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Christopher Jencks
Christopher Sandy Jencks (né le 22 octobre 1936 à Baltimore, Maryland) est un sociologue américain spécialiste des politiques publiques en matière d'éducation. Il était professeur assistant à l'Université de Harvard, et l'un des principaux défenseurs du système de bons d'éducation en Amérique du Nord.
Il est diplômé de la Phillips Exeter Academy en 1954 et en littérature anglaise (A.B. en 1958) à Harvard. Il a obtenu une Master (M. Ed.) à la Harvard Graduate School of Education. Au cours de l'année 1960-1961, il étudia la sociologie à la London School of Economics. Avant l'université de Havard, il a occupé des postes à la Northwestern University, à l'Université de Chicago et à l'Université de Californie à Santa Barbara.
Le système scolaire ne peut plus être financé par un puit fiscal sans fonds
En tant que codirecteur du centre d'études des politiques publiques du Cambridge Massachussets Center, il fut l'un des principaux auteurs apportant des arguments éducatifs, économiques, sociologiques et juridiques favorables et défavorables à l'application des chèques éducation. En mars 1970, le centre publia un rapport[1] de faisabilité de 250 pages financé par l'Office of Economic Opportunity. Cette étude, ainsi que plusieurs articles antérieurs, "L'école publique est-elle obsolète ?", dans la revue Public Interest et "Chèques-éducation" dans le journal The New Republic ont beaucoup attiré l'attention de la communauté libérale sur les mérites de la concurrence par opposition au monopole du système scolaire.
Durant un certain temps, Christopher Jencks estimait que la planification pour la distribution de bons d'éducation offrait une sortie honorable du bourbier bureaucratique dans lequel s'était embourbé le gigantesque monopole scolaire. Le choix d'un parent ou d'un couple d'envoyer son enfant dans une école publique, selon la prescription du spécialiste du système éducatif, doit être respecté de la même manière que le choix d'envoyer un enfant dans une école privée. Au lieu de supprimer catégoriquement l'école publique et la remplacer radicalement par l'école privée, Christopher Jencks avance un argument de bon sens institutionnel à son maintien. Il arrive souvent, dit-il que les membres d'une communauté attachent un lien affectif avec l'école publique. Elle fait partie de leur environnement et de leur mémoire. Au départ donc, ils choisiraient une école publique parce qu'elle a l'avantage d'exister physiquement[2] et également dans leur évocation mentale[3]. L'école publique plaît aux gens de certaines communautés, ajoute-t-il, car ils ont l'impression virtuelle que l'école est en quelque sorte la propriété commune de tous.
Pour Christopher Jencks, l'aide fiscale pour l'éducation doit prendre la forme de bons. Car, la situation financière d'une école publique doit être aussi rigoureuse que celle d'une école privée. Mais, il met un bémol qui contrarie légèrement la robustesse de sa logique. Les écoles, précise-t-il, doivent continuer à être contrôlées par un conseil scolaire élu ou nommé localement. Il prétend qu'un conseil privé ne peut pas être validé dans la circonstance. Cette frilosité de sa part, vis-à-vis d'un ou de plusieurs organismes indépendants, nie les précautions de l'école des choix publics en matière de contrôle des finances publiques que ce soit au niveau national ou local ou de la méfiance qu'éprouvait Milton Friedman vis-à-vis des agences de l'État qui interfèrent avec les marchés "démocratiques", dénaturant le processus institutionnel et constitutionnel du pays.
Les politiques publiques sont incapables d'atténuer les différences éducatives dues aux ségrégations résidentielles
De sensibilité de gauche, Christopher Jencks a observé les vastes différences entre la qualité de l'enseignement public pour les personnes qui habitent les centres-villes et celles qui habitent dans les banlieues. Dans les années 1960 et 1970, les pauvres constituaient la majorité des premiers et les riches la seconde catégorie. Dans les centres villes, il y avait majoritairement des personnes afro-américaines alors que dans les banlieues, la population était majoritairement d'origine européenne. L'universitaire Christopher Jencks, en conclut que la ségrégation résidentielle montre des différences notables dans les résultats scolaires. Les performances dans les écoles publiques de banlieue étaient 40% plus élevées que dans les écoles de centre-ville. Mais, ces problèmes de déséquilibre ne peuvent pas être résolus tant que la structure du système d'enseignement public persistera sans changement notable. C'est pourquoi, il en appelait à la proposition de Milton Friedman pour l'établissement de chèques d'éducation.
Cependant Christopher Jencks fait une réflexion fort pertinente. Si le bon répond aux spécificités éducatives de chaque enfant, alors il faut que le montant soit adapté en fonction des nécessités. Que ce soit pour l'éducation ou pour les autres besoins, aucun individu ne partage le même niveau d'exigence[4]. Le chercheur mentionne que le montant du bon d'éducation ne peut pas être le même pour tous car donner une éducation à des personnes qui ont un quotient intellectuel faible ou qui ont des problèmes de comportement n'est pas la même chose que celui qui a des facilités d'apprentissage. Dans un régime de bons non réglementé, dit-il, les enfants qui ont le plus de difficultés risquent d'être délaissés en raison du système qui n'attirerait pas le personnel et le programme d'éducation adéquats. Pourtant, la création d'écoles spécialisées, en fonction de l'offre et de la demande, pourrait être destinée aux enfants ayant des problèmes de comportement ou de faible QI, avec des enseignants spécialement formés pour cette tâche. Christopher Jencks ne croit pas trop en cette hypothèse car il raisonne sur le modèle de la motivation pécuniaire du personnel où les éducateurs choisissent toujours naturellement, selon lui, de faire le travail facile au lieu d'une tâche difficile. S'il reste vrai que le prix de la rémunération est incitatif, il n'est pas le seul critère de décision du personnel dans leur orientation de carrière professionnelle. Et, le marché réglementé des bons d'éducation ne résoudrait pas le problème globalement. Pourtant Christopher Jencks dispose là d'une porte intellectuellement intéressante sur l'équivalence fiscale qu'il laisse hélas fermée pour des raisons idéologiques enracinées par un endoctrinement passif socio-démocrate[5]. Le contribuable doit avoir l'information transparente sur le retour de son impôt. Si les besoins d'éducation d'un enfant sont plus onéreux qu'un autre, les parents doivent en être informés et recevoir le bon d'éducation proportionnel à leurs besoins peu importe les besoins de l'enfant du voisin. Mais, le chercheur reste muet sur ce thème.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ 1970, "Education Vouchers: A Preliminary Report on Financing Education by Payments to Parents", Cambridge Massachussets Center: Center for the Study of Public Policy
- ↑ Les bâtiments sont là, le personnel éducatif est déjà présent.
- ↑ Christopher Jencks n'avance pas l'argument de l'évocation mentale cher au psycho-pédagogue Antoine de la Garanderie, dans sa théorie de la gestion mentale. Mais, on suppose qu'il veut dire que les gens qui ont fréquenté une école personnellement ou par le biais d'un membre de leur famille ont quelquefois le sentiment de bien la connaître car ils savent reproduire le chemin cognitif pour faire revenir plus ou moins facilement leur souvenir à leur conscience immédiate. En cela, les gens peuvent éprouver la sensation d'en être les propriétaires virtuels selon le principe psychologique du transfert par analogie. Ils sont effectivement propriétaires de leur réseaux neuronaux, de leur ordre sensoriel et des connections synaptiques dans leur cerveau ainsi que de l'impulsion physiologique de classer et de faire circuler les informations dans les milliards de connexion synaptiques possibles. Suivant, la théorie de Friedrich Hayek sur l'ordre sensoriel, l'individu est seul propriétaire et constructeur de son savoir dès sa conception. Cependant, tel que le prix Nobel d'économie, Ronald Coase l'avertissait par une logique d'inférence, les Droits de propriété tels que définis aujourd'hui n'incluent pas cette convention psychologique défendable devant les tribunaux. Les conflits d'attribution des Droits de propriété sont alors induits par un problème d'éclaircissement et de détails sur la définition des droits de propriété. Mais, tant qu'il y aura un monopole de la chambre d'enregistrement des Droits de propriété, il ne peut y avoir d'émergence nouvelle sur les attributs des Droits de propriété.
Certains économistes juridiques parlent de faisceau de droits (bundle-of-rights) afin de mettre en évidence la complexité des droits de propriété. Être propriétaire, ce n'est simplement exclure l'autre de l'usage d'une ressources. Les droits de propriété sont une relation entre les personnes concernant une ou plusieurs ressources. Le faisceau peut comprendre plusieurs attributs comme l'usage (exclusif, servitude) et le contrôle des ressources. Mais, il en existe de nombreux, autant que l'imagination humaine peut le permettre qui définissent et modifient ces relations. Par conséquent, ce faisceau peut intégrer des relations hiérarchiques de plusieurs sous-droits potentiels (droit d'accéder, d'utiliser, de vendre, d'hériter, de louer, de changer, d'utiliser comme capital et d'utiliser comme garantie, etc.). Et, différentes combinaisons de ces sous-droits donnent lieu à de nouveaux sous-droits.
- J. Baron, 2014, "Rescuing the bundle-of-rights metaphor in property law", University of Cincinnati Law Review, Vol 82, n°1, pp57–101
- ↑ En langage économique, on pourrait dire qu'aucun individu ne partage la même courbe d'indifférence parfaitement identique avec un autre individu.
- ↑ Selon la pression d'endoctrinement socio-démocrate plus ou moins forte, il y a souvent une tendance pour les gens de gauche d'accepter les idées libérales pour ensuite vite venir fermer la porte par des restrictions réglementaires qui finalement rendent les propositions libérales initiales totalement caduques
Publications
- 1966, "Is the Public School Obsolete?", The Public Interest, Winter
- 1970,
- a. dir., "Education Vouchers: A Preliminary Report on Financing Education by Payments to Parents", Cambridge Massachussets Center: Center for the Study of Public Policy
- b. "Giving Parents Money for Schooling: Education Vouchers", The New Republic, 4 juillet
- Repris en 1970, légèrement modifié, "Giving Parents Money for Schooling: Education Vouchers", The Phi Delta Kappan, Vol 52, n°1, (Unfinished Business in the Teaching Profession),septembre, pp49-52
- 1971, avec Mark Frazier, Lanny Friedlander, "Interview with Christopher Jencks", Reason Magazine, Avril-Mai
Littérature secondaire
- 1970, Leonard Ross , Richard Zeckhauser, "Education Vouchers", commentaire du livre dirigé par Christopher Jencks, "Education Vouchers: A Preliminary Report on Financing Education by Payments to Parents", The Yale Law Journal, Vol 80, n°2, Dec., pp451-461