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Gestion mentale
Antoine de La Garanderie (1920-2010), père de la pédagogie des gestes mentaux, distingue 5 actes mentaux importants chez l'apprenant : l’attention, la mémorisation, la compréhension, la réflexion et l’imagination créatrice. Cette pédagogie repose sur la connaissance de soi-même pour apprendre, avec une prise de conscience des réseaux mentaux utilisés afin de mémoriser.
Le dialogue pédagogique[1] est le procédé qu'utilise l'éducateur afin de permettre à l’enfant de mieux se connaître et de prendre conscience de ses habitudes mentales lorsqu'il tente de mémoriser des notions. C'est pourquoi Antoine de la Garanderie présente son approche comme une pédagogie de l’introspection car elle s'appuie sur la phénoménologie des circuits mentaux de la connaissance ou plus simplement exprimé dans la description des phénomènes de ses propres circuits mentaux, non seulement en termes matériels et physiques et biologiques comme le circuit des neurones et des synapses mais aussi de la prise de conscience individuelle des processus d'acquisition, de la rémanence et de la récupération de la connaissance.
L'élève propriétaire des droits de sa gestion mentale
L'acte d'attention n'est pas un acte automatique qui se décrète tel quel. Pour être attentif, chaque individu doit créer un projet mental dans l'objectif de faire accéder le monde extérieur et le faire exister dans son propre univers mental. La mobilisation de l'attention est un acte conscient afin de transformer les informations perçues par nos sens dans une image mentale[2] qui nous est propre. L'œil perçoit ce que le cerveau lui apporte de sens à voir. Le projet mental est alors construit dans le but d’exploiter cette nouvelle information dans un avenir proche. L'attention et la mémorisation sont liées car l'acte de mémorisation permet d’emmagasiner des informations perçues et évoquées dans le but de s’en resservir, de les réutiliser à court, moyen ou long terme.
La mémorisation à long terme est difficile à obtenir s'il n'y a pas parallèlement une compréhension. Pour ceci, un individu doit avoir le sentiment de pouvoir réinvestir par soi-même ce qu'il s’est préalablement construit cognitivement. Comprendre, donc, c'est pendre avec soi, c'est s’approprier le sens d'une notion. Pour comprendre une nouvelle donnée, nous devons la comparer avec ce que notre mémoire peut nous restituer au sujet de cette notion. L'être humain ne peut appréhender l’incertain qu’en le mettant en lien avec du connu c'est-à-dire avec ce qui a été déjà perçu et évoqué dans un projet lié à son application ou son explication future. Afin d'atténuer les ambiguïtés de la notion perçue, il est possible d'utiliser les techniques de contrastes par jeux de lumières sémantiques, ou en réalisant des tests de ressemblances ou de différences ou alors en utilisant une catégorisation afin de l'inclure dans une ontologie et des schèmes mentaux pré-formés et en continuelle construction.
Antoine de La Garanderie s'intéresse à une pédagogie active pour une réussite scolaire[3] de tous, celle de l’élève qui apprend et non une pédagogie centrée sur un enseignant égocentrique qui enseigne pour lui-même. L’enfant est placé au cœur des préoccupations pédagogiques. Il devient l’essence même d’un système éducatif qui s’adapte aux besoins de l'enfant et non pas l’inverse. Le rôle du pédagogue est de permettre à l'élève de se servir au mieux de ses moyens d'intelligence variés. Il s'appuie, pour ce faire, en concomitance, sur un diagnostic psychologique des gestes mentaux avec la méthode du dialogue pédagogique.
Dans l'approche de la gestion mentale, l'enseignant est donc moins présent pour expliquer que pour guider et renseigner l’élève sur ses propres façons d’apprendre qui lui réussissent. L'important dans cette conception est le droit de propriété dont dispose l'élève. Par nature d'être humain, l'élève est doté de droits de propriétés sur sa gestion mentale et il doit être libre et encouragé d'assumer une partie influente de sa responsabilité pédagogique.
Les propriétés individuelles en relation avec les évocations
Le pédagogue présente les "langues maternelles mentales" dont chaque individu est doté et qui sont représentées par trois modes d’évocation prototypiques : le visuel, l'auditif et le tactile. Le prototype visuel associe un mot à une image. Il mémorise plus facilement un graphique ou une photographie s'il les reproduit mentalement à la place d'un nom (une personne, un objet, une idée). Le prototype auditif (ou verbal) retient plus facilement un discours (avec ses qualités : prosodie, tonalité, accentuation etc.) afin de décrire une scène. Le prototype tactile (ou kinesthésique) a besoin de toucher l’objet, de le manipuler, de réaliser des expériences pour intégrer un nouvel apprentissage. Certes, il y a lieu, pour chacun d'entre nous, de savoir comment nous évoquons nos images. Cela permet de renforcer sa confiance en soi. Cela permet, en premier lieu, de développer ce langage principal pour qu’il soit performant en toutes circonstances. Mais, il s'agit également de découvrir et d'approfondir l’utilisation des autres langages afin de ne pas être enfermé dans un processus unique et restreint d'évocations.
Annexes
Notes et références
- ↑ Bibliographie sur le dialogue pédagogique
- 1992, Antoine de La Garanderie, "Le dialogue pédagogique avec l'élève", Paris: Bayard Éditions
- 2018, Hélène Delvaux, Pierre-Paul Delvaux, Anne Moinet, "Mener le dialogue pédagogique en gestion mentale: Regards sur des pratiques", Paris : Chronique sociale
- ↑ Selon Aristote, les images sont indispensables à la mémorisation car elles permettent de penser dans le temps ce qui est hors du temps. L’image éparpillée dans le cerveau se reconstitue en image de mémoire, et elle se substitue à l’objet externe. La catégorisation de plusieurs cas individuels consolide la connaissance par un processus de généralisation.
- ↑ Bibliographie sur la réussite scolaire
- 1994, Daniel Arquié, Antoine de La Garanderie, "Réussir ca s'apprend Broché", Paris: Bayard Culture
- 1999,
- Geneviève Cattant, Antoine de La Garanderie, "Tous les enfants peuvent réussir", Paris: Marabout
- Antoine de La Garanderie, Elisabeth Tingry, "On peut tous toujours réussir", Paris: Bayard
Bibliographie
- 1997, Chantal Piganeau, "Français cycle 3 : gestion mentale appliquée", Nathan - Collection : Les pratiques de l'éducation, préface d'Antoine de la Garanderie
- 1998, Armelle Géninet, "Mathématiques 6e - La gestion mentale en mathématiques", Paris: Nathan pédagogie
- 2009, Guy Sonnois, "Accompagner le travail des adolescents avec la pédagogie des gestes mentaux", Paris: Chroniques sociales
- 2021, Thierry de La Garanderie, Jean-Pierre Gaté, Armelle Géninet, Michèle Giroul, "Vocabulaire de la Gestion mentale", Paris: Chroniques sociales, 2ème édition
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