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James Burnham

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James Burnham, né le 22 novembre 1905 à Chicago, décédé le 28 juillet 1987 à Kent dans le Connecticut, était un intellectuel américain du XXe siècle, passé du trotskysme au conservatisme. Connu principalement pour sa théorie selon laquelle le capitalisme en crise donnerait naissance à une nouvelle classe managériale qui gouvernerait à la fois les capitalistes et les travailleurs, James Burnham est ensuite devenu un fervent défenseur du conservatisme américain pendant la Guerre froide.

Les fondements philosophiques du paleoconservatisme de James Burnham

  • . Influence de penseurs tels que Machiavel, Sorel, Pareto, Mosca, et Michels
1. Le réalisme politique de Machiavel. James Burnham s'est inspiré de Machiavel pour son approche réaliste et pragmatique de la politique. Il a valorisé l'importance du pouvoir et de la stratégie dans la gouvernance, suivant l'idée que les dirigeants doivent être prêts à utiliser des moyens non conventionnels pour maintenir leur pouvoir et atteindre leurs objectifs politiques.
2. Théorie de la violence de Georges Sorel. Avec ses idées sur le rôle de la violence dans le changement social, George Sorel a influencé Burnham dans sa perception des luttes de pouvoir et de la dynamique révolutionnaire. La notion de mythes mobilisateurs, comme outils pour galvaniser les masses et influencer le cours de l'histoire, est également centrale.
3. Théorie des élites de Vilfredo Pareto. Selon Pareto, la société est toujours dirigée par une élite restreinte, une idée centrale dans la pensée de Burnham sur la classe managériale. Pareto développe aussi l'idée de circulation des élites, affirmant que les changements sociaux sont souvent le résultat du renouvellement de ces élites plutôt que d'une révolution populaire.
4. Classe politique de Gaetano Mosca qui soutient que dans toute société, une minorité organisée gouverne la majorité désorganisée. Cette vision renforce celle de Burnham sur le rôle des gestionnaires et la minorité dirigeante efficace dans les structures politiques.
5. Loi d'airain de l'oligarchie de Robert Michels. Michels affirme que toute organisation, même démocratique, finit par être dirigée par une élite restreinte. Burnham applique cette théorie aux organisations économiques et politiques modernes, soulignant la tendance inévitable des grandes organisations à devenir bureaucratiques et oligarchiques.
  • . Rejet du marxisme et du matérialisme dialectique
1. Critique du matérialisme dialectique. James Burnham rejette l'idée marxiste selon laquelle l'évolution sociale est déterminée par les forces économiques. Il considère le matérialisme dialectique comme une méthodologie philosophique insuffisante pour comprendre les dynamiques sociales et politiques.
2. Évolution vers une perspective réaliste. James Burnham se tourne vers une analyse plus empirique et pragmatique des phénomènes politiques, s'éloignant des idéologies rigides. Son rejet du marxisme est illustré par sa théorie de la révolution managériale, où une nouvelle classe, les managers, prend le contrôle des moyens de production.
3. Désillusion avec le socialisme. James Burnham critique les régimes socialistes, notamment l'URSS, qu'il considère comme des États bureaucratiques plutôt que des démocraties prolétariennes. Il propose que les conflits politiques et sociaux sont mieux compris à travers la lutte entre différentes élites, plutôt qu'entre classes économiques.
  • . Défense de la liberté individuelle et critique du collectivisme
1. Liberté individuelle. James Burnham valorise la liberté individuelle, qu'il voit menacée par le collectivisme et l'expansion de l'État. Il soutient que la propriété privée est un pilier essentiel de la liberté individuelle et de la responsabilité personnelle.
2. Dangers de la centralisation. James Burnham met en garde contre la centralisation excessive du pouvoir, qu'il associe à des régimes autoritaires. Il estime que le collectivisme conduit à l'inefficacité, à la corruption et à la perte de liberté.
3. Importance des contre-pouvoirs. James Burnham souligne que même dans une société dirigée par une élite, la présence de contre-pouvoirs et d'une opposition politique est cruciale pour préserver une certaine liberté et éviter la tyrannie. Il souligne l'importance de la liberté de la presse et d'une élite renouvelable pour maintenir une société dynamique et équilibrée.

Ces fondements philosophiques du paléoconservatisme de James Burnham soulignent ses influences intellectuelles, son rejet du marxisme et sa défense de la liberté individuelle face au collectivisme. IL développe une vision de la société où les élites managériales jouent un rôle central, tout en prônant la nécessité de contre-pouvoirs pour préserver les libertés individuelles.

La révolution managériale et la classe managériale

Dans son ouvrage The Managerial Revolution, James Burnham expose une vision audacieuse de l'évolution de la société capitaliste, mettant en lumière l'émergence d'une nouvelle classe dirigeante : la classe managériale. Cette théorie offre un regard critique sur les transformations profondes qui redéfinissent les structures économiques et politiques du monde moderne.

  • . Théorie de la révolution managériale dans l'ouvrage The Managerial Revolution. Burnham décrit la révolution managériale comme un changement radical dans la dynamique du pouvoir économique et politique. Il identifie plusieurs facteurs qui contribuent à cette révolution, notamment la complexité croissante des économies modernes et la nécessité d'une expertise technique spécialisée dans la gestion des entreprises et des institutions gouvernementales.
  • . Analyse de la montée de la classe managériale dans les sociétés capitalistes. Selon Burnham, la classe managériale émerge comme une force dominante, remplaçant progressivement la classe capitaliste traditionnelle. Composée d'administrateurs, de superviseurs et de techniciens spécialisés, cette classe est caractérisée par son contrôle effectif sur les moyens de production et sa capacité à coordonner les activités économiques à grande échelle.
  • . Conséquences sur la structure de l'État et de la société. La montée en puissance de la classe managériale entraîne une transformation significative de la structure de l'État. Les bureaucrates et les technocrates deviennent des acteurs essentiels dans la prise de décision politique, ce qui peut conduire à une centralisation accrue du pouvoir et à une expansion de l'appareil étatique. Sur le plan social, cette évolution remet en question les notions traditionnelles de propriété et de démocratie. Burnham exprime des préoccupations quant à une éventuelle diminution de la liberté individuelle et à une concentration croissante du pouvoir entre les mains d'une élite technocratique.

En conclusion, la théorie de la révolution managériale de James Burnham offre un éclairage perspicace sur les changements fondamentaux qui transforment les sociétés capitalistes contemporaines. Cette analyse critique soulève des questions importantes sur l'avenir de la démocratie et de la liberté individuelle dans un monde dominé par une classe managériale en plein essor.

Critique de l'interventionnisme étatique et de la planification économique

  • . Risques de l'interventionnisme étatique. James Burnham critique sévèrement l'interventionnisme étatique, soulignant que la centralisation du pouvoir économique et politique dans les mains de l'État conduit inévitablement à une bureaucratisation excessive. Cette concentration de pouvoir, non seulement diminue l'efficacité économique mais engendre également une perte de liberté individuelle. Selon Burnham, lorsque l'État prend un rôle trop dominant dans l'économie, il restreint la capacité des citoyens à influencer les décisions politiques et économiques, créant ainsi un environnement où le pouvoir de la classe managériale est renforcé, et où les dynamiques démocratiques sont affaiblies. Burnham met en garde contre les dangers de cette centralisation, la percevant comme une menace directe pour la démocratie. Il souligne que lorsque le pouvoir est concentré entre les mains d'une élite technocratique, la distance entre les dirigeants et les citoyens s'accroît, limitant la transparence et la responsabilité. Cette situation mène à un contrôle accru par une petite élite bureaucratique, qui prend des décisions sans véritable participation ou consentement populaire, réduisant ainsi la souveraineté du peuple.
  • . Échec de la planification économique. En outre, James Burnham soutient que la planification économique par l'État est souvent marquée par l'inefficacité et les distorsions du marché. Il avance que malgré leur expertise technique, les bureaucrates manquent de flexibilité et de réactivité nécessaires pour s'adapter aux dynamiques complexes et changeantes des marchés modernes. Cette incapacité à répondre de manière efficace et rapide aux conditions économiques fluctuantes entraîne des inefficacités significatives, freinant l'innovation et la croissance économique. Burnham observe que les tentatives de planification centralisée par l'État tendent à créer des rigidités économiques, où les décisions sont prises sur la base de considérations bureaucratiques plutôt que sur les signaux du marché. Cela peut conduire à des allocations inefficaces des ressources, des pénuries et une stagnation économique. De plus, la bureaucratisation excessive engendre des coûts administratifs élevés et une inertie institutionnelle qui entravent les ajustements nécessaires face aux défis économiques contemporains.

En résumé, James Burnham critique l'interventionnisme étatique et la planification économique centralisée pour leur tendance à centraliser le pouvoir et à réduire la liberté individuelle, tout en étant incapables de répondre efficacement aux exigences des marchés modernes. Pour lui, ces pratiques conduisent à une bureaucratisation excessive et à des inefficacités économiques, mettant ainsi en péril la prospérité et la démocratie.

Appel au retour à des principes conservateurs traditionnels

  • . Défense de la liberté individuelle. Face à l'ascension de l'État managérial, James Burnham plaide pour un retour aux principes conservateurs traditionnels qui placent la liberté individuelle au centre. Il soutient que la liberté individuelle et la responsabilité personnelle sont des valeurs essentielles menacées par la croissance du pouvoir étatique. Burnham insiste particulièrement sur l'importance de la propriété privée comme fondement de la liberté et de la prospérité économique. Pour lui, la propriété privée est un rempart contre les intrusions excessives de l'État dans la vie des individus et une protection contre les abus de pouvoir.
  • . Limitation du pouvoir étatique. Dans cette optique, James Burnham préconise une limitation stricte du pouvoir de l'État afin d'éviter les excès de la centralisation et de préserver les droits individuels. Il est convaincu que la concentration excessive du pouvoir entre les mains de l'État conduit à une bureaucratisation oppressive et à une diminution de la liberté individuelle. Pour contrer cette tendance, Burnham encourage la décentralisation du pouvoir et le renforcement des institutions locales. Selon lui, des institutions locales plus robustes permettent aux citoyens de participer davantage à la vie politique et de se protéger contre les tendances autoritaires de l'État managérial.
  • . Valorisation des traditions et de la moralité. En outre, James Burnham met en avant les valeurs morales et les traditions culturelles comme des piliers essentiels de la stabilité sociale et de la continuité historique. Il voit dans le conservatisme traditionnel un contrepoids indispensable aux dérives idéologiques et aux tendances autoritaires de l'État managérial. Pour Burnham, préserver ces valeurs morales et culturelles est crucial pour garantir la liberté et la prospérité à long terme. Il croit fermement que l'attachement aux traditions et à la moralité offre un cadre solide pour une société libre et dynamique, capable de résister aux assauts de l'État et de préserver les droits fondamentaux des individus.

La politique étrangère et l'anti-communisme

  • . Opposition à la politique de l'endiguement envers l'Union soviétique. James Burnham a critiqué la stratégie de l'endiguement, qui visait à limiter l'expansion de l'Union soviétique sans chercher à renverser le communisme existant. Il considérait cette approche comme insuffisante et trop défensive. Pour Burnham, cette politique étrangère est une forme de compromis avec une idéologie totalitaire et une menace directe à la liberté mondiale. Il voyait cette politique comme un signe de faiblesse et d'acceptation tacite de la domination soviétique sur des parties du monde. Il soulignait que cette stratégie ne parvenait pas à réduire la menace communiste de manière significative. Car le communisme se consolidait et continuait à influencer de nouvelles régions et sociétés. James Burnham critiquait également la passivité implicite de la stratégie, soulignant que l'endiguement ne faisait que retarder l'inévitable confrontation avec le communisme au lieu de l'éviter.
  • . Appel au repli forcé du communisme à l'échelle mondiale. En opposition à la politique de l'endiguement, Burnham plaidait pour une politique de repli forcé, visant à repousser et à éliminer le communisme là où il existe déjà. Il considérait cette approche comme plus proactive et agressive. Cette politique devait impliquer des actions directes pour soutenir les mouvements anti-communistes, encourager les révoltes contre les régimes communistes et utiliser la force militaire si nécessaire pour affaiblir et renverser ces régimes. James Burnham justifiait cette politique en soulignant que le communisme représente une menace existentielle pour la liberté et la démocratie mondiale. Pour lui, une politique agressive est nécessaire pour protéger les valeurs occidentales et empêcher l'expansion continue du communisme. Il croyait fermement que la seule manière de sécuriser une paix durable et une stabilité mondiale était d'éradiquer le communisme, plutôt que de simplement le contenir.
  • . Analyse des tensions géopolitiques. L'adoption d'une politique de repli forcé aurait intensifié les tensions internationales, augmentant le risque de conflits directs entre les superpuissances. La confrontation armée avec l'Union soviétique et ses alliés aurait pu conduire à des guerres régionales ou même à un conflit mondial. Burnham reconnaissait ces risques mais les considérait comme nécessaires pour éliminer une menace plus grande à long terme. Cette approche pouvait déstabiliser davantage les régions en proie à des conflits internes, mais Burnham voyait cela comme un prix à payer pour un objectif plus large de sécurité mondiale. Une telle politique agressive des États-Unis aurait également eu des implications économiques significatives, nécessitant des dépenses militaires accrues et un engagement économique pour soutenir les alliés et les mouvements anti-communistes. Mais Burnham estimait que ces coûts étaient justifiés par les bénéfices à long terme de la suppression du communisme et de la promotion d'un ordre mondial basé sur la liberté et la démocratie.

En conclusion, la vision de James Burnham pour la politique étrangère et l'anti-communisme reposait sur une opposition ferme entre la politique de l'endiguement et un appel à une politique proactive du repli forcé du communisme. Bien que cette approche comportait des risques significatifs, notamment une escalade des tensions internationales et des coûts économiques élevés, James Burnham considérait ces mesures comme nécessaires pour défendre la liberté mondiale et éradiquer la menace communiste.

Informations complémentaires

Publications

  • 1948, "The Case for De Gaulle: A Dialogue Between André Malraux and James Burnham", New York: Random House
  • 1959, "Congress and the American Tradition", Chicago: Regnery
  • 1960, "Bear and Dragon: What is the Relation Between Moscow and Peking?", New York: National Review, en coopération avec l'American-Asian Exchange

Littérature secondaire

  • 1984, Samuel Francis, "Power and History: the Political Thought of James Burnham", Lanham, Md, and London, University Press of America