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Gottlieb Hufeland

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Gottlieb Hufeland
Économiste et Juriste

Dates 1760 - 1817
Tendance École historique allemande
Nationalité Allemagne Allemagne
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Citation
Interwikis sur Gottlieb Hufeland

Gottlieb Hufeland (né à Danzig le 29 octobre 1760 - décédé le 25 février 1817 à Halle-sur-Saale) était un économiste et juriste allemand. Fidèle à ses origines et souhaitant servir sa communauté, il fut bourgmestre dans sa ville natale de 1806 à 1812. Danzig qui s'appelle aujourd'hui Gdańsk, était située auparavant dans la Prusse royale et appartenait à la Couronne de Pologne.

Gottlieb Hufeland a fait des études au Gymnasium à Danzig et a suivi des études universitaires à Leipzig et à Göttingen. Il fut formé à la fois en philosophie et en droit pour obtenir son plus haut diplôme à Iéna. En 1788, il fut nommé professeur dans cette même université. Cet intellectuel allemand est particulièrement intéressant dans l'histoire de la pensée économique et tout particulièrement pour l'histoire de la pensée de l'école autrichienne car certains auteurs, comme Karl Milford[1], le présentent comme un précurseur de l'école autrichienne notamment en économie pour ses intuitions précoces sur le subjectivisme et en droit, sur l'application du droit naturel inspiré des écrits d'Immanuel Kant.

Théoricien kantien du droit naturel

Dans ses cours de droit naturel, Gottlieb Hufeland développa les principes formels de la théorie kantienne sur le droit. De nombreux étudiants furent attirés par ses présentations, contribuant ainsi à la bonne renommée de l'Université d'Iéna. Avec Christian Gottfried Schütz, professeur de rhétorique à l'université de Iéna, il édita l'Allgemeine Literatur-Zeitung (Journal littéraire généraliste). Cette revue périodique faisait partie de l'empire économique de l'entrepreneur Friedrich Justin Bertuch et a contribué à mettre Iéna sur la carte des plus grandes universités européennes de l'époque. Cette position intellectuelle stratégique lui permit de favoriser les contacts et la production intellectuelle d'autres éminents chercheurs comme August Schlegel, Friedrich Schlegel, Wilhelm von Humboldt et Friedrich Karl Savigny. En 1803, il accepta d'occuper une chaire de professeur à Würzburg puis à Landshut. En 1816, il fut invité à enseigner à l'université de Halle.

Gottlieb Hufeland est surtout connu pour ses efforts pour concilier l'impératif catégorique d'Emmanuel Kant avec la tradition du droit naturel. Il a essayé de trouver les moyens de valider les catégories morales de Kant en les ancrant dans la nature humaine. En se basant sur les Fondements de la métaphysique de la morale publiés par Emmanuel Kant, Gottlieb Hufeland (1785) voit que l'un des problèmes centraux, dans la théorie kantienne du droit, est de savoir comment un quelconque gouvernement peut justifier la coercition des êtres rationnels et les priver de la liberté, la plus minime soit-elle.

Il examina la pensée de Kant sur le sujet de l'évolution du progrès moral à travers le temps. Selon Kant, l'amélioration continue de la morale humaine est évidente au cours du développement de l'histoire. Il suggérait donc que cette amélioration soit incluse dans le droit. En effet, les individus, pensait-il, sont trop pris dans les vicissitudes de leur époque et ne détectent que sporadiquement des marques d'illumination du progrès moral. Les États, par l'intermédiaire de leur gouvernement, doivent donc afficher les attributs de ces améliorations par l'enrichissement qualitatif du droit afin de préserver ce qu'il y a de meilleur parmi leurs populations. En 1788, Gottlieb Hufeland a émis des doutes sur cette thèse kantienne en faisant observer la contradiction que posait la période du Moyen Âge. Son examen minutieux mit en lumière des formes politiques qui ont semblé se décomposer et rétrograder durant cette période.

Gottlieb Hufeland tenait à préciser que, pour une nation, le progrès ne doit pas se faire au détriment d'un seul individu isolé dans la collectivité :

« Le but du progrès éternel pour l'ensemble de l'humanité, en tout cas, est l'objectif ultime du cours de la vie, et il ne doit certainement pas être compris, comme beaucoup l'ont fait, comme se faisant au détriment de chaque individu, mais plutôt à travers la perfection de chacun qui a toujours son propre cours particulier vers l'accomplissement de soi, en même temps où les groupes ont leur ascension vers le haut.[2] »

Un précurseur de la théorie subjective de la valeur

En économie politique, Neue Grundlegung der Staatswirtschaftskunst (« La nouvelle fondation de l'économie politique ») constitue l'œuvre principale de Gottlieb Hufeland. Elle fut publiée en deux volumes, l'un en 1807 et l'autre en 1813. Le deuxième volume porte le titre spécifique de Lehr vom Gelde und Geldumlaufs ("Enseignement de la monnaie et de la circulation monétaire"). Il y présente une ébauche de la théorie de l'entrepreneur en affirmant que tout salaire intègre une prime de rareté. Il a ensuite généralisé cette idée pour expliquer le profit entrepreneurial comme un type particulier de salaire consistant en une rente de capacité.

Les principes de sa contribution aux sciences économiques prennent leur source dans l'ouvrage d'Adam Smith, La Richesse des Nations qui avait été traduit très tôt en allemand et dont les idées commencèrent à se propager dans les pays où se pratiquait la langue de Goethe. Cependant, Gottlied Hufeland développa son originalité en traitant les notions fondamentales du subjectivisme dans la valeur des biens économiques et dans sa théorie de la monnaie. Son point de vue est en décalage avec ceux qui insistent sur le fait que le subjectivisme ne peut provenir que de racines aristotéliciennes et thomistes. L'histoire complète du subjectivisme a aussi d'autres racines, y compris celle des idéalistes kantiens qui rejettent la valeur du coût objectif parce qu'une valeur intrinsèque en dehors de l'esprit évaluateur n'existe pas. En fidèle kantien, Gottlieb Hufeland met en valeur l'importance incontournable de l'esprit individuel. Il n'y a que le cerveau humain, pensait-il, qui donne de la valeur aux choses. Les bases subjectives de la valeur des biens découlent des motivations et des objectifs des personnes[3].

Gottlieb Hufeland constate l'évidence, comme le fait Adam Smith qu'il existe une grande variété d'emplois dans la production de biens et de services. Mais il se refuse à suivre l'économiste écossais en faisant reposer une source unique, la valeur travail, comme origine de la valeur. Il ne peut s'agir d'une mesure fixe qui soit à l'origine de la valeur de tous les biens puisque le travail est lui-même si hautement varié et si diversement spécialisé. La valeur travail ne peut pas expliquer non plus les différences de goûts et les changements de désirs ultérieurs des consommateurs pour tous les biens et services, quelle que soit la quantité de travail impliquée dans leur production.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Karl Milford (1997) fait la remarque que Carl Menger a référencé explicitement Gottlieb Hufeland dans sa première annexe de son livre, Principes d'économie politique concernant la définition d'un bien économique (Carl Menger [1871] 1950, p287). Implicitement, Gottlieb Hufeland serait donc un proto-autrichien.
  2. Gottlieb Hufeland, 1788, "Ueber den Werth und Nutzen der Geschichte des Mittelalters: Eine Vorlesung" ("Sur la valeur et l'utilité de l'histoire médiévale : une conférence"), Teutsche Merkur, p26
  3. Le parallèle avec le fondement subjectiviste de l'épistémologie néo-kantienne chez Ludwig von Mises semble ici évident.

Publications

  • 1785, "Versuch über den Grundsatz des Naturrechts" (Essai sur le principe du Droit naturel), G.J. Goeschen
  • 1788, "Ueber den Werth und Nutzen der Geschichte des Mittelalters: Eine Vorlesung" ("Sur la valeur et l'utilité de l'histoire médiévale : une conférence"), Teutsche Merkur, October, pp8-32
  • 1790,
    • a. "Lehrbuch des Naturrechts", (Manuel de droit naturel)
    • b. "Lehrbuch der Geschichte und Encyclopadie alter in Deutschland geltenden positiven Rechte", (Manuel d'histoire et encyclopédie des anciens droits positifs en vigueur en Allemagne)
  • 1798, "Institutionen des gesammten positiven Rechts", (Institutions de tous les droits positifs)
  • 1807, "Neue Grundlegung der Staatswirthschaftskunst, durch Prüfung und Berichtigung ihrer Hauptbegriffe von Gut, Werth, Preis, Geld und Volksvermögen" ("Une nouvelle fondation de l'économie politique, en examinant et en corrigeant ses principaux concepts de bien, de valeur, de prix, de la monnaie et de la richesse nationale"), Giessen | Wetzlar, Taschen et Muller
    • Nouvelle édition en 1815, Wien: Bauer

Littérature secondaire

  • 1786, Emmanuel Kant, "Über G. Hufeland’s Versuch über den Grundsatz des Naturrechts" ("Sur le Principe du droit naturel de Gottlieb Hufeland")
    • Repris en 1838, In: Karl Rosenkranz, Freidrich Wilhelm Schubert, dir., "Immanuel Kant. Sämtliche Werke: Kleine Anthropologische-Praktischee Schriften", Vol. 17, part 1, Leipzig: Leopold Voss, pp171-174
  • 1997, Karl Milford, "Hufeland als Vorläufer von Menger und Hayek" (Gottlieb Hufeland comme précurseur de Carl Menger et de Friedrich Hayek), In: Birger B. Priddat, dir., "Wert, Meinung, Bedeutung. Die Tradition der subjektiven Wertlehre in der deutschen Nationalökonomie vor Menger" (Valeur, Opinion, Signification. La tradition de la théorie subjective de la valeur de Menger dans l'économie politique allemande), Marburg: Metropolis, pp189-160
  • 2004, Michael Rohls, "Kantisches Naturrecht und Historisches Zivilrecht: Wissenschaft und Bürgerliche Freiheit bei Gottlieb Hufeland (1760-1817)" ("Droit naturel kantien et droit civil historique : science et liberté civile en hommage à Gottlieb Hufeland (1760-1817)), Baden-Baden : maison d'édition Nomos
  • 2014, Moritz Heepe, "Strafgerechtigkeit bei frühen Kantianern: Von Hufeland bis Fichte" '"La justice pénale chez les premiers kantiens : de Gottlieb Hufeland à Johann Fichte"), ARSP: Archiv für Rechts- und Sozialphilosophie / Archives for Philosophy of Law and Social Philosophy, Vol 100, n°4, pp483-500