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Optimum de Pareto
En économie, l'optimum de Pareto, dit aussi maximum d'ophélimité, introduit par l'économiste Vilfredo Pareto dans son Manuel d'économie politique, est un état économique dans lequel il n'est plus possible d'améliorer la situation d'un individu sans dégrader au moins celle d'un autre.
Définition de l'optimum de Pareto
Toute situation qui améliore le sort d'au moins un individu sans détériorer celui des autres peut être qualifié d'amélioration au sens de Pareto. L'optimum de Pareto est donc défini comme une situation dans laquelle on ne peut améliorer la satisfaction d'un individu sans réduire la satisfaction d'une autre personne :
« Considérons une position quelconque et supposons nous en éloigner d’un très faible montant, cohérent avec les restrictions [visant à assurer le plus grand bien-être possible des individus d’une collectivité]. Si, ce faisant, le bien-être de tous les individus de la collectivité est accru, il est évident que la nouvelle position est plus avantageuse pour chacun d’entre eux ; et vice versa, elle l’est moins si le bien-être de tous les individus est réduit. De plus, le bien-être de certains d’entre eux peut rester le même, sans changer ces conclusions. Mais à l’inverse, si ce petit mouvement accroît le bien-être de certains individus et réduit celui d’autres, nous ne pouvons plus affirmer positivement qu’il est avantageux pour toute la collectivité de réaliser ce mouvement. »
— Vilfredo Pareto, Manuel d’économie politique
Pareto, trouvant que la notion d'utilité économique classique était imparfaite et équivoque sur plusieurs points, proposa de la désigner et de la remplacer par le mot ophélimitê. L'ophélimité, écrit Pareto dans son Manuel, pour un individu, d'une certaine quantité d'une chose, ajoutée à une autre quantité déterminée (qui peut être égale à zéro) de cette chose déjà possédée par lui, est le plaisir que lui procure cette quantité. Il ajoute que c'est une erreur de croire que d'une façon générale, on puisse déduire de la loi de l'offre et de la demande la valeur de l'ophélimité.
Les notions de valeur d'usage, d'utilité d'ophélimité, d'indices d'ophélimité, etc., facilitent beaucoup l'exposé de la théorie de l'équilibre économique, mais elles ne sont pas nécessaires pour construire cette théorie.
L'optimalité parétienne est souvent utilisée dans le contexte de la théorie de l'équilibre général, de maximisation des utilités, lorsque tous les gains d'efficacité ont été réalisés.
L'intérêt de la description de l'optimum de Pareto est qu'il n'implique aucune proposition d'action dans le but de la maximisation du bien-être social comme certains auteurs l'ont prétendu. En effet, ce concept est souvent utilisé pour décrire des situations idéales d'efficacité économique et sociale préconisant l'intervention de politiques publiques de redistribution de revenus : les politiques s'inspirant du modèle d'optimalité de Pareto ont réussi à transformer ce concept, découlant de l'acceptation d'une situation statique de concurrence pure et parfaite, en norme politique d'efficacité économique.
Or, le critère d’optimalité parétienne est ancré dans l’individualisme méthodologique : une situation optimale au sens de Pareto est nécessairement « individuellement rationnelle » car chaque agent la préfère à la situation initiale. Ce critère ne renvoie à aucune considération de « justice sociale », car un jugement de valeur est un acte de la pensée : on ne peut le connaître qu'à partir des actes volontaires que l'on peut observer, et non a priori. Il est impossible d'établir des comparaisons entre les personnes, et un interventionnisme étatique qui prétend maximiser l'utilité sociale n'obéit à aucune norme objective.
Exemples d'optimum de Pareto
La transposition pratique de la théorie de l'optimum de Pareto n'est pas toujours aisée, mais peut prendre différentes formes.
Le dilemme du prisonnier : le dilemme du prisonnier est un exemple classique en théorie des jeux. Deux criminels sont arrêtés et accusés d'un crime. Chacun a le choix de coopérer en gardant le silence ou de trahir en dénonçant l'autre. Les résultats possibles sont les suivants :
- Si les deux coopèrent, ils sont condamnés à une peine légère.
- Si les deux trahissent, ils sont condamnés à une peine modérée.
- Si l'un coopère et l'autre trahit, celui qui trahit reçoit une peine légère, tandis que celui qui coopère reçoit une peine sévère.
Dans cette situation, il n'y a pas de possibilité d'améliorer la situation d'un prisonnier sans détériorer celle de l'autre. Si l'un des prisonniers décide de coopérer pour obtenir une peine légère, l'autre prisonnier peut trahir pour obtenir une peine encore plus légère. Par conséquent, l'optimum de Pareto dans ce jeu est atteint lorsque les deux prisonniers trahissent, bien que cela soit moins favorable que si les deux avaient coopéré.
Allocation des ressources dans une économie : supposons qu'une économie dispose de ressources limitées, telles que la main-d'œuvre et le capital, et qu'il existe deux biens différents, disons des soins de santé et de l'éducation. Pour simplifier, supposons également que les ressources sont actuellement allouées de manière à maximiser la satisfaction globale de la population. Dans ce cas, un optimum de Pareto serait atteint si l'on ne pouvait pas augmenter la quantité de soins de santé ou d'éducation fournis à un individu sans réduire la quantité fournie à un autre individu. Tout changement dans l'allocation des ressources qui améliorerait la situation d'un individu serait au détriment d'un autre, et donc, il n'y aurait pas de possibilité d'amélioration globale sans faire du tort à quelqu'un.
Partage « équitable » des ressources naturelles : imaginons un territoire où il y a une ressource naturelle limitée, comme de l'eau douce. Les habitants de cette région dépendent de cette ressource pour leur consommation quotidienne, l'agriculture, et pour de nombreuses autres utilisations. Un optimum de Pareto serait atteint si la répartition de l'eau douce était telle que toute augmentation de la part d'un groupe d'habitants entraînerait automatiquement une diminution de la part d'un autre groupe, de telle sorte que personne ne puisse être mieux loti sans qu'un autre ne soit défavorisé. Dans ce contexte, l'objectif serait d'atteindre un équilibre où chaque groupe obtient sa part juste et équitable de la ressource, et où toute modification de cette répartition entraîne nécessairement une perte pour quelqu'un.
Citations
- « La raison d'être de l'optimum de Pareto, c'est qu'on ne peut pas mesurer la satisfaction des gens. On ne peut pas la mesurer parce qu'on ne peut pas ouvrir leur boîte crânienne pour mesurer, comme avec un double décimètre, le « degré de satisfaction » qui y aurait « monté » ou « baissé ». On ne peut pas mesurer la satisfaction, parce que la satisfaction n'est pas une grandeur mesurable. La satisfaction c'est un jugement de valeur qui se traduit par des actes, par, comme le soulignait Rothbard, des préférences démontrées : j'agis de telle manière plutôt que de telle autre en vertu des opinions qui sont les miennes. » (François Guillaumat)
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