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Thomas Malthus

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Thomas Malthus
Économiste

Dates 1766 - 1834
Thomas Malthus
Tendance Pasteur, économiste et démographe britannique
Nationalité Royaume-Uni Royaume-Uni
Articles internes Autres articles sur Thomas Malthus

Citation
Interwikis sur Thomas Malthus

Thomas Robert Malthus, né le 14 février 1766 et mort le 23 décembre 1834, est un économiste britannique, également pasteur anglican. Il s'inquiéta de la croissance jugée trop importante de la population en Angleterre, au début de la révolution industrielle (de 1750 à 1900). Daniel Malthus, son père, était un ami de David Hume et Jean-Jacques Rousseau. Malthus est connu pour avoir établi et approfondi le Principe de Population ; il s'opposa aux lois de Speenhamland (1796) qui obligent les paroisses à venir en aide aux nécessiteux.

Pensée de Thomas Malthus

Malthus publie en 1798 l'Essai sur le principe de population où il entreprend une théorie sur la tendance d'accroissement de la population humaine en rapport avec la nourriture disponible. Sa crainte tournait autour de l'idée que la progression démographique est plus rapide que l'augmentation des moyens de subsistance (l'une étant en progression géométrique, et l'autre en progression arithmétique), d'où une paupérisation de la population. Selon lui, dès l'époque de Platon et d'Aristote, on avait déjà conscience de la pauvreté et de la misère que provoque une montée trop rapide de la population. Pour éviter la poussée de population, au-delà des anciens régulateurs destructifs (les guerres, la misère et les épidémies), il propose de nouveaux remèdes préventifs, comme la limitation de la taille des familles et le recul des mariages précoces.

Malthus détermine que le manque de moyens de subsistance peut représenter un obstacle à l'accroissement de la population et avance aussi des contraintes prudentielles ou morales afin d'éviter le baby boom et retrouver l'équilibre avec les productions agricoles.

Malgré le tableau pessimiste de Malthus, depuis la publication de l'Essai sur le Principe de population, nous constatons  :

  • Une plus grande augmentation des ressources et rendements agricoles (révolution verte) ;
  • Des nouveaux moyens de contraception (pilule, préservatif, stérilet...) ;
  • La diversification des échanges internationaux de biens de subsistance ;
  • Le recul de la pauvreté et famines dans le monde.

Il est intéressant à ce titre de comparer la situation de la malnutrition dans monde :

  • 1960 : 3 milliards d'habitants, 960 millions souffrant de malnutrition (soit 32 %).
  • 2000 : 6 milliards d'habitants, 830 millions souffrant de malnutrition (soit 13,3 %).
  • 2015 : 7 milliards d'habitants, 795 millions souffrant de malnutrition (selon rapport en 2015 de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture).

Même si on assiste à une baisse de la malnutrition surtout dans les pays du Nord, dans certains pays du Sud, la situation s'aggrave. La recrudescence des guerres civiles provoque des déplacements de population avec un risque de malnutrition généralisée.

Par ailleurs, la Terre est un système thermodynamique fermé. Bien qu'elle reçoit de l’énergie solaire, sa matière minérale et organique reste limitée et dépendante du renouvellement de cycles biogéochimiques plus ou moins longs. Il n'est pas évident que de nouvelles ressources aujourd'hui indispensables puissent être ramenées d'autres planètes ou recréées après épuisement (uranium, pétrole au niveau énergétique, biodiversité au niveau de l'équilibre de l'écosystème et des besoins de l'hygiène de l'Homme...).

En revanche, même si les prévisions de Malthus ne sont pas au rendez-vous, nous pouvons retenir quelques points :

  • Il est exact que la population est en croissance dans certains pays (Arabie Saoudite : 6 enfants par femme).
  • Il est exact que les progrès de l'hygiène et de la médecine augmentent la taille de la population.
  • Il est exact que les ressources renouvelables sur Terre sont limitées, in fine par l'énergie solaire qu'elle reçoit, qui elle-même détermine la biomasse, sauf découverte scientifique majeure. C'est également le problème de tout système fermé tel qu'il est défini par l'entropie.
  • Il est également exact que si la disponibilité immédiate de certaines catégories d'aliments a augmenté, c'est aux dépens de la disparition de milliers de variétés animales ou végétales. On appelle cela la surexploitation.

... et dans ces conditions, les mathématiques sont formelles : il ne sera pas possible à la population terrestre d'augmenter indéfiniment et une régulation interviendra à un moment ou à un autre, et d'une manière ou d'une autre (pour garder une note optimiste, précisons que dans les pays européens, c'est déjà fait).

Critiques de Malthus et du malthusianisme

La théorie de Malthus a été critiquée tant par David Ricardo que par William Godwin. On fustige souvent l'égoïsme de classe qui consisterait à se protéger de la prolifération des pauvres. Par ailleurs, les idées de Malthus, exprimées dans ses Principes d'économie politique (1820), sont loin d'être libérales : il prend partie en faveur du protectionnisme, conteste la loi de Say et redoute les effets d'une épargne excessive, ce qui en fait un précurseur de Keynes.

Karl Marx et Friedrich Engels ont aussi critiqué les conséquences de la loi malthusienne de population, car d'une part le paupérisme avait été organisé de manière politique (Loi des Pauvres) par la bourgeoisie anglaise, d'autre part parce que Malthus refusait l'assistance publique de la misère par l'État. Pour Marx, le mode de production capitaliste est la principale cause de paupérisme, les limites de la population dépendent plutôt de l’élasticité de la forme de production déterminée.

Marx accuse le Principe de population de théorie erronée et fondé sur aucune loi naturelle ou historique.

Malthus et Darwin

Le fait indéniable qu'il était impossible que tous les descendants d'une génération survivent (du moins en régime permanent) a fortement aiguillé Charles Darwin vers sa découverte de la sélection naturelle. L'existence seule de celle-ci rappelle, s'il en était besoin, l'exactitude du modèle de Malthus.

Citations

  • « Un homme qui est né dans un monde déjà occupé, si sa famille n'a pas les moyens de le nourrir ou si la société n'a pas besoin de son travail, cet homme n'a pas le moindre droit à réclamer une portion quelconque de nourriture, et il est réellement de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature, il n'y a point de couvert mis pour lui. La nature lui commande de s'en aller, et elle ne tarde pas à mettre elle-même cet ordre en exécution ».
  • « Les lois sur les pauvres créent les pauvres qu'elles assistent [...] et le nombre de ceux qui ont recours à l'assistance augmente sans cesse ».
  • La théorie de Malthus, c’est la théorie de l’assassinat politique, de l’assassinat par philanthropie, par amour de Dieu. — Il y a trop de monde au monde : voilà le premier article de foi de tous ceux qui, en ce moment, au nom du Peuple, règnent et gouvernent. C’est pour cela qu’ils travaillent de leur mieux à diminuer le monde. (Pierre-Joseph Proudhon)
  • Le pessimisme malthusien survit toujours à ses prévisions erronées. Ainsi, en matière d'agriculture et d'alimentation, le club de Rome (un groupe de prévisionnistes des années 1970) s'est doublement trompé : une première fois en sous-estimant la croissance continue de la production agricole alors qu'il affirmait que le rendement serait décroissant, et une seconde fois en matière de démographie mondiale, car il soutenait aussi que la croissance des naissances continuerait d'être exponentielle, ce qui ne fut pas le cas. (Jean de Kervasdoué, Le Point, 25/09/2019)

Informations complémentaires

Ouvrages

  • Essai sur le principe de population, 1798
  • Principes d'économie politique au point de vue de leur application pratique, 1820
  • Définitions en économie politique et mesure de la valeur, 1823

Littérature secondaire

  • 1885, James Bonar, "Malthus and His Work", London
    • Nouvelle édition en 1924, New York
  • 1887, James Bonar, "Letters of Ricardo to Malthus, 1810-1823", Oxford
  • 1898, James Bonar, "The Centenary of Malthus", The Economic Journal, Vol 8, n°30, pp206–208
  • 1966, Joseph Spengler, "Was Malthus Right?", Southern Economic Journal, Vol 33, n°1, July, pp17-34
  • 1971,
    • Joseph Spengler, "Malthus and World Hunger", Proceedings of the Academy of Political Science, Vol 30, n°3, Control or Fate in Economic Affairs, May, pp128-142
    • Joseph Spengler, "Malthus on Godwin's "Of Population"", Demography, Vol 8, n°1, Feb., pp1-12
  • 1992, Alain Béraud, "Ricardo, Malthus, Say et les controverses de la 'seconde génération'", In: Alain Beraud, Gilbert Faccarello, dir., "Nouvelle histoire de la pensée économique, tome 1 : Des scolastiques aux classiques", Paris: Editions La Découverte, pp365-508
  • 2003,
    • Gilles Dostaler, "Malthus, un polémiste né", Alternatives économiques, n+210, janvier, pp76-78
    • William D. Grampp, "Malthus versus Ricardo", In: Jürgen Backhaus, Wim Heijman, Andries Nentjes, Johan van Ophem, dir., "Economic Policy in an Orderly Framework – Liber Amicorum for Gerrit Meijer", Münster: LIT Verlag, pp177-188
    • Peter Groenewegen, Gianni Vaggi, "Thomas Robert Malthus, 1766–1834: Population and Effectual Demand", In: Peter Groenewegen, Gianni Vaggi, dir., "A Concise History of Economic Thought. From Mercantilism to Monetarism", Palgrave, pp127-136

Liens externes


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