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John James Cowperthwaite
John James Cowperthwaite | |||||
homme politique | |||||
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Dates | 1925-2006 | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | Royaume-Uni | ||||
Articles internes | Autres articles sur John James Cowperthwaite | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur John James Cowperthwaite | |||||
Histoire du Royaume-Uni | |
Sir John James Cowperthwaite, né le 25 avril 1915 à Édimbourg, en Écosse, mort le 21 janvier 2006 à Dundee, en Écosse, a été le Financial Secretary de Hong Kong entre 1961 et 1971. Sa politique économique libérale créa les conditions d'une très rapide croissance économique de l'ancienne colonie britannique et établit les bases de sa prospérité comme centre d'affaires international.
Jeunes années et début de carrière
Fils d’un agent du fisc, John James Cowperthwaite fait ses classes au sein d’une ancienne et prestigieuse école privée, la Merchiston Castle School d'Édimbourg, avant de poursuivre des études classiques, d’abord à l’université St Andrews, ensuite au Christ's College de Cambridge où il obtient son Masters Degree. En attendant d’être appelé sous les drapeaux du régiment des Cameronians (Scottish Rifles), il retourne à l’université St Andrews pour y étudier l’économie.
Cette éducation l’imprégnera de l’éthique protestante écossaise et des idées des Lumières, particulièrement celles d’Adam Smith qui était né non loin de là, à Kirkcaldy, lui-même fils d’un père contrôleur des douanes. C’est ainsi que Cowperthwaite détestera toujours dépenser de l'argent – surtout s’il appartenait à autrui (comme le contribuable). Il sera un libéral du XIXe siècle, croyant fermement que les pays devaient s’ouvrir unilatéralement au commerce afin de prospérer. Sa pensée sera parfaitement résumée avec cette profession de foi libérale qu'il fera plus tard lors de son premier discours de présentation du budget comme Financial Secretary :
« À long terme, les décisions individuelles agrégées des hommes d’affaires exerçant leur jugement individuel dans une économie libre, même si elles sont souvent erronées, sont beaucoup moins dommageables que les décisions centralisées d’un gouvernement, et certainement plus rapidement réparables. »
En 1941, Cowperthwaite épouse Sheila Thomson, également Écossaise. Cette même année, il intègre le Colonial Administrative Service et est envoyé en poste à Hong Kong. Alors qu’il fait escale au Cap, il reçoit un télégramme de Londres le déroutant vers le Sierra Leone : Hong Kong venait de tomber entre les mains des Japonais. C’est donc en Afrique qu’il passera, en compagnie de sa femme, le temps de la guerre comme officier de district. C’est également là que naîtra leur fils Hamish [1].
Début 1945, Cowperthwaite est rappelé à Londres où il intègre l’équipe en formation qui sera chargée de reprendre l’administration de Hong Kong. Après la capitulation japonaise, il débarque enfin dans la colonie au mois de novembre de la même année, et commence à travailler au Département du Commerce et des Affaires économiques. En 1952, il est promu assistant du Financial Secretary, Arthur Grenfell Clarke, et il le remplacera en 1961 lorsque ce dernier quittera ce poste. En 1971, Cowperthwaite, âgé de 55 ans – âge usuel de la retraite dans le Colonial Service – abandonnera à son tour cette fonction [2].
Hong Kong avant Cowperthwaite
Après la Seconde Guerre mondiale, Hong Kong, qui avait fort souffert de l’occupation japonaise, paraissait condamnée au désastre. Sans ressources naturelles – à part son excellent port –, ce petit territoire d’un peu plus de 1000 km2 dépendait de ses importations pour pratiquement tous ses besoins, ne vivant essentiellement que grâce au dépôt de marchandises et sans aucune aide de la métropole.
En 1949, la situation se compliqua encore avec l’avalanche de réfugiés chinois qui fuyaient la Chine communiste (en moyenne 100 000 par mois)[3] et qui commencèrent à vivre dans des bidonvilles en s’entassant sur une flottille de barques et de bateaux ancrés dans le port ou dans des logements d’une pièce sans façade, dans des immeubles inachevés construits dans l’urgence par les autorités. La population de Hong Kong augmentera ainsi de manière exponentielle, passant de 600 000 habitants au départ des Japonais à 2,2 millions au milieu des années 1950, pour s’élever aujourd’hui à 7 000 000 d’habitants (+ 1000 % depuis 1945). La densité de population de la colonie deviendra ainsi en 1956 une des plus élevées au monde[4].
En 1951, la principale source de revenus de la colonie britannique a été menacée, à cause de l'embargo avec la Chine décrété par les Nations Unies en raison de la Guerre de Corée. L’économiste Angus Maddison calcula qu’en 1950 les habitants de Hong Kong disposaient d’un revenu par habitant inférieur de 40 % à ceux du Gabon, pays africain riche en pétrole[5] ou qui ne représentait que 28 % de celui des Britanniques [6]. En 1960, la Banque mondiale considérait Hong Kong comme un cas désespéré [7] et, de manière plus générale, de nombreux économistes comme le Prix Nobel d'économie Gunnar Myrdal pronostiquaient un sombre futur pour l’Asie et au contraire la prospérité pour l’Afrique [8].
Financial Secretary
C’est donc une tâche insurmontable qui semblait attendre Cowperthwaite, lorsque, âgé de 46 ans il devint en 1961 le quatorzième Financial Secretary de Hong Kong (anciennement Trésorier colonial), le troisième poste le plus important de l’administration coloniale (après celui de gouverneur et de Colonial Secretary). Assistant directement le gouverneur, et responsable du budget, des politiques financières et économiques devant le Conseil législatif (Legco), Cowperthwaite disposait donc du contrôle total des finances de la colonie. Car même si le Legco avait théoriquement le dernier mot en matière économique, c’est bien le Financial Secretary qui contrôlait l’agenda et le choix des points soumis à l’examen du Comité des finances du Legco. Cowperthwaite profita aussi de ce qu’il ne devait pas sa position à l’élection et à la popularité et sera également aidé par le fait que les deux gouverneurs sous lesquels il travaillera, Sir Robert Black (1958-1964) et Sir David Trench (1964-1971), verront ses politiques favorablement et le soutiendront [9].
Dès sa prise de fonction, Cowperthwaite fut pressé d’augmenter les impôts et d’appliquer des méthodes keynésiennes de relance de l’économie à la manière de ce qui se faisait à l’époque en Grande-Bretagne sous le gouvernement du Premier ministre conservateur, Harold « Supermac » Macmillan - dont la politique sera poursuivie par son successeur le travailliste Harold Wilson. Mais le Financial Secretary sera bientôt connu pour aimer dire non.
Ainsi, lorsqu’on lui suggéra d’accorder des logements sociaux aux classes moyennes, il refusa en expliquant que ce serait une erreur de subventionner des ménages ayant la capacité de payer leur logement. À des hommes d’affaires qui voulaient que le gouvernement construisît un tunnel à travers le port de Hong Kong, il répliqua de le construire eux-mêmes si c’était vraiment une bonne idée, ce qu’ils feront effectivement par la suite. Quand on lui proposa de permettre la déduction fiscale des intérêts hypothécaires, il refusa en arguant que ce genre de mesure ne favorisait surtout que les plus nantis. Dans le même ordre d’idées, il refusa la gratuité universelle de l’école primaire, ne voyant pas pourquoi le contribuable devait payer les frais scolaires en lieu et place de l’immense majorité des parents qui en avaient parfaitement les moyens. Il refusa également de taxer les ménages, à l’instar de ce qui se faisait en Grande-Bretagne, sur tous leurs revenus et pas seulement sur leurs salaires. En effet, pour Cowperthwaite, la taxation de tous les revenus ne pouvait qu’immanquablement devenir inquisitoriale et décourager les investissements et l’esprit d’entreprise [10] [11]. Bien sûr, Hong Kong ne représentait pas un pur cas de laissez-faire. Ainsi le gouvernement colonial intervenait dans de nombreux domaines comme l’approvisionnement en eau, le service postal, les installations aéroportuaires, la ligne de chemin de fer Kowloon-Canton ou le logement. Mais Cowperthwaite insista toujours pour que le gouvernement gère ces secteurs de manière la plus rentable possible (en augmentant le prix de l’eau pour assainir le marché, en faisant fonctionner poste et chemins de fer selon une logique commerciale qui leur permettra de dégager des bénéfices, etc.) [12]
Cowperthwaite ne se contentait pas seulement de dire Non, non et non : durant son mandat il ne cessera pas de lutter pied à pied et le plus souvent avec succès aux tentatives de Londres de modifier le système économique de Hong Kong. Soit en opposant une barrière infranchissable, soit en usant avec talent de l’art de la procrastination, il put repousser des réformes qu’il considérait comme dommageables, telle que par exemple la législation sur le salaire minimum – alors même que les salaires dans la colonie furent toujours élevés du simple fait du libre marché et de la croissance économique, ou vider de sa substance d’autres projet comme la tentative de réglementer le secteur bancaire de Hong Kong, où n’existait pas de banque centrale et où, dans la plus parfaitement concurrence, les banques émettaient leur propre monnaie [13]. Une méthode plus subtile – dont il était très fier et qu’il recommandait aux pays pauvres – pour limiter l’interventionnisme de l’État dans l’économie de Hong Kong était de ne pas établir de statistiques officielles. À la question posée par Milton Friedman à ce sujet, Cowperthwaite répondra : « Si je les laisse établir ces statistiques, ils s’en serviront pour planifier. » [14] En d’autres mots, il avait bien compris que la connaissance était le pouvoir. C’est donc ainsi que le gouvernement de Hong Kong ne publiait pas de chiffres ni sur le PIB ni sur la balance des paiements, et que le Département du Recensement fut fermé aussitôt achevé le recensement commandé en 1959 [15].
La raison de cette politique – que Cowperthwaite décrira comme un « non interventionnisme positif » et qui lui valut le sobriquet de Picsou (« Scrooge ») – se trouvait dans sa volonté de maintenir au plus bas les impôts, devinant avant Laffer qu’une taxation trop élevée retardait le développement économique, et qu'au contraire une taxation plus faible pouvait même générer davantage de rentrées fiscales (ainsi les taxes sur le tabac rapporteront plus au fisc de Hong Kong dès que Cowperthwaite les réduira de 40 %) [16]. Il comprenait également que la croissance économique bénéficiait aux plus pauvres car l’augmentation ainsi favorisée de la demande de main-d’œuvre se traduisait par une augmentation des salaires. C’est donc en s’en tenant à ce credo qu’à la fin de son mandat, en 1971, Cowperthwaite non seulement laissa un taux unique d’imposition (flat tax) de 15 % sur les salaires, un impôt sur les sociétés très bas et aucune taxe sur les dividendes ou les revenus étrangers [17], mais également n’imposa qu’un très petit nombre de personnes : sous son administration, seulement 2 % de la population active payait des impôts sur le revenu (en 1970, les exemptions étaient trois fois plus élevées qu'au Royaume-Uni et le double qu’aux États-Unis) – dans les années 1980, ils ne seront encore que 10 % à payer un impôt sur le revenu (contre 47 % après 1997) [18].
Plus tard, alors qu’il sera à la retraite, Cowperthwaite reconnaîtra avoir commis sa plus grande erreur en 1966. Cette année-là, l’économie se contracta et le gouvernement se trouva en léger déficit. Pour équilibrer les comptes, il décida d’augmenter le taux moyen des impôts de 12,5 à 15 %. La récession fut brève et le gouvernement retrouva rapidement ses confortables surplus annuels. Cowperthwaite utilisa les revenus supplémentaires issus de cette augmentation des impôts pour abolir diverses autres taxes et diminuer de moitié l’impôt des successions. Mais il regrettera toujours cette mesure qui, selon lui, permit aux interventionnistes de faire avancer leur agenda. Seul quelqu’un comme Sir John James Cowperthwaite pouvait voir dans l’augmentation du taux d’imposition de 12,5 à 15 % un dangereux pas sur la route de la servitude ! [19]
Pendant ce temps, au Royaume-Uni, travaillistes et conservateurs ruinaient lentement mais sûrement le pays en construisant un État-providence chaque fois plus intrusif, et en multipliant par quatre le poids de l’État dans l’économie par rapport au début du siècle, jusqu’à représenter plus de 40 %. Tandis qu’à la fin du règne de Cowperthwaite, le poids du gouvernement de Hong Kong ne représentait que 11,5 % et les fonctionnaires seulement 5 % de la population active, la dette publique de la colonie ne s’élevait symboliquement qu’à 3 dollars américains par habitant. Et tandis que sous Cowperthwaite le PIB par habitant de Hong Kong croissait de 6 %, celui du Royaume-Uni, pourtant en plein boom économique des Trente Glorieuses, faisait pâle figure avec ses 2,3 % [20]. Pour illustrer cette croissance, il suffira de dire que dans les années 1960, la consommation d’électricité à Hong Kong sera multipliée par quatre, le nombre de postes téléphoniques par cinq et celui des véhicules automobiles par trois. Après Cowperthwaite, dans les années 1970, la différence grandira encore plus avec une croissance de 6,5 % pour la colonie contre 1,5 % pour une métropole qui était passée du 5e rang mondial en 1951 à la 18e place du PIB par habitant, et qui sera réduite finalement en 1976 à se placer humblement sous la tutelle du Fonds Monétaire International en échange d’un prêt de 3,5 milliards de livres sterling. Enfin, en 1992, le PIB par habitant de Hong Kong dépassa celui du Royaume-Uni. Lorsque le dernier gouverneur de Hong Kong, Chris Patten, entra en fonction en 1993 et fut présenté à Cowperthwaite, il lui serra la main en disant : « Ainsi, c’est vous l’architecte de tout ceci ? » « J’ai fait très peu – répondra l’ancien Financial Secretary. Tout ce que j’ai fait a été de prévenir quelques inconvénients. » [21]
Fin de carrière et retraite
Ayant pris sa retraite du Colonial Administrative Service, Cowperthwaite sera, de 1972 à 1981, conseiller international chez Jardine Fleming & Co, une banque d’investissement basée à Hong Kong. Il prendra définitivement sa retraite et quittera Hong Kong pour s’installer en Écosse, à St Andrews, où il deviendra membre du Royal and Ancient Golf Club. Il passera les dernières années de sa vie à voyager à travers le monde, visitant amis et connaissances. Pour le plus grand désespoir des économistes, Cowperthwaite était un fonctionnaire de l’ancienne école et il se refusera toujours à écrire ses mémoires, estimant que son devoir avait été de servir et non pas de révéler les arcanes du pouvoir. Âgé de 90 ans, il décède le 21 janvier 2006. Son fils l’avait précédé dans la tombe. Il était officier de l’Ordre de l’Empire britannique (1960), compagnon de l’Ordre de Saint Michel et Saint George (1964) et il fut anobli en 1968.
Notes et références
- ↑ Christian C. Wignall, « The champion of Hong Kong’s freedom », conférence donné au Free Exchange le 15 novembre 2003, 2006.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ Alan Arthur Walters, James Walter, Steve Hanke, The Revolution in Development Economics, Cato Institute, 1998.
- ↑ Shun-hing Chan, Beatrice Leung, Changing Church and State Relations in Hong Kong, 1950-2000, Hong Kong University Press, 2003, p. 24.
- ↑ Marian Tupy, « Sir John Cowperthwaite: A Personal Tribute », Spectator, 2 février, 2006.
- ↑ Milton Friedman, « The Hong Kong Experiment », Hoover Digest, 1998, n°3.
- ↑ Bryan T. Johnson, « The World Bank and Economic Growth : 50 Years of Failure ».
- ↑ Marian Tupy, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ James Bartholomew, « John Cowperthwaite, Financial Secretary of Hong Kong », The Daily Reckoning, 7 février 2005.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ Milton Friedman, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ James Bartholomew, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
- ↑ James Bartholomew, ibidem.
- ↑ Christian C. Wignall, ibidem.
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