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Krytarchie
La krytarchie ou kritarchie est un système juridique et politique décrivant des systèmes institutionnels traditionnels tels qu'ils existaient dans des tribus germaniques et celtiques autonomes d'autrefois. Le terme de krytarchie a été inventé en 1844 par Robert Southy. ll vient du grec kritès (juge) ou 'krito' (juger) et de ‘archè’ (règle, principe, cause): c'est à dire des règles de droit volontairement choisies par des juges et les sujets de droit.
Une position particulière des juges dans la société
Les juges dans une monarchie ou une oligarchie parlementaire aspirent, peu ou prou, à la reconnaissance du leadership politique, c'est-à-dire qu'ils ressentent le besoin d'être en mesure de se faire respecter de leurs sujets par obéissance hiérarchique à leurs commandements, à leurs règles, à leurs décisions et à leurs choix. En bref, les règles sont un mélange de commandes directes et de codes législatifs. Les juges sont des magistrats intégrés au système de domination politique. Ils sont habilités à faire acheminer, de gré ou de force, les citoyens et résidents devant leurs bancs quitte à utiliser des moyens coercitifs violents. Les fonctionnaires de justice de l'État (juges, procureurs) imposent leurs décisions sur les sujets.
Les juges, dans la kritarchie, ne sont pas censés légiférer mais seulement trouver les voies et les moyens de gérer les conflits d'une manière légale. Ils ne cherchent pas à imposer l'obéissance à leurs commandes en tant que tels. Les juges n'ont pas de sujets et ces juges ne jouissent d'aucun privilège particulier ou de pouvoir spécial. Dans une krytarchie, les juges ne choisissent pas quelles personnes doivent comparaître devant eux. Au lieu de cela, ce sont les gens, qui désirent que leurs différends soient résolus par une décision judiciaire, qui sélectionnent leur juge. Ces derniers doivent être les garants du respect du droit (rule of Law), ce qui est un ordre de choses objectivement données et ne correspond pas seulement aux désirs ou aux idéaux personnels que les juges peuvent avoir.
Les anthropologues décrivent ce système dans les sociétés « acéphales », « polycentriques » ou « apatrides ». Ces sociétés sont fondées sur le droit coutumier (Common Law) plutôt que sur le droit statutaire codifié (exécutif ou parlementaire). La krytarchie est fondée sur la justice égale pour tous, dans le sens où la justice est entendue par l'adhésion de tous aux principes universels du Droit naturel : les droits de propriété, y compris les droits sur sa propre personne et la liberté contractuelle. Ce n'est pas l'acte de justice qui est le pilier fondateur de la kritarchie mais plus précisément, le jugement qui vise à déterminer la justice, c'est à dire le processus juste qui mène à la justice délibérément choisie par les sujets. Les juges sont au service des membres de la société.
La force de la justice ?
Sous la krytarchie, les forces de police peuvent légalement utiliser leurs armes et des pouvoirs coercitifs seulement dans le cas de maintenir le droit, c'est à dire pour défendre les droits naturels des personnes ou de réparer les violations des droits individuels. Les tribunaux et la police ne constituent pas et ne sont pas incorporés dans un monopole coercitif. Toute personne a le droit d'offrir des services judiciaires ou de police à d'autres personnes. Nul ne peut être contraint de soutenir une cour de justice ou un service de police contre son gré. En bref, dans un krytarchie, les services judiciaires et de police sont offerts sur un marché libre, qui, dans cette mesure, concernent des échanges de biens et de services. Mais, dans ce système, les juges doivent rendre la justice dans le but d'obtenir la coopération des personnes accusées et ainsi, de s'assurer que leurs verdicts soient peu susceptibles d'être contestée devant un autre tribunal par les parties concernées dans la procédure.
La gouvernance du peuple et la fiscalité par la force publique ou la force privée ne sont pas des fonctions du système politique de la krytarchie. Les gens sont libres de gérer leurs propres affaires, que ce soit individuellement ou en association volontaire avec d'autres personnes, ce qui signifie que chaque personne, en gouvernant ses propres affaires, doit laisser les autres libres de se gouverner. En ce sens, la liberté est un Droit fondamental d'une krytarchie.
Bien que menacées par une vision constructiviste du droit, les sociétés qui se rapprochent de la kritarchie sont loin d'avoir toutes disparues. Le système du droit coutumier, en Somalie, le xeer, tel que le décrit Michael van Notten, n'est pas une curiosité anecdotique d'une tribu arriérée ou primitive regardée par des anthropologues nostalgiques. Il s'agit d'un système vivant et juridique très développé qui regarde l'avenir avec espoir et optimisme plutôt que l'expression pessimiste d'un nécessaire retour réactionnaire du passé.
Pour que la krytarchie puisse émerger et exister sur le long terme, il est fondamental que les membres qui composent la société défendent l'idée et pratiquent un marché libre d'entrepreneurs de la justice. Il faut que l'engagement pour la justice soit suffisamment fort pour vaincre les efforts des personnes qui utiliseraient des méthodes illégales comme l'agression, la coercition ou la fraude pour faire avancer leurs actions extrémistes ou qui chercheraient à se soustraire à leur propre responsabilité et aux conséquences des torts qu'ils ont causés à autrui.
Bibliographie
- 2007, Frank van Dun, "What is Kritarchy?", The Voluntaryist, 4ème trimestre, n°135, p8, pp4-7
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