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José Ortega y Gasset

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José Ortega y Gasset
Philosophe

Dates 1883 - 1955
José Ortega y Gasset
Tendance
Nationalité Espagne Espagne
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Citation
Interwikis sur José Ortega y Gasset

José Ortega Y Gasset né et mort à Madrid (9 mai 1883-18 octobre 1955), est un philosophe et essayiste libéral à une époque où l’Espagne oscillait entre monarchie, république et dictature. Marqué par la pensée de Kant, de Schopenhauer et de Nietzsche, il s’inscrit dans le perspectivisme.

Biographie de José Ortega y Gasset

Issu d’une famille de la bourgeoisie libérale liée au monde de la presse par ses deux parents, il fait des études universitaires à Bilbao et Madrid, où il obtient son doctorat de philosophie. Il étudie la philosophie néokantienne en Allemagne (Leipzig, Nuremberg, Cologne, Berlin) de 1905 à 1907. De retour en Espagne, il fonde plusieurs revues et surtout El Sol, grand quotidien libéral (1918) où vont être publiés sous forme d’essais ses deux œuvres principales España invertebrada et La rebelión de las masas.

Il est le fondateur et le directeur de la célèbre et influente Revista de Occidente de 1923 à 1936, revue scientifique grâce à laquelle il souhaite divulguer au public espagnol le meilleur de la pensée européenne de son temps, puis de la maison d’édition portant le même nom (1924). Rompant avec la monarchie, hostile à la dictature de Primo de Rivera, il participe à la mise en place de la Seconde République comme leader du groupe La Agrupación al servicio de la república mais il est néanmoins vite déçu du caractère radical du nouveau régime et se retire de la vie politique en 1933. Menacé par les deux camps, il fuit en France (1936-1939) avant de se réfugier en Argentine puis au Portugal.

Il revient d’exil en 1946, pensant que la victoire alliée dans la Seconde Guerre mondiale impliquerait un changement d’orientation politique du franquisme. « Exilé intérieur » dans son propre pays, il gagne en revanche une notoriété internationale : entre les années 1950 et 1955, il voyage en Angleterre, en Allemagne, ou aux États-Unis. Dès 1930, Ortega pariait sur l'idée « d'États-Unis d'Europe » pour surmonter à la fois les limites de la démocratie parlementaire et l'écueil de l'autoritarisme.

À sa mort, des funérailles laïques sont officieusement organisées par les étudiants qui accourent en masse à ce qui est la première manifestation publique du régime franquiste. La pensée libérale d’Ortega y Gasset sera revendiquée plus tard par plusieurs intellectuels franquistes qui s’opposeront progressivement au régime et se convertiront à la démocratie au moment de la transition démocratique espagnole.

Il a été l'une des figures majeures de l'humanisme libéral européen du XXe siècle, cité et admiré par les plus grands penseurs contemporains - dont Raymond Aron qui, s'il n'était pas décédé juste auparavant, devait prononcer son éloge le 6 mai 1983 lors des commémorations internationales du centième anniversaire d'Ortega.

L'Homme-masse

Pour l’auteur de La Révolte des masses « il est hors de doute que la technique - jointe à la démocratie libérale - a engendré l'homme-masse ». Pour Ortega y Gasset, l'homme-masse, ne désigne pas une classe sociale mais un type d'homme qui domine toutes les classes sociales, il est représenté par le technicien-spécialiste, l'homme de science qui est le prototype de l'homme-masse, un type d'homme nouveau d'homme convaincu par la sensation intime de puissance ne se reconnaissant aucune limite. Ortega y Gasset qualifie de barbarie moderne la tendance à la dissociation et au morcellement.

Le XIXe siècle n'a pas inventé les principes propres à l'industrialisme, mais s'est contenté de les avoir implantés. Si l'industrialisme fut essentiellement révolutionnaire ce fut surtout dans le fait qu'il plaça l'homme moyen dans des nouvelles conditions de vie. Ainsi, « l'homme nouveau » est celui qui avive ses appétits toujours plus croissants et inépuisables, l'homme-masse possède une foi totale dans le monde technique, dans les moyens de libre expansion de ses désirs. Un des traits psychologiques de l'homme-masse est son ingratitude foncière envers tout ce qui a rendu possible la facilité de son existence, il se comporte comme un enfant gâté, gâté dans la croyance que tout ce qui existe dans le monde est à sa disposition sans avoir d'autres obligations que de satisfaire ses possibilités matérielles.

L'homme-masse a appris à se servir des engins créés par la civilisation mais se caractérise par son ignorance foncière des principes mêmes de cette civilisation.

« L’homme ne vit plus désormais dans la nature mais se loge dans la surnature qu’il a lui-même créée au cours d’un des jours de la Genèse, à savoir la technique ».

L'avènement de l'homme-masse naît, pour Ortega y Gasset, après une période où l'homme croit pouvoir gouverner le monde par lui-même, dans une sorte de « plénitude », alors même qu'il ignore de plus en plus les complexités du passé, il se pense lui-même être délivré du passé, de même il croit se passer des principes mêmes à qui il doit la vie.

Œuvres

Peu d'œuvres du philosophe espagnol ont fait l'objet de traductions en français. Une édition de ses œuvres complètes (au critère thématique et non chronologique) a commencé chez Klincksieck, mais elle s'est interrompue au troisième volume. En revanche Ortega a été traduit dans de nombreux autres pays : Allemagne, Angleterre, Portugal, Brésil, Russie...

  • 1932, "The Revolt of the Masses", New York: W. W. Norton
    • Traduction en italien en 1962, "La ribellione delle masse", Il Mulino, Bologna
  • 1933, "The Modern Theme", New York: W. W. Norton
  • 1937, "Invertebrate Spain", London: Allen & Unwin
  • 1946, "Concord and Liberty", New York: W. W. Norton
  • 1962, "Man and Culture", New York: W. W. Norton & Company, Inc.
  • 2008, La déshumanisation de l'art [suivi de "Idées sur le roman" et de "L'art au présent et au passé"], trad., étude critique et notes de Paul Aubert et Eve Giustiniani, Sulliver, Cabris, 2008, 218 p.
  • 1988, Œuvres complètes I: Qu'est ce que la philosophie?, Leçons de métaphysique, trad. de Yves Lorvellec et Christian Pierre, Klincksieck, Paris, 1988, 363 p.
  • Œuvres complètes II:Aurore de la raison historique (Idées et croyances, Notes sur la pensée, Sur la raison historique), trad. Yves Lorvellec et Christian Pierre, Klincksieck, paris, 1988, 377 p.
  • 1990, "Œuvres complètes II: Velazquez et Goya", Paris: Klincksieck, traduction de Christian Pierre
  • La Révolte des masses, trad. de Louis Parrot, Stock, Paris, 1937, 207 p; rééd. Gallimard, collection "Idées NRF", Paris, 1961, 1967, 256 p; Livre Club du Labyrinthe, Paris, 1986, 308 p. ; rééd. La Bibliothèque classique de la liberté, Les Belles Lettres, 2010.
  • Ecrits en faveur de l'amour, trad. de Hélène Saint-André et Frédéric Lannaud, Distance, Biarritz, 1986, 140 p.
  • Le spectateur tenté, trad. Mathilde Pomès, Plon, Paris, 1958, 373 p.; rééd sous le titre Le spectateur, trad. Christian Pierre, Rivages Poches, Paris, 1992, 256 p.
  • Etudes sur l'amour (édition à part extraite du précédent ouvrage) trad. Christian Pierre, Rivages Poche / Petite Bibliothèque, Paris, 2004, 159 p.
  • L'évolution de la théorie déductive. L'idée de principe chez Leibniz, trad. de jean-Paul Borel, Gallimard, collection NRF, Paris, 1970, 342 p.
  • « Méditations sur la chasse », traduction de Charles-A. Drolet, introduction de Louis-Gilles Francoeur, Septentrion, Québec, 2008, 146 p.

Littérature secondaire

  • 1963, José Ferrater-Mora, "Ortega y Gasset: An Outline of His Philosophy", New Haven, CT: Yale University Press
  • 1966, Karl Weintraub, "Visions of Culture: Voltaire, Guizot, Burckhardt, Lamprecht, Huizinga, Ortega y Gasset", University of Chicago Press
  • 1970, Julián Ortega Marías, "Ortega y Gasset: Circumstance and Vocation", Norman: University of Oklahoma Press
  • 2002, Javier Zamora Bonilla, "Ortega y Gasset", Barcelona: Plaza & Janés
  • 2008, David Fitzsimons et Lester Hunt, "ORTEGA Y GASSET, JOSÉ (1883–1955)", In: Ronald Hamowy, dir., "The Encyclopedia of Libertarianism", Cato Institute - Sage Publications, pp365-366

Liens externes

Citations

  • « Être de gauche ou être de droite c'est choisir une des innombrables manières qui s'offrent à l'homme d'être un imbécile. Toutes deux en effet sont des formes d'hémiplégie morale ». (La révolte des masses)
  • « Le libéralisme est la forme suprême de la générosité : c'est le droit que la majorité concède aux minorités, et partant c'est le plus noble cri qui ait retenti sur cette planète ». (La révolte des masses)
  • « La technique, dont la mission consiste à résoudre des problèmes humains est soudain devenue elle-même un nouveau et gigantesque problème ». (Méditation sur la technique)
  • « Le « nouvel homme moyen », héritier d'un passé très ancien et génial - génial d'inspirations et d'efforts - a été « gâté » par le monde qui l'entoure. « Gâter », c'est ne pas limiter le désir, c'est donner à un être l'impression que tout lui est permis, qu'il n'est tenu à aucune obligation. La créature soumise à ce régime ne fait pas l'expérience de ses propres limites ». (La révolte des masses)
  • « On parle à chaque instant des progrès fabuleux de la technique; mais je ne vois pas que même les meilleurs, lorsqu'ils en parlent, aient pleine conscience de tout ce que l'avenir de cette technique a de dramatique ». (La révolte des masses)
  • « Un monde débordant de possibilités engendre automatiquement de graves déformations et des spécimens vicieux de l'existence humaine, ce que l'on peut réunir dans la catégorie générale d' « homme-héritier », dont l'aristocrate n'est qu'un cas particulier, l'enfant gâté un autre, et l'homme-masse de notre temps un autre encore ». (La révolte des masses)


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