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Autorité

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L'autorité vient du latin auctoritas.

La notion d’auctoritas, essentielle en droit privé et en droit public romains, se rattache, par sa racine, au même groupe que augere (augmenter), augure (celui qui accroît l’autorité d’un acte par l’examen favorable des oiseaux), augustus (celui qui renforce par son charisme celui qui est porteur de l'auctoritas). L’auctoritas exprime à son tour l'idée d'augmenter l'efficacité d'un acte juridique ou d'un droit. De même le Sénat, grâce à son incomparable prestige, a la vertu d'augmenter la portée de tout acte pour lequel il a donné son accord (son auctoritas). Aucune de ces décisions ne sera prise directement par le Sénat (il n'en a pas le pouvoir). Mais tous ces projets, enrichis de l’auctoritas du Sénat, sont assurés du succès. Aucun acte politiquement significatif n'est mis à exécution par un magistrat sans l'accord (et la délibération) du Sénat. Au point que tout se passe comme si l'inspirateur de la décision était le Sénat, et l'exécutant, le magistrat. Telle est la force de l’auctoritas : sans elle, pas d'action ; devant elle, pas d'inaction.

La notion d'autorité vient d'être définie dans un sens plutôt juridique et social. C'est son caractère nécessaire, voire indispensable à la structure de toute société qui la rend légitime pour le plus grand nombre et qui permet de l'opposer erga omnes (à condition bien sûr, qu'elle soit régulière juridiquement).On ne doit pas oublier, non plus, ce qu'on appelle l’autorité naturelle pouvant se dégager d'une personne (et là encore l'aspect bénéfique est sous-jacent). Il convient de signaler enfin, que la notion de d'autorité a été traitée en philosophie et en sociologie, notamment par Max Weber et Alexandre Kojeve.

Dans une perspective libérale, John Locke précise que le pouvoir politique trouve son origine dans le consentement de ceux sur lesquels s'exerce l'autorité ; et qu'il a sa fin dans la garantie du respect des droits naturels de tout homme, qu'il doit arbitrer les conflits et exercer un droit de punir.

Classification des systèmes d'autorité

Max Weber fut le premier à analyser le rôle du leader en proposant une classification objective des systèmes d'autorité :

  • l'autorité charismatique : elle repose sur la soumission d'une personne. Cette domination est fondée sur les caractères extérieurs mais aussi sur le phénomène psychologique du "leadership". C'est un double processus de reconnaissance des qualités réelles et d'idéalisation.
  • l'autorité traditionnelle : elle est fondée sur la croyance et le respect de l'ordre établi. C'est le modèle des monarchies de droit divin. La croyance est la raison de soumission à l'autorité.
  • l'autorité rationnelle légale : on reconnait la capacité de quelqu'un dans un certain domaine et l'on exige des preuves d'efficacité. La compétence est le fondement de l'autorité.

L'autorité dans les organisations

Un certain nombre de chercheurs ont tenté de comprendre le principe d'autorité dans les organisations, particulièrement dans les entreprises à partir d'études expérimentales[1] relatives à l'obéissance à l'autorité. Des sujets expérimentaux sont invités à administrer un choc électrique auprès d'autres personnes. Le déclenchement des électrocutions est factice et les personnes, qui sont censées subir les sanctions, sont des comédiens. Mais, les "cobayes", ceux qui appuient sur le bouton ne le savent pas. Les comédiens ont différentes réactions proportionnelles aux chocs électriques qu'ils sont censés subir. La conclusion de l'expérience est choquante d'un point de vue éthique. Les gens sont prêts à infliger des douleurs très sévères sur d'autres personnes, si les scientifiques l'ordonnent. D'un point de vue épistémologique, un comportement peut être manipulé par le scientifique lorsqu'il place ses sujets dans un cadre d'observation bien déterminé. Nous ne pouvons rien conclure sur la motivation réelle des testés. Nous apprenons que dans une situation donnée, face à l'ignorance, ils préfèrent déléguer une partie de leur information à une "autorité" (scientifique, militaire, politique) qui s'adjuge le titre d'expert, et qui est donc reconnue par la communauté. Cela n'indiquent en rien que les êtres humains sont naturellement constitués pour se soumettre sans contestation à une autre autorité humaine. Stanley Milgram arrive à nous démontrer seulement, que dans des situations particulières, le scientifique peut manipuler des facteurs humains de motivation‎. Les travaux de Theodore Adorno (1950)[2], aux Etats-Unis, sur la personnalité autoritaire ont montré, à travers des expériences alarmantes, non seulement que les dirigeants se comportent comme des leaders autoritaires, mais que les gens cèdent facilement leur libre-arbitre face à l'autorité. L'invention de l'échelle F (ou échelle fasciste) par Adorno, après la Seconde Guerre mondiale, fait découvrir comment un personnage comme Adol Hitler fut en mesure d'exercer un pouvoir et une telle influence autoritaire.

Les théoriciens bénavioristes de la firme (James G. March, Herbert Simon) rectifient l'analyse. En effet, ils développement l'argument qu'il est plus facile d'influer sur les prémisses cognitives que d'essayer d'influencer directement les facteurs de motivation. Dans les organisations, les motivations sont le résultat complexe de processus psycho-affectifs et sociaux qui sont moins flexibles que la plasticité des processus cognitifs. Donc, le manager peut influer sur les motivations en agissant sur le cadre organisationnel, en favorisant l'orientation de l'attention des salariés dans certaines directions.

Notes et références

  1. Le livre de Stanley Milgram, en 1974 suite à ses études de 1965, en fournit un fameux exemple. Obedience to Authority: An Experimental View. New York, Harper & Row
  2. * T. W. Adorno, 1950, The Authoritarian Personality, New York: Harper

Bibliographie

  • 1958, Bennett E Kline et Norman H. Martin, "Freedom, authority and decentralisation", Harvard Business Review, May-June, Vol 36, n°3, pp69-75
  • 1956, Reinhard Bendlx, Work and authority in industry: ideologies of management in the course of thdustrialization, New York: Wiley
  • 1962, Yves R. Simon, "A General Theory of Authority", Notre Dame, Indiana: University of Notre Dame Press
  • 1972, M. Banton, "Authority", New Society, 22 (512), pp86-88
  • 1980, Edgar Z. Friedenberg, "Deference to Authority: The Case of Canada", White Plains, N.Y.: M. E. Sharpe
  • 1997, Phillippe Aghion et Jean Tirole, “Formal and Real Authority in Organizations”, Journal of Political Economy, vol 105, n°1, pp1-29
  • 2002, Wouter Dessein, “Authority and Communication in Organizations”, Review of Economic Studies, Vol 69, n°4. pp811-838


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