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Théorie quantitative de la monnaie
Pour assurer l'équilibre économique, la masse monétaire doit se situer à un niveau qui permet la circulation de la production vers la consommation. La stabilité des prix dans l'économie assure que la production sera disponible selon la masse monétaire disponible. C'est la célèbre équation de la théorie quantitative de la monnaie, due à Irving Fisher (1911), alors que la théorie était déjà sous-jacente chez Martin d'Azpilcueta, Dominicain de l'École de Salamanque et chez Jean Bodin, avant que le monétarisme s'en empare dans les années 1970.
Une théorie monétaire ancienne
La théorie quantitative de la monnaie est une théorie monétaire qui était très importante à l'époque où l'or servait de monnaie.
C'est une théorie qui exclut le taux d'intérêt, puisque plusieurs peuples interdisaient l'intérêt comme étant immoral, ce qui est encore le cas pour les pays de l'Islam. Le Coran interdit à tout musulman, encore aujourd'hui, de prêter ou d'emprunter à intérêt. Les banques arabes fonctionnent donc sans intérêt (mais avec des mécanismes de prêt qui reviennent à peu près au même).
La théorie quantitative de la monnaie met en relation d'une part la masse monétaire, supposons des pièces d'or, et sa vitesse de circulation; d'autre part, l'équation est balancée par le niveau de l'activité économique et le niveau des prix.
M * V = P * T Où * M = masse monétaire * V = vélocité, ou vitesse de circulation de la monnaie * P = niveau des prix dans l'ensemble de l'économie * T = ensemble des transactions, en terme physique, de l'économie ou produit intérieur brut.
Les hypothèses
Supposons que la vitesse de circulation de la monnaie soit relativement stable, ce qui est vrai au moins à très court terme.
Supposons aussi que le niveau des prix ne puisse pas baisser rapidement à court terme.
Supposons aussi que le niveau de l'activité économique ne puisse pas augmenter énormément à court terme.
Les résultats
Si la masse monétaire augmente, il en résultera donc une augmentation du niveau des prix à court terme. Ce phénomène s'est produit au début des années 1970, suite au changement de politiques monétaire et fiscale du gouvernement Trudeau en octobre 1970. Les années 1970 ont fourni un fort taux de croissance, qui s'est inflationné rapidement, provoquant aussi l'endettement du gouvernement fédéral canadien.
Si la masse monétaire diminue, il en résultera une baisse du niveau de l'activité économique, selon les conditions locales. Éventuellement, les prix baisseront à leur tour, peut-être davantage à cause de la récession économique que de la baisse de la masse monétaire. Ce phénomène s'est produit lors de la crise de 1981-1982.
Les vérifications empiriques
Pouvons-nous penser que l'inflation des années 1970 provient de la hausse phénoménale de la masse monétaire à partir de novembre 1970, suite aux célèbres événements d'octobre?
Pouvons-nous aussi penser que les baisses de la masse monétaire engendrées par les politiques restrictives de 1980-1981 aient occasionné autant de difficultés pour la croissance économique au début des années 1980?
Pour ces deux cas, il est difficile d'isoler les phénomènes reliés à la quantité de monnaie des autres phénomènes économiques, mais les données macro-économiques semblent confirmer que la théorie quantitative de la monnaie est encore valable à la fin du vingtième siècle.
Critique libérale
L'équation MV = PT exprime une évidence : les achats, en montants, sont égaux aux ventes. Murray Rothbard la parodiait de la sorte : « la quantité d'eau qui touche le sol est la même que la quantité de pluie qui tombe du ciel » (mais cela ne constitue pas une prévision météorologique). Ce sont les interprétations de cette équation qui sont contestables, d'autant plus qu'on ne sait pas mesurer la vitesse de circulation V :
- V est incroyablement volatile, car ce n’est que l’expression monétaire des craintes, des peurs, des emballements et de la cupidité de chacun d’entre nous. Si les gens ont confiance, la monnaie va tourner à toute allure et la vélocité de la monnaie sera très élevée. Si les gens prennent peur, tout le monde se met à entasser des billets dans son matelas et la vélocité s’écroule... et avec elle l’activité. (Charles Gave)
Pour Ludwig von Mises, cette théorie n'explique pas les mécanismes de variation de la valeur d'une monnaie ; il critique l'importance qu'elle accorde à l'offre de monnaie et en même temps le fait qu'elle n'explique pas l'origine de la demande de monnaie, la création monétaire, car ce n'est pas seulement une banque centrale qui crée de la monnaie, mais aussi les banques commerciales et en fin de compte le comportement des individus eux-mêmes.
Pour Antal E. Fekete, cette théorie a été utilisée pour justifier un endettement étatique progressif et insidieux (les monétaristes préconisant un taux de croissance fixe pour la masse monétaire), un mécanisme de cavalerie qui a atteint un point de non-retour. Selon Fekete, "la théorie quantitative de la monnaie reste une fausse doctrine car elle décrit l'économie par un modèle linéaire, alors que le monde marche selon un modèle fortement non linéaire". Une fois la nouvelle monnaie émise, elle devient le jouet de la spéculation et la banque centrale n'a plus la maîtrise de son utilisation : il n'y a pas de relation linéaire entre la masse monétaire et le niveau des prix.
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