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Claude Verpilleux
Claude Verpilleux | |||||
entrepreneur | |||||
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Dates | 1798-1875 | ||||
Tendance | |||||
Nationalité | France | ||||
Articles internes | Autres articles sur Claude Verpilleux | ||||
Citation | |||||
Interwikis sur Claude Verpilleux | |||||
Claude Verpilleux est un inventeur et un entrepreneur français né à Rive-de-Gier (Loire) le 2 mai 1798 et mort à Saint-Martin-la-Plaine (Loire), le 13 octobre 1875. Il est un exemple assez étonnant d'ascension sociale, un véritable fils de ses œuvres. En effet, en dépit des discours, l'ascension sociale au XIXe siècle se produit essentiellement sur deux à trois générations, et il est exceptionnel d'arriver au sommet en partant véritablement de rien.
L’ascension d’un autodidacte
Son père, Jean-Marie Verpilleux, humble crocheteur, chargeait les bateaux de charbon qui circulaient sur le canal de Rive-de-Gier à Givors. Orphelin à 11 ans Claude quitte les petites écoles des Frères de la Doctrine chrétienne pour gagner sa vie. À l’époque, pour un pauvre Ripagérien, cela voulait dire travailler à la mine pour la famille Fleurdelix. Le 15 octobre 1810, il est engagé au puits Montjoin comme aide-rouleur de bennes pour un franc par jour. Il a souvent l’occasion de jouer le pénitent, c’est-à-dire de pénétrer le premier dans les galeries pour vérifier la présence ou non de grisou. Il semble que Fleurdelix l’ait remarqué et choisi comme un des aides monteurs d’une toute nouvelle machine à vapeur achetée en Angleterre à la chute de l’Empire. Ayant saisi empiriquement le fonctionnement de la machine, il se montre capable d’améliorer son fonctionnement. À 16 ans, le voilà promu mécanicien en chef.
Avec les encouragements de Fleurdelix, il monte en 1820 un petit atelier de réparation et de construction de machines à vapeur. Tout en développant son atelier avec l’aide d’un autre mécanicien, Baldeyrou, auquel il s’associe, il remplace en 1825 le technicien anglais qui devait diriger les machines Watt à la société des forges de Terrenoire. Cette société possédait deux hauts fourneaux à la Voulte, mais le concepteur des machines soufflantes, l’Anglais Steel, venait de périr dans l’explosion de son bateau sur le Rhône. Tous les mécaniciens consultés considéraient les machines inutilisables. Génissieu envoie Verpilleux qui réussit à les réparer et à les faire fonctionner : les actions de la Voulte, qui étaient tombées à 1500 francs, atteignent 45 000 francs dans les deux ans qui suivent ! « Personne en France n’a travaillé plus que lui à perfectionner la construction des machines à vapeur », affirme le ministre du Commerce en 1841 en le décorant de la Légion d’honneur.
Un inventeur de génie
La disparition de Baldeyrou (en 1830), dont il épouse bientôt la veuve, l’oblige à se consacrer exclusivement à son atelier de construction mécaniques à partir de 1832. La construction du chemin de fer Saint-Étienne-Lyon s’achève, mais en raison de la raideur des pentes et de la faible résistance des voies, il ne semblait pas possible d’utiliser des machines pour tirer les wagons à la remonte entre Rive-de-Gier et Saint-Étienne. Verpilleux s’engage à assurer le service avec des locomotives n’excédant pas 10 tonnes, proposition qui n’est pas prise au sérieux jusqu’en 1839 : Gervoy, nouveau directeur de la Compagnie et gendre de Camille Seguin, lui accorde le monopole de la remonte. Il conçoit alors une locomotive spéciale reliée au tender par un tuyau à genouillère qui transforme le tender en seconde motrice et permet de remorquer d’abord 21, puis de 38 à 40 wagons. Ce monopole dure jusqu’en 1850, de nouveaux rails plus solides permettant désormais à des locomotives ordinaires d’assurer le service.
Son inventivité ne tarit pas. La Compagnie de Terrenoire devait faire remonter ses fontes depuis la Voulte jusqu’à Givors par des bateaux tirés par des chevaux. Il imagine alors un remorqueur à vapeur dont la roue motrice, armée de grappins, permet un appui sur le lit du Rhône. En 1840, son premier bateau divise le prix du transport par quatre, de 2 francs à 50 centimes. En 1842, un second bateau, encore plus puissant, est mis en service. En 1846, il forme une société pour exploiter le système entre Arles et Lyon, jusqu’à la mise en place de la ligne de chemin de fer de Lyon à la Méditerranée. Son frère et les deux fils de Baldeyrou, dont il est le beau-père, l’aident désormais à diriger son entreprise.
Il imagine même en 1847 une locomotive destinée à fonctionner sur les routes : en 1848, il part de Rive-de-Gier avec deux omnibus et une voiture de charbon arrive à Saint-Étienne et en revient à la vitesse moyenne de 10 km à l’heure.
Verpilleux semble fort populaire ainsi qu’en témoigne son élection à l’Assemblée constituante en 1848, et l’arrivée à la mairie de Rive-de-Gier de son beau-fils Jean-Claude Baldeyrou, qu’il soutient fermement.
La réussite
Verpilleux a accumulé les honneurs et les charges : élu député de la Loire à l’Assemblée constituante en avril 1848, maire de Rive-de-Gier (1869-1870), vice-président de la Chambre consultative de Rive-de-Gier (1857-1864) dont il était membre depuis 1844, il siège également à la Chambre de commerce de Saint-Étienne de 1853 à 1866 et à la Société d’agriculture, Sciences, Arts et belles Lettres, mais aussi à la commission de surveillance de la loi de 1841 sur le travail des enfants. Chevalier de la Légion d’honneur en 1841, il est élevé au rang d’officier en 1874. « Il savait lire, tout juste écrire, à peine calculer », mais il exprimait bien sa pensée oralement, « il disait bien ce qu’il voulait et tout ce qu’il voulait dire ». Sa réputation est alors européenne : Crampton l’a invité à assister aux expériences qu’il menait pour la construction de ses puissantes locomotives.
L’ancien ouvrier laisse à sa mort plus de deux millions de francs. Sa fille, Louise-Elisabeth avait épousé, en 1858, Pierre-Louis-Adrien de Montgolfier (Les Ardillats, Rhône, 6 novembre 1831 - Saint-Chamond, 23 janvier 1913) brillant ingénieur des Ponts et chaussées, puis industriel, député de la Loire (1871-1876), ensuite sénateur (1876-1879) et président de la Chambre de Commerce de Saint-Étienne.
Citations
- Fils d’ouvrier, vous avez grandi par le travail, par la puissance de votre volonté, et je puis vous le dire, par la force de votre génie. Le spectacle de votre fortune est une leçon de toutes les heures pour vos concitoyens. Et qui pourrait se livrer au découragement, en comparant vos débuts à votre noble position actuelle ! Continuez, monsieur, à rendre à l’industrie les éminents services qui vous placent au rang de nos premiers mécaniciens ; ajoutez de nouveaux titres à ceux que vous assurent déjà les nombreux perfectionnements apportés par vous à la machine à vapeur. (Teste, ministre des Travaux publics à Verpilleux, 1841)
- Chez lui, le génie a suppléé à ce que l’éducation avait d’incomplet. Doué d’une prodigieuse activité d’esprit et d’une persévérance infatigable, il est arrivé à se placer au rang de nos plus habiles mécaniciens. Personne en France n’a travaillé plus que lui à perfectionner la construction des machines à vapeur. […] La nomination de M. Verpilleux au grade de chevalier de la Légion d’honneur sera accueillie avec un sentiment général de satisfaction par la nombreuse population ouvrière de Rive-de-Gier, elle fera voir qu’un ouvrier peut mériter et obtenir par son travail, les distinctions les plus honorables ; elle sera enfin une nouvelle preuve du vif intérêt qu’inspirent à votre Majesté tous ceux qui, par leurs talents et par leurs services, ont bien mérité du pays. (Rapport du ministre des Travaux publics au Roi, 1841)
Sources
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