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Utilitarisme
L'utilitarisme est une doctrine éthique (dans le sens comportemental) qui pose en hypothèse que ce qui est « utile » est bon et que l'utilité peut être déterminée d'une manière rationnelle. Le père de cette philosophie est Jeremy Bentham. C'est cependant avec l'apport de John Stuart Mill que l'utilitarisme devient une philosophie véritablement élaborée.
C'est lui qui introduisit le vocable en 1871 et qui tira de ce principe les implications théoriques et pratiques les plus abouties. Le principe éthique à partir duquel il jugeait les comportements individuels ou publics était l'utilité sociale. Pour reprendre la formule bien connue, « le plus grand bonheur du plus grand nombre ».
Le postulat de départ de la théorie utilitariste est que le bien éthique constitue une réalité constatable et démontrable. On peut le définir à partir des seules motivations élémentaires de la nature humaine : son penchant « naturel » à rechercher le bonheur, le plaisir et à esquiver la souffrance. Ce principe est formulé ainsi par Bentham « La nature a placé l'humanité sous l'empire de deux maîtres, la peine et le plaisir. C'est à eux seuls qu'il appartient de nous indiquer ce que nous devons faire comme de déterminer ce que nous ferons. D'un côté, le critère du bien et du mal, de l'autre, la chaîne des causes et des effets sont attachés à leur trône. » dans Principes de la morale et de la législation (1789).
Les utilitaristes prétendaient ainsi règler des problèmes sociaux très anciens :
- Quels principes guident les comportement des individus ?
- Quelles sont les tâches du gouvernement ?
- Comment les intérêts individuels peuvent-ils être conciliés entre eux ?
- Comment les intérêts individuels s'accordent-ils avec ceux de la communauté ?
Le principe de l'antagonisme du plaisir et de la peine répond ainsi à l'ensemble de cette problèmatique. Il affirme (l'utilitarisme) qu'il ne peut y avoir de conflit entre l'intérêt de l'individu et celui de la communauté, car si l'un et l'autre fondent leur action sur l'« utilité », leurs intérêts seront identiques. Cette démarche joue sur tous les plans de la vie sociétale : religieux, économique, éducatif, dans l'administration, dans la justice ainsi que dans les relations internationales.
Dans des conditions de concurrence pure et parfaite, tout acteur économique ne recherchant qu'à maximiser sa satisfaction individuelle, les démonstrations mathématiques prouvent un optimum social.
Perspective économique
On retrouve parmi les théoriciens de l'économie quelques disciples de l'utilitarisme en particulier John Austin, James Mill, Herbert Spencer et John Stuart Mill qui ont marqué durablement l'histoire de la pensée économique.
L'utilitarisme permet de déterminer le comportement des acteurs économiques, en particulier dans le cas de la théorie micro-économique du consommateur. Tout individu essaie d'obtenir le maximum de satisfaction de sa consommation. Il va donc optimiser l'utilité qu'il retire de sa consommation, compte tenu de sa contrainte budgétaire.
Différentes écoles
L'utilitarisme n'est pas une école monolithique, et on y trouve différentes façons d'aborder certaines difficultés méthodologiques propres à la doctrine (comment mesurer les niveaux de bien-être ? chaque individu a-t-il une échelle unique d'évaluation ? peut-on comparer entre elles les échelles de différents individus ?) :
- utilitarisme classique (Bentham, Mill) : on s'intéresse à la somme des niveaux de bien-être des individus (inconvénient : on ignore les grandes différences de bien-être qui peuvent exister entre les individus)
- utilitarisme moyen : on s'intéresse au niveau moyen de bien-être des individus (inconvénient : on est insensible à la variation du volume de la population)
- utilitarisme à seuil : on cherche à maximiser la somme des utilités (utilitarisme classique) mais en imposant une contrainte sur le niveau moyen, qui doit être supérieur à un minimum (le but est d'empêcher la misère)
- l'économie du bien-être parétienne, qui abandonne l'hypothèse de comparabilité interpersonnelle et repose sur la notion d'optimum de Pareto (un choix est optimal au sens de Pareto quand la situation d'une personne ne peut être améliorée sans détériorer la situation d'une autre personne)
- théorie du choix social (Abraham Bergson, Kenneth Arrow, Amartya Sen) : généralisation de l'approche parétienne, les préférences des individus sont comparées sur la base de règles de majorité (une option est socialement préférable à une autre si une proportion plus importante d'individus la préfèrent)
La pensée moderne
Ces théories vont se retrouver dans les ouvrages de l'École classique et avoir des prolongements dans les théories de Friedrich von Hayek et chez les « nouveaux économistes » qui vont, notamment, influencer les politiques économiques de Margaret Thatcher et Ronald Reagan ; répandue chez les économistes de la fin des années 1970, cette théorie va devenir dominante dans la société toute entière.
Les critiques traversent de nombreux courants de pensées, des mouvements écologistes, aux théoriciens de l'anti-utilitarisme et aux mouvements alter-mondialistes : les valeurs pronées, d'une société sans justification supérieure, par les tenants de l'utilitarisme ressassant sur l'individualisme.
Critique libérale
Pour une bonne part des libéraux, l'utilitarisme n'est pas acceptable, car il pose qu'une action se justifie nécessairement par ses conséquences (éthique conséquentialiste), ce qui n'est qu'une version pseudo-scientifique du bien connu "la fin justifie les moyens", fondement même du raisonnement criminel.
Pour un utilitariste, les droits fondamentaux auxquels sont attachés les libéraux n'entrent en jeu qu'en fonction des conséquences qu'ils peuvent produire : ils sont des instruments plutôt que des buts. L'utilitarisme pourrait ainsi très bien justifier une société raciste ou ségrégationniste : en effet, les préférences des individus doivent être respectées et prises en compte dans le calcul de l'utilité, aussi rien n'empêche qu'elles soient discriminatoires.
L'utilitarisme reste cependant une composante importante de la pensée libérale, et les raisonnements utilitaristes suivent souvent les assertions déontologiques, comme une conséquence logique de ces dernières (le juste produit le bien). Tel est le point de vue d'un Hayek, les normes sociales émergeant pour lui d'un processus de sélection par le système social, en vue d'une maximisation du bien-être global.
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