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Didier Raoult

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Didier Raoult
Scientifique

Dates 1952 -
Didier Raoult
Tendance
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Didier Raoult

Citation
Interwikis sur Didier Raoult

Didier Raoult, né le 13 mars 1952 à Dakar (Sénégal), est un microbiologiste français, spécialiste des maladies infectieuses, professeur des universités et praticien hospitalier au sein de l'université d'Aix-Marseille et des Hôpitaux universitaires de Marseille jusqu'en 2021, où il devient professeur émérite. Figure clivante, il accède à une notoriété nationale et mondiale à l'occasion de la crise du covid où ses recommandations thérapeutiques sur son traitement divisent, révèlent la lourdeur administrative et bureaucratique française.

Courte biographie de Didier Raoult

Il naît au Sénégal dans une famille de médecins français, et s'installe à l'âge de 9 ans à Marseille. Mauvais élève, il mène des études compliquées puis, après un bac littéraire entre en 1972 à la faculté de médecine dont il sort infectiologue comme son arrière grand-père maternel. Il se spécialise rapidement en médecine tropicale et en bactériologie-virologie. Il suit plusieurs formations aux États-Unis et en France, et obtient un doctorat en biologie humaine. Il mène de nombreuses recherches de premier plan, sur les rickettsies, les virus géants ou les bactéries nouvelles. Au cours d'une carrière de plusieurs décennies, il ancre Marseille comme une ville de premier plan dans la recherche en épidémiologie et en virologie, avec le développement de l'IHU Méditerranée Infection, ou de l'Umite.

Au début de l'année 2020 il est reconnu comme « l'un des meilleurs infectiologues de la planète », « sommité mondiale »[1] ou un « ponte de la recherche »[2]. Il est lauréat du grand prix de l'Inserm en 2010. La polémique sur ses recommandations de traitement du covid vient cependant entacher cette réputation à partir de 2020.

Il se fait remarquer en effet d'abord par son insistance sur l'importance de tester[1], puis par sa recommandation de l'hydroxychloroquine comme traitement du Covid-19, dès début 2020. Il fait partie de ceux qui invitent à la prudence, et à ne pas succomber à l'alarmisme et à la peur, soulignant que les infections respiratoires font partie des inévitables de la vie humaine.

Témoignant sur les malades qu'il voit début 2020, il alerte sur la peur panique, exagérée, qui circule alors : « Ils sont affolés et veulent savoir s'ils n'ont pas un truc qui va les tuer. La peur est très contagieuse. En Chine, on rapporte des suicides de gens angoissés. Il ne faut pas jouer avec la peur. »[1]

Écouté pendant un temps, il a notamment rejoint le comité pluridisciplinaire de 11 experts formé en mars par l'exécutif, rassemblé afin « d'éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus »[1], et reçoit la visite d'Emmanuel Macron dans son bureau au plus fort de la crise, pour le « consulter ». Mais le refus de mener des études randomisées en double aveugle pour évaluer la pertinence de son traitement, et l'absence de confirmation de ses résultats sur l'hydroxychloroquine par les autres études menées le marginalisent aux yeux d'une large part de la communauté scientifique. En 2024, il est interdit d’exercer la médecine pendant deux ans par l’ordre des médecins pour ses essais cliniques non déclarés sur l’hydroxychloroquine.

Son amour de la polémique[2] et sa critique de la bureaucratie française ne sont cependant pas étrangères aux critiques qu'il reçut, émanant souvent (mais pas uniquement) de la bureaucratie médicale qu'il abhorre.

L'anti-bureaucrate

Nuvola apps colors.png Article principal : Bureaucratie.

Didier Raoult s'est de longue date insurgé contre la bureaucratie médicale française, qu'il accuse de nuire à la qualité de la recherche. Il critique ainsi le système égalitariste français qui uniformise les salaires. Il demande que les rémunérations soient individualisées, afin que les chercheurs les plus compétents soient mieux financés. Dans un entretien aux Échos en 2008, il déclare : « C'est irritant et incompréhensible : sous prétexte d'égalitarisme, le système français prétend donner autant à tous. Or, la recherche est une compétition. Comme des sportifs de haut niveau, les chercheurs doivent être évalués objectivement et individuellement. Les outils existent, faciles d'accès. Manque la volonté de comparer. Or, c'est la seule alternative possible si on entend privilégier la promotion et le financement des chercheurs les plus efficaces et les plus dynamiques »[3].

Il insiste régulièrement sur les archaïsmes de la sélection française des profils, écrivant dans Arrêtons d'avoir peur en 2016 :

« Je suis très hostile à la sélection précoce des jeunes par les concours. Un tel système repose sur l’idée que les capacités intellectuelles d’un jeune de dix-huit ou vingt ans peuvent prédire ce qu’il va devenir plus tard. Qu’un jeune adulte de vingt-quatre ans se retrouve inspecteur des Finances parce qu’il est sorti premier de l’École nationale d’administration (ENA), une formation qui n’a d’ailleurs pas forcément grand-chose à voir avec sa spécialité, est très étonnant. Cela s’appelle du mandarinat. [...] Ce système de sélection précoce a une conséquence très délétère : en France, si vous n’avez pas obtenu le bon diplôme, il vous sera difficile de rattraper le temps perdu. »

Lors de la crise du covid, il endosse le rôle du médecin qui veut soigner ses malades, mais que la lourdeur bureaucratique freine, au prix de vies humaines. Il remporte alors une large adhésion populaire : un sondage réalisé par Kantar pour Le Figaro Magazine en juin 2020 plaçait Didier Raoult au troisième rang des personnalités dont l’attitude face au coronavirus était jugée le plus favorablement par l’opinion. Comme l'exprima alors la politologue Chloé Morin, « Face à des autorités perçues comme défaillantes, Didier Raoult incarna l’homme « du terrain », du pragmatisme. » [4].

Ses méthodes de gestion n'en restent pas moins attaquées, en particulier par différents rapports d'organismes de tutelle[5].

Prises de position

Didier Raoult est une figure médiatique de longue date, écrivant dans différents titres de presse dès les années 1990 (Le Figaro, puis Le Point et Les Échos. Il s'est distingué en défendant une plus grande ouverture des frontières pour les chercheurs étrangers, indispensables pour maintenir une recherche de qualité en France : « en France, 50 % des thésards sont étrangers. Sans les étrangers, il n’y a plus de science française ». Il a aussi défendu la liberté de porter un voile islamique à l’université.

Il se montre sceptique sur certains points du discours majoritaire sur le réchauffement climatique et écrit dans son livre Arrêtons d’avoir peur (Michel Lafon, 2016) : « penser que le réchauffement climatique est exclusivement lié aux activités humaines est déraisonnable car nous vivons dans un écosystème complexe ». Il se montre en particulier très critique des modèles climatiques complexes supposés modéliser le futur.

En 2013, il écrit ainsi dans Le Point, avec des mots qui préfigurent sa critique des modèles épidémiologistes en 2020 :

« De nos jours, nous croyons naïvement aux modèles mathématiques qui essaient de prédire des phénomènes complexes, multifactoriels et chaotiques. Il en va de même pour les épidémies : les catastrophes annoncées comme celles du Sras ou du H5N1 ne se sont - heureusement - pas réalisées. Plutôt que de reconnaître que les modèles sont impuissants à prédire des phénomènes complexes, quand notre niveau de connaissances est insuffisant, encore plus à grande échelle et à long terme, on propose des équations nouvelles, utilisant des explications nouvelles - forcément justes a posteriori -, pour recréer de nouveaux modèles, que, bien entendu, l'avenir contredira ! »[6]. Et d'ajouter : « Nous croyons dans les modèles mathématiques de prédiction scientifique comme les citoyens du Cycle de la Fondation d'Isaac Asimov croyaient aux prévisions du savant Seldon. Sauf qu'il s'agit d'un roman de science-fiction ! Dans le monde réel, le futur lointain reste imprévisible.  »

Il a aussi pris publiquement position en faveur de la vaccination, mais contre toute obligation en la matière, qui affaiblit la science[7] :

« En partie à cause des carences de l’État, l’hostilité à l’égard de la vaccination n’a cessé de grandir [...] Paradoxalement la France, pays des Lumières, est l’une des rares contrées où l’on maintient des vaccinations obligatoires au point même de menacer d’envoyer en prison les réfractaires, y compris quand il s’agit de vaccins inutiles, comme cela s’est produit avec le fameux DT Polio, chez les enfants de trois mois ».

Publish or perish

Il est connu pour le volume de ses publications, qui souligne à la fois une expertise réelle et reconnue, mais aussi les limites de la science contemporaine, marquée par le « publish or perish », c'est-à-dire la course à la publication. Il est ainsi l'auteur de plusieurs milliers d'articles, mais seule une petite partie est majoritairement de son fait, tandis qu'une vaste part est la cosignature d'articles de ses équipes, dans des revues parfois très mineures[8]. Une partie de l'explication de ces pratiques, répandues au niveau mondial, est à chercher dans les modes de financement des organismes de recherche, qui s'appuient largement sur le nombre de publications.

Citations de Didier Raoult

  • « L’État se prend pour notre maman. Or nous sommes grands et n’avons pas besoin d’une autorité supérieure pour nous interdire de faire telle ou telle chose. En revanche, nous avons besoin d’être avertis et de recevoir une information raisonnable et proportionnée. Les États devenus maternels veulent nous protéger de tout mais n’ont pas les moyens pour le faire. Il vaudrait mieux d’abord diminuer les risques réels, plutôt que les risques virtuels ou potentiels, et lutter contre [...] Il faut que l’État cesse de vouloir nous materner en instaurant des réglementations inutiles et onéreuses. » (Votre santé, 2015)
  • « Je ne me laisse pas embarquer dans la terreur. Je ne sais pas deviner l'avenir et n'ai pas l'habitude de croire les plus excités qui se sont toujours trompés dans leurs modélisations. » (à propos du covid, propos tenus en mars 2020[1])

Notes et références

Publications choisies

  • 2010, Dépasser Darwin, Paris, Plon, 164 p., avec Véronique Dupont
  • 2012, De l'ignorance et de l'aveuglement : pour une science postmoderne
  • 2015, Votre santé : tous les mensonges qu'on vous raconte et comment la science vous aide à y voir clair, Neuilly-sur-Seine, Éditions Michel Lafon, 302 p., avec Sabine Casalonga
  • 2016, Arrêtons d'avoir peur ! : santé, environnement, climat, flux migratoires et société : la science vous aide à y voir clair, Neuilly-sur-Seine, Éditions Michel Lafon, 347 p.
  • 2017, Mieux vaut guérir que prédire : santé, société, vivre ensemble, Neuilly-sur-Seine, Éditions Michel Lafon, 280 p.
  • 2018, La vérité sur les vaccins : tout ce que vous devez savoir pour faire le bon choix, Neuilly-sur-Seine, Éditions Michel Lafon, 221 p.
  • 2020, Épidémies : vrais dangers et fausses alertes, Éditions Michel Lafon, Acheter sur Amazon
  • 2021,
    • Carnets de guerre Covid-19, Michel Lafon
    • Au-delà de l'affaire de la chloroquine, Michel Lafon, Acheter en ligne
  • 2022,
    • Chroniques pour une humanité en quête de repères, Michel Lafon, Acheter sur Amazon
    • Carnets de guerre T.2 Covid-19, Michel Lafon
  • 2023, Autobiographie, Michel Lafon, Acheter sur Amazon


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