un grand port de guerre et un centre commercial analogue à Hong Kong ou à Singapour. Mayotte était vue comme un vaste entrepôt en devenir où les produits manufacturés de l'Europe seraient échangés contre les denrées d'Afrique orientale et de Madagascar. L'idée de créer à Mayotte un port franc fut hélas très vite abandonnée.
Le ministre de la Marine, qui s'occupait à l'époque des territoires non métropolitains, suggéra au roi Louis-Philippe Ier que Mayotte pouvait être le théâtre d'un développement économique important grâce au libre marché. Pour cela, il fallait des hommes libres ce que n'étaient pas tous les résidents de l'île aux parfums. Aussi, Armand Mackau fit libérer les esclaves et indemnisa leurs maîtres, dont aucun n'était un planteur d'origine européenne. Le Parlement français approuva, au printemps 1847, le financement nécessaire au paiement d'une indemnité de 200 francs par esclave. Le processus de libération commença dès juillet 1847.
Mayotte, une terre d'immigration en voie de saturation démographique et de pauvreté
Depuis le 7ème ou le 8ème siècle, l'île de Mayotte a été un refuge pour les exilés. Il y a une hypothèse où des Austronésiens, des habitants venus du Sud-Est asiatique, seraient venus en pirogue depuis ce qu'on appelle maintenant l'Indonésie pour peupler les îles des Comores, de Mayotte et ensuite Madagascar. Un autre vague est issue de la cour d'Adriantsouli chassée de leur royaume du Boina au Nord-Ouest de Madagascar, par Ramenataka.
Après le maintien de Mayotte dans le giron français, les victimes politiques affluèrent en masse. Ce fut les persécutés de la dictature d'Ali Soihiti, président de la République islamique des Comores de 1975 à 1978 ou les survivants du progrom de Majunga (à Madagascar, 1976). L’instabilité politique incite à l’immigration clandestine vers Mayotte (tentative de sécession d'Anjouan en 1977).
L'hippocampe connait peu de mouvements sociaux durant la gestion coloniale à l'exception de l'année 1856. Bakari Koussou[6], chef de village, fomente une révolte qui engendre un soulèvement des travailleurs des plantations, qui étaient assez maltraités par leurs employeurs. Cet incident a mis en cause l’ordre colonial durant un instant.
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Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ Andriantsouli était, à l'origine un chef de la région du Boina, région côtière qui était incluse dans une région plus vaste qui était le sakalave du Nord-Ouest de Madagascar. Il était en difficulté parce que l’île de Madagascar était en voie de monopolisation de la violence militaire et politique par des guerriers plus puissants et plus nombreux. Il fut chassé du pays. Il vint s'installer à Mayotte puis y prit le pouvoir.
- ↑ Les raisons du choix de la devise espagnole sont encore inconnues
- ↑ En 1886, la France établit un protectorat sur les trois autres îles de l’archipel : Grande Comore, Mohéli et Anjouan.
- ↑ Après la chute de la monarchie de Juillet causée par la crise politique et sociale de 1848, l’article 3 du Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, voté quelques mois plus tard, confirme l'abolition de l'esclavage dans l'île.
- ↑ Armand Mackau (1788-1855) fut appelé au ministère de la Marine et des Colonies le 24 juillet 1843 en remplacement de l'amiral Roussin. Durant son administration, il proposa les lois des 18 et 19 juillet 1845, dites lois Mackau, qui préparaient l'abolition de l'esclavage.
- ↑ Bakari Koussou était le chef de village de Bouyouni qui est situé maintenant sur la route N1 entre le village Mitseni et la commune de Dzoumogne.
Bibliographie
- 1976, Jean Martin, "L'affranchissement des esclaves de Mayotte, décembre 1846-juillet 1847", Cahiers d'études africaines, vol 16, n°61-62, Histoire africaine : constatations, contestations, pp207-233
- 2010, Jean Martin, "Histoire de Mayotte, département français", Paris: les Indes savantes
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