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Quand il parlait de « fin des idéologies »<ref>« En observant la consolidation de la démocratie libérale en Europe [[occident]]ale, on aboutit à ce que j'appellerais volontiers le ''conformisme'' actuel de l' ''optimisme occidental'', dont la formule ''fin des idéologies'' est l'expression, aujourd'hui presque consacrée. La formule n'a jamais signifié qu'une société industrielle, à un certain niveau de prospérité, ignorait le conflit des idées ou le choc des tempéraments. Il y a toujours eu et il y aura toujours des opportunistes et des rebelles, des modérés et des violents, des conservateurs qui craignent le changement et des réformateurs qu'indigne l'imperfection du réel. Ce que suggérait la formule, c'était le ''scepticisme'' à l'égard des ''systèmes globaux d'interprétation du monde historique'' au nom desquels un parti se croyait investi d'une mission et voué à la destruction de l' [[ordre]] existant et à l'édification d'un ordre radicalement autre. Ni le ''[[Marxisme|marxisme-léninisme]]'', ni le ''[[fascisme]]'', ni le ''[[libéralisme]]'' n'éveillent plus la foi qui soulève les montagnes. » (''Essai sur les libertés'', p.73)</ref>, [[Raymond Aron]] insistait sur le caractère [[totalitarisme|totalitaire]] des mouvements politiques qui imposaient une lecture globale du monde, à la différence d'un mode de vie en société libéral, c'est-à-dire non-prescriptif (en ce sens le libéralisme est anti-idéologique, ''Essais sur les libertés'', chap.II). | Quand il parlait de « fin des idéologies »<ref>« En observant la consolidation de la démocratie libérale en Europe [[occident]]ale, on aboutit à ce que j'appellerais volontiers le ''[[conformisme]]'' actuel de l' ''optimisme occidental'', dont la formule ''fin des idéologies'' est l'expression, aujourd'hui presque consacrée. La formule n'a jamais signifié qu'une société industrielle, à un certain niveau de prospérité, ignorait le conflit des idées ou le choc des tempéraments. Il y a toujours eu et il y aura toujours des opportunistes et des rebelles, des modérés et des violents, des conservateurs qui craignent le changement et des réformateurs qu'indigne l'imperfection du réel. Ce que suggérait la formule, c'était le ''scepticisme'' à l'égard des ''systèmes globaux d'interprétation du monde historique'' au nom desquels un parti se croyait investi d'une mission et voué à la destruction de l' [[ordre]] existant et à l'édification d'un ordre radicalement autre. Ni le ''[[Marxisme|marxisme-léninisme]]'', ni le ''[[fascisme]]'', ni le ''[[libéralisme]]'' n'éveillent plus la foi qui soulève les montagnes. » (''Essai sur les libertés'', p.73)</ref>, [[Raymond Aron]] insistait sur le caractère [[totalitarisme|totalitaire]] des mouvements politiques qui imposaient une lecture globale du monde, à la différence d'un mode de vie en société libéral, c'est-à-dire non-prescriptif (en ce sens le libéralisme est anti-idéologique, ''Essais sur les libertés'', chap.II). | ||
== Définition courante == | == Définition courante == |
Version du 9 août 2010 à 14:04
Concept initial
Le mot « idéologie » est apparu en août 1798 dans le Mémoire sur la faculté de penser du philosophe Antoine-Louis Destutt de Tracy. Sous sa plume, ce concept décrit la science des Idées que l'auteur essaie alors d'élaborer. Napoléon s'est ensuite moqué de Destutt et des autres Idéologues en orientant le terme dans un sens péjoratif, laissant entendre qu'il s'agissait d'intellectuels peu au fait de la politique concrète.
Dans son Idéologie allemande (1845), Karl Marx conservera le sens dépréciatif et le popularisera. Mais il parlera d'idéologie pour désigner ce qu'il considère comme une illusion idéaliste, consistant à croire - d'après lui, à tort - que les idées sont indépendantes de la réalité matérielle. D'où il tirera comme conséquence logique que tant que les individus ne sont pas indifférenciés (cf. société close), aucune pensée n'est universalisable mais marquée irrémédiablement, y compris à l'insu des individus, du sceau de l'intérêt particulier. Ainsi par exemple, dire que le capitalisme n'est pas un jeu à somme nulle, ce qu'affirment et défendent les libéraux, relève, pour un marxiste, ou, au mieux, d'une illusion bourgeoise, ou, au pire, d'une volonté délibérée de manipuler les « classes opprimées ».
L'idée de vision-du-monde (la "Weltanschauung" allemande) reprend ces deux aspects de rêverie non-scientifique et de point de vue particulier et peut aller jusqu'à l'idée récente - mais qui n'est que le dernier avatar du culturalisme - de « choc des civilisations », où chaque culture et chaque langage, parce qu'appréhendant la réalité de manières différentes et incompatibles sont partiellement intraduisibles. Quand il parlait de « fin des idéologies »[1], Raymond Aron insistait sur le caractère totalitaire des mouvements politiques qui imposaient une lecture globale du monde, à la différence d'un mode de vie en société libéral, c'est-à-dire non-prescriptif (en ce sens le libéralisme est anti-idéologique, Essais sur les libertés, chap.II).
Définition courante
Une idéologie est un ensemble plus ou moins cohérent d'idées, de croyances et de doctrines philosophiques, religieuses, politiques, économiques, sociales, propre à une époque, une société, une classe.
Un tel système d'idées sert à décrire, expliquer, interpréter ou justifier une situation sociale. S'inspirant de valeurs, il propose une orientation précise à l'action.
Au même titre que le collectivisme ou l'anarchisme, le libéralisme peut être présenté comme une idéologie, dans le sens où, pour ce qui le concerne, il entend changer la société, la rendre plus libre et plus juste. Certains préfèrent parler de façon plus vague de courants de pensée, ou de façon plus précise, se référant au « noyau idéologique », de philosophie du droit. D'autres diront que le libéralisme, prônant le laissez-faire et/ou l'ordre spontané, se caractérise par l'absence d'idéologie. En effet, alors que les idéologies constructivistes étatistes cherchent à changer l'homme, le libéralisme cherche au contraire à le respecter.
Citations
- « Les "idéologies", c'est-à-dire des ensembles de principes, sont devenues généralement aussi antipathiques aux peuples qu'elles l'ont toujours été aux aspirants dictateurs, notamment à Napoléon Ier et à Karl Marx, les deux hommes qui ont donné à ce mot son sens péjoratif moderne. Si je ne me trompe, cette attitude à la mode, de mépris pour l' "idéologie" et pour tous les principes généraux et mots en "isme", est caractéristique des socialistes déçus; ayant été forcés d'abandonner leur propre idéologie à cause de ses contradictions internes, ils en ont conclu que toutes les idéologies doivent être erronées et que pour être rationnel il faut s'en passer. » (Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté, 1973)[2]
- « L'idéologie, c'est ce qui pense à votre place. » (Jean-François Revel, La Grande parade)
- « L'idéologie n’étant pas tirée des faits, elle ne se sent jamais réfutée par eux ». (Jean-François Revel[3])
- « La formule : "L'idéologie est l'idée de mon adversaire" serait une des moins mauvaises définitions de l'idéologie. » (Raymond Aron, Recherches philosophiques[4])
- « Les libéraux n'aiment pas l'idéologie : elle leur a toujours paru désigner l'aveuglement dogmatique de l'adversaire. Aucun mot pourtant ne désigne mieux ce que peut être le libéralisme dans tous ses aspects intellectuels, économiques, sociaux, moraux et, en dernier lieu, politiques. Refuser l'idéologie me paraît être une attitude aussi artificielle que préconiser l'apolitisme : pour bien des libéraux, l'idéologie comme la politique, ce sont encore les autres. » (Guy Sorman)
- « En dernière analyse, le cours de l’histoire est déterminé par des idées, qu’elles soient justes ou fausses, et par les hommes dont elles inspirent les actes. » (Hans-Hermann Hoppe)
- « Les sectes qui offrent des systèmes pour résoudre la souffrance économique, sociale et religieuse sont les pires, car alors c'est le système qui devient important, non l'homme. Que ce système soit religieux ou social, de droite ou de gauche, c'est lui avec sa philosophie et ses idées qui devient important, non l'homme. Et pour ces idées, ces idéologies, on est tout prêt à sacrifier l'humanité entière. (...) Ce sont les systèmes qui sont devenus importants, et de ce fait, l'homme - vous et moi - a perdu toute valeur, et ceux qui ont le contrôle des systèmes (religieux ou économiques, de droite ou de gauche) assument l'autorité, le pouvoir, et par conséquent vous sacrifient, vous l'individu. » (Jiddu Krishnamurti)
- « Si peu d’hommes savent penser, tous néanmoins tiennent à avoir des opinions. » (Berkeley)[5]
- « C'est toujours nous, les intellectuels, qui, par lâcheté, vanité et orgueil, avons fait ou faisons les pires choses. Nous qui avons un devoir particulier à l'égard de ceux qui n'ont pas pu étudier, nous sommes les traîtres de l'esprit, comme l'a dit le grand penseur français Julien Benda. C'est nous qui avons inventé et diffusé le nationalisme, comme l'a montré Benda, et nous suivons les modes idiotes. Nous voulons nous faire remarquer et parlons un langage incompréhensible mais très impressionnant, un langage docte, artificiel, que nous tenons de nos maîtres hégéliens. » (Karl Popper, La Leçon de ce siècle[6])
Notes et références
- ↑ « En observant la consolidation de la démocratie libérale en Europe occidentale, on aboutit à ce que j'appellerais volontiers le conformisme actuel de l' optimisme occidental, dont la formule fin des idéologies est l'expression, aujourd'hui presque consacrée. La formule n'a jamais signifié qu'une société industrielle, à un certain niveau de prospérité, ignorait le conflit des idées ou le choc des tempéraments. Il y a toujours eu et il y aura toujours des opportunistes et des rebelles, des modérés et des violents, des conservateurs qui craignent le changement et des réformateurs qu'indigne l'imperfection du réel. Ce que suggérait la formule, c'était le scepticisme à l'égard des systèmes globaux d'interprétation du monde historique au nom desquels un parti se croyait investi d'une mission et voué à la destruction de l' ordre existant et à l'édification d'un ordre radicalement autre. Ni le marxisme-léninisme, ni le fascisme, ni le libéralisme n'éveillent plus la foi qui soulève les montagnes. » (Essai sur les libertés, p.73)
- ↑ Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté, chap.3, édition 2007, PUF, p.163
- ↑ "La colère et la pitié", article paru dans Le Point n°1577, 6 décembre 2002, p.38
- ↑ Raymond Aron, Recherches philosophiques, VI, 64
- ↑ Few men think, yet all will have opinions
- ↑ Karl Popper, La leçon de ce siècle, Editions Anatolia, Collection bibliothèques 10/18, 1993, p. 139
Pour aller plus loin
Bibliographie
- 1976, Jean Bæchler, Qu’est-ce que l’idéologie ?, Paris : Gallimard
Articles connexes
Liens externes
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- Le libéralisme est-il une idéologie ?
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